❀ Chapitre 28 - La bigleuse ❀
Point de vue de Madison
Je suis si heureuse pour Derek. Le voir sourire ainsi m'apporte un peu de baume au coeur. Il a de la chance d'être tombé sur Emma. D'après ce que j'ai pu entendre sur elle de mes espions, il s'agit d'une jeune fille formidable qui a le coeur sur la main. Elle n'hésite pas à aider ceux qui l'entourent et c'est une pratique rare de nos jours. Au fond, je crois qu'elle ressemble à la personne que j'étais avant.
Bien qu'il m'ait défendu de m'immiscer dans sa relation, je souhaite garder un oeil discret sur la nouvelle. Qui sait, peut-être que tout n'est que façade et que ses intentions à l'égard de mon frère sont mauvaises ?
Je suis remontée me préparer il y a tout juste quelques minutes. Une grande journée s'annonce pour moi puisque je dois rejoindre les filles au centre commercial juste avant midi.
Nous avons prévu de partager un repas convivial ensemble et de faire les boutiques après par la même occasion. Un excellent programme en somme !
Il ne me reste plus qu'à me maquiller et à me coiffer et je serais parée pour cette si belle sortie qui s'annonce riche en rebondissements.
Une fois cela fait, je file dans ma chambre, prépare mon sac à main et redescends.
— J'ai demandé à Jordan de t'emmener. Le centre commercial est sur sa route, m'explique Derek alors que je franchis la dernière marche.
Je sursaute en découvrant l'adjoint du shérif se tenir à quelques mètres de moi en compagnie de mon aîné. Le bureau dans lequel il travaille n'est pas le moins du monde à proximité de la galerie marchande dans laquelle je me rends... Qu'est-ce-que c'est que ce mensonge encore ?
— Hey, le salué-je timidement.
— Hey, comment vas-tu ? m'accueille-t-il, un sourire jusqu'aux oreilles.
Je dois l'admettre, sa bonne humeur est contagieuse.
— À merveille et toi ? le questionné-je.
— Idem. On ferait mieux d'y aller, tu viens ? me soumet-il.
— Oui bien sûr, j'enfile mon manteau et mes chaussures et je suis prête, le préviens-je.
Derek nous regarde l'un après l'autre.
— Alors ? Ça y est ? Vous êtes en couple ? nous demande-t-il de but en blanc.
Jordan perd l'équilibre suite au choc et percute le mur de l'entrée de plein fouet.
— Vous comptiez m'en parler quand ? reprend-il.
— Qu'ai-je donc fait pour mériter ça ? dis-je en levant les yeux au ciel.
— Madison et moi-même ne sommes pas ensemble. Nous parlons juste rarement, l'éclaire l'officier.
— Vous croyez que je n'ai pas remarqué comment vous vous regardiez et comment vous réagissiez en présence l'un de l'autre ?
Jordan et moi nous adressons un coup d'oeil, consternés.
— Qu'est-ce-que tu as consommé d'illicite encore ? l'interrogé-je, suspicieuse.
— Pourquoi continuer à me le cacher ? insiste-t-il, croyant dur comme fer à sa théorie farfelue.
C'est officiel, il est tombé sévèrement sur la tête.
— Nous ne te dissimulons rien du tout Derek. Peut-être que tu souhaites qu'il se passe cela entre nous mais nous discutons juste de temps à autre comme je te l'ai dit il y a quelques instants. Si tu n'arrives pas à faire la différence entre la fiction et la réalité, je pense que tu devrais consulter. Je pourrais même t'accompagner, lui propose son meilleur ami, toujours prêt à aider.
— Filez avant que je ne sorte mes crocs... nous menace mon frangin, vexé.
Jordan et moi ne nous faisons pas prier. Nous filons plus vite que la moyenne jusqu'à la porte d'entrée et l'ouvrons à la volée. Je referme derrière nous prestement afin d'être certaine qu'il ne nous poursuive pas.
