❀ Chapitre 30 - Le professeur ❀

Quelques jours ont passé depuis le moment convivial que j'ai passé avec Jordan. Ma journée de cours vient de se terminer. J'enchaîne aujourd'hui avec le tutorat en sciences.

D'ailleurs, l'adjoint du shérif m'attend devant le lycée.

Les élèves circulent ça et là, comme s'ils étaient coupables du pire crime qui soit. Rassurez-moi, vous aussi, en présence d'une personne évoluant dans les forces de l'ordre, vous paraissez suspect en adoptant une posture qui ne vous est pas coutumière ?

J'entre dans son véhicule, sous le regard atterré de mes petits camarades.

— Hey, le salué-je.

— Hey, prête pour les révisions ? m'accueille-t-il, un sourire scotché aux lèvres.

Je m'apprête à refermer la portière.

— Madison on ne vous a jamais dit qu'il était dangereux de monter dans la voiture des inconnus ? me stoppe Monsieur Finstock dans mon geste.

— Je le connais coach, ne vous inquiétez pas. le rassuré-je.

— Oh j'ai déjà entendu ce discours ! C'est celui que l'on fait lorsque l'on est menacé par un homme armé. Vous ne devriez pas accepter les bonbons de n'importe qui... Je peux appeler la police pour vous sauver, je vais d'ailleurs les appeler immédiatement. C'est sans nul doute un faux policier sous couverture, je ne l'ai jamais vu, déblatère-t-il, suspicieux.

Un attroupement commence à se faire autour de nous. Les élèves restés encore sur le parking commencent à faire des messes basses. Pourquoi ne puis-je pas être tranquille pour une fois ?

Monsieur Yukimura arrive à son tour sur les lieux, son cartable en cuir à la main. Pour lui aussi, la journée semble finie.

— Bonjour Monsieur Parrish, comment allez vous ? hèle-t-il le conducteur.

— Bonjour, je vais très bien et vous ? réagit Jordan.

— Bobby, je te présente l'adjoint du shérif, il est arrivé ici il y a quelques mois, le présente mon professeur d'histoire.

Monsieur Finstock me dévisage de ses yeux exorbités. Sa tignasse laissant penser qu'un ouragan y est passé s'agite lorsqu'il tourne la tête vers les élèves qui observent la scène.

— Circulez y a rien à voir ! Bande d'incapables ! s'époumone-t-il.

Nous nous retrouvons bientôt en petit comité à nouveau.

— Toutes mes excuses monseigneur, Madison est mon élève préférée. Je me dois de la protéger, lui explique-t-il, un air important et fier sur le visage.

— Pas de problème. Vous avez bien fait de réagir de cette façon. Les personnes ne se méfient pas assez en général et c'est pour cela qu'un enlèvement se déroule rapidement, sans qu'on ne puisse rien y faire.

— Tout le plaisir était pour moi enfin... Je ne suis pas le chevalier de mademoiselle Hale pour rien, glousse-t-il de contentement.

Jordan me jette un coup d'oeil, consterné.

— À demain monsieur Finstock ! mets-je un terme à la discussion.

— Pas de bêtises, sortez couverts si vous avez certaines choses à faire si vous voyez ce que je veux dire ! Je veux vous voir en forme demain mon petit oiseau, m'ordonne-t-il.

Monsieur Yukimura l'entraîne plus loin, aussi gêné que moi, sinon plus, par la remarque de son collègue.

— Il est toujours comme ça ? me quémande l'adjoint du shérif, discrètement.

— Oh que oui, il n'a pas mauvais fond mais son côté excentrique ressort très régulièrement, si ce n'est constamment, l'informé-je.

— Je ne te savais pas entourée d'un fou pareil, s'étonne-t-il.

Je m'esclaffe, amusée par sa réaction.

Il en profite pour démarrer au même moment, après que j'ai pu refermer ma porte et enclenché ma ceinture de sécurité.

Alors qu'il roule au pas, nous coulons un discret regard en direction de mon CPE, professeur d'économie et de sport.

— Bon vent monseigneur, que le sort puisse vous être favorable ! s'égosille monsieur Finstock en agitant sa main dans notre direction.

