S2 : E29 "Attaque"

Marinette

— T'as peut-être mentis à Lord Agreste sur le gaz mais tu ne m'arnaqueras pas, moi. Assure Félixis fièrement, tandis que je regarde directement Adrien confuse et sous le choc.

Tu as vraiment fait ça, chaton ?

Adrien, non... dis-moi que c'est faux.

Il m'a regardé lui aussi et il n'a suffit que d'un regard tremblant et fébrile pour que je comprenne le plus lourd des messages, le plus inquiétant. Néanmoins, ce n'était qu'une question de temps avant que Félixis ne me tranche la gorge en souriant.

— C'était mon idée. Intervient Nino la mâchoire serrée, décidé à prendre toutes les responsabilités sur lui.

J'ai loupé un battement en le voyant et me suis inquiétée pour lui parce qu'il était en train de mettre sa vie en danger pour moi. Cet engouement et cette loyauté qu'ils me montraient tous si soudainement m'ont laissé muette et la poitrine en bordel.

Pfff..., soupiré-je intérieurement.

— C'est vrai ce qu'il dit ton pote, p'tit cousin ? Félixis sourit.

— Oui, approuve Adrien prudemment. Laisse la partir, elle n'a rien fait.

— Elle s'est introduite par effraction dans ma demeure, non elle n'a plus rien fait maintenant.

— Lord te tuera s'il apprend que tu as rompus l'accord.

— Seulement s'il l'apprend.

Le ton malicieux dissimule un sourire en coin dans sa voix, mon estomac se remue violemment mais je ne me tords pas de douleur et ne me penche pas non plus prête à gerber le vide de mon ventre. Dégoût et peur, j'aimerais qu'il aille voir ailleurs, qu'il puisse brûler en enfer aussi !

Nino saisit cette opportunité malaisée par la réponse de Félixis pour dire :

— Je te conseille d'obéir ou vos litres de parfum sont fichus.

— Qu'est ce qu'il raconte le petit rescapé ? Se moque Félixis.

— Plusieurs bombes sont accrochées aux réservoirs que tu as dispersé un peu partout en ville. A la moindre pression elles exploseront et seront aspirées par les minis dispositifs fournis à l'intérieur. Nino explique et le visage de Félixis se décompose au contraire de celui d'Adrien qui se gonfle de fierté.

Félixis me relâchent troublé et emprunt aux doutes, je me réfugie aussitôt dans les bras d'Adrien en serrant son corps de toutes mes forces. Lui et moi, enfin ensemble. Son parfum se propulse contre mon nez et mon visage. Je suis bercée par cette assurance qui me manquait, je suis soulagée d'un seul coup et trouve une solution à la frustration monstre qui me gonflait le cœur.

Nino tire une balle droit dans la tête de Félixis. Son corps s'écroule sur le sol. Désormais avec le bruit notre couverture est grillée mais de toute façon nous devons partir et vite.

— Ça va ? M'interroge Adrien tendrement en se penchant sur moi, je me recule un peu et lève les yeux.

Je hoche la tête et il sourit en me caressant les cheveux.

— T'es vraiment exceptionnelle, hein.

Je souris le visage devenant brûlant, surtout les joues qui je devine rapidement sont devenus roses ou rouges pivoines.

Félixis projetait de se débarrasser de Lord et peut-être qu'il a marché dans le plan d'Adrien parce qu'il avait compris quel genre de personne était son neveux. Il a choisis d'élever le mauvais petit blond et s'en est rendus compte à la dernière minute, il a voulus arranger les choses. D'après ce qu'Adrien me raconte lorsqu'on s'enfuit et tentons de retrouver la voiture, Lors est un vieille homme très loin de l'image qu'il renvoie et de la réputation qu'il traîne.

