❀ Chapitre 20 - Bad Liar ❀

Nous nous installons dans son véhicule de fonction. Je m'attache en silence et attends patiemment qu'il démarre. Cela ne tarde d'ailleurs pas à arriver. Après avoir enclenché sa ceinture de sécurité, il appuie sur la pédale d'accélérateur.

Malgré les nombreux feux rouges, le trajet se déroule plus vite que je ne l'aurai voulu. Jordan remonte l'allée jusqu'à ma maison et freine une dernière fois pour que je puisse sortir sans me mettre en danger.

Tout me semble bien vide. Hormis sa voiture, aucune ne semble avoir circulé ici depuis de longs jours. Si je ne m'étais par rappelée que Derek m'avait emmenée au lycée ce matin, je pourrais penser que notre demeure est abandonnée. La pluie aurait pu effacer toute trace. Si seulement il avait plu...

Je chasse ces mauvaises pensées de ma tête et ouvre la portière. Après avoir récupéré mon sac à mes pieds, je m'extirpe du véhicule de l'officier in extremis.

— Merci, commencé-je.

— Je t'en prie. Tout le plaisir était pour moi, me répond-il.

Il met sa main devant sa bouche et rougit jusqu'aux oreilles, comme s'il en avait trop dit.

— Allez rentre vite travailler, je ne vais pas te retarder plus longtemps, le sermonné-je.

— Attends, me dit-il en me retenant par le bras.

Je me retourne vers lui, surprise.

— Voici mon numéro. Tu peux m'appeler ou m'envoyer des messages à n'importe quel moment de la journée.

Je saisis le petit bout de papier qu'il me tend et le range précieusement dans mon jean.

— Je préfère te savoir en sécurité à l'intérieur d'abord, si ça ne te dérange pas ? chuchote-t-il.

Je soupire vaincue et sors les clés de mon sac. Je monte les quelques marches avant d'atteindre le perron au pas de course et insère l'une d'entre elles dans la serrure. Je la déverrouille et ouvre avant de me retourner vers Jordan.

— À bientôt, élevé-je le ton pour qu'il m'entende.

— À très vite Madison, s'époumone-t-il pour couvrir le bruit du moteur et la distance qui nous sépare.

Je ne peux m'empêcher de sourire face à la situation. Il me le rend et finit par faire demi-tour.

Je referme la porte derrière moi, le coeur un peu plus léger qu'à l'accoutumée.

Je jette mon sac à terre avant de retirer mon manteau ainsi que mes chaussures. 

Ma tranquillité ne dure pas...

— Décidément tu ne perds pas le Nord toi. Moi qui pensais que te faire violer t'empêcherait de faire la pute à nouveau, m'accueille ma frangine en descendant les escaliers.

— Occupe-toi de tes fesses pour une fois, et crois-moi t'as du boulot. laissé-je siffler perfidement entre mes dents.

— Tu crois que je te plains pour ce que tu as vécu ? Non, bien au contraire. Je sais le genre de filles que tu as toujours été, murmure-t-elle en se rapprochant dangereusement de moi.

— Je peux savoir pourquoi tu me détestes Cora ? Qu'est-ce-que je t'ai fait ? m'emporté-je.

— Ne fais pas l'innocente, tu le sais très bien, braille-t-elle avant de me cracher au visage.

Bêta ou pas, je la pousse violemment contre le mur, hors de moi. De quel droit se permet-elle de me traiter de cette façon ?

Je saisis mon sac et monte les marches rageusement, quatre à quatre. Cora ne me suit pas, elle se contente de m'insulter de tous les noms. Pauvre fille va.

Je le dépose aux pieds de mon bureau et, sans attendre une minute de plus, file dans la salle de bain retirer sa bave de crapaud.

Je suis arrivée au stade de haine envers ma propre soeur. Où va le monde...

Je redescends quelques instants plus tard et m'en vais préparer le repas dans la cuisine pour me calmer.

Je jette un coup d'oeil à l'horloge au-dessus du four qui n'indique que dix-sept heures.

Je laisse parler ma créativité et confectionne tout d'abord des verrines à l'avocat, aux crevettes et au fromage frais. Je prépare également des rillettes de saumon.

Une fois cela fait, je décide de m'occuper du plat principal. Je laisse mijoter dans une cocotte quelques morceaux de veau dans un peu de beurre à feu doux. Je saupoudre le tout de deux cuillères de farine et remue énergiquement. J'y ajoute ensuite les cubes de bouillon, le vin blanc et enfin deux verres d'eau. Je ne me repose pas sur mes lauriers et continue à m'activer. Je coupe quelques carottes en rondelles, j'émince les oignons, prépare les champignons et incorpore le tout à la viande. Enfin, je mélange de la crème fraîche, un jaune d'oeuf et du jus de citron dans un bol. Je recouvre la mixture de film étirable et la place non loin des entrées que je laisse reposer depuis un bon quart d'heure déjà.

J'ai gardé le meilleur pour la fin. Je sors une tablette de chocolat pâtissier, le beurre, les oeufs, la farine et le sucre. Rien que d'y penser, mon estomac crie famine.

Après plusieurs minutes de préparation, je m'occupe d'enfourner le gâteau au chocolat qui sent déjà délicieusement bon.

Cuisiner a toujours eu le don de m'apaiser. Ma colère envers ma frangine s'est envolée presque aussi vite qu'elle est arrivée.

