S2 : E6 "Les questions s'inquiètent"

Perdre le contrôle de soi est une terrible erreur, non ?

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Marinette

Secoue mon cœur une fois et je suis perdue. Secoue-le une deuxième fois et je commence à perdre l'équilibre. Fait-le une troisième fois et je tombe en arrière en priant pour ne jamais me réveiller.

Je fonctionne comme ça, mal, en grinçant, j'abandonne vite quand je n'arrive pas et je suis loin d'être l'héroïne remarquable des films.

Mais ça ne fait rien, j'aime vivre ainsi.

La vie vit pour te jeter au sol et elle ne prend pas le temps de vérifier si tu te relèves puisqu'elle te renvoie sur le champs sur le terrain combattre le monde et t'enseigner la guerre. Il n'y a jamais de paix et si, pourquoi pas, l'enfer existe il juge bon d'insérer ses pensées tumultueuses dans l'âme du combat condamnant sans hésitation la moindre possibilité de calme, d'accord et surtout... de cesser le feu.

Ces malheurs n'ont d'autant pas de prix que les vies qu'ils dépouillent et réduisent au silence. Et si le sacrifice aussi faible paraît-il, se reflète dans les yeux de sa victime avec peu de reconnaissance, la mort n'aspire pas son dernier souffle pour autant et oublie de récupérer la seule satisfaction d'avoir survécus.

Je déteste tuer des gens, mentir, manipuler, voler, frapper, néanmoins l'envie me dévore de l'intérieur dès fois, et terribles sont les moments où je dois tout mettre en œuvre pour y échapper.

Quelque part, je meurs aussi depuis longtemps dans mon coin à force de rejeter tout conflit. Vivre dans la crainte de perdre la paix que j'instaure, aussi fausse et irréelle qu'un monde de fiction soit-elle, prend de la valeur au fil des temps.

Je protège mon cœur et je fuis mon esprit.

Pour me sauvegarder.

Me soigner des blessures toujours ouvertes qui me déchirent la poitrine.

Les priorités sont focalisées sur le paraître et l'apparence qu'on revêt quelque soit l'affection ou la situation. La simplicité attise et enflamme la popularité, tout le monde se presse pour en user et en abuser.

Sacrilège, n'est-ce pas ?

Mon amour pour Adrien me conduit à rejeter chacune des paroles de Luka. Luka n'a jamais pris la liberté de me mentir et je doute qu'il le fasse un jour mais il n'a jamais réussis à comprendre mes sentiments. C'est ce bémol créer cette faille entre nous.

Telle une séparation irréparable.

J'imagine que se séparer et rester loin l'un de l'autre nous a appris à prendre conscience que tout n'était pas toujours possible. Inévitablement, j'arrive à me forcer à dire que je ne l'aime pas, qu'il n'a jamais été plus qu'un ami et qu'aujourd'hui il est mon ennemi.

Un adversaire redoutable. Je dirais, imbattable.

Ou du moins, surtout... Invincible, pour moi.

Quand il a beaucoup de mensonges il y a toujours quelqu'un pour en payer les frais, cette fois seulement je me soustrais à cette tâche et la remplace par une colonie interminable de questions, de remises en questions, de grosses périodes de doutes, d'efforts. Je me bats. Je me détruis.

Remarquer que pleurer n'était pas suffisant engendrait chez moi une irrépressible envie de m'arracher la peau pour satisfaire le côté sadique de ma personne.

A quel point dois-je souffrir pour que tu sois enfin heureuse ?

Ces derniers temps, je décore mes sentiments comme je m'habille, c'est à dire, mal. Je les surcharge, je les étouffe, j'essaye de les broyer, les tuer.

Encore maintenant, une dernière couleuvre glisse dans mon cou. Mais celle-la passe mal. Pour me rassurer, je me dis qu'elle finira bien par passer.

Comme toutes les autres.