Cela m'étonne qu'il n'agite pas un petit mouchoir à la place...

Jordan accélère un peu, exaspéré par le comportement de ce dernier.

Un sourire béat sur le visage, le coach nous observe nous éloigner avec grand intérêt.

Je suis soulagée de ne plus voir sa tête dans le rétroviseur.

— Tu souhaites passer à la boulangerie française avant ? me propose-t-il.

— Oui je veux bien, lâché-je en me léchant les babines.

Il rit de bon coeur.

— Gourmande à ce que je vois. Ça nous fait un autre point commun, m'assure-t-il.

— Décidément, on est fait pour s'entendre, lui indiqué-je en lui adressant un clin d'oeil.

Il avale sa salive de travers et resserre son emprise sur le volant.

— Tu m'attends ici ? se renseigne Jordan en se garant.

— Je ne peux pas venir avec toi ?

— Si bien sûr ! s'empresse-t-il d'ajouter.

— Alors je t'accompagne, l'avertis-je en sortant du véhicule.

Il m'imite et me rejoins sur le trottoir. Il m'ouvre la porte, me laissant passer avant lui.

Galant en plus ? C'est décidé : ce jeune homme a tout pour lui.

La vendeuse nous adresse un magnifique sourire.

— Bonjour, vous désirez ? nous questionne-t-elle.

— Madison, qu'est ce qui te ferait envie ? m'interroge-t-il en passant une main dans le bas de mon dos, me poussant doucement pour me mettre le nez pratiquement sur la vitrine.

— J'aimerai une tarte à la framboise, déclaré-je, après quelques instants de réflexion.

— Deux tartes dans ce cas s'il-vous-plaît, demande-t-il.

— Je vous prépare ça, nous prévient-elle.

Je me retourne vers Jordan, ayant hâte de me régaler une fois chez lui.

Nous patientons tranquillement que notre commande soit emballée.

La jeune fille revient vers nous et me tend le petit paquet.

— Et permettez-moi de vous offrir quelques chouquettes. Votre couple me fait tellement rêver, j'espère moi aussi trouver l'âme soeur un jour, nous confie-t-elle.

Jordan et moi ne répondons rien et nous contentons de sourire. Des chouquettes gratuites ça n'est pas de refus !

— Vous finirez par dénicher votre perle rare également, ne vous en faites pas, la rassure Jordan en caressant tendrement mon bras.

— Je l'espère en tout cas ! s'exclame-t-elle.

Après qu'il ait payé pour nous deux, je l'entraîne vers la sortie.

Elle n'a pas intérêt à l'approcher de trop près. Il est à moi.

— À bientôt, conclus-je.

L'adjoint ne semble pas comprendre ma réaction. Nous nous installons sans un mot dans son véhicule.

— Qu'est-ce-que tu as ?

— C'est elle qui te plait ? demandé-je sans détour.

— Pardon ?

— Tu as très bien entendu. Alors ? insisté-je.

— Mais Madison je ne la connais pas ! se justifie-t-il.

— Elle avait l'air de te trouver à son goût pourtant... murmuré-je, les dents serrées.

— Tu n'as pas à t'en faire, m'assure-t-il.

— Mouais, répliqué-je, peu convaincue.

Il ne peut s'empêcher de sourire.

— Pourquoi tu souris ? me vexé-je.

— T'es jalouse... me taquine-t-il.

— Moi ? N'importe quoi, t'es tombé sur la tête mon pauvre, refusé-je d'admettre, les bras croisés contre ma poitrine.

— T'as pas à avoir honte, c'est mignon ! s'attendrit-il.

— Au lieu de sortir des âneries pareilles, tu ferais mieux de démarrer. J'ai pas tout mon temps et j'ai faim qui plus est ! le rappelé-je à l'ordre.

— Très bien, très bien, je n'insiste pas ! abandonne-t-il, l'air amusé.

Je suis ravie. Pour une fois qu'un garçon ne cherche pas à continuer à m'agacer malgré mes plaintes !

Durant le trajet, je réfléchis au sujet que nous avons abordé en sortant de la boulangerie. Je ne pense pas être jalouse. Pourquoi le serais-je de toute façon ? Jordan est à moi et je ne souhaite pas le partager. C'est tout.

