Chapitre 4.
Calliopé
Je n'ai jamais eu de punitions de toute ma scolarité et là, à peine une journée avec Evan et je me prends une heure de colle ! Je soupire... Comment vais-je annoncer ça à ma mère ? Elle a déjà assez de problèmes comme ça, je ne veux pas lui en rajouter.
J'attrape mon iPod et change le morceau. Une musique de Nirvana s'infiltre dans mes oreilles. Parfait. Je pose ma tête contre la vitre. Aby ne pouvait pas me ramener après les cours, du coup, j'ai pris le bus. La prochaine fois, je rentrerai à pieds. Je ne supporte ni l'odeur ni le monde qu'il y a dans les transports.
La fin de la journée est passée plutôt rapidement. Après la pause, Evan était parti et séchait les cours. Ce n'était pas plus mal. C'est de sa faute si j'ai eu une heure de colle ! En plus, je suis sûre qu'il ne va pas venir demain et je vais me retrouver toute seule à la bibliothèque. Remarque, ce serait peut-être mieux ainsi. Au moins, il ne me saoulera pas avec ses remarques. Il a dit que j'étais plate et chiante ce matin. Je ne peux pas dire que ça ne m'a rien fait. Déjà que je n'ai pas confiance en moi, alors les remarques comme ça m'enfoncent encore plus.
Mon téléphone vibre dans ma main, annonçant un SMS de Simon.
[Coucou bébé, il faut vraiment
que je te parle de quelque chose. On peut se voir
ce soir à la fontaine ? Ça ne va pas te plaire...]
Je fronce les sourcils ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Il m'inquiète. Il veut qu'on parle de nous deux ? Pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé aujourd'hui ? Ou alors il a appris pour mon heure de colle... Ça ne m'étonnerait pas qu'il me sermonne à cause de cela. Il déteste les voyous et va sûrement me reprocher d'avoir adressé ne serait-ce qu'un mot à Evan.
[Y'a pas de soucis, à ce soir, 21 heures.]
Je prends mon sac et descends du bus. Je marche un peu et arrive chez moi.
— Maman, Ally, je suis rentrée ! je les préviens en posant les clés sur le comptoir de l'entrée.
J'enlève mes chaussures et m'installe sur le canapé. J'allume la télé et décide de regarder American Horror Story, ma série favorite, quand une masse se jette sur moi.
— Bouge de là, Allyson ! T'es lourde, dis-je en poussant ma sœur.
Voyant qu'elle ne se bouge pas, je décide d'adopter ma technique secrète. Son plus gros point faible, j'ai nommé : les guilis. J'approche mes deux mains de ses côtes et l'attaque sans pitié.
— Arrête Calli, stop ! Je te promets que je me décale, dit-elle tout en hurlant de rire.
J'arrête et elle s'assoit à côté de moi. Je l'observe. Ses cheveux blonds sont rassemblés en un chignon sur le haut de sa tête et ses yeux bleus identiques aux miens sont rieurs. Du haut de ses quatorze ans, je la trouve déjà très forte mentalement. Alors que j'ai très mal pris le divorce, elle retournait déjà à l'école le lendemain. Certes elle a quand même été affectée mais elle a su relativiser très vite. Et contrairement à moi, elle est encore en contact avec notre père.
— Tu allais faire quoi ? me demande-t-elle.
— Je voulais regarder une série. Elle est où maman ? je demande, curieuse.
— Je crois qu'elle est allée acheter à manger.
D'ailleurs en parlant de manger, j'ai très faim. Je me lève et commence à aller à la cuisine.
— Attends Calli, tu vas où ? me demande ma sœur en se précipitant devant moi pour me barrer l'accès.
— Prendre un truc à manger.
Elle ne me regarde plus et se mordille la lèvre, ennuyée. Je sens qu'elle hésite à m'avouer quelque chose. Je la connais, elle a dû faire une bêtise.
— Qu'est-ce que tu as encore fait Ally ?
Je la pousse délicatement et ouvre la porte. Et là, c'est le carnage.
Un œuf est écrasé au sol, de la farine est répandue un peu partout et une pâte visqueuse, d'une couleur encore inconnue, repose dans un plat. J'éclate de rire: ma sœur a encore essayé de cuisiner !
Je la regarde et on part dans un fou-rire. Je ne sais même pas pourquoi, je pense que c'est nerveux. Une fois calmées, on nettoie et on range tout. Plus qu'à attendre maman pour manger.
****
Je réajuste ma veste en cuir sur mes épaules. La nuit est en train de tomber. Je souffle et de la buée sort de ma bouche. Je regarde ma montre et accélère le pas. Je tourne dans une rue et j'aperçois la fontaine au loin. Simon est déjà assis sur notre banc. C'est là qu'on a eu notre premier baiser. Depuis, c'est devenu en quelque sorte notre repère.
Je le rejoins et m'assois à côté de lui. Un silence s'installe et aucun de nous ne veut le briser. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que dès qu'il va ouvrir la bouche, je vais être triste. J'attends silencieusement quand il se décide à prendre la parole.
