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Chapitre 2
— Les préparations de fille post-soirée
Clémentine
Athée m'a rejoint dans ma chambre, voilà maintenant au moins une demi-heure. Elle fouille comme une folle dans ma penderie, de quoi accorder une tenue géniale pour la soirée, qui saura accessoirement séduire Marty, avant que je puisse ouvrir la bouche. C'est la première prise de contact : la tenue flamboyante qui sait mettre en avant les formes généreuses. Au même titre que du maquillage qui doit être impeccable, d'après les conseils d'une nana qu'elle suit sur YouTube. Une reine du tuto beauté et pas que.
Moi, je la crois sur parole, ce n'est pas pour rien qu'elle est ma meilleure amie.
D'ailleurs, j'en profite pour regarder quelle tenue elle a prévu pour elle, et je dois dire que c'est du lourd. Une petite jupe en jean et un haut à fleur avec des manches bouffantes. En plus, il fait un décolleté de malade dans le dos. Pouaaah.
Encore un conseil qu'Athée a reçu de cette nana. Les filles qui n'ont pas beaucoup de poitrine, on s'en fout parce que ce n'est pas grave, on peut miser sur le dos nu, qui fait très sexy aussi. Apparemment, elle se base sur des sondages faits sur internet pour ses vidéos, qui traitent sur l'estime et la confiance en soi.
Athée essaie de me convertir en fan à mon tour, mais ce que j'aime par-dessus tout faire pendant mon temps libre, c'est la musique. Ou plutôt la compo. Ma meilleure amie, elle, se dirige plus vers le métier d'actrice. Je dois dire qu'elle est douée. Elle m'épate toujours pendant nos cours de théâtre et de réalisation aussi.
— Hiyah ! J'ai enfin trouvé. Ferme-les yeux !
Selon ses souhaits, je ferme les yeux, et j'attends le signal. Deux minutes plus tard, je peux enfin découvrir ce qu'elle a concocté pour moi et j'en reste bouche bée. Qu'on se le dise, je suis plutôt look sans prise de tête et j'aime les jeans amples qui facilitent les mouvements. J'aime, ou même je voue un culte à l'oversize. Mamamia.
Pour ce soir, je retrouve un peu de ces préférences bien sûr, toujours en étant classe : un pantalon noir évasé, fluide et taille haute, accompagné d'un petit haut noir — ou plutôt dans le genre soutif sophistiqué — à fine bretelle et en dentelle, et à mettre par-dessus, une chemise ample noire que je referme en faisant un nœud avec les deux pans. Total Black.
— Donc avec ça, je le pécho direct ? je plaisante.
Athée lève les yeux au ciel, un mini sourire éclairant son visage.
— Arrête avec ce mot, par pitié. Et si vous en avez tous les deux envie, fonce.
Court-circuit dans ma tête. J'imagine la scène. C'est torride.
Il me regarde, je le regarde. Un petit détour par ses lèvres, et je reviens à ses yeux vairons — une autre chose sexy chez lui et démarquant — brûlants. Il m'interroge à l'aide de son regard et doucement, il accroche mes joues avec ses grandes mains. Ses lèvres caressent doucement les miennes, avant de...
— Clem ? Ici la terre ?
Mon fantasme part en fumée devant moi, et je reprends ma place dans la réalité. Pour toute réponse, je lève mon pouce en l'air et file dans la salle de bain. Je prends une minute pour m'adosser au lavabo. Mon cœur a fait une embardée rien qu'en pensant à un futur — peut-être — baiser avec Marty.
Vous me trouvez peut-être ridicule ou médiocre comme le dit si bien Alec, d'être autant à fond et amoureuse d'un garçon que je ne connais qu'à travers ce que je vois, depuis autant d'années. Seulement, je crois que j'ai hérité un peu des gênes romantiques de mon père, malheureusement. Ce qui fait que je m'emballe assez vite, et que ma boîte crânienne est remplie de films réalisés par moi-même avec soin. Ça a dû commencer par Kenny, le premier garçon qui m'a plu en primaire, et ainsi de suite...
Je me secoue les puces en entendant Athée crier quelque chose à travers la porte. Une fois la tenue enfilée et mes cheveux roux lâchés en cascade, je retourne dans la chambre. Athée ne m'a pas entendu. Elle pianote à une allure folle sur son portable, tout en souriant d'un air paresseux.
Alors, comme ça, il y aurait bien un Monsieur Vicomte dans cette histoire ?
Je mènerai l'enquête plus tard.
— Alors, comment tu me trouves ?
Athée sursaute, tout en posant violemment son portable, face cachée, sur mon lit. Ses yeux s'écarquillent, tout comme ses mains viennent couvrir sa bouche ébahie.