Parfois il y a des gens comme lui qui ne sont rien de ce qu'on raconte, ils sont gentils en vrai ou soit très méchant et insupportable comme la gale, des ordures. Dans ce monde de l'apparence rare sont les justes milieux et soit on choisit le bien soit on prend le mal, mais l'un comme l'autre on devient que ce qu'on est vraiment et notre décision ne résout jamais vraiment tous nos problèmes. Si on est destiné à faire le bien et à créer l'évolution qu'on veuille la détruire ou l'exterminer ne sera jamais ce qui nous correspond.

Facile ou difficile ?

A quelques mètres de la voiture, on tire un coup de feu et tout le monde s'arrête net.

— Adrien arrête-toi ! S'exclame la voix grave de Lord.

Je tourne la tête vers Adrien et le vois se retourner, je fais pareil. Nino est juste derrière nous désormais à quelques mètres, il est le plus proche de la voiture et le plus loin de Lord et de ses hommes habilités à tous les sports de combats possibles et inimaginables.

Oh la la... Dans quelle misère sommes-nous tombés ?

— Remplis ta part du marché. Ordonne calmement Lord, une arme à la main mais rivée sur le sol.

Ses hommes en arrière ne nous visent pas et n'ont pas l'air d'avoir reçue le moindre ordre de nous abattre, je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine tandis que mes mains deviennent moites.

— Je sais ce que je vous ai dit.

— Pourquoi alors tu t'en vas ?

Lord paraît triste et trahis dans le ton de sa voix et le regard avec lequel il regarde Adrien, toujours de loin il se rapproche et finit face à nous. Pourquoi n'est-il pas fou de rage ? Ou fou furieux comme à son habitude ? Pourquoi cette fois il est calme et si... triste ? J'ai pu sentir la main d'Adrien frôlée la mienne, a cause ou non du vent, peut-être était-ce de sa propre volonté de ne toucher. Je frémis en abandonnant immédiatement mon corps à ces doux et délicieux frissons qui m'envahit d'une grande vague l'entièreté du corps.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ? Interrogé-je en regardant Adrien, et j'attrape sa main dans la mienne pour qu'il se retourne face à moi.

Il baisse la tête en caressant ma main.

— Tout va bien se passer Mari, je te le promets. Il sourit tendrement mais c'est comme un énorme coup de poing dans le ventre que je ressens.

Je ne suis pas du tout rassurée parce qu'il ment, parce que ce qu'il a promis à Lord est je suis sûr à l'opposé de ce qu'il me dit à moi, et s'il s'est porté garant pour ce je crois... je vais le tuer de mes propres mains !

— Je te laisserais pas te mettre en danger ! M'exclamé-je en sourcillant.

— Et moi je ne te laisserais pas foutre ta vie en l'air ! Hurle-t-il violemment les sourcils froncés et le regard plissé. Ses traits sont tirés, si durs et si douloureux.

— Mais c'est la tienne que tu es en train de mettre en l'air ! Je rétorque sur le même ton en retirant mes mains d'un geste, agacée, trop désolée et si profondément apeurée.

— Je fais encore ce que je veux !

— Alors pourquoi ne m'as-tu pas laisser en faire de même ? T'as pris tellement de décisions à ma place que ça soit pour mon bien ou non, c'est ma vie c'est à moi d'en décider. Tu n'as pas le droit de tout faire sans me consulter et encore moins quand ça me concerne. Tu ne te mets jamais à ma place, tu ne penses qu'à toi. Et moi à la fin ? Je fais comment si je te perds ? Bon sang Adrien, mais as-tu pensé à nous ?! M'agacé-je finalement en serrant les poings, ma voix a tremblé et réveillée des larmes endormis.

Je baisse les yeux et essuie mes yeux nerveusement en inspirant le souffle court, je suis haletante et mon cœur est douloureux à chaque battement, j'aimerais lui dire tellement plus de choses mais même si c'est clairement le moment je n'en ai pas le sentiment et c'est vraiment frustrant.