— Je vais partir Calli... dit-il dans un souffle.
Je tourne ma tête vers lui. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas surprise. Depuis quelques mois il était plus distant, il ne me parlait plus trop de lui ni de sa famille, et je voyais qu'à certains moments, il était mal. Mais j'ai été égoïste, je ne lui ai même pas demandé ce qui n'allait pas. J'ai fait comme si tout allait bien alors que ce n'était pas le cas.
— Partir où ? je lui demande, ma voix se brisant sur la fin.
Non. Il faut que je retienne mes larmes. Je dois rester forte, je dois rester forte pour lui.
— Mon père a eu une mutation dans le nord. On part demain matin. Je ne voulais pas t'en parler parce que tu étais si triste à cause du divorce.
Il secoue la tête l'air de repenser à des souvenirs douloureux. Il prend une longue respiration.
— Je voulais te le dire cet été mais tu semblais tellement épanouie... tellement... heureuse.
Il prononce ce dernier mot en étouffant un sanglot. Et je pense que c'est ça qui nous fait craquer, qui nous fait perdre le contrôle de nos émotions.
Il place sa tête entre ses mains et sanglote pendant que des larmes roulent silencieusement sur mes joues. Je le prends dans mes bras et il me rend mon étreinte. On comprend tous les deux que notre couple est fini. Je ne veux pas d'une relation à distance et je sais que lui non plus.
Il relève la tête et m'embrasse. C'est un baiser d'adieu. Il m'embrasse avec toute la douceur possible. C'est un baiser douloureux. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Mon copain s'en va. Il me laisse là et lui il part. Je passe mes bras autour de sa nuque et essaie de le rapprocher encore plus de moi. Je sens nos larmes qui se mélangent sur nos joues. Ça fait mal.
Au bout de longues minutes, on se détache l'un de l'autre. Il pose son front contre mon front. Mon cœur est en miettes.
Il propose de me raccompagner chez moi, et on marche en silence main dans la main. Arrivée devant mon portail, on s'arrête. On se fixe pendant de longues minutes avant que je craque.
— T'as pas le droit de faire ça !
Je le pousse, il se laisse faire.
— Tu ne peux pas partir comme ça du jour au lendemain... tu ne peux pas Simon... Reste avec moi, je t'en supplie.
Je lui donne des coups sur le torse.
— Ne pars pas...
Ma voix se brise.
Je m'écroule sur le sol en larmes.
Il me soulève et me prend dans ses bras. J'essaye de m'écarter en lui donnant des coups de poing mais il ne me lâche pas. A bout de force je m'écroule et pleure contre son torse. J'en profite pour respirer une dernière fois son odeur.
Je le regarde et grave chaque parcelle de son visage dans ma mémoire. Ses cheveux châtains toujours coupés courts. Ses fines lèvres, son nez droit, ses yeux bleus... Je caresse chaque partie du bout des doigts. Il ne me quitte pas du regard.
—Tu le sentais aussi, non ? Que notre relation amoureuse se muait petit à petit en amitié ?murmure-t-il me sondant du regard comme s'il avait peur de ma réaction.
Mon cœur se serre. Il n'a pas tort. Même si je ne m'étais jamais vraiment fait la réflexion, je sentais que je n'éprouvais pas le désir que j'aurais du avoir pour lui.
—Je ne me suis jamais vraiment posé la question, tu as été tellement présent pour moi pendant le divorce, je lui dis en sentant les larmes couler.
— Adieu bébé, prends soin de toi. Je t'enverrai des nouvelles souvent ! murmure-t-il contre mes cheveux au bout d'un long moment.
On se détache, il me fait un dernier sourire triste et s'en va. Il marche droit devant lui et ne se retourne pas une seule fois. Et c'est ça qui me fait le plus mal. Je perds en même temps mon copain et mon meilleur ami. Celui qui a toujours été là pour moi, qui m'a toujours soutenu.
Je rentre chez moi bouleversée et monte dans ma chambre. Je tombe sur mon lit et pleure encore.
Épuisée de tant de larmes, je me mets sous les draps et commence à m'endormir quand le vibreur de mon téléphone me fait sursauter. Je me précipite sur mon téléphone, persuadée de découvrir un message de Simon.
[Sèche tes larmes princesse, il n'en vaut pas la peine.]
Je me redresse sur mon lit, un peu déçue mais tout de même intriguée. C'est un numéro inconnu... mais j'ai quand même une petite idée de qui est l'expéditeur. Il n'y a qu'une seule personne qui m'appelle princesse et je ne la porte pas spécialement dans mon cœur.
[Qui c'est ?]
[Le plus beau du lycée]
J'avais raison, c'est Evan. Il n'y a que lui pour être aussi narcissique. Mais comment il sait que je pleure ? Et qui lui a passé mon numéro ? Je m'assois contre la tête du lit en fronçant les sourcils. Qu'est ce qu'il me veut ? Je décide de le taquiner un peu pour penser à autre chose qu'à ma rupture douloureuse.
