Chapitre 4
Alors que je tournai dans une rue qui, à son bruit, me paraissait pleine de monde, je tombait nez à nez avec une impasse. Merde de chez merde. C'est pas possible !
- Hé ! Mais attends-nous !
J'avançai, et me glissai dans l'ombre. Ils croiront peut-être que j'ai continué, mais je ne peux pas risquer de leur faire face. Je n'ai pas la force de me battre contre deux hommes dégueulasses et repoussants. Puis même si j'aime à croire que je suis un peu bagarreuse sur les bords, en règle général je ne ferais pas le poids contre deux hommes en fait. Les bruits venaient de la rue d'à côté, il devait y avoir un bar ou une boite de nuit pas loin. Qu'est-ce que je fou là ? Je n'ai pas échappée à mon oncle pour finir dans une rue à me faire violer à New-York.
J'entendis un petit bruit derrière moi, et une fille super grande se mit à ma hauteur. Enfin elle était super grande parce-que j'étais accroupis derrière une poubelle.
- T'es dans un bad trip ou tu attends un clients ?
Je fronçai les sourcils. Cette nuit était de plus en plus bizarre. Je me retenais de lui dire que vu sa tenue, c'était plutôt elle qui avait l'air d'attendre un client.
- Non, je ... Y'a juste des mecs qui me suivent depuis tout à l'heure et ...
- Ah mais t'es là !
Je tournai la tête et vis mes deux harceleurs aux abords de l'impasse. Qu'est-ce que j'étais supposée faire ? Je n'aurais pas pu être trouvée par un champion de boxe, le cœur sur la main, qui allait me prendre sous son aile et m'aider à m'en sortir dans la vie ? Si en plus il avait été millionnaire j'aurai tiré le gros lot. Mais non, il a fallut que je tombe sur cette dame.
- Je vois le genre, t'inquiètes pas, je vais t'en débarrasser petite ...
J'avais peut-être pensé un peu trop vite à mal. C'est vrai qu'elle n'avait pas l'air commode. Elle avança vers eux, me laissant derrière ma poubelle, tétanisée. Je me relevai difficilement dans cet espace restreint, et tendis l'oreille pour entendre ce qu'elle allait dire.
- Je vous conseille de laisser cette fille tranquille si vous ne voulez pas que je cris très très fort à l'aide. Vous savez combien vous prenez pour tentative de viol ?
- Eh mais calme-toi, t'es pas jalouse j'espère, y'en à assez pour vous deux tu sais !
Un rire lui échappa. Mon dieu ce que j'aurais aimé pouvoir avoir l'air si sûre de moi et courageuse. Elle tira une dernière fois sur sa clope, et écrasa son mégot avec ses talons qui devaient bien atteindre les 12 centimètres.
- J'en suis sûre, et je peux même te dire que y'en aura assez pour tous les mecs de ta cellule.
Un cris strident émana de la fille, me faisant grimacer. Elle ne rigolait pas pour son cris ... Bordel c'est un cris de compétition. Au bout d'un temps, qui me parut interminable, les deux mecs s'éloignèrent, et elle s'arrêta doucement. Je m'approchai d'elle. Elle venait vraiment de les faire fuir comme ça, j'étais surprise et heureuse. Enfin je crois, j'avais un peu de mal avec les émotions.
- De rien, me lâcha-t-elle en se retournant.
- Merci, je ... merci.
Elle commença a s'avancer vers une porte, dont elle avait dû sortir plus tôt sans que je ne puisse la voir cachée derrière mes poubelles. J'avais envie de lui dire de rester avec moi, lui attraper la jambe et ne plus la lâcher.
- Tu n'es pas d'ici toi non ?
Une fois la porte ouverte, je rendis compte qu'en fait un bruit de musique et de cris résonnait aussi de ce côté-ci.
Je secouai la tête. J'avais tellement de choses à dire, mais je commençais à vraiment ne plus réussir à parler.
- Tu es SDF ?
