Chapitre 44 : Théorie et doutes.

Voilà plusieurs semaines que nous sommes enfermés. Quand je suis revenu de ma chasse, les autres me regardaient d'un air étrange mêlant fierté, doute et peur. Ils ne parvenaient sans doute pas à comprendre comment j'ai pu le tuer aussi facilement mais je me fiche un peu de ce qu'ils pensent pour l'instant. Quand je suis rentré, je me suis précipité vers ma chambre et une fois enfermée, je me suis allongé. J'ai fixé le plafond pendant longtemps jusqu'à ce que Masky vienne me chercher.
- Est-ce que ça va ? m'a-t-il demandé, tu as l'air perdue.
- Oui, oui, ça va. Je repensais juste à la mort d'Enzo. D'un côté, cela m'arrange d'avoir buté ce salopard, d'un autre, je me dis que j'aurais dû lui poser davantage de questions... je ne sais pas... je suis tellement à cran en ce moment. Je pense que je suis insatisfaite. J'aurais voulu que cela se passe autrement. Dans ma tête, je m'étais faite des plans de malade où je créeais mille façons de le faire mourir.
- Mathilde. Calmes-toi. Cela ne sert à rien de ressasser inlassablement la mort de ce connard. Tout le monde est toujours insatisfait du travail fourni mais au final, le résultat, peu importe sa qualité, compte toujours.
Cela ne marche pas ainsi chez les proxies ni chez les creepypastas mais cela peut marcher pour toi.

Il lâche cela en marmonnant mais je suis intriguée. Pourquoi cela marcherait-il pour moi ? Est-ce que Slenderman me considère à part des autres ? Peut-être que pour l'instant, je n'ai ni les capacités surnaturelles des creepypastas ni leurs forces, mais j'ai quand même prouvé que j'avais certaines compétences notoires pour devenir creepypasta, cela compte, non ? Je soupire intérieurement. Slenderman m'avait dit que après que j'ai vaincu les creepyhunters, je le deviendrais, pour sûr. Il faut que je patiente. De plus, je suis la chef, pour le moment. Plusieurs responsabilités pèsent sur moi. Cependant, ce propos de mon amoureux m'a alarmée.

-Excuses-moi, Mathilde. Tu sembles surprise. Tu penses être différente des autres creepypastas et c'est vrai. Devenir creepypasta est quelque chose qu'il ne faut pas prendre à la légère. Ce n'est pas un titre qu'on te donne comme cela. C'est quelque chose de sérieux. Pour l'instant, tu es à moitié une creepypasta, Dahlia noir. Et puis, je n'osais pas te le dire mais il y a une théorie sur toi. Les creepypastas ont vu que tu étais traitée différement qu'eux et comme ils ont vu que en même temps, tu faisais partie à moitié de nos rangs. Il circule une rumeur étrange sur toi qui dit que tu es la fille de Zalgo.

Je n'en crois pas mes oreilles. J'en avais vaguement entendu parler de ce Zalgo et je m'étais renseigné dessus. À ce qu'il paraît, c'est un démon possédant de multiples pouvoirs ( comme les creepypastas.) Il est le rival de Slenderman. Mais comment pourrais-je être sa fille ? C'est stupide comme rumeur.
- Certains pensent que tu es la fille de Zalgo et pensent que tu n'es pas humaine. C'est pour cela que tu aurais des compétences énormes et que le Slenderman te traite différement. C'est les seules justifications qu'ils donnent. Selon leur théorie, ta mère aurait couché avec Zalgo déguisé en Dorian Rykers. Et neuf mois plus tard, tu es née.
- Ce n'est qu'une théorie farfelue. Ils ont créer cette théorie juste parce qu'ils étaient jaloux. Cela ne veut rien dire, répondis-je avec mon sérieux habituel.
- Tu as tout à fait raison, Mathilde. Ce n'est qu'une théorie. Mais en attendant, certains sont septiques quand on parle de ta "condition d'humaine" à leur avis, tu es plus que cela.
- Chacun son avis. En attendant, il faut que je me repose. J'ai eu une journée assez fatiguante. Tu dors avec moi ?
- Pas de problème, ma belle, me chuchote-t-il à l'oreille.

Nous passons une nuit de rêve, lui et moi. Nous passons un moment à nous consacrer à nos petits jeux sexuels. Comme il semble loin, le temps des disputes, des injures, et du vocabulaire ordurier. Maintenant, nous sommes serrés l'un contre l'autre à nous embrasser et à faire l'amour.
À la fin, n'y résistant plus, je me glisse dans ses bras chauds et réconfortants et je m'endors.

