Le repas vient de toucher à sa fin.

Je m'éclipse dans ma chambre, totalement éreintée par la journée que je viens de passer.

Je me brosse les dents et me change en vitesse. Un bout de papier glisse de la poche de mon jean et s'écrase par terre.

Mais oui, c'est vrai ! Le numéro de Jordan !

Je le récupère et saisis mon portable sur ma table de chevet. Je crée sa fiche contact et décide de lui envoyer un message pour qu'il ait mon numéro en retour.

À : Jojo ☀️

Salut Jordan, c'est Madison. Je me suis dit que ça pourrait être intelligent de t'envoyer un message pour que tu aies, toi aussi, de quoi me joindre 🤔

Seules quelques minutes passent avant que je ne reçoive sa réponse.

De : Jojo ☀️

Je suis heureux que tu aies pris le temps de le faire. Tu as pu te remettre de tes émotions ? 😔

Un sourire s'affiche sur mon visage.

À : Jojo ☀️

Je n'ai même pas eu le temps. Il y a eu beaucoup de tensions avec ma soeur mais ce qui est plutôt rassurant, c'est que nous ne nous en sommes pas venues au main. Et toi, tout se passe bien ? 🙂

Je repose mon portable et prends un livre en attendant.

De : Jojo ☀️

Je viens tout juste de rentrer chez moi. J'ai mangé au poste et là je vais filer à la douche 🙂

Je feuillette mon livre pour retrouver l'endroit où je m'étais arrêtée.

À : Jojo ☀️

Oh, excuse-moi de t'avoir dérangé. Je te souhaite une très belle soirée et te dis à bientôt 🙂

J'attends patiemment qu'il clôt la discussion.

De : Jojo ☀️

Bonne soirée à toi aussi. Essaie de te reposer, tu en as besoin. Bisous 😘

Je souris niaisement en voyant qu'il m'a envoyé un bisou. Je branche mon portable et l'éteins, très heureuse de cette petite attention.

J'entame finalement la lecture du cinquième chapitre du Royaume de Kensuké. Je le dévore littéralement et décide de me stopper trois chapitres plus loin.

Il est temps pour moi d'essayer de dormir. Le sommeil devrait me gagner assez rapidement. En général, c'est le cas lorsque je suis de bonne humeur.

J'éteins ma lampe et m'enfouis sous la couette.

☾☾☾

L'orage qui fait rage dehors, me réveille en sursaut.

3h37.

Je repousse les couvertures d'un coup sec. Je me lève après avoir pesé le pour et le contre pendant de longues minutes et descends finalement me préparer un chocolat chaud.

Arrivée au rez-de-chaussée, j'y découvre Rose et Jack, tout tremblants sur leurs pattes. Ils me suivent jusque dans la cuisine. Où que j'aille, ils ne me quittent pas d'une semelle.

— Je suis là mes loulous, vous ne craignez rien, leur murmuré-je pour les rassurer.

Rose couine et me réclame des caresses.

— Mon petit agneau...

Je lui offre quelques gratouilles pour la tranquilliser. Je sais à quel point ils ont peur lorsque l'orage gronde.

Je me relève finalement et retire le mug du micro-ondes. Pour plus de confort, je me dirige vers le salon où toutes les lumières sont encore éteintes.

Je hurle de terreur en apercevant quelqu'un à la fenêtre suite à un éclair. Il a disparu comme par magie.

Alerté par mon cri, Derek dévale les escaliers à son tour quelques instants plus tard.

En m'apercevant encore figée par rapport à ce que je viens de voir, il se place près de moi, de façon à ce que personne ne puisse le voir. Je tourne légèrement mes iris dans sa direction et remarque qu'il me fait signe de me taire.

Il sort par l'autre porte sans un bruit. Pour ma part, je me contente de fixer toujours les fenêtres, essayant d'être utile à ma façon.

Les minutes qui passent paraissent être des heures. Je n'ose plus cligner des yeux, de peur de louper cette silhouette terrifiante.

Mon aîné revient, trempé comme une soupe.

— Tu as dû rêver Madi', il n'y a personne, m'assure-t-il.

Je le fusille du regard.

— Oui bien évidemment. réponds-je, agacée.

— Qu'est-ce-qui se passe ici ? s'enquiert mon oncle, qui nous a rejoints, les yeux à moitié ouverts.

— J'ai aperçu un homme suite à un éclair. Il se trouvait à la fenêtre et regardait à l'intérieur. Il a disparu d'un coup mais Derek pense que je divague. expliqué-je, blessée.

— Derek, tu sais que ta soeur ne crierait pas de cette façon s'il n'y avait rien enfin, dit-il.

— Tu as raison, mais je n'ai vu personne dehors. se défend mon frangin.

— Nous sommes dans une ville surnaturelle, nous ne devrions plus nous étonner de rien, laisse planer Peter, réfléchissant à voix haute.

— T'étais pas censé la rassurer plutôt ?

— Tu as raison. Madison, monte te coucher avec ton chocolat, et surtout n'ouvre à personne. Vérifie que tes stores sont bien fermés, m'ordonne-t-il.

Effectivement, c'est beaucoup plus réconfortant dit ainsi. Qui me dit que je ne vais pas me retrouver assassinée par un intrus qui aurait escaladé et serait rentré par ma fenêtre ?

Je ne pipe mot et me contente de murmurer un vague bonne nuit.

Je me dirige vers ma chambre, le coeur battant à tout rompre dans mes oreilles. Il faudra certainement repasser aussi pour la discrétion.

Telle une Ninja, j'ouvre la porte d'un coup sec.

Verdict : je suis bien seule.

Mes volets sont toujours fermés, tout comme ma fenêtre. Je crois que j'ai vu trop de films...

Je referme derrière moi, plus tranquillement cette fois-ci et m'installe dans mon lit.

Ma mission, si je l'accepte, est de ne pas renverser ma boisson dans mon lit.

Je bois plusieurs gorgées doucement, plus sereine qu'il y a quelques instants.

Mon oncle ne ferait rien qui me mettrait en danger de toute façon. Je sais que je peux compter sur lui si un autre drame venait à se produire. Je lui fais confiance.

Il en est de même pour Derek, même s'il peut se montrer plus bourru de temps à autre. Il n'a pas mauvais fond et a le coeur sur la main.

Kieran, malgré sa condition d'humain, n'hésiterait pas non plus à se battre pour moi.

En revanche, c'est tout autre chose concernant Cora. Je suis persuadée qu'elle serait prête à m'éliminer si elle ne craignait pas autant pour sa vie.

Penser à ce genre de choses ne m'aidera pas à trouver le sommeil. Il faut que j'arrête de laisser dériver mon esprit.

Je repose ma tasse vide sur ma table de chevet et éteins la lumière.

Je me glisse une nouvelle fois sous les draps. Il est temps pour moi de retrouver les bras de Morphée, et pour de bon cette fois-ci. Du moins, je l'espère.