Chapitre 45 : Morte ?

Je peine à y croire.
Des questions continuent de se bousculer dans mon esprit. Je tente vainement de freiner le flot d'interrogations qui surgit mais rien n'y fait. C'est comme si je venais d'ouvrir la boîte de Pandore après tant d'années.
Une voix, douce et féminine, me tire de mes pensées.
- Mathilde ? Tout va bien ?
C'est Daisy. Elle est dans mon dos et comme les autres, elle m'observe avec curiosité. Je n'ose me retourner, affronter leurs regards, leur confier toutes mes craintes.

Je reste prostrée ainsi durant quelques minutes avant de me retourner vers eux, lentement.
Je bafouille quelques mots avant de baisser les yeux. J'observe longuement mes escarpins. Ce n'est pas utile. C'est juste pour me redonner de la contenance.
- Je vais vous faire part de quelque chose... j'aimerais que personne ne m'interrompt.
Je continue de parler sans prêter attention à l'air étonné de Jeff et d'Alwena.
- Depuis quelques temps déjà, je fais un étrange songe. Je vois une petite fille qui se trouve dans une forêt incendiée. Soudain, je vois le Slenderman à côté d'elle et c'est à ce moment précis que mon rêve s'achève.
Je brandis le journal qui traite de l'article de la petite fille.
- J'ai découvert ceci dans mon grenier et maintenant, je sais beaucoup de choses. Des choses que j'ignorais jusqu'à là, des choses qui m'était inconnues. Maintenant que je connais la vérité, une chose est sûre est certaine selon moi : je ne suis pas la fille de Zalgo !
Je souris discrètement. Désormais, cette théorie me concernant est plus drôle qu'autre chose. Même si certains y croient dur comme fer, je ne peux m'empêcher de rire intérieurement.
Je relève la tête et je considère d'un regard amusé les autres tout en couvant Masky d'un regard affectueux, au passage.

- Maintenant que je connais la vérité, une chose est néanmoins certaine : j'ai un lien avec les creepypastas depuis que je suis toute petite, ou du moins, avec le Slenderman. Et il fallait que ma meilleure amie meure, que mon père décède, que ma mère trépasse et que je devienne une meurtrière pour que je le sache !
Mes mots ne sont pas brouillés par les larmes. Ma tristesse est forte mais pas aussi forte au point de faire capoter tout mon discours. Elle n'est pas aussi forte au point de m'empêcher de prononcer ces mots qui traduisent une pensée qui me hante depuis si longtemps.
- Il a fallu tant d'épreuves et je pense à toi, Alwena mais aussi à toi Daisy mais aussi à vous, mes cher amis proxies pour qu'enfin, je puisse dire "merde" et agir sans trop craindre les conséquences. Il a fallu tant d'épreuves pour que nous soyons libérés des lois, des règles et des contraintes. Il a fallu tant d'épreuves pour que enfin, après avoir bravé tant de dangers, nous nous retrouvions face aux mêmes lois, aux mêmes règles et aux mêmes contraintes !
J'ai hurlé. Je n'ai plus la force ni le courage de parler calmement et d'essayer de me contrôler.

Masky me prends dans ses bras, Toby s'avance vers moi et tente de me consoler, imité par Hoodie, Jeff, Daisy et Alwena.
Je ne comprends qu'à moitié la dernière partie de mon discours. Peut-être que si j'ai dit cela, c'est pour souligner que malgré toutes nos tentatives d'être libres, nous sommes constamment ramenés à notre passé ? Celui qui nous retient. Celui qui nous fait plus souffrir que la vie elle-même.
Je réfléchis peu à la question, cependant. Je n'en ai ni la force ni l'envie. Je préfère me lover dans les bras doux et chauds de Masky, je préfère humer son parfum. Ce parfum qui mélange allégrement l'odeur douce de l'après-rasage à la menthe et celle plus suave du sang. Une odeur que seul un tueur peut se targuer de posséder.

Je me mets à trembler violemment, mes dents s'entrechoquent et mon coeur palpite violemment dans ma poitrine. Mon estomac se noue et ma tête est martelée de migraines extrêmement douloureuses. Mes yeux me piquent et je commence à ne plus pouvoir respirer. C'est à ce moment-là que je ne sens plus mon corps. Je pense que j'ai perdu connaissance sans doute à cause de toute l'émotion intense qui étreignait mon coeur et mon esprit. Je sens mes articulations et mes muscles se paralyser. Je ne pourrais pas me libérer de cet état. Pour la première fois depuis longtemps, je suis impuissante. Je pourrais hurler, frapper, m'agiter mais j'en suis dans l'incapacité.

Mon esprit s'est lentement vidé de toute pensée, de toute réflexion et de toute question. Il est semblable à une page blanche où la notion principale qui règne c'est la notion de vide absolu. Un vide qui absorbe tout et qui pourrait absorber l'univers entier. J'ai l'impression d'être immergée dans un océan de silence et de vide. Tout est blanc autour de moi et peu importe la direction où je dirige mon regard, je ne parviens pas à distinguer quoi que ce soit.

Suis-je morte ? Non. Impossible. Je ne peux pas mourir ainsi. J'aimerais bien mourir sans souffrir mais c'est beaucoup trop tôt. Si j'avais le choix, je ne trépasserais pas de cette façon mais je doute l'avoir.
Combien de temps je reste ainsi ? Je suis calme, je ne ressens plus rien. J'éprouve de la sérénité. Je ne sens aucune émotion négative m'envahir. Depuis combien de temps ne me suis-je pas senri aussi bien ? Depuis une éternité.
Cela me fait vraiment du bien. Je n'aurais jamais pensé ressentir de nouveau cette sensation de bien-être et de pur bonheur. En faite, je n'aurais jamais pensé rencontrer un moment pareil. Un moment si bon, un moment si intense, un moment où le terme "douleur" n'a plus de sens.

Soudain, j'entends un murmure. Au début, j'ai beaucoup de mal à le percevoir mais de minute en minute, il devient de plus en plus audible. Lorsque je parviens enfin à l'entendre, une incroyable sensation de bonheur m'envahit. J'ai l'impression de vivre un rêve doux, chaud et cotonneux. Je perçois une voix... non, plusieurs voix qui parlent à l'unisson, qui se mêlent en un inextricable écheveau pour n'en former qu'une seule, grave et puissante.

- Mathilde... Mathilde... Mathilde...
- Euh... oui ? Que me voulez-vous ? Et qui êtes-vous d'ailleurs ?
C'est une question stupide, je le sais. J'ai reconnu les personnes auxquelles appartiennent ces voix. Cependant, j'ignore leurs buts.
- Mathilde... Mathilde chérie... tu nous reconnais ?
Je réfléchis un instant avant de me lancer.
- Bien-sûr que oui, je vous reconnais. Vous êtes mon père, ma mère et Aïcha. Vous êtes ceux qui sont partis et que j'espère revoir, un jour, dans un autre monde. Vous êtes ceux avec qui j'aurais tellement aimé passer plus de temps. Vous êtes ceux qui m'ont été pris par les jeux capricieux du destin. Je sais qui vous êtes car vous m'avez fait et vous avez fait ce que je suis aujourd'hui.

Trop ombres se découpent lentement dans le brouillard qui a surgit soudainement.

- C'est bien, Mathilde. Tu as recollé les morceaux du puzzle. Tu connais l'entièreté de la vérité, à présent. Et aujourd'hui, tu peux nous rejoindre.

À suivre.



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