[Simon ?]
[Sérieux Calliopé, ne joue pas à ça avec moi. Tu sais bien qu'il ne m'arrive pas à la cheville]
Il a l'air vraiment énervé. Je souris malgré moi. Comment peut-il avoir autant confiance en lui ?. Je l'enregistre dans mes contacts.
[Comment t'as eu mon numéro ?]
[J'ai mes sources.]
Il veut se la jouer mystérieux ou quoi ?
[T'es aussi chiant par message qu'en vrai...]
[Toutes les filles rêveraient d'être à ta place. Rien que parler deux secondes avec moi, elles seraient aux anges. Alors profite !]
[Tu n'as qu'à leur parler à elles alors, au lieu de me saouler.]
[Ah ah, bonne nuit princesse.]
Je pose mon téléphone sur ma table de chevet et me rallonge dans mon lit. Parler avec Evan m'a bizarrement redonné le sourire et fait oublier pendant quelques minutes le départ de Simon. Je pense à demain : première colle...
J'appréhende vraiment...
***
Evan
Quand je suis passé à moto devant la fontaine pour aller en soirée, je les ai vus ensemble. Sur le coup, ça ne m'a rien fait. Mais quand j'ai vu les larmes de Calliopé, je n'ai pas pu m'empêcher de me poser des questions. Qu'est-ce que cet imbécile de Simon a bien pu faire pour la mettre dans un état pareil ? Et s'il lui mettait la pression pour qu'elle couche avec lui ? Je ne sais pas pourquoi mais cette idée m'irrite!
C'est dans cet état de nerf que j'arrive à la soirée. J'attrape la première fille qui me chauffe et on monte dans la chambre. J'ai besoin de me défouler et rien de mieux qu'un bon coup vite fait dans ces cas là. Ensuite je fume un joint pour me détendre, mon plan cul étendue à côté de moi, visiblement comblée par mes prouesses sexuelles. Elle tend le bras pour caresser mon bras nu. Je grimace. Je ne peux pas rester là. Je ne supporte jamais trop longtemps de rester avec celles que je baise. Les délires câlins enamourés, ce n'est vraiment pas pour moi. Je me rhabille vite fait en ignorant les questions de la fille.
En sortant de la chambre, je croise Mickey : il est complètement défoncé. Moi, j'étouffe, donc je sors fumer une clope dehors. Le joint ne m'a visiblement pas aidé à me détendre. Adossé contre le mur de la baraque, la musique en fond, je revois sans cesse les larmes couler sur le visage de Calliopé. Pourquoi est-ce qu'elle m'obsède autant ? C'est sûrement à cause du pari. Ouais c'est ça, elle m'intéresse car je dois coucher avec elle pour gagner ce putain de pari ! Parfois j'ai vraiment envie de tuer Mickey pour ses idées de merde !
J'ai besoin de lui parler si je veux faire avancer ce défi d'ailleurs. J'appelle un pote qui saura me dégoter son numéro facilement. Il me l'envoie au bout d'à peine dix minutes.
J'écris un message à toute vitesse, ne réfléchissant même pas, sûrement à cause du joint. Quand elle me demande qui c'est, j'ai envie de lui dire quelque chose pour qu'elle comprenne immédiatement que c'est moi.
[Le plus beau du lycée]
Je lui envoie, le sourire aux lèvres, pressé d'avoir sa réponse. Quand mon portable vibre je me précipite dessus. Je dois vraiment être à fond dans le pari car je réagis comme un ado de quatorze ans qui a sa première copine.
[Simon ?]
Elle est sérieuse ? Je ne sais pas pourquoi mais le fait qu'elle me parle de son mec me met sur les nerfs.
La discussion se poursuit et un petit sourire nait sur mon visage. Quand elle me demande de parler aux autres filles, j'ai l'impression qu'elle est jalouse. Parfait ! Le pari avance plus rapidement que prévu. Je lui souhaite bonne nuit et retourne à l'intérieur.
Ils sont en train de jouer au jeu de la bouteille, je crois. Je décide de me barrer de cette soirée. Elle me saoule et je ne suis plus dans l'ambiance depuis que j'ai parlé à une certaine petite blonde.
Je prends ma moto et rentre chez moi. Une fois dans mon lit, je repense à la journée. Cet après-midi, je ne suis pas resté au lycée car les cours m'ennuyaient et que de toute façon le premier jour on ne fait jamais rien. Mais l'idée de passer du temps en classe ne me rebute plus autant qu'avant. J'avoue que l'idée de pouvoir taquiner Calliopé toute la journée est assez excitante. L'imaginer céder à mes tentatives de séduction pour gagner le pari est même jouissif.
Réussir à faire craquer sa petite coquille de fille parfaite serait un exploit. Surtout que cette coquille n'est pas déplaisante à regarder. Rien que d'imaginer son petit corps chaud sous le mien, son visage déformé par le désir, je sens mon sexe se dresser sous la couverture. Il va falloir que je calme mes pulsions en sa présence.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top