❀ Chapitre 10 - Une rencontre inattendue ❀
Holà tout le monde !
Ce chapitre est un peu plus long que d'habitude et je m'en excuse... J'espère que ce format exceptionnel ne vous dérangera pas ?
Je vous souhaite une bonne lecture ! 🥰
Plusieurs minutes ont passé. Je n'ai toujours pas bougé. Je ne m'en sens tout simplement pas capable.
La neige commence à tomber par gros flocons. La tempête annoncée ne va donc me laisser aucun répit. Je souffle et jette un coup d'oeil sur mon portable à côté de moi.
Trois appels manqués de Brady.
Deux appels manqués de Derek 🐺.
Pour ne pas éveiller de soupçons, je me relève avec difficultés et recouvre mon corps à nouveau de mes habits. Tremblante sur mes jambes et déboussolée, j'observe la légère mare de sang qui se trouve à l'endroit où j'étais assise quelques instants plus tôt.
Je n'ai aucune idée de ce à quoi je peux ressembler mais, à ce moment précis, c'est le cadet de mes soucis.
Je prends à nouveau la route vers la maison, espérant que cette fois-ci, je pourrai y arriver sans encombres.
Je pousse la porte en silence, ne voulant surtout pas attirer l'attention sur moi maintenant.
— Ah Madi', je commençais à m'inquiéter ! s'exclame Derek du salon.
Je tente de refouler tant bien que mal les larmes qui viennent perler dans le coin de mes yeux.
— J'arrive. Je vais me mettre en pyjama, mentis-je effrontément.
Lorsque je passe devant le salon à toute vitesse, mon regard croise celui d'un inconnu, assis sur le canapé me faisant face. Il s'agit d'un jeune homme châtain d'environ vingt-cinq ans. Je n'ai pas réellement le temps d'en découvrir plus. Je déglutis difficilement et prends mes jambes à mon cou jusque dans la salle de bain, paniquant totalement à l'idée qu'il ait pu lire la mention « violée » sur mon front. Quelle lâcheté. Je ne me sens même plus capable de regarder un homme ou simplement de lui faire face.
Voir mon reflet dans le miroir me ramène douloureusement à la réalité. Je manque de tomber à la renverse. Mon visage au teint hâlé se couvre petit à petit d'affreuses traces violacées. Ma lèvre inférieure se distingue également à sa façon. Gonflée, elle laisse un filet de sang s'en échapper. Je continue mon examen et découvre avec horreur que mes poignets n'ont pas été épargnés eux non plus. De nombreuses ecchymoses y font leur apparition doucement mais sûrement, témoignant de ma lutte acharnée contre mes agresseurs.
La porte s'ouvre sur le jeune homme que j'ai aperçu quelques instants plus tôt face à mon aîné.
— C'est occupé, murmuré-je en baissant le nez, honteuse des évènements dont j'ai été victime.
— Je sais, me répond-il simplement en refermant derrière nous.
Qu'est-ce-qu'il ne comprend pas dans "c'est occupé" ?
Je n'ose pas me retourner, craignant d'être abusée encore une fois. Si cela venait à se reproduire, autant que je le subisse à nouveau. À quoi bon se débattre de toute façon. Cela ne change strictement rien.
Je ne connais rien de ce jeune homme et ses intentions pourraient être aussi mauvaises, voire pires, que celles de ceux qui ont fait de ma vie un enfer. Je ne souhaite pas non plus qu'il remarque les traces de violence qui se dessinent peu à peu sur mon visage et sur mon corps. J'ai honte. Beaucoup trop honte.
— Je suis un ami proche de Derek et Kieran, tes grands frères. Je m'appelle Jordan Parrish, se présente-t-il d'une voix étonnamment mélodieuse.
— Madison, m'introduis-je du bout des lèvres.
J'attends patiemment, la tête toujours baissée, qu'il parte et me laisse seule. Il ne doit pas être idiot et comprendra certainement, plus ou moins rapidement, ce que je lui demande implicitement.
— Tu n'as pas à avoir honte. J'ai dû prendre des dépositions de jeunes filles ayant subi la même chose que toi, m'assure-t-il en maintenant avec tact une certaine distance entre nous.
Sa confession a pour but de me faire redresser violemment la tête. Il est un peu tard pour me cacher maintenant. Je n'ai pas réussi à me contrôler. Mais est-ce vraiment surprenant ?
Je l'observe dans le reflet du miroir, silencieuse. Ses yeux verts clairs perçants me dévisagent longuement.
J'ai l'impression de retomber en enfance. Je me souviens de cette époque, lointaine désormais, où mes parents me scrutaient jusqu'à temps que je leur avoue la bêtise faite. Face à cette pression insoutenable, je finissais toujours par craquer et avouer tout ce que je savais. Il a lui aussi, semble-t-il, cette désagréable façon de lire en moi comme dans un livre ouvert alors que nous ne nous connaissons ni d'Ève ni d'Adam.