— Je dois m'inquiéter ? Moi aussi, ma poitrine n'est pas si développée que ça, alors ce haut, ça fait sûrement plat. Et peut-être un peu trop sexy, tu ne trouves pas ? Je n'ai pas envie qu'il pense que...
Athée s'avance vers moi, en posant ses mains sur mes épaules. Elle me fait un clin d'œil, avant de respirer un bon coup. Je la copie.
— Tu es canon, Clem. C'est la botte secrète, cette tenue. En plus, tu n'es pas habituée à porter des trucs trop moulants, donc c'est dans la boite !
— Tu es sûre de sûre ?
— Oui sûre.
— J'ai pas bien entendu.
— Sûre de sûre, ma copinou d'amour.
Je fais la moue.
— Toi aussi, tu es trop canon.
Elle rougit. Athée accepte les compliments, mais elle a du mal à les assimiler à sa personne. Pourtant, avec sa silhouette fine, ses cheveux blonds et sa bouche ronde, elle n'a rien à envier à personne. En plus, la gente masculine est tout à fait d'accord avec moi. Sauf que depuis Hugo, elle s'est renfermée sur tous types de relations amoureuses. En même temps, il a été salaud. Je suis même allée jusqu'à lui mettre un poing dans le nez, ce qui m'a valu plus de mal que de bien. Mais bon, je ferais n'importe quoi pour Athée.
— Prête pour le maquillage ?
Son sourire est tellement lumineux.
— D'accord, mais un truc léger, en...
— ... adéquation avec ta personnalité, c'est compris.
Je lève les mains en l'air comme pour m'excuser de ma remarque, avant de m'asseoir devant la coiffeuse. Athée laisse mes cheveux au naturel, et s'attaque à mes sourcils. La taille lui prend seulement quelques minutes. Je peux dire que je suis presque entre les mains d'une pro.
— Ivana dit que le vert fait ressortir les yeux marron.
Voilà comment s'appelle la nana de YouTube : Ivana.
Athée continue à m'expliquer d'autres conseils, tout en choisissant de m'appliquer du mascara et un rouge à lèvre rouge pétant. C'est une surprise pour moi, parce que j'aime bien.
— Cette fois, c'est sûr, le plan sera une réussite.
— Ne crie pas victoire trop vite, tu vas me porter la poisse.
Athée secoue la tête, l'air de dire que je ne raconte que des bêtises.
— À mon tour.
Pendant qu'Athée se prépare, je m'allonge sur mon lit, les demi-jambes dans le vide. J'attrape mon téléphone et ouvre Instagram. Directement, je tombe sur la story d'Emilia qui filme sa maison et explique qu'une folle nuit de soirée nous attend tous et toutes. Puis, sans prévenir, l'écran se tourne vers quelques personnes déjà présentes, dont Marty. Il sourit à la caméra en faisant coucou de la main. Je pousse un gros soupir en le voyant toujours aussi beau. Je crois bien qu'il a opté pour une chemise blanche légèrement ouverte sur son torse et un jean basique. Ses cheveux bouclés partent dans tous les sens.
Aaaahh !!
Une légère poussée de stress s'empare de moi. Aussitôt, j'éteins mon téléphone et le laisse tomber à terre. Je me retourne pour étouffer un cri dans l'oreiller. Évidemment, Athée choisit ce moment, pour revenir dans la chambre. Elle reste à bonne distance de moi, en mode décryptage.
— Clem ?
Doucement, je me relève du lit, et commence à faire les cent pas.
— C'est à ce point ?
— Et si c'était une mauvaise idée, Athée ? En réfléchissant, Alec n'a peut-être pas tort. Je suis un cas désespéré, et Marty n'est pas du tout intéressé par moi. Tu ne crois pas qu'il aurait essayé quelque chose si c'était le cas ? Un tout petit truc, n'importe quoi, qui puisse me mettre la puce à l'oreille. Là, je joue avec l'inconnu, et ça fait peur. Si jamais, il rigole de moi et qu'en fait, après toutes ces années, je me rends compte que j'ai toujours eu de la merde dans les yeux. C'est un mec, Athée. Normalement, il se manifeste et décharge toute sa testostérone, pour te faire comprendre que tu lui plais, or, je n'ai rien ressenti pour moi. Je crois que c'est une erreur et je ne pense pas...
— Oh oh oh, on se calme.
— Mais, je n'avais pas fini !
Elle met le holà en levant les mains en l'air et en me lançant un avertissement visuel. J'arrête mes cent pas, pour rester immobile.
— C'est un mec, comme tu dis, Clem. Ils sont idiots et souvent, ils ont besoin d'un petit coup de main. Ouais OK, Marty c'est le commun des mortels, et on parle beaucoup sur ses conquêtes, mais j'en ai marre que tu restes bouche bée devant lui, sans rien tenter.