La raison du cœur a bien des secrets et ne cesse d'en avoir au fil du temps où on le nourrit avec un amour pur et difficile. Une vie nous n'avons qu'une alors il est plus qu'important de ne pas perdre son temps dans des futilités et d'apprendre à aimer les choses concrètes qui apportent vraiment sur le long terme, enrichie l'avenir, ressource le présent, adoucie le passé.

Adrien soupire, je le regarde.

— On fait quoi maintenant ? Tu repars c'est ça ? Tu veux vraiment m'abandonner ? Lui lancé-je désespérée mais calme.

— Ne dit pas ça... Souffle-t-il en posant sa main sur ma joue, désolée. Tu sais que je t'aime.

Je ne réponds rien. Finalement je crois que mon cœur s'est résigné à devoir lui dire au revoir ce qui me déchire la poitrine dans tous les sens, perdre la personne avec qui on peut tout construire c'est dire adieu à l'avenir simple et beau. Bien que je sois contre de tourner la page je ne peux pas l'obliger à m'écouter et encore moins s'il m'entend, peut-être que sa priorité reste sa vengeance et je dois l'accepter. S'il m'aime vraiment il reviendra, il ne partira jamais pour toujours et finira par me revenir.

Quoiqu'il décide, je l'attendrai.

Pour toujours.

— Ne m'oublie pas, hein... Murmure-t-il en souriant les yeux brillants.

Je hoche la tête la voix perdue et la gorge nouée, et souris simplement n'ayant jamais eu besoin de faire autant d'effort pour une simple grimace. J'aimerai au fond qu'entre nous ça soit plus simple, à vivre et à mourir, mais nous sommes la difficulté en elle-même lui et moi et rien n'a jamais été plus évident qu'aujourd'hui à mon plus grand désarroi.

Son parfum autour de moi s'amuse à m'enfoncer le cœur dans la terre et sa paume contre ma joue procure une chaleur que je sais je ne reconnaîtrais plus jamais. Je me prépare à lui dire adieu, moi aussi.

— Il a besoin de moi, Mari. Ne m'en veut pas, s'il te plaît.

Je baisse la tête en essayant de ne pas exploser. Puis je me recule le forçant à me lâcher et me laisser je crois, tranquille.

— Prenez soin de lui. Vous avez gagné j'espère que vous tacherez de faire bonne usage de cette victoire. Dis-je à Lord en me retenant de lui cracher au visage.

Il incline sa tête en signe d'approbation.

— Vous pouvez compter sur moi. Je retiens une envie de vomir.

— Adrien bordel, qu'est ce que tu fous ?! S'agace Nino violemment et nous nous retournons sur lui. Il s'approche et brusque Adrien en le poussant par les épaules violemment.

Légèrement sonné mon blondinet reprend à peine ses esprits quand le métis rétorque encore plus fort :

— Elle s'est sacrifiée autant que toi, à quoi tu joues ?! Tu fais n'importe quoi pour cet homme qui t'a abandonné et qui a détruit ta famille, bordel tu te rends compte de la merde que t'es en train de faire pour un connard ?! La femme que t'aime est devant toi debout et plus forte que jamais alors qu'elle devrait être dans un lit d'hôpital en train de se reposer parce qu'elle a faillis mourir. Comment en sachant tout ce que tu sais tu peux décider de l'abandonner pour une ordure ? Ils t'ont retourné le cerveau ou quoi, t'as complètement pété un câble merde !

— Elle a fait son choix, intervient Lord.

— Toi, ta gueule. Rétorque Nino en le pointant avec son arme.

— Nino !

— Non ! Toi aussi, tu la fermes. Il secoue la tête en s'approchant dangereusement du blond, leur front finissent collés l'un contre l'autre. Tu peux pas faire ce que tu fais et croire que c'est bien.

— Tu comprends pas ce que je vis... Tente de répondre Adrien.