Je tente de me concentrer sur d'autres caractéristiques physiques le définissant qui pourraient me rendre moins mal à l'aise pendant qu'il m'étudie. Je reporte mon attention sur ses cheveux châtains plutôt courts, légèrement rabattus sur le côté. Je continue mon examen en posant mon regard sur sa mâchoire carrée puis sur ses muscles saillants qui semblent être retenus difficilement par sa chemise kaki. Il m'interrompt, m'empêchant de poursuivre plus longtemps.
— Je suis l'adjoint du shérif de la ville. Si tu as besoin de porter plainte ou de soutien, d'une oreille attentive et extérieure, je suis là, reprend-il.
— Et pourquoi j'en aurais besoin ? Hein ? lui aboyé-je dessus, sur la défensive.
L'officier encaisse mes propos virulents sans ciller. Il m'insupporte. Comme si lui parler allait résoudre tous mes problèmes. Je lève les yeux au ciel, fortement agacée.
— Vous croyez que tous les évènements que je viens de vivre vont s'envoler comme par magie ? repris-je, luttant pour que les larmes ne franchissent pas à nouveau la barrière de mes yeux.
— Madison... Cela n'effacerait en rien ton traumatisme mais cela permettrait de faire payer celui qui t'as fait du mal, me répond-il calmement.
— Ceux qui m'ont fait du mal, le corrigé-je, en étouffant un sanglot.
Bordel. Pourquoi je n'arrive pas à rester maître de moi-même ?
« Tu n'as jamais été forte Madison. Papa et maman avaient cette capacité d'affronter la vie, malgré toutes les embûches qui se présentaient à eux, pas toi. Tu ne l'auras jamais. »
Les paroles que Cora m'avaient craché au visage à la mort de nos parents me reviennent en tête. Tu as tellement raison sœurette...
Je remarque qu'il ne s'attendait pas à de telles révélations. Je pense que j'aurai réagi également de cette façon si j'avais été dans la même situation que lui.
— Que dirais-tu de venir au poste demain pour que je puisse prendre ta déposition ? insiste-t-il gentiment après avoir repris une certaine contenance.
— Je ne peux pas. Je dois aider oncle Peter à tailler les arbustes du jardin, décliné-je son invitation en prenant la première excuse qui me passe par la tête.
Il soupire, impuissant. Tu ne m'emprisonneras pas dans tes filets aussi facilement mon coco.
— Sache que si tu changes d'avis, ma proposition tient toujours, me dit-il, l'air grave mais compréhensif.
Même si je me méfie quant à ses motivations, je dois avouer que je suis touchée par le fait qu'il ne semble pas vouloir m'abandonner ainsi.
Il prend la décision de s'avancer vers moi, ayant pour conséquence de me faire reculer contre le lavabo. Je me sens prise au piège.
— Laisse-moi m'occuper de toi. J'étais dans l'armée avant alors les soins n'ont aucun secrets pour moi, m'apprend-t-il en s'approchant davantage.
Je ne peux plus bouger de toute façon. Il saisit un coton dans la trousse de secours que j'avais sortie avant qu'il ne vienne me déranger et l'imbibe de désinfectant. Je le regarde avec attention, prête à attaquer au moindre faux pas. Je frémis en le sentant le déposer sur ma lèvre. Il la tapote en douceur alors que je grimace de douleur.
J'ai toujours été très douillette mais cette fois-ci, ça dépasse l'entendement.
Il se concentre ensuite sur mon visage tuméfié et s'occupe, pour finir, de mes poignets bien abîmés.
— Ton frère est parti en ville chercher des kebabs, me prévient-il.
Heureusement qu'il me le rappelle. Je l'avais complètement oublié. Pauvre Derek. Je suis une soeur indigne.
— Vous vous êtes connus de quelle façon ? m'enquiers-je curieuse, pour penser à autre chose pendant qu'il me prodigue des soins.
Jordan sourit en se remémorant ce souvenir.
— J'ai dû arrêter ton frère suite à une plainte d'une femme, qui maintenait mordicus qu'il lui avait montré ses crocs. Il l'avait menacé, d'après elle, de la mordre si elle ne quittait pas son magasin de fleurs. J'avais d'abord cru à une blague, m'explique-t-il en rigolant de bon cœur.
Son rire est communicatif. Je ne peux m'empêcher de sourire amusée. Sacré Derek...
— Finalement, nous avions sympathisé au poste et à force de le retrouver ça-et-là, je me suis rendu compte que cette dame n'avait pas tort, continue-t-il, en essuyant une larme au coin de son oeil.
Mes yeux s'arrondissent comme des soucoupes. Ai-je loupé un épisode ?
— Oui, je suis au courant de l'existence des créatures surnaturelles, me prévient-il en voyant ma surprise.
Mes épaules s'affaissent. Je suis tellement soulagée.
Les créatures surnaturelles, c'est un peu le sujet tabou ici, à Beacon Hills. Bien que l'on en recense plusieurs sortes, la majorité des habitants de la ville restent dans l'ignorance et n'ont jamais eu vent de leur existence. C'est mieux pour eux. Beaucoup paniqueraient certainement et ne prendraient pas le temps de trier les bonnes des mauvaises. Ils chercheraient juste à les éliminer. Bêtement.
