S2 : E21 "Provocation"

Marinette

Depuis que Félixis a raccroché avec Adrien, il s'est contenté de s'asseoir sur un fauteuil en face de moi et a pris un journal qui traînait sur la table basse posée à sa gauche. Puis il a lu, tout simplement, sans me jeter un regard, m'ignorant royalement.

Connard.

Pour ma part, je suis restée immobile en train de le fusiller du regard et lorsque j'en ai eu assez, j'ai soupiré, faisant dans ma tête un petit résumé des événements. J'ai cherché des solutions pendant des heures mais n'ai jamais rien trouvé. Alors, soit je suis stupide, soit tout est vraiment terminé.

Je suis ligotée à une chaise, chevilles et poignets et pas loin de celui qui m'ôtera la vie dans peu de temps. Au fond, je crois que je commence à me resigner que mon heure a sonné et ne suis pas aussi terrorisée ni triste que je l'ai toujours cru. Et le plus surprenant est sûrement que je ne pleure pas. Comment ça aucune larme ne dévale sur mes joues? Depuis quand suis-je aussi forte pour supporter tout ça ?

Mais même si je suis morte de peur je ne reviendrais pas sur ce que j'ai dit à Adrien, j'étais trop honnête pour ça, trop déterminée à l'inciter à m'écouter. Et puis, j'ai entendue ses hurlements quand il...

Je t'aime ! Je t'aime !

A cet instant, j'ai eu le cœur brisé. Chaque morceaux m'a entraîné vers le fond, je me suis transformée en chamallow, complètement ramollie par le chagrin. D'ailleurs, j'ai faillis tomber de ma chaise ! C'est pas hyper surprenant et improbable ? Faut pas oublier qu'ils ont liés mes chevilles et mes poignets tellement fort que si je tente de défaire les cordes, j'irrite ma peau de la plus affreuse des façons. Pour avoir essayée, je pèse mes mots. La souffrance m'ayant forcée a injurier en leur nom dans tous le sens.

Mais dans ma tête, évidemment.

Être déçue par mon manque de résistance à la douleur fut l'instant suivant ce qui me paralysa les os. J'en perdis le fil de mes pensées et celui du temps. Pour finalement me demander : Pourquoi il ne se débarrasse de moi une bonne fois pour toute ?

Qu'on en finisse, putain.

Vous perdez votre temps, Adrien ne tombera jamais dans votre piège et il ne viendra jamais non plus ! Aboyé-je les sourcils froncés. Il va vous détruire, Adrien est tellement fort qu'il vous aura tous. Alors tuez-moi et vous signez votre arrêt de...

BAM.

Le coup a été si violent, si sec, que j'ai eu juste le temps de ressentir la vive douleur fourmiller sur ma joue avant de réaliser exactement qu'il venait de me gifler. Ma tête avait fait un cent quatre-vingt degrés. C'était la première fois que quelqu'un me frappait. Ni mes parents, ni Adrien, n'avaient jamais levé la main sur moi. J'étais complément abasourdie.

Qu'est-ce qu'il... Comment est-ce possible ?

Félixis se racle la gorge puis il replie son journal et le pose calmement sur la table basse. Sa sérénité m'aurait fait frémir si je n'étais en train de creuser l'intérieur de ma joue pour retenir les larmes perlant au coin de mes yeux.

Il est complément malade, et je suis enfermée dans ce salon, seule avec lui...

— Ici, tu es ma prisonnière et je déteste les impolis dans ton genre. Il ne me semble pas t'avoir donner le droit de parler. Explique-t-il, sans animosité. Alors, tu la fermes. Crache-t-il sec, la mâchoire serrée, le regard brûlant et dur.

Toujours en état de choc mais déterminée à me défendre de toutes mes forces, j'exhale l'air de mes poumons la tête rivée en direction du sol. Mon âme reprend son souffle et son courage s'exhume entre mes muscles. Je réalise que j'ai encore besoin de quelques minutes pour reprendre mes esprits et pendant que je dissipe le chaos qui noie mon cerveau sous une eau noirâtre, Félixis en profite pour poursuivre ses menaces.

— A ta place, je prierai pour que ton petit copain se pointe, car tu n'imagines pas à quel point une mort lente est une mort infernale. Surtout, quand j'en suis le bourreau.

Il se met à esquisser un sourire diabolique qui me glace le sang. Les yeux plongés fixement sur les siens, le sol s'ouvre sous mes pieds et m'engloutis. La noirceur calée dans le fond de ses iris brille de milles et un danger. Il est terrifiant et bien qu'il soit beau avec ses cheveux blonds et ses grand yeux verts, son apparence n'est rien par rapport au charme d'Adrien.

