Chapitre 3.

Evan

Elle est là, dans le gymnase, à l'autre bout des gradins. Je la fixe depuis maintenant dix minutes. Depuis que je lui ai lancé ma menace, elle regarde devant elle. Elle ne bouge pas et fait comme si elle ne m'avait pas vu.

Elle me fait rire. Ce matin elle a jeté son café sur moi et ne semblait pas du tout gênée, et pourtant là, elle panique. Je secoue la tête, un sourire aux lèvres.

Cassandra est sur mes genoux. Aux yeux de tous, on est en couple. On s'est mis ensemble pour augmenter nos popularités réciproques. Enfin, c'est surtout elle qui voulait augmenter la sienne. Moi, c'était juste pour la baiser quand je voulais.

Je m'en fous complètement d'elle. J'ai dû la tromper une dizaine de fois. Elle est grande avec des gros seins, c'est tout ce dont j'ai besoin mais elle ne me suffit pas. Je ne la considère pas comme ma copine. En plus, je crois que c'est la fille la moins futée que je connaisse.

Le directeur commence enfin à donner les classes. Il était temps. Je ne peux plus le supporter cet imbécile ! L'année dernière, j'étais tout le temps appelé dans son bureau à cause de mes conneries. Et pourtant, il ne m'a jamais viré ce con. Tout ça grâce à l'argent de mon père.

— Terminale S.

Argent Emily.

Anderson Calliopé.

Je ricane. Il y a vraiment une personne qui s'appelle Calliopé ici ?

— C'est quoi ce nom de merde ? hurle mon meilleur ami.

Mais quel idiot celui-là ! J'éclate de rire et lui tape dans la main. Il se fout de tout lui. Je sens qu'il va déjà se faire virer.

— M. Stevens, je vous demande un minimum d'attention et de respect pour votre camarade ! le reprend le directeur.

— Désolé monsieur, je n'ai pas pu m'en empêcher ! ricane-t-il.

Je regarde autour de moi, attendant de savoir qui est cette Calliopé.

— Ne fais pas attention à eux, bébé. C'est des cons.

Je tourne la tête sur la gauche pour voir qui a parlé. Et là, je bloque. La blonde qui m'a renversé le café dessus ce matin est en train d'embrasser Simon Denver sur la joue. Le délégué qui nous saoulait l'année dernière pour qu'on se calme, et qu'on arrête de faire n'importe quoi. Alors comme ça elle sort avec quelqu'un... Intéressant.

Elle se lève et à ce moment-là, je comprends que c'est elle, Calliopé. En plus d'être une emmerdeuse, elle a un nom bizarre ! Elle va se placer en bas, et je ne peux m'empêcher de loucher sur son cul, moulé dans son jean.

— Brown Cassandra...poursuit le directeur.

Cassandra se lève de mes genoux et me roule une pelle monumentale pour faire comprendre aux autres filles qu'il ne faut pas m'approcher. Je réponds à son baiser, plus pour emmerder le directeur que pour calmer sa jalousie. De toute façon, ce n'est pas ça qui m'empêchera de coucher avec d'autres !

— J'espère qu'on sera dans la même classe, bébé.

Putain. Il va falloir que je lui dise de ne plus jamais m'appeler comme ça ! Elle se lève et va rejoindre le rang tout en roulant des fesses. Je ricane. Elle en fait toujours des tonnes ! Evidemment, tous les mecs du campus lorgnent son cul. Je ne suis pas jaloux. Ils peuvent bien baver sur elle, je sais que ce petit numéro n'était destiné que pour m'exciter moi.

Le directeur continue l'appel et je m'endors à moitié.

— Miller Evan.

Je me lève à l'entente de mon nom, réajuste mon pantalon, fait un check à mon meilleur ami et descends les gradins en lançant des clins d'œil aux filles.

Elles réagissent de deux façons : soit elles rougissent et détournent le regard, soit au contraire elles me font un sourire et un clin d'œil. Dans ce cas-là, je sais que je peux compter sur elles pour assouvir quelques besoins durant une soirée.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire lorsqu'arrivé dans le rang, je croise le regard exaspéré de Calliopé. Sa mine dégoûtée me ravie au plus haut point. J'ai vraiment hâte de pouvoir la faire chier. Elle ne sait pas à quel point être dans la même classe que moi va se transformer en enfer pour elle !