J'ai remarqué le vice suprême de Paris et son obsession psychotique pour le mal et la pourriture. Plus c'est sale, plus c'est populaire, quelque chose que je ne parviens pas à comprendre.

Et je suis toujours amoureuse comme au premier jour du celui qui dirige toute cette embrouille.

Il t'arrivera malheur, murmure ma conscience d'une voix peinée et lourde mais je secoue la tête pour chasser la moindre pensée.

Je ne dois pas douter.

Mon cœur bondit furieusement dans ma poitrine et il frôle la crise cardiaque, in extremis. J'ai le souffle coupé et je pose une main sur ma poitrine pour me calmer.

La voiture roule quelques mètres puis s'arrête au feu rouge faisant soupirer son chauffeur qui est obligé de s'arrêter à cause d'une Mercedes disparut au virage qui avait pris tout son temps.

A travers le rétroviseur intérieur, j'observe l'expression agité et agacé de cet homme tentant tant bien que mal de conserver sa colère pour lui.

J'avais oublié qu'il existait des gens qui ne crient pas leur sentiment sur tous les toits et qui au contraire les préserve et les protège au péril de leur sang. En ce moment, ils sont si rares autour de moi...

Je baisse mon regard sur le livre posé sur mes jambes. Du bout des doigts, je frôle la couverture et je déglutis. Bizarrement, j'ai un arrière goût en l'observant et le touchant. Il dégage tout ce que je convoite tellement que j'en ai le ventre retourné.

Adrien... est-il vraiment au courant ?

Si c'est le cas, je suis incapable de le croire. Au risque de m'effondrer... Mais ma cervelle voudrait exploser dans mon crâne cette folle envie d'accéder à la liberté qu'on me refuse constamment ces derniers temps par égoïsme et/ou soit disant pour conserver la paix.

Comme si le monde pouvait s'écrouler si je vivais.

La terre... tournerait toujours si je mourrais mais elle refuse de m'offrir le bonheur qu'elle referme.

L'esprit voleur de mon démon hurle de jaillir. Qu'il y est des ténèbres, la lumière des à présent ne lui fait plus aussi peur. Il s'adaptera, l'entends-je dire grave.

Je frémis. Ma poitrine remonte et redescend plus vite signe que mon souffle s'écourte.

Quelle importance...

Adrien m'a peut-être mentis.

J'en doute si fort que mon ventre se retourne deux fois sur lui-même avant de retomber, violemment. Il laisse une brûlure dans mon corps. Indélébile et profonde. La chaleur reste ancrée dans ma tête quelques minutes après.

— Mademoiselle, puis-je vous poser une question ? M'interpelle le vieux monsieur, poliment et nous échangeons un regard dans le miroir.

— Bien sûr, dites-moi.

— Vous êtes sûr d'aller bien ? Vous êtes très pâle depuis que vous êtes montés et votre jambe tremble. Est-ce que vous souffrez d'anxiété ?

Suis-je aussi découvert ?

Bon sang, j'ai envie de pleurer.

Pourquoi, moi ?

Sa question me surprend. Je hausse les sourcils et il renchérit aussitôt, légèrement embarrassé :

— Je me permets de vous le demandez car j'ai perdu ma fille il y a deux ans... Elle vous ressemblait beaucoup et elle stressait beaucoup comme vous. Confit-il en baissant les yeux sur la route et il redémarre lorsque le feu passe au vert.

Un décès...

Un de plus.

Quelque part, je suis partagée entre la surprise et l'attendrissement. J'essaye de comprendre ce que je ressens mais parfois, je suis tout bonnement à côté de la plaque. Pour être honnête, je ne suis pas très solide aujourd'hui et son histoire me touche.

Je lui souris, le cœur au bord des larmes.

— Merci mais je n'en suis pas là.

— Comme vous voulez, mais si jamais vous avez besoin de parler, n'hésitez pas. Je suis là et je vous écoute. Ma carte est dans la porte à côté de vous, si vous voulez.

— Vous êtes vraiment gentils !