— Mmmh, que ça sent bon par ici, dit Peter en arrivant.

Il dépose un bisou sur ma tempe.

— Qu'est-ce-que tu nous prépares de bon ? me questionne-t-il.

— C'est la surprise du chef. Tu verras au moment venu, l'accueilles-je.

— Ma nièce est si mystérieuse, pouffe-t-il.

— T'en as une autre aussi, braille ma frangine du salon, vexée.

— Ne commence pas Cora, j'ai eu une assez mauvaise journée comme ça, la met en garde mon oncle.

— Et voir la tête de Madison tous les jours me donne des nausées, pourtant je n'en fais pas tout un drame, m'attaque-t-elle.

Peter arque un sourcil et m'observe l'air grave.

— Il s'est passé quoi encore entre vous deux ? On ne peut vraiment pas vous laisser, intervient-il.

— Ma très chère frangine m'a traitée de pute et elle m'a crachée dessus. D'ailleurs, me faire violer aurait dû me calmer selon elle, balancé-je sans une once de remords.

— Putain mais ferme ta gueule Madison, tu sais pas te défendre toute seule ? rugit-elle.

— Non mais c'est pas vrai ! Cora, dans ta chambre tout de suite ! Tu n'en ressortiras que pour manger, tonne-t-il.

La concernée se lève folle de rage du relax et m'adresse un magnifique doigt d'honneur. Je ne réagis même pas face à son comportement puéril.

Alors qu'elle claque sa porte violemment, mes deux frangins arrivent tous sourire.

— On a loupé quelque chose ? s'enquiert immédiatement Derek.

— Nan, tu crois ? susurré-je entre mes dents.

Pour éviter que je ne me crêpe le chignon avec lui également, Peter explique rapidement la situation. Les mâchoires prêtes à se décrocher, mes aînés me fixent.

— Oui bah c'est bon, on peut passer à autre chose maintenant ? tenté-je de dériver la conversation.

— Si elle croit qu'elle va s'en tirer comme ça, mugit Derek.

Il nous laisse tous les trois interdits face à ce qui vient de se passer. Nous n'avons plus le temps de réagir, il se trouve déjà à l'étage et marche, d'une allure décidée, vers la chambre de mon adorable frangine.

Des éclats de voix se font entendre, d'après ce que nous rapporte Peter, des livres doivent voler à travers la pièce pour finir leur vol en se fracassant contre les murs. Oh, une robe de Cora vient d'atterrir dehors également.

Remarquant que la situation est loin de s'arranger, mon oncle se presse d'aller rétablir l'ordre à l'étage.

Il tire mon aîné par le t-shirt et l'oblige à s'asseoir dans le canapé au rez-de-chaussée, en attendant que le repas soit prêt. L'ambiance va encore une fois être au beau fixe...

La blanquette vient de terminer de mijoter. Je rajoute la mixture mise de côté dans la cocotte. Je me charge ensuite de laver la table et de mettre le couvert avec Kieran.

— C'est prêt, venez manger, informé-je ma famille.

Cora ne vient pas. Le contraire m'aurait étonnée. Je commence à servir les entrées pour tout le monde.

Je finis par m'asseoir moi aussi après avoir rempli mon assiette.

— Bon appétit, disons-nous en choeur.

Seul le cliquetis des cuillères contre le verre se fait entendre.

— Au fait Madi', tu es rentrée avec qui finalement ? me demande Derek.

— Avec Brady, pourquoi ? lui assuré-je.

— Ah vraiment ? C'est étonnant parce que je l'ai vu passer dans la voiture de sa maman mais tu n'y étais pas, me dit-il.

— C'est normal, elle s'est envoyée en l'air avec ton meilleur pote, s'incruste Cora en sortant de nulle part.

— Avec Jordan ? s'enquiert-t-il.

— Oui avec lui, affirme-t-elle en me fusillant du regard.

Si tu crois que ça m'atteint, poufiasse.

— Jordan est quelqu'un de très bien et Madi l'est tout autant. Tu crois sincèrement qu'elle ferait ce genre de choses au vu de ce qu'elle a subi ? s'offusque-t-il.

— Elle a toujours été fourbe. Se faire passer pour la sainte-nitouche elle sait faire. me crache-t-elle, littéralement cette fois-ci, au visage.

— Ce que tu peux être stupide, marmonne Kieran à l'intention de ma frangine.

— Toi je t'ai pas sonné !

— Tant mieux. Le contraire m'aurait dérangé, lui assène-t-il.

— Cora, si tu es venue faire encore des reproches à ta soeur tu peux remonter dans ta chambre, intervient Peter.

— Nan mais j'hallucine. Madison ment et tout le monde trouve ça mignon ? vocifère-t-elle.

— Elle n'est pas rentrée seule, c'est ce que je voulais entendre. Fin de la discussion, explose Derek.

Cora recule, effrayée. Lorsque l'alpha dit quelque chose, il faut l'écouter. Elle remonte dans sa chambre sans un mot.

— C'est vraiment délicieux Madi', je veux la suite bien volontiers, m'assure mon oncle.

— Alors c'est parti pour la blanquette de veau. N'en prenez pas trop non plus, il y a un gâteau au chocolat pour le dessert, les préviens-je.

— Que tu nous gâtes, conclut Kieran. 

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