Je la dépasse, et pars discuter avec d'autres footballeurs qui sont aussi dans ma classe. Cassandra arrive presque immédiatement et me saute au cou. L'appel se finit enfin. Je jette un bref coup d'œil à ma classe, pas de Simon aux alentours. Parfait ! Le petit délégué, fils à papa ne nous saoulera pas cette année !

On monte dans la classe et je me mets au fond, Cassandra à côté de moi.

Je remarque que Calliopé est assise juste devant moi à côté d'une brune. Erreur de débutante. Elle n'aurait pas du se mettre aussi près. La prof principale commence à nous distribuer les livres et nous fait son cours de français. Comme je me fais chier, je décide d'embêter Calliopé pour passer le temps.

J'arrache un bout de papier et fait une boule avec, que je lui lance sur la tête. Elle se retourne immédiatement et je la regarde chercher le coupable. Ses lèvres sont pincées et ses sourcils froncés. Une mèche de cheveux lui retombe sur le visage. Je ne peux pas m'empêcher de la trouver mignonne.

Quand ses yeux se posent enfin sur moi, je me perds dans son regard bleu. On reste quelques instants à se fixer avant que Cassandra ne me donne un coup de coude.

— Ça va, tu veux lui rouler une pelle devant tout le monde pendant que t'y es ? m'engueule-t-elle.

Je soupire. J'avais oublié qu'elle était là. Ne voulant pas m'embrouiller avec elle, j'essaie d'arranger la situation.

— Ne t'en fais pas, ce n'est pas une fille plate et chiante comme ça qui me fera craquer.

Je parle assez fort pour que Calliopé entende. J'ai vraiment envie de l'énerver.

Je crois que ça a marché d'ailleurs quand je la vois qui se retourne vers son bureau. Je suis quand même déçu, j'aurais aimé qu'elle réplique. Je mets ma tête entre mes bras, bien décidé à rattraper la nuit pourrie d'hier. Je commence à dormir quand je reçois une boule de papier.

Je relève la tête et aperçois Calliopé en train de me regarder, un sourire en coin. Quand elle voit que je l'ai remarquée, elle se retourne. On est au lycée et on se comporte comme des gamins... Je m'apprête à la relancer quand j'aperçois une lettre qui dépasse du papier. Je l'ouvre et regarde ce qu'elle a écrit dessus.

« Connard »

Haha ! On dirait qu'elle n'a pas apprécié que je la critique. Je lui écris un mot en retour et alors que je tends le bras pour le lancer, la prof m'intercepte.

Merde. Elle prend le bout de papier que je tiens dans la main et l'ouvre.

— « Pour te servir, princesse », lit-elle à voix haute et je sens que Cassandra me foudroie du regard. Intéressant M. Miller, et qui est la fameuse princesse qui vous accompagnera pour votre colle demain ?

D'habitude je ne suis pas une balance mais rien que pour emmerder Calliopé, je la désigne du doigt.

— Très bien, je vous attends à mon bureau à la fin de l'heure. C'est valable pour vous aussi, Mlle Anderson.

— Mais, madame... tente Calliopé.

— Il n'y a pas de mais qui tienne ! Vous faites n'importe quoi pendant mon cours et c'est mon devoir de vous recadrer ! la coupe-t-elle.

Calliopé se retourne et me lance un regard noir auquel je réponds par un large sourire.

Je dors pendant le reste du cours. À la sonnerie, j'attrape mon sac et rejoins le bureau de la prof. Calliopé se met le plus loin possible de moi. Je me rapproche et me place juste à côté d'elle. Elle s'écarte immédiatement comme si ma proximité était un calvaire. Sa réaction m'amuse. Elle ne doit pas être habituée à se trouver aussi proche d'un mec comme moi.

— Calliopé et Evan, commence la prof d'une voix déjà lassée, j'espère que c'est la première et dernière fois que je vous reprends. Je ne sais pas à quoi vous jouez tous les deux, mais faites-le en dehors de ma classe. Demain, vous êtes collés en fin de journée donc vous irez à la bibliothèque. Vous pouvez y aller !

C'est quoi cette merde ? Demain, j'ai entraînement de football. Mais je ne peux pas sécher la colle, sinon je risquerais de me faire virer. Et je ne peux pas me le permettre.

J'arrache le papier de colle des mains de la prof et sors de la salle, énervé.

Je rejoins mon groupe dans la cour. Ils sont en train de fumer.

— Passe une clope, Mickey, j'ordonne à mon meilleur ami.

