À mon plus grand soulagement, la journée de cours vient de toucher à sa fin. Je range mes affaires en vitesse, impatiente à l'idée de me rendre dans le café du coin avec mes amis.

Nous nous pressons d'aller dehors. Après nous être répartis dans les différentes voitures, nous filons en direction du Mango Mango.

Nous pénétrons quelques instants plus tard dans l'enceinte de l'établissement pratiquement vide et nous installons à une table non loin de la fenêtre. J'ai toujours aimé sa décoration. Des tables rondes apportant de la convivialité ainsi que des fauteuils rouge foncé matelassés sont disposés ça et là, avec une certaine distance pour davantage de confort. Quelques tableaux contemporains habillent les murs et s'accordent à merveille avec de magnifiques roses rouges disposées sur les différentes tables.

Une serveuse vient prendre notre commande. J'ai hâte de déguster le chocolat viennois qui m'attend.

— Alors Madison, qu'est-ce-que tu nous racontes de beau ? me questionne Allison.

— Et bien, je suis allée porter plainte hier. En parler et savoir qu'ils vont certainement payer pour ce qu'ils m'ont fait subir me soulage d'une certaine façon. Hormis cela, je n'ai pas grand chose à dire. Il ne se passe rien d'intéressant actuellement dans ma vie. lui réponds-je simplement.

— On est très fiers de toi, dit Brady en me serrant contre lui.

Je souris, rassurée de leur en avoir parlé. J'ai l'impression d'être à ces réunions anonymes auxquelles on se rend lorsque l'on est cleptomane, dépendant à une drogue, à de l'alcool. Le soutien des autres peut nous aider à condition que leurs intentions soient bonnes.

— Et vous alors ? reprends-je.

— Mais qui est ce beau gosse ? me coupe Malia en regardant à travers la vitre.

Nous pivotons tous notre tête pour regarder l'individu dont elle parle.

Il fait son entrée et nous fixe en remarquant que nous le dévisageons.

— Oh le monde est petit, je ne savais pas que tu venais ici toi aussi ! me salue Jordan un sourire aux lèvres.

Je rougis jusqu'aux oreilles.

— Il faut croire que si, réponds-je en rigolant nerveusement.

— Madison, tu as une touche, m'informe Malia devant le concerné.

Je me racle la gorge bruyamment, encore plus gênée qu'à l'accoutumée.

— Malia, sois gentille, tais-toi, lui conseillé-je.

Jordan est tout aussi rouge que la rose de notre table.

— Je vais prendre ma boisson, m'explique-t-il en bégayant.

Il s'éloigne rapidement et atteint finalement le comptoir.

Tu as raison, fuir est la meilleure des solutions dans le cas présent...

Il saisit son latté à emporter quelques minutes plus tard et commence à en boire quelques gorgées. La coyote garou l'observe avec attention.

— Tu as vu comme tu le troubles ? Moi je te le dis, il n'est pas insensible à ton charme. continue Malia en parlant tout aussi fort.

— Malia ! la rappelé-je à l'ordre.

— Et belles petites fesses en plus. Je sais à quel point les parties charnues te plaisent... ajoute-t-elle en m'adressant un clin d'oeil lourd de sens.

L'officier Parrish recrache par terre ce qu'il comptait avaler.

Il a entendu.

 Adieu monde cruel...

Je me lève précipitamment de mon fauteuil et romps la distance qui s'était instaurée entre nous.

— Heu... Je suis désolée pour les remarques de mon amie. Elle n'a pas de garde fou et dit tout ce qui lui passe par la tête, m'excusé-je en fuyant son regard.

— Comment peut-elle penser à ce genre de choses après ce que tu as vécu ? Tu lui en a parlé n'est-ce-pas ? s'enquiert-il.

— J'en ai parlé à tout ce petit monde à table oui. Je ne pouvais pas garder ça pour moi, ça devenait trop dur... l'informé-je.