— Arrête de t'apitoyer sur ton sort, t'es encore plus pitoyable. Soupire Nino. Sa vie, on la choisit. Tu m'entends ?

Adrien reste silencieux. Nino se redresse.

— Si tu veux gâcher ta vie avec ce mec (il pointé du doigt Lord sans lâcher des yeux Adrien) alors perd ton temps mais je veux que tu la regardes dans les yeux avant, car si tu choisis de la laisser encore une fois j'espère pour toi que plus jamais elle ne t'acceptera dans sa vie. Parce que ce que tu fais là est impardonnable

— Il faut toujours faire preuve de modestie, Marinette ne l'oublie jamais c'est très important. Revient la voix de Fu dans ma tête comme un flash, brusquement.

J'écarquille les yeux en plongeant dans un souvenir très lointain et finalement surtout le dernier que j'ai de lui.

— La maladie va te tuer ?

— Pourquoi me poses-tu tout le temps la question ?

— Je... je sais pas, comme ça.

Je baisse la tête et les yeux honteuse. Il sourit en caressant le haut de ma tête.

— N'ai pas peur. Tu as le droit d'être effrayée, quoiqu'il arrive n'est jamais honte de tes sentiments, ce qu'on ressent nous reflète et le repousser est rejeter une partie de notre fort intérieur.

— Est-ce que c'est mauvais pour la santé ? Demandé-je de ma voix d'enfant.

Il se met à rire en reposant sa main sur ses cuisses, assis en tailleur en face de moi. Notre séance de méditation n'est pas fleurissante pour moi aujourd'hui, je n'arrive pas à me concentrer.

— J'en ai peur.

— Alors je ne veux plus le faire.

Il s'arrête de rire et me regarde tendrement avec un léger sourire tout aussi doux.

— Rien ne t'y oblige.

Je le regarde avec des paillettes dans les yeux, des étoiles dans la tête et beaucoup trop d'espoir mais je suis tellement heureuse d'avoir eu le courage de lui dire ce qui me pesait sur le cœur et l'âme. Une fois le poids passé tout est beaucoup plus léger et je me sens revivre, ce souffle de vie est un exhale exceptionnel.

Nous nous sourions.

— Il doit juste respirer le mélange et voir quelles sont les effets après il est libre, je lui ai fait la promesse de le laisser pour toujours. Indique Lord brisant le silence en me faisant revenir sur Terre.

Nino se calme et se recule, il me prend la main et commence à m'emmener avec lui en direction de la voiture. Mais si je pars sans Adrien je pense avoir perdu tout droit de dire que je l'aimais vraiment, j'ai peur de faire la plus grosse erreur de ma vie en le quittant et en le laissant abandonner. Nous avions fait la promesse de ne jamais nous quitter, de toujours être présent l'un pour l'autre, parce qu'en amour c'est ce qu'on fait.

On donne, on protège, on sauvegarde. Le plus difficile n'est pas toujours d'aimer mais de se battre pour préserver tous ceux qu'on aime de toutes ses forces, s'abandonner et s'oublier pour le bien des autres. 

On ne se rend pas compte à quel point c'est dur d'être toujours présent, de faire attention à tout, d'être vigilant et de passer sa vie à ne plus vivre. Quand le soleil se lève, la journée passe et devant nos yeux il n'y a rien de plus anodin, de plus simple et facile, pourtant à lorsque ce passage sera ancré dans nos souvenirs il restera le moment le plus crucial qu'on s'en voudra d'avoir laisser filer.

— Non, attend. Lâché-je en m'arrêtant, Nino me lâche en se retournant. Je lève lentement les yeux vers lui, la bouche sèche et la gorge nouée.

— Marinette, qu'est-ce que tu fais ?

Il doute, il craint le pire et finalement je ne peux que lui donner raison. Je crois que nous sommes arrivés au bout du tunnel et qu'on ne peut plus revenir en arrière, le destin a fermé ses portes dans le même temps où il les a ouverte.