— Je suis un père et j'aimais ma fille. Je ne souhaite à aucun père de connaître ma douleur. Avoue-t-il en hochant la tête.

Papa.

Mon papa me manque.

Cela fait longtemps que je n'ai plus pris de nouvelle de mes parents. Je devrais avoir honte. Mais j'avais complètement oublié. Ils doivent me détester et être tristes d'avoir une fille aussi indigne...

Ils ont raison.

Mais, je me déteste aussi.

Quand je l'entends me parler avec une telle douceur et s'inquiéter pour moi sans me connaître ni d'Adam ni d'Eve, je reprends espoir en l'humanité.

Adrien mérite que j'entende sa version des faits. Il faut garder espoir et confiance ou notre relation est morte.

Impossible de nous condamné.

Cette fatalité est dégoûtante et elle doit disparaître.

Sur cette terre quand j'entends dire qu'il existe encore de bonnes personnes, mon monde cours droit vers sa perte en sprintant. J'aimerai y croire mais je suis indisponible à le faire trop rancunière, trop vaniteuse et si peu aimante. Mon manque d'amour pour elle vient de la personne qu'elle a assimilé dans la terre du sol, pour les bêtes, la chaîne alimentaire, le cours ruisseaux qu'est la vie.

Malheureusement, hélas.

En me raclant la gorge, je me réinstalle sur mon siège, le ventre noué reconnaissant la rue et je détourne les yeux des bâtiments.

— Merci.

Cet homme provoque mes pensées avec sa sympathie et à son insu éjecte mon corps à une époque sombre, douloureuse pour l'âme et dangereuse pour la santé du mental.

Je laisse tomber.

J'abandonne parce que je ne veux plus me débattre à m'en octroyer la respiration et me couper la vie.

Pour revenir dans le passé il est trop tard, et j'aimerais bien dire que rien est perdu. Mais je mentirai, encore. La vérité est qu'il est trop tard. Je ne peux plus être sauvée  -et ce depuis longtemps- mais juste simplement plus que bonne à jeter.

Mais si je meurs tout va devenir plus facile, et les choses seront plus simple, pour moi.

Des questions me picotent la langue et je me mords la lèvre en baissant la tête sur le livre, hésitante à le poser. Il y a des questions que j'ai pris le risque et qui m'ont trahis en beauté, je ne suis pas sure de vouloir à nouveau réparer ce qu'elles ont cassé.

Pour cette fois, je plonge dans le silence et resserre le livre contre ma poitrine, quelque chose de cet objet a beau grouiller de problèmes, il me rassure.

J'ai perdu de vue la réalité et les priorités depuis un temps, et personne ne pourra les rappeler. Plus rien ne veut de moi mais d'un côté combattre comme une folle la haine n'est pas plus une solution que tout brûler avec empressement et plaisir.

Dans le reflet de la vitre quand je lève la tête, mes yeux scintillent et renvoient une poussière de fée qui creusent des failles dans ma raison. Blessée et languissante d'en avoir terminée ou enfin raisonnable, je me souris à moi-même.

Sourire fêlé. Rayé.

Tout à fait mort.

***

En pénétrant à l'intérieur de l'appartement, j'ai le malheur et la plus grosse déception de vous annoncer qu'il est complètement vide. Aucun signe d'Adrien.

Soit il est sortis, soit il n'est jamais rentré.

Le parfum boisé qui flotte dans l'air démontre le contraire et m'incite à me demander où il est allé. C'est plus fort que moi, je l'aime et je ne veux pas qu'il lui arrive une horreur, de plus je suis toujours envahis par le souvenir d'être partis précipitamment le soir du gala.

J'aurais dû rester près de lui et passer au-dessus du sentiment étouffant de sa présence et du son de sa voix. Au moment où mon ventre s'est noué l'humiliation a brûlé le reste de penser raisonnable qu'il restait et je suis partis en furie, honteuse, et si triste d'avoir été ainsi traitée avec autant d'indifférence.

