S2 : E26 "Trop tard"

Marinette

La réalité c'est que déjà toute petite j'aimais rêver du quotidien parfait en tant qu'adulte, femme libre, et jeune fille indépendante. Et j'ai compris la valeur de ma vie en assistant à la fin de celle de mon grand-père, le jour où son cœur s'est arrêté pour toujours une partie de mon âme s'est envolé avec lui. Mais de toutes les illusions et films dans lesquels je me berçais jour et nuit être ici n'en avait jamais fait partie. Avec Nino blessé dans les bras, quatre hommes armés devant nous et une explosion chaotique prête à raser toute la ville.

Comment aurais-je pu prédire tout cela ?

Je suis tombée amoureuse d'un garçon addict à l'adrénaline et obsédé par sa vengeance, prêt à faire n'importe quoi. Maintenant je le sais bien, j'ai accepté d'être emportée dans la tornade, le cœur et l'esprit coordonnés. J'étais sur qu'on choisissait toujours à qui on offrait son cœur parce que l'idée d'être impuissant devant la perte du plus grand et beau joyeux me dépassait, je m'agaçais de me dire que j'aurais pu, un jour, tomber sur n'importe quoi de façon stupide.

— Vous devez me promettre de nous laissez partir sans faire de vague si je dis oui. A demandé de lui promettre Adrien le ton ferme, torse bombé.

Adrien et Lord Agreste se tuent des yeux prêts à se sauter à la gorge au moindre mouvement et je suis prête à parier tout l'or du monde qu'Adrien a déjà pensé à la manière dont il s'y prendra pour enterrer le corps encore chaud qu'il viendra d'abattre brutalement.

— Mauvaise réponse, Adrien. Répond Lord. Il recroqueville ses doigts sur l'arme et resserre sa poigne. Il semble alors plus déterminé que jamais à tirer lorsque un sourire retrousse ses lèvres.

Il s'apprête à tirer.

J'écarquille les yeux. Le temps ralentit et tout se passe très vite.

— Sauve-le Mari... Murmure Nino très affaiblie, je relève les yeux et partage son regard.

Il a du comprendre que je tremblais de peur terrorisée par l'idée de perdre Adrien. L'amour infini de mon existence. J'étais prête à tout pour cet homme qui ces derniers temps ne s'était occupé plus que de lui que de moi. Mais je pardonnais Adrien pour son égoïsme car je savais qu'il m'aimait plus que tout lui-aussi. Et je suis rassurée de ne pas être incomprise, Nino est tombé amoureux au premier regard de son premier amour, comme moi, alors je n'ai pas de craintes quant à s'il sait ou non ce qui m'assaille la tête et me mutile les entrailles.

Quand il l'a contemplait, l'aimait et la protégeait, Nino aimait Alya au moins autant que j'aimais Adrien. Il possédait la souffrance, la peine, l'envie permanente et incandescente de toujours vouloir être auprès d'elle, et plus encore. Nous connaissions ce sentiment aussi bien que nous-mêmes. Tous les deux ils fondaient l'amour sain, doux et ample, notre contraire. Après les disputes, je me suis doutée que nous étions au moins eros. L'amour physique, érotique et qui devenait toxique lorsque la flamme brûlait trop fort. Mais chacun à sa façon la plus belle d'aimer, et je pense qu'un jour où nous sommes obligés de le prouver.

Je hoche la tête et soudain je me retourne en le lâchant, je pousse mes mains contre le corps d'Adrien, et je le pousse violemment à l'écart de la balle de Lord. Lord et moi échangeons un regard, il tire au moment ou je remplace et protège Adrien. Nino s'empresse d'attraper l'arme d'un des gardes et tire sur le second.

Une violente douleur me tiraille le ventre, le perce, le troue, l'arrache, la douleur me scie les pieds au sol et me vide de toute mon énergie. J'ai envie de crier, mais lorsque j'ouvre la bouche pour hurler seul un souffle en sort. Mon corps s'effondre sur le sol sous les cris d'Adrien et les coups de feux.

— Marinette ! S'écrie Adrien en s'effondrant devant moi, il pose ma tête sur ses jambes.

Les yeux mi-clos j'ai vue ses yeux se mettre à briller et ai resongé à cette époque où je hurlais de douleur alors qu'Adrien venait de prendre le premier vol pour Paris.

Tu avais promis que tu ne partirais pas.

Tu avais promis que tu ne me quitterais jamais.

Pourquoi disais-tu que tu m'aimais si c'est pour m'abandonner ?

— Princesse reste avec moi, garde les yeux ouverts ça va aller surtout ne t'endors pas. Fait Adrien en s'efforçant de me secouer.

Hélas, je n'ai plus la force de dire quoique ce soit parce qu'après tout ce temps je me suis battue corps et âme avec tout mon cœur contre Félixis et Lord pour résister à la tentation de succomber à la mort. Maintenant voilà que je me retrouve à devoir combattre la vie avec le peu de force qu'il me reste et surtout, prise au piège avec les sentiments et les pensées qui brillent dans mon cerveau impossible à raisonner.