Je me retourne toujours aussi peu sur de moi et j'avance, je m'arrête devant Adrien qui fixe le sol la tête baissée. Son visage ressemble au mien à l'époque où j'étais seule devant la tombe de mon grand-père quand la vie était celle que je détestais le plus au monde, quand les soirs je hurlais en fixant le ciel noir les larmes aux yeux que je le haïssais d'avoir pris mon grand-père. Je lui reprochais toute ma douleur, toutes mes peurs.

Mais au bout du compte, après toutes ses années, j'ai appris à pardonner, à laisser au temps ces erreurs et à avancer sur le chemin que j'avais choisis. Déménager à Paris et retrouver Adrien était ce que je voulais vraiment et être avec lui pour le restant de ma vie est ce que je veux encore. Et jamais je ne laisserais quiconque me le retirer. Si la maladie m'a condamné, son poison n'a su que me rendre plus forte.

Je souris en posant ma main sur sa joue et murmure d'une voix douce :

— Regarde-moi, Adrien.

Il lève les yeux, apeuré, son regard brille.

— Je sais que tu as peur, que tu as perdu et je n'imagine pas à quel point ça doit être dur pour toi de choisir. D'après tout ce que tu as appris a dû être très compliqué et tu as été forcé de faire des choix difficiles mais cette fois, je te demande de me laisser t'accompagner. Laisse-moi être prêt de toi quand tu ingèreras ce gaz, je ne veux pas que tu sois seul.

Je prends ses mains dans les miennes et les serres sans le quitter des yeux au cas où il craquerait. Parce que je ne veux pas qu'il s'effondre sans moi, je ne veux pas le quitter pour vivre sans lui, parce que n'importe quelle que soit la vie, s'il n'en fait pas partie je le sais, je ne serai jamais aussi heureuse. 

— On va se battre, on va y arriver. Continué-je.

— Mari... s'il te plaît, tu dois partir cette vie n'est pas pour toi, tu mérites dix fois mieux. Rétorque-t-il le cœur en émoi et le visage tordu par la douleur. Il soupire, fiévreux.

— Je ne mérite que toi. Je prends son visage entre mes mains et l'oblige à me regarder. Je t'aime, Adrien. Et cette vie est autant la mienne que la tienne, je t'en prie ne m'abandonne pas. Pas une deuxième fois...

Si parler avec Lord m'a fait comprendre que la douleur d'une trahison pousse au pire, j'ai aussi compris l'intérêt que l'amour apporte et pourquoi il est important d'avoir le courage de supporter l'autre. Émilie n'a pas reçu l'empathie qu'elle espérait éperdument et cela l'a poussé dans les bras de son garde du corps qui lui l'a aimé, lui a apporté tout cet amour qu'elle réclamait inlassablement à son père.

Adrien pose son front contre le mien en fermant les yeux et pose ses mains sur mon cou.

— Je t'aime, putain... soupire-t-il.

J'ai un soupir qui m'échappe à l'instant où un large sourire soulagé s'empare de mes lèvres et les tords douloureusement. Alors que j'enroule mes bras autour de son cou, pressant mon corps contre le sien, je ferme les yeux pour me souvenir une dernière fois de ce moment et n'en rater aucune miette, j'ai trop besoin de lui, de son parfum, de toute sa présence, mon âme a pleuré d'être loin de la sienne, ils n'imaginent pas la souffrance de notre séparation.

Ils ne l'ont pas vécus, ils ont juste su la provoquer et volontairement l'alimenter.

Ses bras se cadenassent autour de ma taille de toute leur force. Je ne pourrais pas le quitter ni jamais l'abandonner, et si la mort a des limites qu'elle vienne nous chercher, mais jamais je ne quitterais le front, je ne lèverais pas le drapeau blanc en signe de paix car il y a un temps pour tout et tout emmêler pour volontairement échapper à la vérité est juste un signe de lâcheté, un affront à la liberté, et une trahison sans nom à la confiance que j'ai en lui.