De nouveau, je fais ce cauchemars. Je vois une petite fille devant une forêt qui brûle. Slenderman est à ses côtés. C'est étrange. Je parviens à entendre les cris de douleur provenants de la forêt. L'enfant se retourne et...
Je me réveille en sursaut, Masky est toujours à mes côtés. Il a les yeux grands ouverts.
- Encore ce rêve, j'imagine, chuchote-t-il. Tu devrais chercher la signification de ce songe qui te torture tant. Et je pense que tu pourrais trouver la réponse dans ton grenier, là où tu as trouvé le journal de ton père.
- je ne pense pas. Je suis si fatiguée de ce petit jeu. Ce cauchemar si intriguant, si mystérieux, et si dérangeant que je n'arrive pas à comprendre le sens du moindre détail.
- Justement, Mathilde. Réfléchis. Une fois que tu auras résolu cette enigme, tu pourras enfin le comprendre et le décrypter, affirme-t-il sans détour.
- Je ne sais pas. Sûrement. Cela vaut le coup d'essayer. Mais je ne te promet rien.

Je soupire, excédée. Je ne sais pas quoi penser mais Masky a raison. Je dois trouver la signification de ce cauchemar. Peut-être détient-il un message ? Mais un message sur quoi ? J'aimerais tant savoir.
- C'est décidé. Nous irons chez moi, demain. Je demanderais aux autres si ils veulent nous accompagner ou non. J'espère que notre expédition portera ses fruits.
Masky me sourit. Il arbore un air espiègle que je ne lui connaissais pas. Il est rarement ainsi devant les autres. Je me rendors rapidement, dans les bras de mon amoureux creepypasta, la tête pleine de questions et d'hypothèses.

Le lendemain, après un rapide petit-déjeuner et une rapide toilette, nous nous rendons dans ma ville natale. Jeff, Toby et Daisy nous accompagne.
J'ai raconté la théorie sur mes origines à Daisy qui a éclaté de rire.
- Jadis, on pensait que mon grand-père avait conclu un pacte avec Zalgo, déclara-t-elle en me scrutant d'un air enfantin.
- Je croyais que c'était Slenderman ? Demandais-je, surprise.
- Zalgo, Slenderman... en tout cas, c'était un démon.
Nous discutons pendant encore un moment avant d'arriver devant chez moi. J'ouvre la portière en saisissant mes clefs puis j'ouvre la porte de l'entrée. Je suis assiégée par une odeur de renfermé. Il faut dire que cela fait longtemps que je n'ai pas mis les pieds ici.

Je n'ai pas de temps à perdre. Les autres m'accompagne dans mon "périple" et je peux compter sur eux, en cas de danger. J'ouvre la trappe menant au grenier et je m'engouffre dans la petite pièce sous les combles. L'atmosphère est pesante mais je ne m'y attarde pas. Je fouille pendant une demi-heure. À la fin, l'endroit est jonchée de papiers, de vieux livres, de vieux journaux et de vieilles lettres.

Alors que je cherche des éléments permettants d'expliquer mon cauchemar, je tombe sur quelque chose d'étrange. Un vieux journal qui parle d'un incendie de forêt survenu il y a longtemps, dans les années 2000.

"Le dimanche 22 août 2001, un incendie inexplicable est survenu. Faisant près d'une centaine de mort, l'incendie a rasé une bonne partie de la forêt de New Hill. L'incendie est d'origine criminelle, selon les experts. Mais ce qui reste un des événements les plus étranges, c'est cette petite fille âgée de six ans, retrouvée sur les lieux de l'incendie. L'enfant s'appelle Mathilde Rykers. Elle est la fille de l'éminent professeur universitaire, Dorian Rykers. C'est une enfant ayant récemment perdu sa mère. Rien n'explique comment l'enfant a pu être retrouvée là. Pour l'instant, elle prononce d'étranges choses. Elle dit vouloir venger sa mère. Bien qu'étrange, le médecin l'a examinée et a vu qu'il s'agissait simplement d'un choc. Pour l'instant, l'enfant est à l'hôpital. Nous n'en savons pas plus."

Je m'arrête de lire, encore plus sous le choc que quand j'ai lu les propos du journal de mon père. Cette petite fille... non il s'agit d'une coïncidence. Je regarde la photographie accompagnant l'article. Il s'agit de la photographie d'une petite fille ressemblant comme deux gouttes d'eau à celle de mon rêve. Elle a les cheveux châtains foncés, de grands yeux bleus ciel comme des miroirs et des tâches de rousseur parsèment son visage d'ange. Elle a les dents de travers, typiques de celles des jeunes enfants.

Cette enfant... c'est moi... quand j'étais jeune. Maintenant, je sais qui était cette gamine dans mon rêve... cette gamine, c'était moi.

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