Malgré le danger j'ai décidé d'ignorer les mises en gardes d'Adrien et suis tombée tête baissée dans le piège qu'on me tendait.

Adrien a toujours tout fait pour me protéger envers les larmes et contre le sang.

Je me rends compte que je l'aime tellement.

— Adrien ! Alerte Nino.

— Je vais devoir te laisser mais je vais revenir alors continue de te battre. N'oublie pas que je t'aime. Ajoute-t-il en déposant un doux baiser sur mon front.

Je ferme les yeux, et dans ma tête je souris de bonheur mais aussi de soulagement parce que son baiser est comme une réponse à ma plus grande question.

Je m'étais toujours demandé pourquoi Adrien me cachait tant de chose. Etais-ce par manque de confiance en moi ? De volonté ?

En réalité il avait fait tout ça... Par amour. Ce lot de sacrifices était le dernier alors quoiqu'il arrive l'histoire prendrait fin ce soir mais ça me rassurait d'une manière étrange.

Finalement, je me suis rendus compte le cœur réchauffé que j'avais fait une erreur et bizarrement je n'ai ressentis qu'un profond soulagement, enfin libérée de ce poids.

Adrien s'est relevé après avoir lentement reposer ma tête sur le sol, le vide de sa présence s'est fait ressentir autour de moi. Et je crois bien qu'en fermant les yeux et plongeant dans le noir une larme a coulé de mon œil.

*

Adrien

— Comment as-tu pu la toucher, grosse merde ?!

J'envoie un gros coup de poing dans sa figure et sa tête valse sur le côté. Nous commençons à nous battre et je fais de mon mieux pour lui faire le plus de mal possible.

L'un face à l'autre en train de lutter pour que le premier qui craque finisse tabasser et à sang au sol. Des coups de feux sont échangés tandis que Nino combat les gardes et Félixis.

— Ton père était faible, ta mère aurait pu choisir mieux, elle avait l'embarras du choix !

— Le père qu'elle a eu n'était pas un exemple !

Il cogne sa tête contre mon nez violemment. Je perds l'équilibre en reculant. La douleur qui tiraille mon nez est insupportable, tous mes sens sont perdus et agresser de part et d'autre. Lord en profite et tire dans ma jambe, je grogne en serrant les dents afin de retenir un hurlement et frappe dans sa main. Son arme valse et glisse sur le sol plus loin.

— Tu n'as jamais été père, espèce de petit con ! Tu ne connais pas la difficulté d'élever un enfant, tu ignores les sacrifices qu'il faut mettre en place pour son bien. Renchérit-il en colère.

J'ai une main posée sur mon genou en sang, le liquide pourpre se met à couler comme les chûtes du Niagara. Mon corps se vidait de son énergie et je sentais mes forces disparaître, mes os étaient désormais aussi fragiles que du verre.

Lui et moi nous regardons dans le blanc des yeux.

Rage. Désespoir.

Soif de vengeance.

Ma mère pleurait la nuit quand elle sentait le sol se dérober sous ses pieds et le jour elle gardait la tête froide pour ne pas m'inquiéter. Elle a livré son corps et son âme à mon éducation, à mon bien et à ma protection. Tout ce qu'elle a fait, on ne l'a jamais fait pour elle. Et je me suis enfui lâchement, l'abandonnant pour la venger.

— Pourquoi m'avoir privé de mon père toutes ses années ?! Pourquoi m'avoir arraché la chance d'être heureux et d'avoir une famille unie, hein ?! Parce que vos affaires comptaient plus à vos yeux que votre propre famille c'est ça ?! Rétorqué-je brutalement.

— Pas du tout. Réfute-t-il en secouant négativement la tête.

Moi aussi je pensais que je ne deviendrais jamais comme lui mais en voyant Marinette sacrifiée sa vie pour moi j'ai compris que nous n'avions plus grand chose de différent. Il a mis la vie de sa fille à prix et j'en ai fait de même pour celle que j'aime et celles de nos amis.

Je ne vaux pas mieux que lui.

— Emily a refusé de participer au projet XL -396 et a menacé de tout raconter. Évidemment personne ne l'aurait cru mais elle avait des preuves... C'était ma fille qui me trahissait deux fois. Impossible a laisser passer. Rajoute-t-il la mâchoire serrée.

— La famille est le sang, et le sang dans nos gènes représente ce que nous sommes. Tuez un membre de votre famille et vous tuez une partie de vous.

Il esquisse un sourire et s'approche mais je ne recule pas et le jauge du regard de la plus froide des façons.

— T'as raison et je ne t'ai pas tué. Acquiesce-t-il calmement.

Je ne t'ai pas tué.

Pas tué...

Pas tué...

Pas. Tué.

— Depuis le début votre plan est de gagner du temps... ! Réalisé-je, mes yeux s'arrondissent lentement de stupeur lorsque la vérité me frappe et me fracasse le cerveau contre ma boîte crânienne.