— Y'a pas de souci frère, tiens, dit-il en me tendant sa cigarette. Qu'est-ce qu'il t'arrive, c'est la prof qui t'a mis dans cet état ?

J'attrape la clope, prends une bouffée et laisse la fumée s'infiltrer dans mes poumons avant de l'expirer. Je me sens déjà mieux.

—Ouais, elle m'a collé demain, pendant l'entraînement de football, dis-je.

Mickey hausse les épaules.

— T'inquiète pas, ce n'est pas parce que notre capitaine manque un entraînement qu'il régressera.

Je souris à ces mots. Capitaine. En même pas six mois, j'ai réussi à devenir capitaine et à emmener mon équipe jusqu'à la victoire du championnat des lycées.

— Au fait, on m'a dit que t'emmerdais beaucoup la nouvelle pendant le cours. Calliopé, je crois. Notre bad boy aurait-il enfin trouvé chaussure à son pied ? rigole Mickael.

Je ricane à ces mots. Il n'y a que Mickey pour sortir des expressions de merde comme ça. Calliopé... A l'entente de ce prénom, je ramène la cigarette à mes lèvres et inspire profondément.

— C'est la fille qui a renversé du café sur moi ce matin.

Quand je suis retourné me changer chez moi, il m'a envoyé un SMS pour me demander où j'étais. Je lui ai rapidement expliqué ce qu'il s'était passé par message.

— Tiens, ça me donne une idée tout ça. Les mecs, rassemblement ! hurle Mickey.

Et tous les gars de l'équipe viennent se mettre autour de nous. Je suis mort de rire parce qu'ils étaient déjà à côté et que Mickey a gueulé comme un malade. Mais en même temps, j'appréhende ce qu'il va nous dire. Mickey et ses idées, il faut toujours se méfier.

— Tout le monde écoute ? Ok ! Alors chaque année, la tradition veut que les footballeurs de terminale fassent un pari avec leur capitaine d'équipe. Ils choisissent une fille vierge et le capitaine doit se débrouiller pour qu'à la fin de l'année elle ne le soit plus, dit-il, attirant l'attention de tout le monde. Vu qu'Evan se vante tout le temps d'avoir toutes les filles à ses pieds, j'ai eu une idée. Lui lancer le pari de coucher avec une fille vraiment inaccessible.

Mais c'est quoi cette idée de merde ? Inaccessible ou pas de toute façon, elle succombera à mon charme. Je me retourne pour regarder les filles qu'il pourrait choisir. Ça pourrait tomber sur le groupe de gothiques, ou de rockeuses. Elles ne sont pas terribles mais ce serait facile. Aller les voir, faire semblant de m'intéresser à l'une d'elles et coucher avec. Et basta.

— Oh, bonne chance mec ! dit un joueur en me tapant dans le dos.

Perdu dans mes pensées, je n'ai pas entendu le nom de la personne choisie.

— Attends, je n'ai pas entendu, c'est qui ? je demande à Mickey.

— Calliopé, Calliopé Anderson. Et tu n'as pas le droit de refuser.

Quoi ? Non ! C'est le pire choix qu'il pouvait faire. Déjà, elle me déteste et même si j'aime l'embêter, je ne l'apprécie pas non plus. Alors devoir la séduire et pire coucher avec elle...

—C'est n'importe quoi, je réplique. En plus elle est en couple !

Mickey ricane à ma remarque

—Allez Evan, depuis quand ça te dérange de te taper des meufs en couple ?

—Je m'en fous, mais ça veut surement dire qu'elle n'est plus vierge. Donc ton pari n'est pas valable.

—Figure-toi que James, le pote de Simon est très bavard quand il est bourré. Il m'a confirmé à la dernière soirée que Simon n'avait pas encore trempé le pinceau. Et comme ils sont ensemble depuis la nuit des temps, ça veut dire que la petite Calli est encore une terre non explorée.

Il rit, pas peu fière de ses métaphores.

J'essaie de ne pas avoir l'air trop choqué. Comment est-ce possible ? Ok Simon n'est pas très fun mais merde ce n'est pas un saint !

Je me creuse les méninges pour trouver une autre excuse, mais Mickey me regarde avec un air de défi et je sais que si je refuse je vais passer pour un lâche.

Je lance ma cigarette par terre et l'écrase.

— Pas de souci, ça va être facile ! je lui annonce, n'y croyant pas du tout.

Le pari est lancé ! A nous deux, princesse !


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