Chapitre 24 : Comment haïr ?

Je me suis évanouie quand j'ai entendue ce que cette femme avait révéler sur la mort de ma propre mère. J'ai tout de suite ressentie une grande haine envers elle. Une haine qui se déversait en moi tel un violent torrent. Elle coulait dans chaque veine et dans chaque organe de mon corps. Mon enveloppe physique était imprégnée de cette aversion. Et mon esprit... Que demeurait-il de mon esprit à part l'obsession d'avoir à tout prix la tête de cette Élena De Franco sur un plateau d'argent ? Mon esprit ne contenait que des insultes et que des pulsions de meurtre. Il était incapable de formuler une pensée concrète et moi, la pauvre Mathilde Rykers, après ma convalescence, j'étais tout bonnement incapable de raisonner tellement ma répulsion était plus forte que tout. Je m'étais toujours sentie un peu impuissante, même avec l'entraînement que m'avait fournie Slender Man, surtout face aux proxies. Mais à partir de maintenant, la haine ne faisait plus que un avec moi. Et ça, malgré le fait que les autres êtres humains dénigraient ce sentiment pour compenser leur faiblesse, je le trouvais dominant mais en même temps, splendide et merveilleux. J'étais devenue un monstre assoiffé de haine, oui. Et j'en étais fière.

BEN, notre mystérieux coéquipier hacker, avait placé des micros, Qui grâce à un ingénieux système que je n'avais pas trop compris, retransmettaient les conversations entendues chez Enzo Grinberg. Notre mission d'espionnage avait commencé ainsi et comme l'avaient soulignés les proxies et Slender Man, il fallait qu'elle commence "pacifiquement" ... C'est donc grâce au génie informatique d'un creepypasta que nous en sommes arrivés là. Cependant quand nous avons entendus les enregistrements ainsi que le récit de la mort de ma mère, je me suis souvenue de tout. Tous ces souvenirs que j'avais tentée désespérément d'enfouir, tous ses souvenirs qui appartenaient au passé revenaient alors que je pensais les avoir oubliés. Je pensais les avoir oubliés pour toujours. Mais non. Ils revenaient, plus terribles que jamais. Ils revenaient, suivies des peines qu'ils avaient suscités.

Je suis devenue très pâle mais j'ai continuée d'écouter. Pour comprendre qui j'étais. Je ne voulais pas retrouver ce douloureux souvenir mais en même temps, j'étais envieuse de savoir ce qui s'était passé réellement. Après la mort de ma mère, j'avais vécue un puissant traumatisme qui pendant un temps, m'avait fait perdre ma voix et qui avait suscité une étrange crise d'amnésie. Ma mémoire avait exclue tout les souvenirs qui précédaient la mort de ma mère ainsi que sa mort elle-même. Même les pédiatres et les psychologues que mon père avait rencontré pour me soigner n'avaient pas compris ce curieux phénomène. Peu à peu, les années ont passées, et je me suis mis à retrouver certains de mes souvenirs datant de ma petite enfance mais concernant ma mère, tout était flou. Tout s'embrouillait dans ma mémoire et je suis encore incapable de posséder un souvenir précis de ma mère. Je suis même incapable de la décrire. Personne dans mon entourage n'a jamais compris ce qui s'était passé et le changement qui s'était opéré en moi. Même ma propre personne ne parvenait pas à identifier cela et ce traumatisme étrange est restée dans les annales de ma conscience. Il est resté un mystère pour moi et avant que les creepyhunters débarquent dans ma vie, j'étais obsédée par la question.

Je me suis réveillée dans mon lit, Toby et Daisy à mon chevet. Quand d'habitude, Daisy n'a pas prononcé un mot et c'est Toby qui a dû me parler de mon malaise qui avait suivi les révélation de la femme creepyhunter.
Daisy et Toby m'ont retenue quand je m'apprêtais à exploser mon miroir en frappant dessus violemment alors que j'étais sous l'emprise de la haine. Et même quand Ticci Toby m'a calmée en me caressant doucement le front, j'étais encore pleine de hargne. J'avais peut-être oubliée le souvenir de ma mère, mais, je ne sais comment, elle me manquait quand même. À cause d'Élena De Franco, m'a vie avait été pourrie, avant même d'avoir commencée. À cette pensée, l'envie de lui arracher le coeur me brûlait et me dévorait les entrailles.

