⚠️ Contenue sensible : Mutilation. Âmes sensibles s'abstenir, merci ! ⚠️

⚠️Pour rappel, le livre évoque des sujets sensibles qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes/sensibles. Veuillez prendre compte de cela avant de poursuivre votre lecture. ⚠️

☾ Marinette ☽

Une voix douce, aux intonations délicates comme les courbes d'une mélodie apaisante, résonne dans la salle feutrée du cabinet :

— Lorsque vous dormez, est-ce que vos cauchemars reflètent des souvenirs ou des peurs enfouis ?

Je prends une profonde inspiration, levant les yeux pour croiser son regard.

— Aucun des deux, mais si je suis honnête, vivre l'un ou l'autre serait un véritable plaisir.

Je laisse échapper un faible sourire avant de baisser les yeux, me perdant dans le vide, fuyant le regard qui pourrait percer mon masque de tranquillité.

Mon subconscient a enduré trop de souffrances pour me permettre de revisiter ne serait-ce qu'un souvenir durant la nuit. Mes nuits sont vides, et elles le restent pour le bien de tous, surtout le mien.

— Madame, vous m'avez refusé les somnifères, dis-je calmement. Je dors à l'aide de tisanes, mais cela prend bien plus de temps pour trouver le sommeil.

Je lance un regard dans sa direction, accompagné d'un léger sourire. Son visage se transforme en une expression de préoccupation sincère. Mais avec le temps, j'ai appris à accepter ma peine. Je me considère chanceuse d'être encore vivante malgré les tempêtes et les dépressions ; ma vie aurait pu prendre un tournant beaucoup plus sombre.

Je préfère croire que perdre ma soif de vivre est moins douloureux que de perdre tous ceux que j'aime.

— Gardez espoir, Marinette. Vous allez bientôt vous sentir mieux. Vous êtes sur la bonne voie, et je tiens à vous féliciter. J'ai remarqué vos progrès depuis le début de nos consultations. Vous avancez, réellement ! me dit-elle, un sourire chaleureux illuminant son visage.

En progression, vraiment ?

Mais de quelle progression parlait-elle, bon sang ?

Hier encore, ma peau saignait et mes larmes coulaient sans fin. 

☾☽

Pour la plupart des passants, ce monument n'était qu'une simple sépulture, ornée des mots gravés : "Ici repose un homme pieux, dans l'amour et le bonheur, la paix et la liberté."

Pour moi, cependant, c'était bien plus qu'une simple pierre tombale. C'était le seuil entre l'Enfer et le Paradis, un pont fragile entre la vie et la mort, qui transperçait mon cœur tout en y insufflant une étrange douceur.

Revenir en ces lieux était une épreuve déchirante. Ce cimetière, que j'avais autrefois maudit de toute mon âme, appelait désormais irrésistiblement mes pas. Pour confier mes peines, parler à celui qui reposait ici, je devais me rendre en ce lieu, à la fois isolé et omniprésent, dans son silence infini et son chaos ordonné.

La tombe était intacte, les inscriptions claires. Je m'inclinai pour déposer un bouquet de roses blanches à ses pieds, le cœur lourd, l'amertume au bord des lèvres. Puis, me redressant, je sentis une douce brise caresser mes joues. Je resserrai les bras autour de moi, tirant sur les manches de mon pull de laine.

— Reposez en paix, Maître Fu, murmurai-je, offrant une prière silencieuse à celui qui gisait là.