Félixis représente l'obscurité, le sang. Il est le mal incarné. Tout le contraire d'Adrien qui désigne la lumière, qui grâce à son visage illumine n'importe quel endroit. Peu importe à quel point je vais mourir dans d'atroce souffrance, en regardant Félixis comme je le fais, je m'aperçois que pour Adrien, c'est ridiculement faible. Presque honteux. 

En étirant un sourire en coin, je sens un liquide amer et au goût métallique se verser dans ma bouche. Je ravale ma salive difficilement et riposte, à mes risques et péril de terminer par baigner dans un bain pourpre de mon sang.

— De toute façon, si tu voulais me tuer tu l'aurais déjà fait depuis longtemps. Alors qu'est-ce que tu me veux ?

— Tu te trompes.

— Non, j'ai raison. Et tu m'as frappé parce que tu le sais ! M'exclamé-je mais sa main relance, elle claque contre ma joue une deuxième fois et s'en échappe un assourdissant bruit aiguë. Cette fois, le coup était plus fort et en terme d'intensité il grimpe crescendo.

Bon sang... le salaud !

La prochaine me renversera de ma chaise et emportera mon corps tout entier dans sa chute. Peut-être que je me froisserai un muscle à cause de l'impact ?

Félixis lâche un grognement entre ses lèvres, sa dentition parfaite et éclatante apparaît une fraction de seconde. En colère, il secoue d'un geste sec sa main.

Est-ce qu'il est essoufflé ? Pourquoi son visage exprime une souffrance qu'il...

Plongée dans mon mutisme, je ne révèle pas la splendeur de ma découverte et elle me file soudain le vertige. Néanmoins, en mon fort intérieur je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux. Submergée mon corps se fige par le scandale qui frappe mon esprit, interdit.

Il s'est trahis.

Et je n'ai rien eu à faire.

En train de nager dans les flots houleux de mon imagination, je redresse ma tête devenus aussi lourde qu'un boulet à canon. Ma lèvre était déjà ouverte mais la plaie s'élargit lorsque je serre fermement la mâchoire.

— C'est tout ce que tu peux donner ?

Et je crache une molaire de sang à ses pieds. Quelques mèches de cheveux me tombent sur le visage. Je suis décoiffée, bientôt défigurée, mais je gagne du temps...

Et c'est le plus important.

— Quel bourreau en carton tu fais ! Ajouté-je aussitôt pour le motiver à recommencer.

Le coup part et trouve sa cible aussitôt.

Il enfonce son poing dans mon ventre. Ma peau devient brûlante, la sensation est insoutenable, on me déchirait les intestins. Pourquoi mes tripes se broyaient-ils aussi forts ?!

Malgré mon agonie et celui si prompteur de mon corps, sous la pluie de coups qui déferlent à une vitesse éclaire sur mes bras, mes jambes, mon torse, mon esprit s'arme d'un optimisme d'une jalouse rage.

Il ne faut pas perdre espoir, surtout pas...

Ou tout est perdue.

Derrière son masque incassable et gelé, j'ai le malheur de reconnaître la souffrance qui n'est qu'une partie immergée de l'iceberg. La douleur dispersée en multiple morceaux remonte dans ma gorge, consolide un noeud et plante son clou. Quand j'étais plus petite, j'essayais de m'ouvrir au monde et recevais toujours un très mauvais accueil. A chaque tentative, j'échouais toujours plus lamentable et j'avais toujours crue être la seule contre qui le destin se rebellait, et s'entêtait à mener la vie dure.

En regardant Félixis, j'ai reconnus mon erreur.

— T-Tu n'es qu'un lâche, bafouillé-je de mi-voix. Une ordure. Craché-je sèchement en le jaugeant du regard.

Ses yeux s'arrondissent par la stupeur.

Aujourd'hui, j'apprends à mes dépends que sans personne aussi on peut aussi avoir les pires problèmes du monde...

Sans Adrien, je combats un homme dix fois plus imposant que moi, beaucoup plus fort et dangereux qui ne va pas hésiter à me refaire le portrait. Finalement, je m'aperçois que j'ai les pieds enfoncés dans les sables houleux des Enfers sans me rappeler comment j'ai fait pour m'y trouver.

Quelques fois, le travail s'enclenche seul et se déroule dans l'ombre et l'anonymat le plus total...









🔥

Nous nous rapprochons de la fin de l'histoire, l'aventure d'Adrien et Marinette est bientôt terminée. Ces derniers temps je suis active sur Instagram et poste régulièrement des extraits et des sondages, n'hésitez pas à me rejoindre ! @Compltmntfolle ☀️

Je vous dis à dimanche prochain pour le prochain chapitre. ❤️

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