— Je t'aime... Murmuré-je tout bas, la voix si faible que je doute énormément qu'il est pu m'entendre, mais ses mots soulagent mon cœur et apaise mon âme, finalement je n'ai pas besoin de ressentir la satisfaction qu'il sache ou qu'il est pu m'entendre, tant que je l'ai dit, tant que le ciel est témoin, le reste est suffisant.

Main dans la main, nous nous dressons face à Lord sans sourciller ni vaciller, je ne nous ai jamais sentis aussi forts, confiants et en osmose que ce soir, face à ce monstre qui depuis le début nous a beaucoup fait souffrir. La mort, le sang, les tortures, toute cette violence n'a jamais su soulagé toute la peine qui résidait en chacun de nous, et je crains que la douleur que Lord a ressentis ne soit exactement la même que celle d'Adrien ou de Félixis. Ils voulaient tous compter pour quelqu'un, juste compris et loin de l'écart, être ensemble mais jamais seuls. Finalement, ils ne demandaient jamais grand chose mais c'était toujours trop pour le monde autour d'eux, et la solitude les a brisé un par un pour mieux les assembler de forces. Parfois, c'est ainsi que je préfère le destin : tragique, fatale, mortel.

Lord s'est raclé la gorge avant de s'avancer, il a sortis un petit flacon d'un étrange liquide bleu fluorescent et la tendus à Adrien. Je l'ai regardé, méfiante mais aussi attentive, il s'est contenté de fixer son petit fils alors qu'il récupérait dans sa main la fiole. Les sourcils froncés Adrien lui a demandé :

— J'avais fait une promesse.

— Plus rien ne t'oblige à présent.

Nous le regardons tous surpris par sa répartie qui laisse sans unanimité tout le monde sous le choc. Lord a toujours fait preuve d'une froideur et d'absence de sentimentalisme qu'à la fin j'ai cru qu'il n'en possédait plus.

— Pourquoi ? Adrien sourcil.

— Je ne veux plus entaché ton bonheur, je pense que je suis trop vieux pour continuer ça. Si ta seule chance d'être heureux est avec cette femme tu n'as pas besoin de ce gaz. Ta vraie nature est quand elle est prêt de toi.

Il soupire visiblement épuisé. C'est vrai qu'on oublie mais Lord n'est plus en bonne forme et la vieillesse ride son visage. Cet homme a vécu et les cernes sous ses yeux démontrent à quel point il l'a fait. Le visage d'Adrien s'adoucît, celui de chaque de nous de même.

— Je suis malade Adrien, je vais bientôt mourir.

Il sourit. Un sourire triste mais en paix, il se révèle, se dévête et reste nu, dans sa nature la plus simple et la plus vulnérable il redevient un homme simple et mortel.

L'étonnement passe accompagné d'un ange.

J'ai essayé de refouler ma peine, ma surprise et surtout mon désarroi mais la balle qu'à pris Adrien en plein cœur je l'ai sentis se loger dans ma poitrine et se bloquer entre mes cottes. La famille et le lien du sang, il n'existe rien de plus important ni de plus précieux au monde qu'eux. Alors, je saisis, je compatis et je décide de souffrir.

Adrien fait un pas vers Lord, l'atmosphère se compresse autour d'eux en nous relâchant tous. Un lasso dont l'étau se resserre les rend prisonnier des sentiments, des souvenirs et des conséquences. Certaines habitudes ont pour seul objectif de rester les mêmes pour l'éternité. Celle de haïr, de refuser de pardonner, celle de détruire en font toutes parties. Et ça, je pense qu'un soir tard dans la nuit mon esprit y a cédé. Afin de pouvoir laisser mon grand-père partir en paix, pour soulager mon âme de ce fardeau de le retenir, de le torturer infiniment avec mes regrets et mes remords.