J'encaisse les mots de ma meilleure amie, tout en déglutissant.
— Il faut que tu essaies. Et puis, si ça se solde par un échec, c'est qu'il est plus con qu'idiot.
Je ris, et elle aussi.
— Je t'aime tellement Athéna Rodriguez.
— Je t'aime tellement Clémentine Do Santos.
Comme toutes les scènes remplies d'amour, Athée et moi terminons notre discours dans un gros câlin. Et je dois dire que la sensation de l'avoir tout près de moi, me fait énormément de bien. Bien que nous soyons différentes sur certaines choses, on a toujours su se compléter et marcher main dans la main.
— Allons conquérir le monde ! s'exclame-t-elle en levant le poing en l'air, signe de victoire.
— Le monde s'appelle Marty ? je pouffe.
— Le tien peut-être.
Je lui donne un petit coup dans l'épaule.
— Et le tien, il a un nom ?
— Bien sûr : Devis.
— Raaaaah, je râle.
Après avoir pris nos vestes, Athée attrape ses clés de voiture et direction chez Emilia. Elle habite dans une grande maison — celle de ses parents — aux abords de Salem. La musique à fond, nous traversons les rues.
Une demi-heure plus tard, nous arrivons devant le lieu de la fête. Les grandes grilles noires sont ouvertes, si bien qu'Athée s'engage dans l'allée pour essayer de se garer auprès des autres voitures déjà présentes. Un petit créneau, et nous voilà enfin prêtes à pénétrer à l'intérieur de la maison et à enclencher le plan « Marty, veux-tu sortir avec moi ? ».
— On check une dernière fois ?
Je me retourne vers Athée, la mine concentrée et sérieuse.
— On entre et on se sert à boire.
— Je glisse de l'eau dans le tien.
— Je le bois lentement pendant toute la soirée, pour faire genre j'aime l'alcool.
— Après avoir pris nos verres, tu repères Marty.
— Je m'avance doucement vers lui.
— Il te repère lui aussi.
— On engage la conversation.
Athée lève ses deux pouces en l'air. Je crois qu'on est bon.
Mon cœur commence à battre la chamade, lorsque Athée commence à sortir de la voiture, et que je lui emboîte le pas. Juste avant de monter les grandes marches du perron, elle me prend la main pour me transmettre un peu de son courage.
— Merci.
— Tu vas faire chavirer son cœur.
Je grimace, peu sûre.
— Tu fais déjà chavirer le mien, donc.
Je ris. Les meilleures amies c'est sacré. Heureusement qu'elle est là.
— Toi aussi, tu fais chavirer le mien.
Je pousse une grande inspiration, pendant qu'Athée lâche ma main et démarre la marche. Je la suis de près et lorsque nous arrivons devant la porte ouverte, j'entends déjà la musique envahir mon monde. Mon corps répond à la demande silencieuse de la mélodie. J'ai tellement envie de danser et de me laisser enivrer par toutes ces couleurs. Pourtant, je reste sage d'apparence. Mon cerveau, lui, a commencé la fiesta. Ça m'arrache un sourire.
Je carre les épaules et prends une profonde inspiration. Je déclare officiellement l'ouverture de notre plan.
— Salut les filles ! nous lance Emilia.
Une fois à notre hauteur, elle nous enlace chacune. Je me laisse faire, légèrement déboussolée.
Emilia et nous, ne sommes pas amies à proprement dit. Depuis le début du cursus, on échange des mots cordiaux, des sourires et quelques félicitations par rapport à nos projets, mais rien de plus. C'est pour cette raison, que son enthousiasme tout à fait naturel, me fait un tout petit peu flipper sur le moment.
— Je suis contente que vous soyez venues.
— Nous aussi, répond gentiment Athée.
J'observe les gens discuter, se mouvoir, ou alors se chamailler, dans différentes parties de la maison. C'est énorme. Mais ce qui attire mes yeux, c'est la mini scène improvisée avec plein d'instruments différents, dont une batterie flambant neuve. Les yeux d'Emilia semblent suivre la même direction que les miens.
— Oh ! Ce soir, c'est open service ! Tout le monde peut aller nous jouer un petit quelque chose. Alors, sentez-vous libre les filles. Surtout toi, Clémentine.
Je récolte un petit clin d'œil, avant qu'elle nous abandonne aux profits de nouveaux arrivants qu'elle connaît très bien. Une fois sûre qu'elle ne nous regarde plus, je me retourne vers Athée, à la vitesse de la lumière. Elle tire les gros yeux, tout comme moi.
Spoiler Alert : il n'en faut pas beaucoup pour nous laisser dans une impression seconde.
— C'était quoi ça ? on s'exclame ensemble.
Un léger rire s'échappe entre nous.