Cependant, contrairement à ce que les personnes pourraient penser, certaines d'entre elles ne feraient pas de mal à une mouche. Chris, chasseur internationalement renommé et papa d'Allison, l'a bien compris. Il sait faire la différence, tout comme Ethan et sa fille, chasseurs également, et ne s'occupe plus que de celles conçues et dressées pour tuer.
Hormis eux, seuls quelques privilégiés ont connaissance de ces bestioles qui vivent dans les bois ou en ville. Il s'agit de ceux qui ont eu la chance, ou bien au contraire la malchance, de croiser leur chemin ; de ceux qui les côtoient dans la vie de tous les jours, comme moi, et, bien évidemment les chasseurs, qui les traquent, pour la grande majorité, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Pour ma part, vivre avec des loups garous, des coyotes garous ainsi que des banshees ne me dérange pas plus que cela.
Depuis ma plus tendre enfance je les côtoie. Même s'il en existe plusieurs sortes, les premiers n'ont aucun secret pour moi. Mes parents, Derek, Peter, Cora ainsi que le reste de ma famille décimée dans l'incendie sont nés avec ce don. Kieran et moi-même n'en avons pas hérité quant à nous. Cette faculté a dû sauter deux générations. C'est la seule explication plausible.
Mes parents, de leur vivant, étaient des alphas respectés de tous. Les autres meutes résidant à Beacon Hills les craignaient et personne n'aurait jamais osé se mettre en travers de leur chemin. Cependant, malgré leur haut statut, ils n'en profitaient pas et restaient justes dans leurs décisions. Ma maman, Talia, avait même la capacité de se métamorphoser en un magnifique loup aux reflets charbon. C'était une qualité rare dont elle avait hérité et les gens l'admiraient encore plus pour son aptitude de transformation complète. Elle était une maman aimante et elle n'hésitait pas à faire ressortir ses yeux rouges d'alpha pour me faire rire aux éclats. Beaucoup d'enfants auraient été effrayés et auraient hurlé de terreur. Ça n'était pas mon cas. J'avais confiance en elle et je l'aimais.
Cora n'avait pas eu la même chance que mes frangins. Elle avait dû se contenter d'yeux jaunes ambrés, témoignant de son statut différent. Tout comme Isaac, Hayden et Liam, elle était devenue bêta. À la différence que ces derniers avaient été mordus respectivement par Derek, Théo et Scott.
Les seconds, comme Malia, se font plus rares ici. Elle est, pour ainsi dire, la seule coyote garou que je connaisse. Ses capacités semblent similaires à celles des loups. Seul la couleur de ses yeux change. Ils sont bleus, signifiant qu'elle a tué quelques malheureux innocents se trouvant sur son chemin lorsqu'elle vivait isolée dans la forêt. Il n'y a pas un jour qui passe où elle ne s'en veut pas. Elle est furieuse contre elle-même, furieuse de ne pas avoir réussi à garder le contrôle.
Les banshees, quant à elles, telle que Lydia, la demi-soeur de Brenda, ont la capacité de découvrir des cadavres et de pousser des cris stridents. Leur pouvoir peut aussi se manifester par des visions ou simplement des sons.
Enfin, les chimères sont la résultante d'expérimentations scientifiques qui possèdent plusieurs attributs de créatures surnaturelles. C'est le cas de Théo qui est une chimère mi-coyote et mi-loup garou. La couleur de ses yeux ne change pas malgré le fait qu'il ait tué sa soeur pour lui voler son cœur, dans l'unique but de devenir ce qui le définit aujourd'hui.
Je reviens dans le moment présent et ancre mon regard dans celui de Jordan.
— C'était la première chose à préciser ça, monsieur ! m'exclamé-je en riant doucement.
Il m'adresse un magnifique sourire.
Aussi surprenant que cela puisse être, sa présence m'apaise. Il ne me juge pas et me parle de choses diverses et variées, m'aidant à me changer les idées le temps de quelques instants.
Je suis bien vite rattrapée par la triste réalité. Le fait que mon frangin soit au courant de ce que je viens de vivre ne ferait qu'empirer la situation.
— Je vais mettre du fond de teint pour camoufler les marques qui se trouvent sur mon visage avant que mon frère ne rentre. l'informé-je.
— Je ne peux pas t'en empêcher mais je pense que c'est une mauvaise idée. soupire-t-il.
Je saisis ma trousse de maquillage, refusant d'entendre son avis.
Derek ouvre la porte d'entrée bruyamment, nous prévenant pour le coup qu'il est de retour.
— Je suis là ! braille-t-il.
Nous ne l'avions pas remarqué tiens. Jordan m'adresse un regard encourageant.
— N'oublie pas, tu n'es pas seule, me chuchote-t-il avant de quitter la salle de bain prestement.
Je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration pour tenter de faire diminuer la boule qui se forme peu à peu dans le creux de mon ventre.
Il est temps pour moi d'affronter le regard inquisiteur de mon aîné.
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