On converse le caractère avec le sang et on le détruit avec le temps, c'est ainsi qu'on crée une dynastie et que nous forgeons le monde, par des sacrifices, des bouleversements et des prises de conscience.

— Vous n'avez jamais été un monstre, je suis désolé de l'avoir cru. Au fond, vous aussi vous avez un cœur, hein ?

— En acier, mon garçon. Affirme Lord.

Mais sa voix laisse à mon plus grand étonnement échapper un rictus.

Incroyable.

— Peut-être juste en pierre. Admet Adrien en hochant les épaules. Il pose sa main sur l'épaule de Lord.

Lord, son grand-père.

— Adrien, je te demande de me pardonner pour tout ce que j'ai fait, tu n'as jamais rien fait pour mériter tout ça. J'ai volontairement détruit ta vie par orgueil, je n'ai aucune excuse ce que je t'ai fait est impardonnable.

Adrien reste silencieux et le vent remplace sa parole par une braise, mes cheveux sont balayés en travers de mon visage mais mes yeux ne les quittent pas, incapable de les lâcher je suis intimement persuadée pourtant que je le devrais. Puis, d'un coup, violemment Adrien se retourne et jette aussi loin que possible la petite fiole. Dans la direction des hautes broussailles on entend les morceaux de verres se briser. Nos problèmes meurent dans l'éclat et se mélangent au dioxyde de carbone, enfin ils volent en morceaux. Pour terminer, les particules se chargent d'éliminer le gaz.

Adrien se retourne et lui et Lord se serrent soudain l'un contre l'autre, enfin unis, sans distance. Un vrai câlin. Je souris en les regardant se retrouver pour ne plus se quitter, cette étreinte qui désormais leur appartient pour toujours scelle enfin la paix entre eux. Adrien va enfin pouvoir être libre de choisir sa vie, il va avoir le droit de vivre comme il l'entend et ne sera plus jamais soumis à sa haine ni à sa rage. C'est la meilleure chose qu'ils puissent leur arrivée à tous les deux.

La guerre est désormais terminée, la vie va reprendre et nous tâcheront pour ne rien oublier -jamais- de tout écrire dans un cahier. Si mes attentes ne sont pas trop grandes, je n'hésiterais pas à raconter notre récit aux prochaines générations qui les raconteront à leur tour aux leurs etc...

Tout ça pour l'éternité.

Adrien recule.

— Je vous accompagnerai jusqu'à la fin, je ne vous abandonnerai pas.

Je profite pour avancer et me poster à ses côtés, je lies ses doigts aux miens et le fait tourner la tête pour me regarder. Je souris en hochant la tête puis regarde Lord.

— Vous n'avez pas à vous inquiéter, nous ferons notre maximum. Assuré-je à Lord, il incline son visage très discret pour me remercier.

Empli de reconnaissance, nous nous dévorons des yeux une longue minute.

Eh oui... je pardonne mais je le fais pour Adrien, seulement pour lui.

Lord le sait.


F I N






🌹🌞🌹

Bonsoir

J'ai voulus retarder l'arrivée de ce dernier chapitre en rallongeant et ajoutant d'autres parties.

Je pense que j'ai eu peur de vous dire au revoir à cause du peu d'engouement pour ce livre.

Elle était nulle ?

Qu'est-ce qu'elle avait de moins que les autres pour ne plus recevoir de réactions de votre part dans les commentaires ni dans les votes ?

J'ai dû loupé le coche quelque part, peut-être que c'est juste autre chose. Mais si jamais ça ne vous a juste pas plu, je m'en excuse. De même si certains(es) se sont sentis trahis.

Je me rattraperai.

Merci pour votre lecture, votre suivis. Vous m'apporter énormément malgré la difficulté et le temps mal géré, ainsi que les fautes et les incohérences.

Rendez-vous pour l'épilogue demain ! ❤️

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