Nous nous installons ensuite dans sa voiture, tous deux prêts à faire un démarrage digne de ce nom.
Alors que nous nous éloignons, j'ai le temps d'apercevoir Derek nous observer derrière le rideau de la cuisine, le regard plein de sous-entendus.
— C'était un peu gênant, admets-je le visage cramoisi.
— Je te rejoins complètement, soupire-t-il.
— Si ta copine l'apprenait, elle serait très probablement furieuse... ajouté-je.
— Je n'en ai pas actuellement, me renseigne-t-il.
— Oh vraiment ? réponds-je, surprise.
— Tu sais, je ne suis pas le genre de garçons à attirer les filles... se confie-t-il.
— Tu plais forcément à quelqu'un. Ne sois pas si pessimiste, tenté-je de le réconforter.
— Peu importe... La jeune femme qui a retenu mon attention ne s'intéressera jamais à quelqu'un comme moi, marmonne-t-il, déprimé.
— Je peux toujours te rendre ce service ? me porté-je volontaire.
— Laisse-tomber... Ça serait trop compliqué... Le mieux est que tu oublies ce que je t'ai dit, me conseille-t-il.
Je ne réponds rien suite à ces paroles que je juge blessantes. Cette fille qui lui plait est vraiment vernie. Il devrait tenter sa chance. Bien qu'il en doute, je suis sûre que c'est réciproque.
Je souffle, prenant mon mal en patience. Bizarrement, j'ai hâte que nous arrivions.
Il s'arrête quelques instants plus tard juste devant les portes, sous le regard affligé des passants.
— Merci, murmuré-je du bout des lèvres en prenant mon sac à main.
J'ouvre la portière et ressors mes jambes, prête à poser pieds à terre.
— Tout va bien Madison ?
— Je voulais simplement t'aider mais, comme toujours, tu refuses que je fasse des choses pour toi... me plains-je.
— Ne le prends pas mal...
— Je le prends comme je peux figure-toi... me justifié-je.
— Je ne fais que décliner ta proposition parce que ça me gêne. Essaie de te mettre à ma place... me supplie-t-il.
J'envisage ses dires quelques instants. C'est vrai qu'en y pensant, c'est son droit de ne pas vouloir que je m'immisce dans sa vie et tente de la lui faciliter.
Comment pourrais-je me rattraper maintenant ?
— J'entends ton point de vue, le mieux est que je m'occupe de mes fesses même si cette initiative partait d'une bonne intention. Je suis désolée d'avoir réagi ainsi, c'était un peu égoïste et enfantin, m'excusé-je.
— Je te rassure, ça n'avait rien de tout cela. Je ne vais pas te retarder plus longtemps, file rejoindre tes amis. Nous pourrons en reparler à un autre moment si tu le souhaites, me propose-t-il.
— Non merci, je ne préfère plus aborder le sujet. Que dirais-tu d'oublier ce qui s'est passé ?
— Ça me va, on parlait de quoi déjà ?
J'explose de rire.
— Je ne sais plus figure-toi... Allez bon courage et encore merci de m'avoir emmenée !
Il me regarde me hisser hors de son véhicule et finit par démarrer lorsqu'il aperçoit les filles me rejoindre.
Elles m'accueillent en m'adressant chacune leur tour un câlin.
— Je ne savais pas que tu étais une sorcière, me dit Malia.
— Pardon ?
— Tu as ensorcelé le petit Jojo on dirait ! Il te dévore du regard ! s'exclame-t-elle, comme si c'était une évidence.
— Mais ne dis pas de sottises...
— Pour une fois je rejoins Malia. Il semble sous le charme, se rallie Allison.
— Depuis quand vous vous liguez contre moi ?
— Depuis que tu ne vois pas la vérité en face. Achète-toi des lunettes, fais quelque chose ! perd patience la coyote garou.
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