Chapitre 46 : Déchaînée.

Je m'avance dans les couloirs interminables et froids. Je tourne à gauche. Un long corridor aux murs blancs, parsemé de portes métalliques me fait face. Je continue de marcher. Je n'ai pas peur. Je n'aurais plus jamais peur. Je n'ai plus de chef. Je suis la chef. Il est temps de faire face à mon destin. Cela fait quelques heures maintenant que je déambule dans la base principale des creepyhunters, située dans une des plus grandes villes de la région de l'Alberta, à savoir, Calgary.

Cela fait quelques heures que je continue d'avancer dans ces couloirs sordides parsemés de portes menants, pour la plupart, à des pièces sombres et sordides. Alwena, Daisy et moi, nous nous sommes séparées depuis un bon quart d'heure. Cet endroit était si labyrinthique que nous avons peiné à nous situer précisément. Heureusement que la carte que nous a fourni BEN nous a bien aidé sinon, nous aurions été perdues.

Je suis passée devant certaines pièces plongées dans l'obscurité où j'ai pu tout de même distinguer des centaines d'outils métalliques qui jonchaient des tables et des buffets ressemblants à s'y méprendre à des meubles qu'on aurait pu trouver dans des hôpitaux. Attirée par leurs reflets métallisés, je me suis approché doucement et j'ai perçu, à ma grande horreur, des scalpels, des couteaux, des aiguilles et des outils que je ne saurais décrire mais qui restaient dangereux.

À ce moment-là, j'étais sur le point de vomir. J'étais dégoûtée. Plus le temps passait dans cet endroit, plus je découvrais la face sombre des creepyhunters. Je la connaissais déjà. Cela faisait longtemps, depuis 2017, qu'elle était tapie là, dans un coin sombre, et plus le temps passait, plus je mûrissais, en dépit de mon âge qui restait sensiblement le même, plus cette aspect sombre des creepyhunters s'avançait vers la lumière, s'apprêtant à être éclairée et... sûrement à être découverte.

J'avais emporté le journal de Dorian Rykers. Je l'avais lu. Depuis très longtemps. J'avais continué de le lire et ce que j'y avais lu m'avait profondément bouleversé.

"Les creepyhunters se fichent des êtres vivants qu'ils soient humains ou creepypastas. Ce qui leur importe, c'est de découvrir une des raisons pour laquelle les creepypastas sont si spéciaux. Durant plusieurs années, on a cru bon d'en torturer quelques uns pour découvrir le fonctionnement de leurs organismes. Ce fut un échec."

Ce passage m'a fait frissonner. J'ai essayé d'ignorer la douleur qu'avaient dû subir les creepypastas mais ce fut peine perdue.
"Parce que tu crois que les creepypastas ne font pas souffrir les autres, Mathilde Rykers ?"

Je suis resté immobile en scrutant les environs. Pourquoi me posais-je ce genre de questions ? D'ailleurs, était-ce bien moi qui avait eu ce genre de pensée ? J'aurais juré que la voix qui avait prononcé ces mots appartenaient à une autre personne. Une femme plus précisément.
"Tu es pitoyable... même après tout ce que tu as vécu, tu n'en demeure pas moins naïve."

J'essaye de rassembler mes pensées en continuant d'ignorer la voix susurrant à mon oreille. Lorsque je me retourne enfin, j'aperçois une femme blonde aux yeux bleus qui me regarde d'un oeil mauvais. Elle s'avance vers moi sans se presser. Je devine à cet instant que c'est elle, la personne à l'origine de tout ceci.
- Bravo ! Il t'en a fallu du temps pour enfin résoudre ce mystère. Quel dommage cependant que tu ne goûte pas à cette victoire bien méritée, déclare-t-elle d'un ton enjoué.

Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres tandis qu'elle me fixe d'un regard froid.
Elle semble folle. Il n'y a rien à ajouter là-dessus. J'ai l'impression qu'elle risque de me sauter à la gorge d'une minute à l'autre. Cependant, même si je frissonne de terreur, je demeure stoïque.

- Je peux savoir qui tu es ? je demande en essayant de masquer la peur qui fait trembler le timbre de ma voix.
- Mon nom n'a que peu d'importance, princesse. Je sais qui tu es et tu ne va pas faire long feu ici, crois-moi. J'ignore comment vous vous êtes introduits ici mais il n'est pas question que je vous laisse m'échapper.

D'un coup, une lance surgit dans sa main. Je ne l'avait pas vu et c'est étrange. Elle est apparu au bout d'une fraction de secondes et si j'avais eu beaucoup d'imagination, j'aurais pu croire que ladite lance serait apparue comme par magie.
Malheureusement, je n'ai pas le temps de réfléchir. La femme s'élance vers moi et d'un coup, elle me saute dessus d'un bond aussi gracieux qu'agile.
Je ne dispose que de peu de temps pour l'esquiver avec une certaine grâce avant de dégainer mon révolver d'un geste ample.

Je n'hésite pas longtemps avant d'appuyer sur la gachette. La jeune femme se relève et esquive la balle avec une rapidité inhumaine. C'est à mon tour de courir vers elle et de m'élancer pour l'attaquer mais là encore, elle est souple et m'imite en évitant d'être à ma portée.
Je mesure rapidement quelles sont mes chances face à un adversaire aussi prompt à m'attaquer avant de tirer de nouveau dans sa direction. Là encore, elle évite la balle mais pas assez vite. Celle-ci touche son épaule et du sang s'écoule de sa plaie en tâchant son uniforme de creepyhunter.

Profitant de sa faiblesse, j'accours vers elle. Je lui saute dessus avant de l'empoigner par les cheveux de la faire tomber sur le dos. Cette fois, rien à faire, elle n'arrive pas à se défaire de mon emprise. J'entends ses propres cris de douleur dans mon esprit mais je ne laisse pas la pitié m'envahir. Je la regarde se débattre. Tout à coup, au bout de quelques secondes seulement, elle me repousse violemment d'un geste du bras et se relève avec quelques difficultés tout en essayant de calmer la douleur de sa blessure.

- Tu vois... tu ne devrais jamais sous-estimer tes ennemis. Tu tombes toujours sur plus fort que toi, dis-je malgré le fait que ma proie s'est échappée.
- Parles pour toi ! Je ne me laisserais pas faire... c'est juste que... j'ai été trop lente.
Malgré son sourire narquois, je devine aisément que la douleur qu'elle ressent est forte et qu'elle risque bientôt de se mettre à gémir tout en gesticulant par terre.

Je me relève, fière de moi. Je m'apprête à quitter la pièce quand soudain, je ressens une sensation douloureuse dans le dos. Je me retourne lentement et là, je vois la femme, la lance brandie devant elle. Je vois ses yeux me lancer des éclairs et son sourire s'étirer de plus en plus.
- Tu as raison. On tombe toujours sur plus fort que soi.
Je suis à deux doigts de m'évanouir quand j'aperçois, la lame en acier de sa lance dégoulinant de sang. Mon sang. Il ne m'en faut pas plus pour tomber dans l'inconscience.

À suivre.

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