— Tu as bien fait, avoir le soutien de tes proches est primordial pour t'aider à avancer et à te reconstruire, m'accorde-t-il.

— Le soutien du magnifique jeune homme face à elle ne serait pas de refus non plus. Ils sont si mignons ensemble, vous ne trouvez pas ? Enfin, Brady, ne répond pas vu que tu l'aimes encore, intervient Malia à nouveau.

Elle souhaite m'emmurer vivante, ça n'est pas possible autrement...

Allison lui donne une tape sur le bras, essayant de lui imposer discrètement de se taire.

— Tu as raison. décidé-je de continuer la conversation, faisant mine de n'avoir rien entendu.

— Même Madison me rejoint, vous voyez ! s'exclame la coyote garou ravie.

— Elle s'adressait à l'adjoint du shérif Malia, lui glisse Brady.

— N'importe quoi. Elle me parlait à moi et à moi seule, refuse-t-elle d'admettre.

— En tout cas, n'hésite pas si tu as besoin, à tout moment de la journée je répondrai présent. Tu peux compter sur moi, m'assure-t-il.

— Ça va choper... beugle ma meilleure amie.

— Merci beaucoup, je n'hésiterai pas, le certifié-je en ignorant superbement les remarques gênantes qui percent de temps à autre.

— Je vais y aller, le travail m'attend. À bientôt, me salue Jordan en déposant un bisou sur mon front.

Mes yeux s'arrondissent comme des soucoupes.

Qu'a-t-il fait ? Ai-je rêvé ?

— Oh excuse-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris, marmonne-t-il, rouge comme une pivoine.

— Ce n'est rien, allez file, lui imposé-je.

Il ne se fait pas prier, et, après avoir rapidement salué mes amis, se retrouve à l'extérieur pour rejoindre prestement son véhicule.

Je regagne la table et donne une tape sur la tête de Malia.

— Je n'ai rien dit Madi', mais je n'en pense pas moins, me dit-elle.

— Je ne préfère pas savoir...

— Je vais te le dire quand même. Tu lui plais, ça se voit à des kilomètres à la ronde. Pense à faire ton stock de préservatifs, je pense que tu en auras grandement besoin très prochainement, me conseille-t-elle.

— Sinon on peut parler d'autre chose ? peste Brady.

— Tu devrais être heureux pour elle, ton ex va se retrouver entre de bonnes mains. Et puis il semble expérimenté... clame-t-elle fièrement.

— Dis que je ne l'étais pas surtout, répond-il, vexé.

— Oh ça je n'en sais rien. Madison ne m'en a jamais parlé, elle est très secrète sur ce genre de choses... admet-elle en arborant une moue contrariée.

— En effet, je ne souhaite pas que tout le lycée apprenne mes ébats sexuels, grogné-je.

— Moi je te dis tout, c'est pas juste, se plaint-elle.

— Tu es célibataire Malia... lui rappelé-je.

— Et alors ? s'enquiert-elle en arquant un sourcil.

— Tu ne lui racontes donc rien concernant ta vie privée, intervient mon meilleur ami.

— Si, je lui ai déjà dit que je m'étais transformée pendant une nuit de pleine lune, se défend-elle.

C'en est trop pour Allison et Brady. Ils s'esclaffent bruyamment.

Malia les fusille du regard, très vexée.

Brady se tient les côtes pour s'assurer qu'elles ne se déplacent pas à force de rire. Allison, quant à elle, essuie quelques larmes qui perlent au coin de ses yeux.

Pour ma part, je mords l'intérieur de ma joue pour m'empêcher de rigoler moi aussi.

Elle pince les lèvres, de plus en plus offensée.

— Vos moqueries ne m'atteignent pas, râle-t-elle.

— Oui bien sûr, et je suis la reine d'Angleterre, murmure mon meilleur ami, amusé.

— Je t'entends la reine d'Angleterre ! braille Malia, piquée à vif.