Chapitre 7


Je n'avais vu des maisons comme celle-ci que dans des films, ou bien dans des magazines. C'était vraiment une maison énorme, une villa comme l'avait dit Noé. Je me demandais comment un garçon aussi jeune pouvait vivre ici ... Il était peut-être riche, ou bien sa famille l'était ... 

Des éclats de voix venaient d'un peu partout, me laissant deviner qu'il ne vivait peut-être pas tout seul ici. Je le suivais d'assez près, hors  de question que je me retrouve seule comme ça, sans savoir où aller ni quoi faire. Je m'étais déjà retrouvée dans cette situation aujourd'hui, je n'avais pas trop envie de recommencer. 

- La cuisine, dit-il en me désignant la droite, et puis le salon par là. 

On entrait dans un grand espace, avec un peu moins d'une dizaine de garçons. Trois jouaient au babyfoot, les autres regardaient la télé. En quelques secondes, pleins de regard se retrouvèrent sur moi, et je n'aimais pas trop ça. D'habitude, ça ne me dérange pas, mais vu ma dégaine et mon état, je préfère ne pas être scrutée.

- Oula, Lucas, c'est pas encore mon anniversaire mais merci ! 

Des éclats de rire et des sifflements arrivèrent à mes oreilles. J'hésitais entre leur arracher les yeux ou aller me cacher. Mais en fait j'étais juste au bord des larmes. 

- Gardez-la dans votre pantalon les gars, voici Sam qui restera avec nous quelques jours. Je compte sur vous pour ne pas la traumatiser à vie, et pour ne pas gratter à sa porte le soir.

- Oh, mais pour qui nous prend-tu Lucas ? 

- Des chiens en chaleur. Viens, dit-il en faisant demi-tour. 

Je tournai vite les talons sans leur lancer le moindre regard. J'étais gênée. On arriva devant un grand escalier, et je suivis Lucas jusqu'à l'étage. On traversa un long couloir, et il ouvrit une porte. Je le suivis à l'intérieur. J'avais l'impression d'être un petit caniche perdu.

- Ta chambre, et la porte là c'est la salle de bain. Je vais partir, donc sers toi dans la cuisine, prend ce que tu veux je m'en fiche mais évite de priver les mecs de bières, ça les rendrait grognon. Circule comme tu veux mais ne fouine pas j'ai la flemme de devoir te jeter dehors à cette heure-ci. Et fou pas plus le bordel que ça ne l'est déjà. Des questions ? 

La seule qui me trottait en tête :

- Est-ce que je dois vraiment me méfier au point de fermer la porte à clef ? 

Il sourit. Il était vraiment mignon, dommage qu'il ait l'air de se foutre de tout et surtout de moi.

- Prend-le bien, c'est qu'ils te trouvent jolie alors qu'on dirait que tu as traversée tout le pays à pied. Mais non, si tu veux une réponse, tu ne dois pas te méfier à ce point, ils ne vont pas te violer si c'est de ça que t'as peur. Mais ils risquent de venir chercher un peu de chaleur humaine, alors si tu es contre, ferme bien ta porte pour pouvoir dormir tranquille. 

J'hochai doucement la tête. Je ne crois pas avoir été rassurée parce-qu'il venait de me dire. 

- Bon, j'y vais, je suis déjà en retard. 

Il fit demi-tour et sortit de la pièce en fermant la porte derrière lui. Je regardai autour de moi, et laissais tomber mes deux sacs au sol. Je m'assis doucement sur le lit. Je n'arrive pas à croire que je me retrouve ici. J'avais envie de dormir, de me laver, de tuer mon oncle, et d'un côté même si c'était sympas de sa part de m'accueillir j'avais envie de partir très vite. Tous les évènements de la journée me repassèrent en tête, c'était loin d'être réaliste pour moi. Je pris mon sac à dos, le posai sur le lit, et partis à la recherche de mon téléphone. 

Quelques notifications sans importance, des messages me proposant d'aller à droite ou à gauche, rien de mon salopard d'oncle. Je le branchai, et me retournai. J'avais envie de prendre une longue douche bien chaude. Et puis je le pouvais après tout ... J'entrai dans la salle de bain, qui était de taille plus que moyenne. Une baignoire et une douche, pas l'une ou l'autre, non les deux étaient présentes. J'étais tentée par un bain, mais je savais qu'après je serais sûrement morte après. Je pris une serviette, la préparai et commençai à me déshabiller. Puis je me rappelai de l'histoire de la porte, et me dépêchai d'aller fermer ma porte de chambre à double tour. Je préfère ne pas prendre de risques. 

La douche fut agréable, et longue. J'avoue que quelques larmes coulèrent le long de mes joues, mais elles étaient invisibles sous la douche. Il y avait du shampoing et du gel douche à disposition, mais n'osant pas vraiment me servir, j'en pris un tout petit peu. C'étaient des produits de fille, il devait bien en avoir une ici alors même si je ne l'avais pas vu. 

Je sortis après avoir bien profitée, et enroulai une serviette autour de mon corps. Le grand miroir attira mon attention. J'avais l'impression de ne plus être la même. Où était passé mon sourire en coin et mes yeux brillants ? Hier, à cet heure-ci, où est-ce que j'étais ? Je ne pourrais même pas le dire. Je ressentais ce poids dans ma poitrine, m'indiquant que ce n'allait pas et que j'avais envie de pleurer, mais je n'arrivais pas. J'avais sans doute trop donner ces dernières heures. La thérapie risque d'être très longue lorsque je me rendrai compte dans 10 ans que je ne guérirai pas de cette période de ma vie simplement. 

Il y à quelques jours, j'étais sûrement dehors avec mes potes, à boire, à fumer, à m'amuser, sans penser une seule seconde que je me retrouverais ici. C'est dingue comme la vie peut changer du tout au tout en si peu de temps. 

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