Qui suis-je pour lui ?

Sa petite amie ou sa copine ?!

Est-ce qu'Adrien regrette de m'avoir blessée ? Est-ce qu'il s'inquiète pour moi ? Je me gonfle l'esprit avec ce genre de questions blessantes dont les réponses ne sont jamais satisfaites et qui au lieu de rassurer alourdissent l'angoisse.

On en est toujours au même stade, finalement.

Je ne me suis pas contrôlée, j'ai tout laissé sortir ce qui a engendré ce terrible kidnapping et tous ses problèmes. Pourquoi ai-je l'impression d'avoir tout perdu depuis que je suis sortis du château de Luka ?

Quelle honte.

Une partie de moi repense au passé. Je soupire en allant poser le livre sur la table de la salle à manger.

Il va rentrer.

Adrien va arrivé.

A la suite, je pars à pas lent jusqu'à la chambre où je m'installe au bord du lit, les épaules affaissées et les jambes engourdies. Une minute de plus et je serai tomber par terre. Tout en me mettant à cogiter, je profite du silence pour faire de l'ordre dans mon esprit et nettoyer la poussière qui traîne.

Des toiles d'araignées font leur adieu.

L'odeur de la propreté est enfoncée dans mes poumons débarrassés. Réfléchir à tête reposée fait du bien, j'avais oublié à quel point c'était apaisant d'avoir confiance en soi.

Par ennuie, je me traite de personne trop chiante pour le monde et en croit chaque syllabe malgré moi. Au plus profond de mon être, je sais que je suis...

Vraiment. Chiante.

Je suis fatiguée de souffrir, et lassée de courir après tout le monde tout le temps. Personne n'a l'air de tenir à moi, ou c'est le manque important de sommeil qui rend ma perception aussi aigris et mauvaise langue.

Sûrement les deux.

Parce que je suis rentrée et que je pensais retrouver Adrien, je me raccrocher à ce fantasme tellement fort qu'être accueillis par son absence est une véritable douche froide, une gifle à la figure tel un KO total.

Adrien ne se doute pas de mes doutes ni de mes craintes, toutefois il ne fait rien pour me rassurer inconsciemment, le destin non se révolte pas non plus davantage. Je fais mon maximum pour détruire tout ce qui pourrait nous séparer et dans ces cendres je retrouve les méandres de notre bonheur.

C'est une relation compliquée. Difficile à aimer. Mais véritablement pure. Elle est tout le contraire de ce que nous côtoyons désormais au quotidien. Et je supplie l'univers de nous protéger.

Faites-moi confiance, Adrien est une bonne personne.

Peut-être que j'ai mal, que je suis déçue, triste et apeurée, énervée mais aucun de ces sentiments ne parviendra à me dissuader de toujours vouloir le meilleur pour Adrien.

Si on n'est jamais tombé amoureux alors on ne peut pas comprendre ce que je veux dire. Mais les sentiments amoureux vont au delà de la fierté et de toutes ces émotions aussi simples et puissantes soient-elles. C'est l'univers entier qui contrôle la vision et le cœur.

On fait n'importe quoi.

Surtout, vraiment le pire.

Mes nerfs sont mis à rude épreuve. Ils pourraient lâcher d'une seconde à l'autre. Quand brusquement, je reprends la situation en main et de toutes mes forces avec un courage surhumain, je les ficelle autour de mon poing et me construis un bouclier contre la crise de nerf.

Parfait.

Je suis sauvée grâce à cette barrière.

Quelques fois faut souffrir pour comprendre et remonter pour comprendre à quel point la chute est fatale. Parfois, je sais que j'ai tellement besoin d'être entourée qu'hélas je prends mes distances.

La dépendance.

L'addiction.

Cette crainte viscérale de ne jamais réussir à se relever est un véritable poison qui empêche de vivre. Elle coupe la vie et réduit l'existence à un état de léthargie sans fin.

Un vrai cercle infernal.

Éternel.