Peu de temps après, les proxies m'ont éloignée de la mission d'espionnage pendant quelques jours, de crainte que je ne me remette à péter les plombs ou que je ne refasse un malaise. Ils me connaissaient suffisamment maintenant pour savoir que quand il y avait une révélation importante qui influençait, d'une manière ou d'une autre, ma vie privée, soit je me sentais mal à l'aise soit j'entrais dans une colère noire. Je leur en étais reconnaissante, cependant, il fallait que j'apprenne à maîtriser mes émotions. C'était très important pour gagner la guerre car ce qu'attendaient les creepyhunters, je pense, c'était de me voire prisonnière de mes émotions intenses. Et je ne leur donnerais jamais cette satisfaction. Ils pouvaient toujours aller se faire voir.

Quelques jours ont passés et ma détestation envers Élena et Enzo était telle que j'avais beaucoup de mal à tenir en place. Malgré les conseils, je continuais à haïr et à détester. Mon coeur n'avait plus aucune place pour une once d'émotion positive. Avant, je détestais et tuais les creepyhunters certes mais il y avait toujours une part d'humanité en moi, surtout quand Jeff et Toby étaient là. Maintenant, j'étais seule et je le voulais. J'avais l'impression que ma colère traçait un chemin qui m'éloignait, à chaque pas, de mes compagnons. Les creepypastas étaient devenus des étrangers pour moi et je baissais les yeux à chaque fois que je les apercevait. Mon coeur s'était refroidi et en plus, je ne me sentais plus à ma place parmis eux. Je leur parlais machinalement, débitais des phrases banales et sans intérêt comme l'aurait fait un inconnu qui parlait à un autre inconnu. Je me sentais seule de plus en plus et en plus de cela, je perdais espoir. Toutes les valeurs que j'avais auparavant me semblait vaines. Et cela, me rendait extrêmement triste. Aussi triste que je l'avais été quand j'ai perdue Aïcha et quand Élena m'a rappelée indirectement la mort de ma mère.

Au fond, j'étais devenue malheureuse. J'étais devenue ce que je voulais ne pas devenir. Quelqu'un de froid, distant, mou qui attendait les bras croisés que quelque chose se passe. La Mathilde que j'étais avant, fière guerrière cruelle et sans pitié, avait laissée place à une Mathilde fade, triste, colérique et solitaire. Une partie de ma haine était dirigée contre moi-même. Comment avais-je pu changer à ce point, bon sang ? Comment ? J'avais une envie irrépressible d'avoir de plus en plus de réponses. Cela impliquait de retrouver mon "identité" et de retrouver une partie de mon passé pour mieux me comprendre. Le passé de toute ma famille pouvait m'aider. Lui seul pouvait me sauver de ce gouffre qui m'aspirais peu à peu avec l'intensité d'un trou noir. Je devais renoncer à mon état quasi-végétatif et aller de l'avant. Le passé qui avait été si cruel envers moi, apparaissait comme la seule alternative qui restait. Et je ne sais pourquoi, une force positive m'attirait vers le grenier, lieu où j'avais trouvée la lettre de mon père et son journal. Ce lieu devenait sacré car c'était un lieu qui effacait certaines zones d'ombres sur ma famille et son histoire. Il s'agissait, pour moi, d'un musée qui me fournissait une connaissance accrue, "force" qui me paraissait plus puissante contre les creepyhunters.

Une nuit, donc, j'y suis allée pour la troisième fois et j'ai été un peu paniquée devant cet endroit obscur et le désordre qui y régnait. Je me suis précipitée alors vers les cartons et je me suis mis à les ouvrir, un par un. Ils contenaient tous des photos et des documents des temps passés. Il en contenait tellement que il l'aurait fallu des jours, voir des semaines pour tout decrypter, chercher et analyser cette somme aussi importante. J'ai commencée à chercher petit à petit jusqu'à ce qu'un bruit se fasse entendre. Je me suis donc retournée, prête à voir Brian aka Hoodie arriver comme la dernière fois mais cette fois, ce ne fut pas le cas. Cette fois ce fut Jeff qui apparu en pyjama, une main posée sur le mur du fond et l'autre grattant ses cheveux noirs corbeau. Malgré son sourire gravé sur son visage, visage dont je m'étais habituée, je pus distinguer avec surprise de la colère mêlée à de l'inquiétude et de la tristesse sur son visage blafard. Je ne l'avais jamais vu comme cela, aussi sérieux... et malgré mon amitié, il me gênait car j'aurais voulu être seule. Cependant la chose qui me gênait le plus, ce fut le fait qu'il était prêt à rester ici toute la nuit et qu'il avait quelque chose d'important à me dire... mais quoi ?

À suivre...

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