Je regardai mes sacs que je trimballais. C'était exactement ce que j'étais après tout.
- C'est compliqué, mais je crois que depuis aujoud'hui c'est le cas.
- Tes parents t'ont jetés.
- Ils l'auraient sûrement fait s'ils n'étaient pas morts avant. Non, c'est mon oncle, il à essayé de me donner, enfin vendre je sais pas, à un homme de force aujourd'hui et je me suis barrée. Et puis je me suis retrouvée ici.
Comment est-ce que j'avais pu sortir ça avec tant de banalité ? Je suis si bonne actrice ? Même moi j'ai l'impression que je ne vais pas m'effondrer à tout moment, alors que c'est clairement le cas. Elle me scrutait de haut en bas, et j'aurais aimé pouvoir lire dans ses pensées pour savoir ce qu'elle pensait de moi à ce moment précis.
- Ah oui ... Désolée pour tes parents. Moi c'est ma mère qui est morte. J'aurais aimée que mon père la suive. Donc tu sais pas où dormir ? Je peux essayer de ...
- Noé bordel je reconnais tes cris à des kilomètres à la ronde !
Je me retournai, et vis un garçon aux début de la petite rue. Beau visage, vraiment mignon, j'aurais tentée quelque chose dans d'autres circonstances. Mais merde ce n'est pas le moment de penser à ça.
- C'est une qualité d'après moi, lâcha-t-elle en souriant au garçon.
J'étais spectatrice de la scène honnêtement, j'attendais juste que cette fille finisse sa phrase et me propose un endroit où dormir autre que les poubelles derrière la porte.
Il reporta son attention sur moi, et son regard exigeant me fit me sentir comme une petite fille. Dans quelle genre de merde est-ce que je vais encore me foutre ? Ce mec sent l'embrouille à plein nez. Propre sur lui, très beau, dehors à cette heure-ci, charismatique à souhait, il ne pouvait pas être un mec gentil.
- J'ai faillis écraser ton amie tout à l'heure, dit-il sans me lâcher du regard.
Elle se mit à rire. Pas moi. J'aurais bien aimé que ce mec m'écrase.
- Tant mieux, tu lui dois quelque chose alors ? Cette jeune fille à une vie aussi pourrie que la notre vois-tu, et elle aurait besoin d'un endroit où dormir, et c'est bien chez toi qu'il y à de la place.
Il reporta son attention sur elle. Il se mit à rire, mais je voyais pas vraiment ce qu'il y avait de drôle.
- Tu rêves.
- Lucas, n'oublie pas que tu as faillis l'écraser.
- C'est elle qui s'est jetée sur la route !
- Tu roules beaucoup trop vite, elle n'a même pas eu le temps de te voir arriver je suis sûre. Prend ça comme un service que tu me rends.
Il soupira, et me lança un regard noir. Je ne sais pas pourquoi, mais je baissai la tête. J'étais bien trop intimidée et effrayée pour tenir un regard noir comme le sien à ce moment là.
- T'as intérêt à avoir une vie bien merdique, dit-il en faisant demi-tour.
Elle me donna un petit coup de coude. Il s'éloignait, et je ne savais pas si je devais le suivre ou non. C'est une opportunité à prendre, mais est-ce que ce n'est pas me jeter dans encore d'autres problèmes. Ils ont l'air d'être amis, mais je ne connais ni cette fille ni ce mec.
- Suis-le, tu me remercieras plus tard, on se reverra t'inquiètes pas. Je suis Noé et toi ?
- Sam
- Vas-y Sam, je ne sais pas s'il va t'attendre bien longtemps ou même s'il va t'attendre tout court.
Je serrai mes sacs dans mes mains et la remerciai une dernière fois avant de m'élancer à la poursuite de ce Lucas qui allait m'héberger à contrecœur. Je ne savais pas si c'était une bonne idée, mais au final c'était la seule que j'avais. Dormir dans la rue était bien trop dangereux. Mais suivre cet inconnu aux airs de citadins révolté n'était peut-être pas super non-plus ...
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