Chapitre 6


Pendant le trajet, pas un mot, pas un bruit. Seul la circulation et la voiture étaient source de bruit. Le silence était pesant, malaisant, mais qu'est-ce que j'en avais à faire après tout ? Je n'avais aucune idée d'où j'allais, d'avec qui j'étais ou bien de ce que j'allais bien pouvoir faire. Ce qui était déjà sûr, c'était mon envie de vite repartir de chez lui avant même d'y être arrivée. Il me fallait deux ou trois jours pour retomber sur mes pieds, trouver un job, un petit hotel, et prendre mon envol en priant pour vivre une vie normal en tant que mineur ayant fuit de chez elle. 

- Est-ce que je peux fumer dans ta voiture ? 

Je ne sais pas d'où me venait le courage de lui adresser la parole. C'est vrai, j'avais bien mérité une cigarette après tout ça. Il lâcha un soupir, comme si je n'avais pas remarqué que je le faisais chier. 

- Oui, me dit-il simplement. 

Je m'hasardais à tourner le regard vers lui une seconde, il avait les yeux rivés sur la route, une main posée sur le volant et l'autre qui lui servait d'accoudoir sur le rebord de la fenêtre. Je fouillai dans mon sac à main sur mes genoux, trouvai mon paquet et m'allumai la cigarette la plus méritée de l'histoire des cigarettes méritées.  

Peut-être que mon oncle allait me chercher ? Déposer un avis de recherche ? Dans ce cas là, je le dénoncerais, rien à battre. Sinon, je vais vivre ici, ou ailleurs je verrais bien, et puis dans quelques temps, quand j'irais mieux et que je serais majeure, et bien je retournerais dans mon trou paumé, et je tuerais ce fils de ... non, mon grand-père n'a rien à voir là-dedans ...  Ce connard dégueulasse. 

La voiture commença à gravir une côte, raide et longue. Dans la panique, je laissai tomber ma cigarette presque finie. Désolée la planète. Toujours aucun bruit dans la voiture, je doutais presque du fait qu'il puisse respirer. La voiture ralentit, et j'essayai d'apercevoir pourquoi, mais dehors il faisait nuit noir sans aucun éclairage dans la rue à part ses feu. Je tentai de détourner mon regard, pour apercevoir l'homme qui sortit une sorte de petite télécommande. Un bruit bizarre retentit dehors, et je pu apercevoir les contours d'un portail s'ouvrant doucement. D'un côté, j'avais l'impression d'être plus en sécurité ici que dehors ou bien que si j'étais restée là-bas, mais d'un autre, je ne connaissais si ce garçon, ni cette fille, je ne connaissais rien ni personne ici. C'était typiquement le genre de situation dans laquelle on ne veut pas se retrouver. J'allais être fixée ce soir sur ma foi en l'humanité. 

La voiture s'arrêta pour de bon cette fois, et Lucas défit sa ceinture, alors je l'imitai. J'attendais qu'il descende pour descendre et le suivre, mais il ne bougeait pas. 

- On va devoir instaurer quelques règles. 

Il me regarda, me détaillant comme si c'était la première fois qu'il me voyait. Je n'aimais pas ce regard. 

- Dis-moi, dis-je doucement, en essayant de paraître la plus sereine possible. 

Qu'est-ce que je suis supposée faire s'il me propose de faire des choses que je n'ai pas envie de faire ? M'enfuir ? Encore ? Une petite migraine commençait à s'installer de nouveau dans mon crane. Le même bruit sourd qui raisonnait dans ma tête depuis que j'avais sauté de la fenêtre, mais en moins intense heureusement. 

- Pas de questions, ne fais pas la fouine, ne pleurniche pas vers moi toute les trente secondes, restes à ta place, tu n'es pas toute seule dans cette maison et je peux te virer à n'importe quel moment parce-que ça reste chez moi. 

Rien de bien grave alors. Est-ce que j'ai une tête à pleurnicher ? Bon, peut-être que là, oui, mais après une bonne douche il se rendra compte que non. Enfin, après que j'ai pris une bonne douche, pas après qu'on ai prit une douche ensemble, enfin je me comprends. 

- Compris, dis-je doucement. 

- Et fais attention à bien fermer la porte de ta chambre, on ne sait jamais, ajouta-t-il avec un petit sourire avant de sortir de la voiture.

Je fronçai les sourcils. Quoi ? Comment ça ? Je sortis à mon tour.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? 

Il mit sa clef dans la serrure, et je l'entendis rire doucement.

- Je pense que tu vas le comprendre assez vite... 

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