❀ Chapitre 3 - Toutes les bonnes choses ont une fin ❀
Le temps de faire nos valises est arrivé. Après une semaine bien mouvementée où nous avons varié les activités et passé d'excellents moments, il est l'heure pour nous de quitter les Hamptons.
Nous avons fait la promesse à Kobe et Gianna de revenir les voir. À la fin de la haute saison ils retourneront à Beacon Hills, dans leur humble demeure. Ils y retrouveront leur famille, restée en ville. Je suis sûre qu'ils trépignent déjà d'impatience à l'idée de les retrouver. Ils sont l'exemple même d'une famille unie.
Nous résidons, nous aussi, dans cette charmante petite bourgade, située à quelques kilomètres de Los Angeles. Bordée au Nord-Est par les Monts San Gabriel et au Sud par l'Océan Pacifique, la ville offre à ses trente mille habitants la possibilité de faire du ski et de se baigner dans la même journée.
Brady m'aide à refermer mon sac, un peu plus chargé que la moyenne. C'est presque inhumain de mettre à disposition des clients, des boutiques proposant des produits plus beaux les uns que les autres. Le porte-monnaie ne s'en sort jamais indemne.
Grâce à l'aide de mon meilleur ami, je parviens finalement à fermer mon sac qui me causait quelques difficultés il faut l'avouer.
— Oh yes, tu es le meilleur ! m'exclamé-je, ébahie par sa débrouillardise.
— Je sais, tout le monde me le dit, répond-il en m'adressant un clin d'oeil.
Je lève les yeux au ciel. Brady a toujours eu extrêmement confiance en lui. Si je ne le connaissais pas, je le considérerais comme une personne prétentieuse et inintéressante au possible. Cependant, je sais également qu'il aime beaucoup ne pas se prendre au sérieux. C'est le cas à ce moment précis.
— Tu es irrécupérable, lui signalé-je en prenant un air concerné.
— C'est pour ça que tu m'aimes, rit-il de bon coeur.
— Ça, ça reste à prouver, réponds-je en laissant planer un éventail de possibilités.
Je vois son regard changer. Il doute, comme à son habitude. Je le sais. Après toutes ces années à nous fréquenter, il n'est jamais parvenu, encore aujourd'hui, à se rendre compte des moments où je blague et ceux où je suis sérieuse.
Ses yeux se troublent un peu, emplis d'inquiétude. Je laisse planer quelques secondes encore d'incertitude, sadique jusqu'au bout des ongles.
— Tu penses sérieusement ce que tu dis ? s'enquiert-il, la voix tremblante d'émotions.
— À ton avis ? Si je te supporte depuis plusieurs années c'est pourquoi ? tenté-je de l'interpeller en levant les yeux au ciel.
Brady, reste zen. Il ne s'agit pas d'une question piège.
— Parce que tu m'apprécies ? tente-t-il hésitant.
— Bien évidemment gros bêta ! m'exclamé-je, outrée qu'il puisse se méfier ainsi.
Il me fixe confus.
—J'ai le droit à un câlin alors ? me réclame-t-il timidement.
En guise de réponse, je lui ouvre mes bras, encourageante. Il vient s'y réfugier rapidement, tel un enfant s'empressant de se retrouver contre sa maman. Je referme mon emprise autour de lui et caresse son dos, réconfortante. Il ne bouge plus d'un pouce.
Cela me rappelle la période durant laquelle nous sortions ensemble. Brady, sous ses airs de sportif hautain, réclamait toujours des moments emplis de tendresse. Au fond, je sais que c'est un grand sensible qui a toujours manqué d'attention et d'affection. Ses parents, roulants sur l'or, l'ont toujours laissé livré à lui-même. Bien qu'il s'entende relativement bien avec eux, Brady a très mal vécu le fait d'être élevé par une nounou de ses un an jusqu'à ses quinze ans. Comme tout enfant de cet âge, il aurait aimé partager des moments avec ceux qui ont décidé de le faire venir au monde, un soir de décembre, alors qu'une tempête faisait rage au dehors. À la place, ses parents privilégiaient, tous deux, leurs carrières professionnelles respectives en tant que PDG de grandes multinationales. Pour cette raison, Brady n'avait jamais manqué de ressources financières. Il avait toujours obtenu ce qu'il voulait, si on exclut le fait de passer du temps en compagnie de ses parents.
— C'est pas bientôt fini vous deux ? s'interroge Malia à voix haute.
— Occupe-toi de tes fesses, la sermonne gentiment Allison.
— La liberté d'expression n'existe jamais avec toi, lui reproche-t-elle vexée comme un pou.
Allison ne relève pas.
— Laisse-les profiter des derniers instants ici, ils se verront moins lorsque les cours auront repris, tente-t-elle d'expliquer à notre coyote-garou froissée.
— Oh excuse-moi Alli, j'ai tellement l'habitude d'être malmenée que j'ai pensé immédiatement que tu me blâmais ! se blanchit Malia avec une facilité déconcertante.
— Tu es pardonnée pour cette fois-ci, juge la chasseuse, habituée.
Après avoir mis fin à notre étreinte, Brady et moi nous regardons complices. Il semblerait que mes deux amies proches soient en pleine négociation. Elles ne font pour ainsi dire plus attention à nous.