C'est littéralement mourrir à feu doux tellement on passe son temps à se mijoter et ça dure un long moment dans lequel, sans se rendre compte, on s'élimine. On s'efface, complètement.

Puis, on disparaît.

***

Allongée sur le lit en étoile de mer, je fixe le plafond depuis une bonne demi-heure, je dirais plus encore. J'attends le retour d'Adrien et naïvement j'ai cru que le temps passerait plus vite si je ne faisais rien et juste me perdais dans mes pensées.

Maintenant que l'ennuie et la lassitude prend forme, je me rends compte que c'était une erreur.

Le dos en compote, je me redresse, soudain une douleur m'électrise les abdominaux et le picotement prend la peine de clignoter comme un rappelle et jaillit dans ma tête en lettre majuscule.

FAIRE DU SPORT.

Oui, il est vrai que je devrais repenser à m'y mettre car je manque cruellement de souplesse et si je ne fais pas plus d'effort je risquerai de la perdre.

Mes yeux se posent sur un papier blanc en forme de rectangle sur le bord de la table de chevet. Dessus un message est inscrit et en l'attrapant d'un geste furtif je lis les inscriptions et fronce les sourcils.

Ce mot... il est étrange.

Il est marqué :

Rdv demain à 14h30 à l'Hôtel Plaza Athénée. Ne soit pas en retard, nous retenons tu sais qui. :)

Mais qu'est-ce que ça signifie ?

Le bruit de la porte d'entrée interpelle mon attention, elle s'ouvre et se referme et juste après des pas retentissent. Ils se dirigent droit dans ma direction, c'est à dire, vers la chambre.

Adrien est rentré ?

Immédiatement, la porte commence à s'ouvrir dans un grincement qui coupe ma respiration et fait s'emballer mon pouls.

Qui que ce soit, il n'est plus qu'à un mètre de moi.


***


Adrien

Ce rendez-vous n'a servis à rien. Ça a été tellement un désastre que j'ai tout d'abord songé à un guet-apens puis les heures sont passées et rien n'est jamais arrivé. Que dire à part qu'en rentrant j'avais un goût amer dans la bouche. Quand je l'ai vue brusquement, assise au bord de notre lit les cheveux sur le visage et toujours aussi belle que le soir précédent. Elle était vêtue de la même robe, ce qui sans comprendre parvînt à me rassurer.

Je ne rêve pas.

Elle est vraiment là.

— Marinette, qu'est-ce que tu... Bafouillé-je en avançant vers elle les bras ouverts, prêt à la prendre dans mes bras mais elle se lève et me gifle la joue.

— Tu n'as rien à me dire à part me demander ce que je fais ici, Adrien ? Son ton est coléreux, elle bouillonne et son visage tout rouge démontre que j'ai raison de m'inquiéter. Tu m'expliques ?

Les yeux baissés et la tête toujours tournée à 180°, j'aperçois dans le creux de sa main un papier que je n'ai aucune difficulté à reconnaître. Mon cerveau tourbillonne et les neurones qu'ils possèdent assemblent les pièces du puzzle en un clin d'œil. Tout à coup tout paraît plus clair et l'énorme quiproquo qui apparaît jaillit et m'assène une deuxième gifle en pleine figure.

— C'est pas ce que tu crois, parviens-je à répondre.

Je tourne le visage vers elle et tente de prendre ses mains mais elle me pousse violemment en sourcillant.

Elle a raison d'être en colère, et sa violence est méritée.

— J'arrive pas à le croire ! Tu ne peux pas oublier ta vengeance deux secondes et penser à moi ainsi qu'au fait que j'existe ? Non mais à la fin, qui suis-je pour toi, Adrien ? Quelqu'un que tu utilises pour arriver à tes fins ou ta petite amie ? Je ne comprends plus rien à ce qu'il se passer et je n'arrive plus à te suivre non plus.

Ce qu'elle me dit me déchire le cœur mais je ne pleure pas non plus aussi idiot que ça puisse paraître j'ai une fierté et un égo qui refusent de céder à la passion.