— Peut-être que c'est un truc de dernière année ?
Je fronce les sourcils, impatiente d'avoir ses explications.
— Du genre, c'est notre dernière année, soyons tous amis.
Je passe mon index sur mon nez, tout en réfléchissant. C'est un léger tic, chez moi. Depuis tout bébé, d'après mes parents.
— Tu as sûrement raison. Mais restons sur nos gardes, je murmure.
Athée hoche la tête.
Quelques minutes plus tard, alors que Phase Me de Woosung passe à fond à l'intérieur de la maison — je vais devoir embrasser la personne qui s'occupe de la playlist, mais après Marty bien sûr — Athée attrape ma main, pour nous rapprocher de la cuisine. Comme dans toutes les fêtes, je suppose, c'est l'endroit clé pour se préparer une boisson, ou cocktail de la honte pour moi. On arrive difficilement à se faufiler, tellement les gens semblent agglutinés à leur source vitale.
Soudain, je sens une tension entre mes deux omoplates, figée sur ma nuque. L'instant d'une seconde, je n'ose pas me retourner. En voyant que tout est sous contrôle du côté d'Athée, je jette un léger coup d'œil. Ma respiration se coupe, tout comme mon sang se met à frapper durement dans mes veines. Alec Wilson me fusille du regard, entouré de Jimmy, Liam et de quelques autres personnes.
Je ne sais pas combien de temps, nous restons scotchés l'un à l'autre, mus d'une envie mutuelle de frapper l'autre, mais je sens à peine la main qui tape doucement sur mon épaule. Mes yeux sont trop obnubilés par les lèvres d'Alec, maintenant. Il m'envoie un message, mais je ne saisis pas. Ça a le don de me mettre en rogne.
Je lâche un grognement. À la suite de ça, j'entends un rire masculin.
What ???
— Je crois qu'il dit : « à vomir ».
Je ferme les yeux au son de cette voix qui m'a toujours donné des palpitations. Elle m'offre une bonne raison de perdre le contact avec Alec, et c'est tant mieux. Tout compte fait, le plan commence dès maintenant.
Mais où est mon verre ?
— Clémentine ?
— Oui ?
Ma voix est toute fluette.
En regardant dans ma main, je vois un gobelet rouge, qu'il n'y avait pas tout à l'heure. J'essaie de repérer Athée, mais mes sens sont altérés. Marty Portman est vraiment tout près de moi. Je crie dans ma tête.
— Tu veux bien te retourner ?
— Oui, très bien.
Je ne bouge pas d'un poil, ce qui le faire rire une seconde fois. J'aimerais lui dire de continuer pour toujours, mais il prend les choses en main. Et bien en main. Délicatement, il me fait pivoter. Je reste bouche bée devant sa beauté. C'est devenu un automatisme pour moi.
Il est très sexy ce soir, avec sa chemise blanche où quelques boutons sont ouverts sur son torse, dévoilant la naissance de beaux muscles et un collier en or. Aussi, il porte un jean brut qui doit sûrement lui faire un joli fessier, et des Nike blanche.
— Mes yeux sont en haut, Clémentine, il plaisante.
Je me liquéfie de l'intérieur, tout en relevant le regard. Son sourire est à tomber par terre, avec sa fossette qui creuse légèrement sa joue droite.
Comment on peut être aussi beau ? C'est injuste pour les gens moyens comme moi. Mais aussi très juste pour mes yeux.
— On arrive enfin à se parler.
Je déglutis. C'est l'heure pour moi de rentrer dans un dialogue civilisé.
— Enfin ?
Un mot. C'est bien, Clem.
— Je t'avais déjà remarqué...
Explosion dans ma poitrine. J'ai envie de lui dire que moi aussi, et ainsi de suite.
— ... parce que tu as un talent de fou, et j'aime discuter des sources d'inspiration.
Je me sens extrêmement flattée, sauf que mon cœur fait une chute de trois mètres de long, si tenté que ça soit possible.
— Tu es d'accord pour discuter un peu ?
J'ai perdu l'usage de ma langue. Je me contente de hocher la tête.
— Par ici ?
Il me montre l'étage, plus calme, à l'aide de son doigt. Un deuxième hochement de tête de ma part contre un troisième rire de son côté. Je le suis, légèrement perdue par rapport à la suite des événements. Je suis partagée entre la peur et l'excitation.
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Coucou tout le monde !! J'espère que vous allez bien ? Qu'est-ce que vous avez pensé de ce seconde chapitre ? Clem s'en sort bien ou c'est plutôt la grosse catastrophe pour vous ? À votre avis, comment les choses vont se passer à l'étage, entre Marty et Clem ? J'attends vos réponses et vos avis avec impatience. Merci de commencer cette nouvelle aventure avec moi <3
Bisous.
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