Malia semble encore avoir du mal à rester maître d'elle-même de temps à autre. Ses nombreuses années à vivre isolée dans la forêt ont fini par avoir raison d'elle. Son instinct animal prend quelques fois le dessus et il vaut mieux ne pas être dans les parages lorsque cela se produit. Tout être humain ne serait pas à l'abri de griffures et morsures plus féroces les unes que les autres. Cependant, force est de constater qu'elle fait de réels efforts pour que cela arrive le moins possible.
Nous avions fait connaissance de façon originale. C'était à la piscine, durant l'été dernier. Je me baignais tranquillement avec mes amis avant d'être arrosée par une jeune fille châtain que je n'avais jamais vue auparavant et qui barbotait, éclaboussant à son passage toutes les autres personnes venues faire quelques longueurs. Fortement agacée, je l'avais dépassée en accélérant légèrement le rythme et j'avais provoqué une sorte de raz-de-marée dirigé vers elle pour lui montrer mon mécontentement. Lorsque je m'étais retournée pour être sûre qu'elle avait bien pris conscience de ce qu'il venait de se produire, je l'avais vue, la bouche grande ouverte, scandalisée, avalant au passage de travers. Elle avait tout de suite aimé mon caractère, allez savoir pourquoi, et ne s'était pas gênée pour me le faire remarquer. Nous avions appris par la suite à nous connaître en passant l'après-midi ensemble. Et de là, était née une amitié, qui ne sera certainement pas prête de s'arrêter.
Ma rencontre avec Allison avait été plus classique. Pour bien commencer mon année scolaire, j'avais été convoquée par le coach Finstock, le CPE, professeur de sport et d'économie du lycée, qui avait dû me guetter de son bureau, dès l'instant où j'avais franchi le seuil de l'établissement. Celui-ci souhaitait me voir pour une mission de la plus haute importance, comme il me l'avait si bien annoncé au micro. Ce professeur avait toutes les casquettes possibles et imaginables. J'ignorais encore comment il avait pu se débrouiller pour devenir CPE en plus de ses nombreuses autres fonctions. J'avais frappé à la porte, de manière assurée. Je savais que je n'avais rien fait de mal. Le coach m'attendait, le regard perçant, derrière son bureau en acajou, recouvert ça et là de dossiers.
— Vous en avez mis du temps Madison ! m'avait-il accueilli, la moue contrariée.
— Je suis venue dès que j'ai entendu votre annonce, avais-je répondu confuse.
— Vous connaissez ma patience ma petite, il n'est jamais bon de me faire attendre, m'avait-il sermonnée.
Je l'avais regardé, interdite. Lorsqu'il se comportait de cette façon, je ne savais jamais quelle posture adopter en face.
— Nous allons accueillir une nouvelle élève. Étant donné que vous connaissez le lycée comme votre poche, vous allez lui faire visiter l'établissement et devenir son amie, avait-il repris.
J'avais ouvert la bouche pour protester mais il avait immédiatement levé la main, m'imposant de me taire. Pour qui se prenait-il pour m'imposer, à moi, capitaine des cheerleaders, dont la réputation n'est plus à faire, ce genre de choses ? D'autant plus que devenir l'ami de quelqu'un ne se commande pas. Cela varie en fonction des centres d'intérêts, des atomes crochus et j'en passe.
Devant mon absence de réponse, il avait continué sur sa lancée.
— Vous excellez peut-être en cheerleading mais en relations humaines c'est autre chose ! s'était-il exclamé pour m'enfoncer davantage et tenter de me faire culpabiliser
Nous avions été interrompus par un timide frappement à la porte.
— C'est pourquoi ? avait-il alors hurlé à pleins poumons.
La porte s'était ouverte sur une petite tête que je ne connaissais pas, totalement terrorisée.
— Oh Allison, mon petit, entrez-donc, s'était-il rattrapé en adoptant un ton doucereux.
La jeune fille, aux longs cheveux châtain foncé et aux yeux marron, s'était avancée dans le bureau et avait refermé la porte derrière elle sans un bruit.
Bobby avait pris le temps de lui expliquer différentes choses après m'avoir ordonné de rester dans la pièce. La nouvelle élève, Allison, m'avait adressé un air désolé et plein de compassion. Je lui avais retourné un faible sourire et avais pris mon mal en patience.
Finalement, plus les jours passaient et mieux je m'entendais avec elle. Elle m'avait expliqué que son papa l'avait fait venir ici avec lui pour raison professionnelle. Ce que j'ignorais encore à l'époque, c'est qu'il débarquait en ville pour mettre de l'ordre parmi les créatures surnaturelles. Ces dernières s'étaient multipliées au cours des derniers mois et de nombreuses attaques étaient recensées chaque semaine. Allison m'avait prise sous son aile, plus protectrice que jamais. Et elle avait de bonnes raisons de le faire. J'avais connaissance moi aussi des créatures surnaturelles et n'étais pas sans ignorer le sort qui pouvait nous être réservé.
Vous me direz, pas le choix, lorsque l'on a un grand frère alpha, une soeur bêta ainsi qu'un oncle alpha.
Allison avait parlé à son père de ma famille ainsi que de nos amis et avait réussi à lui faire comprendre que toutes les bêtes surnaturelles n'étaient pas mauvaises.
Il prenait dorénavant le temps de les dissocier et de fil en aiguille, Chris était devenu mon deuxième papa.
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