— Tu sais que je t'aime.

— Ce n'est pas de l'amour, on ne ment pas à la personne avec qui on est quand on l'aime vraiment.

Elle croise les bras, le regard accusateur. D'un autre côté, le fait qu'elle est raison n'aide en rien à ma douloureuse envie de la prendre dans mes bras et de lui dire tout ce que j'ai sur le cœur.

— Tu m'as manqué et je n'ai pas arrêté de me faire du soucis pour toi. Peu importe ce qui t'es arrivé, sache que je suis désolé.

Une autre gifle.

— Arrête de me dire ça ! Arrête où je pars ! Est-ce que tu as au moins essayé de me chercher ? Est-ce que tu as remué ciel et terre pour me retrouver ? C'est bizarre mais je suis persuadée du contraire ! Regarde, tu rentres à moitié soul et tu oses me dire droit dans les yeux que tu m'aimes et que je t'ai manqué. Mais quelles sont les limites de tes mensonges Adrien, bon sang ? S'exclame-t-elle en criant hors d'elle, presque à se décrocher les poumons et à s'éclater les cordes vocales.

Malgré son énervement, toute sa douleur ressort à l'intérieur du timbre sombre de ses paroles, cela me fait froncer les sourcils alors que je suis poignardé en plein cœur.

Tous les muscles de mon corps sont engourdis et je suis presque incapable de bouger sans faire un mouvement lent ou avoir le tournis. Les claques de Marinette sont pour ainsi dire de vrai retour à la réalité et me permettent de dissocier la réalité de l'illusion.

J'inspire puis j'expire. Elle s'écroule sur le lit en prenant la tête dans ses mains et sans dire un mot, je m'assois à côté d'elle. Plongés dans ce un silence de plomb, après quelques minutes elle le brise en disant:

— On dirait que tu ne m'aimes pas, que je n'ai jamais compté pour toi. Pourquoi, hier soir, as-tu dit que nous n'étions pas ensemble ? Pourquoi as-tu mentis sur nous deux ?

— Je voulais te protéger. Réponds-je, la langue pâteuse et la bouche sèche. D'un coup de langue je lèche mes lèvres et efface la sècheresse qui commençait à les dévorer et les gercer.

Marinette se lève sans me répondre et ne m'attaque pas non plus comme elle avait commencé à prendre l'habitude de le faire. Juste elle sort de la chambre et part quelques instants durant lesquels je crois qu'elle ne reviendra jamais et qu'elle me quitte pour de bon.

C'est finis, alors ?

On mérite vraiment de terminer comme ça, tous les deux ?

Je sais qu'elle mérite d'être heureuse, d'avoir quelqu'un de mieux que moi dans sa vie, une personne qui la protègerait, prendrait soin d'elle.

Quelqu'un qui n'est pas moi.

Strictement tout ce qui existe sauf moi. Sauf le chien que je suis et l'énorme enflure qui lui brise le cœur à chaque fois qu'elle baisse la garde et décide de me faire confiance.

Marinette mériterait tellement que je ne fasse pas partie de sa vie, presque que j'en sorte définitivement. Mais je suis incapable de le faire par conséquent j'attends qu'elle le fasse, qu'elle dise à voix haute pour l'entendre:

« Je ne veux plus de toi, Adrien. »

Ou. « Toi et moi, c'est terminé. »

Quelques mots que je ne suis pas capable de formuler tellement je l'aime et j'ai peur de la perdre.

Répugnant, n'est-ce pas ?

Elle revient et me balance sur le lit un livre. La couverture me frappe l'esprit et mon cœur fait une pirouette en saisissant l'embarras dans lequel je suis.

Merde.

— Si nous ne pouvons plus nous faire confiance tous les deux mais que tu maintiens que nous n'en sommes pas encore là, tu vas répondre à ma question et elle est la suivante : as-tu déjà lu ce livre ?





🌪

En avance.

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