Il se met à applaudir faisant cesser tout mouvement et instaurer d'un coup un silence sordide, inquiétant et trop loin d'un calme pur.

— Bravo, Adrien ! Quelle perspicacité.

Lentement, je tourne la tête puis observe tous les tonneaux bleus fluorescents avant de saisir exactement l'embrouille dans laquelle je suis enterré corps et âmes.

Les fins heureuses ne sont pas pour nous. Elles ne le seront jamais et nous le savions depuis le début, n'est-ce pas ?

Je suis désolé, Marinette.

— Je vous propose un marché. Lancé-je en serrant les poings et braquant mon regard acéré sur lui.

— Tu crois être en mesure de me proposer quoique ce soit ? Répond Lord avec amusement.

— Laisse-les partir et je me joins à vous. Dis-je fermement, les traits du visage contractés.

Il s'interrompt en perdant son sourire. Mon cœur bat la chamade, le silence s'enlace autour de mon cou, près à tordre et trancher ma jugulaire. Si j'avais su que c'était dangereux je ne me doutais pas que je perdrais vraiment tout pour de bon. Parfois, je sais qu'il faut se scarifier pour les autres. Pour nous-mêmes aussi. Et c'est difficile de se dire qu'on coupe volontairement nos racines pour le bien de la plante.

Je veux qu'elle vive, qu'elle soit heureuse et ait la chance de connaître le vrai bonheur.

Cette vie que je suis prêt à lui offrir n'est qu'un lot de consolation, des débris et des cendres. Et je n'ai jamais voulus que mon passé empiète et détruise la vie des autres.

J'ai commencé seul.

Je terminerai seul.

C'était ce qui était convenus.

Lord sourit.

— Marché conclus.

J'ai immédiatement entendu la voix désespérée de Nino s'opposer, il m'appelait en donnant de grands gestes pour échapper au garde et à Félixis qui tenaient fermement ses épaules et ses bras. Ils le maitrisèrent sans apaiser sa hargne et ses hurlements.

Je m'écarte en soupirant, et je baisse la tête pour réfléchir.

— Prend Marinette et emmène-la d'urgence à l'hôpital, elle a besoin de soins. Je déclare en me tournant enfin face à lui, je le défis des yeux.

— Adrien ne fait pas ça ! Il s'entête plus triste que jamais, les yeux tremblants criant à l'aide. Tu ne peux pas t'allier avec eux, c'est de la folie.

Alors pour le raisonner j'ai fais deux pas vers lui et ai posé ma main sur son épaule droite.

— Prend soin d'elle, ok ?

J'ai confiance en lui et Alya ils feront attention et veillerons sur elle. De toute façon qu'il le veuille ou non pour moi il était trop tard et je refusais de les voir couler avec moi. Je n'avais jamais été un très bon meilleur ami mais il n'était pas trop tard pour se rattraper, je pouvais encore rembourser ma dette et lui rendre tout ce qu'il avait fait pour moi.

— C'est à toi de le faire pas à moi. Rétorque-t-il sec, la mâchoire serrée et la gorge nouée je le vois déglutir les larmes aux yeux.

Je savais qu'il avait raison.

Nino avait toujours fait attention à rester fort quoiqu'il arrive et dans n'importe quelle situation il gardait la tête plus froide que moi. Tandis que je brûlais et m'enflammais à la moindre étincelle lui gelait et éteignait les brasiers. Il congelait mes incendies.

Il allait me manquer.

— Promets-le moi. Asséné-je en enfonçant mon regard dans le sien.

Il m'avait dévisagé avant d'acquiescer d'un fin hochement de tête presque invisible, je l'ai pris dans mes bras set il a pu me répondre quand ils l'ont lâché pour nous laisser nous dire adieu.

Il a été mon meilleur ami loyal et franc pendant si longtemps... Je suis heureux d'avoir eu la chance de le rencontrer.

— Merci... Soupiré-je.

— Fait attention à toi, mec.

J'ai le souvenir du jour ou nous nous sommes revus pour la première fois après des années sous silence et de la manière dont il m'a assommé juste avant qu'on débarque ici pour m'expliquer la vérité.

Nino est le vrai ami que j'avais demandé au ciel pour la Saint Nicolas.

— Tu sais bien que je serai toujours de ton côté quoique tu fasses.

C'est là qu'il m'a expliqué tout ce qui me manquait sur le projet XL-396. J'ai appris qu'il avait infiltré l'organisation pour protéger sa famille au tout début puis il avait saisis le souci au niveau de Paris. Quand il a appris que Lord était mon grand-père il s'est glissé en tête de l'espionner pour moi. Depuis le début, il était la taupe qui renseignait mes associés.

Sans lui je n'aurais jamais pu enquêter, par conséquent je n'aurais jamais obtenue vengeance.

Mais je l'ignorais, et maintenant je pouvais échanger sa vie contre la mienne mais je ne le faisais pas par reconnaissance mais en gage de mon amitié. J'ai pensé qu'il n'existait par meilleur cadeau d'amour et d'amitié...

Je t'oublierai jamais, mec.

Merci.

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