À ma grande surprise, il finit par se garer devant un immeuble d'une dizaine d'étages. Au vu des déchets de chantier trônant ça et là, sa construction doit être plus ou moins récente. J'ignorais même que des personnes résidaient dans ce quartier, légèrement à l'écart du centre ville. Je lève mon regard, piquée par la curiosité de tout cet environnement nouveau qui s'offre à moi. D'immenses baies vitrées semblent apporter de la luminosité dans les différents appartements nous faisant face. À première vue, le coin paraît calme. Il doit y faire bon vivre. Du fait de leur présence, les rayons de soleil illuminent les pavés disposés sur le sol, les faisant scintiller de mille feux. L'officier que je côtoie semble vivre dans un endroit à la fois accueillant et attrayant.

Alors que je termine mon analyse détaillée de ce qui se dévoile sous mes yeux depuis quelques instants, il se hisse hors de sa voiture de fonction. Il fait le tour et vient m'ouvrir la portière. Il me débarrasse en prenant précautionneusement le petit paquet contenant nos tartes à la framboise que j'avais dans les mains.

Je sors à mon tour et le suis en silence jusqu'à l'entrée du building. Il saisit sur le digicode sept chiffres, ayant pour action de nous ouvrir. Faisant preuve de galanterie encore une fois, il m'invite à passer devant lui. Je m'exécute et, très vite, nous nous retrouvons dans l'ascenseur nous menant au septième étage.

Dès lors que nous atteignons la destination, les portes s'ouvrent.

Jordan m'entraîne jusqu'à la porte de son appartement. Une fois devant, il met ses clés dans la serrure et la déverrouille. Il m'invite à pénétrer la première dans son logement.

J'entre timidement et me retourne vers lui pour m'assurer qu'il me suit. J'espère que je ne fais pas d'erreur en venant chez lui. Je ne voudrais pas qu'il se fasse des idées non plus...

Il dépose notre paquet de pâtisseries sur la petite table de l'entrée. Je le regarde surprise, avant de me rendre compte qu'il l'a fait uniquement dans le but de retirer son manteau.

Je saisis l'occasion pour l'observer discrètement. Je n'aurai jamais cru le dire un jour mais il est très bel homme et correspond à mes goûts en matière de gente masculine. Cela ne m'étonne pas que toutes les filles ne voient que par lui. Son corps athlétique est davantage mis en valeur avec ce t-shirt près du corps. Je mordille ma lèvre, ravie par la vue si agréable qui s'offre à moi.

— Tu ne te déshabilles pas ? me demande-t-il, rompant, à mon plus grand regret, ce merveilleux moment.

— Pardon ?

— Pas entièrement hein, pas dans ce sens-là, rigole-t-il, gêné.

Je rougis jusqu'aux oreilles, toute aussi mal à l'aise que lui, sinon plus.

— Je suis désolé, je n'aurai pas dû dire ça. Encore une fois je gâche tout, se blâme-t-il.

— Tu ne gâches pas tout ne t'inquiète pas ! Je ne m'attendais juste pas à ce que tu prononces ce genre de choses, tenté-je de le rassurer.

— Tu ne m'en veux pas alors ?

— Pourquoi je t'en voudrais ? le questionné-je.

— Tu pourrais penser que je suis un obsédé sexuel... murmure-t-il en baissant le nez, honteux.

— Non jamais. Pour avoir eu la malchance de croiser leur chemin je peux t'assurer que tu n'es rien de tout cela... lui affirmé-je.

— Pardon de t'avoir obligé à en reparler alors que tu essayes d'avancer, s'excuse-t-il encore une fois.

— Arrête donc, je ne t'en veux pas, le coupé-je.

— Si tu le dis, répond-il en haussant les épaules.

Visiblement il ne me croit pas. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus pour tenter de le convaincre...

— Pour me prouver que tu ne me détestes pas, viens dans mes bras ? bougonne-t-il, timidement.

Ça devrait pouvoir se faire.

Je m'avance vers lui et me blottis contre lui. Il resserre son emprise autour de mon corps frêle et souffle de soulagement.

— J'adore les câlins... se confie-t-il. 

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