S2 : E17 "Le dîner"

On continue le livre sans plan. C'est bon. Prête ?

Bonne lecture à tous ! ♥️

🦢

Marinette

Qui doit se retrouver se retrouvera.

Adrien m'ouvre la portière et je sors de la voiture sans lui décocher un sourire malicieux. Notre réconciliation m'a permise de retrouver un semblant de calme dont j'use et abuse jusqu'à la dernière goutte. Et je me sens légère, dépourvue de remords, de regrets... Et c'est si bon d'être heureux.

Pour une fois.

Pour une des rares fois.

Après tous ses combats qui n'en finissent jamais plus, toute cette souffrance qui s'acharne sur nos dépouilles alors que nous expions notre dernier souffle.

L'exhale.

C'est ça qui détermine quand, nous avons terminé de vivre ou non.

Me sens pête à affronter le monde entier et confronter désormais le plus terrifiant, mais le meilleur c'est que je ne suis plus aussi apeurée qu'avant. Je me dis qu'avec Adrien à mes côtés tout est possible, et plus encore temps qu'il reste près de moi et ne m'abandonne jamais.

Je me suis rarement sentis aussi bien dans ma peau, dans ma tête.

— Merci, monsieur. Souris-je près de ses lèvres en enroulant mes bras autour de son cou.

Il sourit, je pose mes lèvres sur les siennes un court instant et dépose un baiser doux et court. Adrien passe ses mains dans le creux de mes reins et colle fermement mon corps contre le sien. Son parfum s'échappe de part et d'autre et m'enveloppe dans un cocon rassurant et bouleversant. Lorsque les pigments de son parfum entrent en collision avec le sien, ils se mélangent et crée une nouvelle pigmentation qui sent divinement bon.

C'est tout nous. C'est notre création, le fruit de notre union. Et pour être honnête, je suis déjà follement amoureuse.

— On y va ? Demande-t-il après avoir embrassé furtivement mon front.

— Oui, en plus on est à l'heure, Alya va être surprise ! Souris-je tandis qu'il ferme la portière et verrouille la voiture en appuyant sur la clef.

Nous marchons main dans la main jusqu'à l'entrée. Mon cœur est léger et mon sourire facile. Je dois avoir bonne mine car quand nous pénétrons à l'intérieur de la brasserie, un serveur nous accueille et me sourit de son plus beau sourire. D'habitude, enfin surtout ces derniers jours, j'avais la mine d'un fantôme et personne ne me souriait. Je devais faire peur et avoir une tête affreuse. Mais pour être honnête, je n'étais pas vraiment à mon meilleur jour avec les journées abominables que je vivais.

— Suivez-moi, nous indique le jeune serveur et j'hoche la tête. La main d'Adrien se resserre autour de la mienne et je tourne la tête pour le regarder, interloquée. Je le surprends soudain en train de dévisager d'un œil meurtrir le garçon qui nous conduit jusqu'à la table que nous avons réservé.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Je lui chuchote en n'approchant de lui.

— Rien. Répond-il froidement.

— Pourquoi tu le regardes comme ça ?

— Pour rien. C'est juste un connard, tu devrais pas lui sourire, princesse. N'oublie pas à qui tu es.

— Hm... plutôt avec qui je suis. Réponds-je d'un ton malicieux en lui offrant mon plus beau clin d'œil. Je tire la langue et il retrouve son sourire.

La tension redescend et c'est mon cœur qui s'apaise dans ma poitrine. Je n'aime pas quand Adrien n'est pas heureux ou juste en colère. Il est tendus et pas du tout lui-même. Pour notre dîner ce n'est pas du tout ce qu'il lui faut, il doit être le plus alaise possible afin que tout se passe au mieux. Le but est qu'il retrouve son meilleur ami, pas qu'il fasse la tête ni qu'il se mette à étriper le serveur.

Nous atteignons la table et retrouvons Nino et Alya déjà installés. Ils se lèvent en nous voyant et le serveur nous abandonne non sans me jeter un coup d'œil. Adrien heureusement pour moi, n'a rien vue et se contente de fixer son meilleur ami qu'il n'a plus vue depuis longtemps. Tandis mes yeux sont tournés sur lui, j'essaye d'analyser son visage ne craignant qu'il ne se sente pas bien.

Adrien fait des efforts dont j'ai conscience et pour lesquels je suis reconnaissante. Mais par malheur, la peine qui le couvre de baiser brille sous ses yeux faisant de ses paillettes de tendres larmes ruisselantes et transparentes.

Une douleur invisible.

Et pourtant si dangereuse.

On n'est pas tout le temps obligé de faire semblant d'aller bien, ou d'aller mal. La chance est suffisante, je l'a saisis.

Pour une fois.

Alya est la première à prendre la parole parmi nous tous. Tout en se penchant sur mon visage, elle pose deux bisous sur chacune de mes joues en me complimentant :

— Tu es superbe !

— Merci, toi aussi. Réponds-je en souriant.

Furtivement, je lance un regard à Adrien et nos yeux se capturent, s'enlacent et ses doigts emmêlés aux miens se resserrent si fort.

Mon cœur fait une galipette qui manque de lui coûter la vie quant à mon estomac il est pris d'un malaise qui lui coupe le souffle.

La terreur et l'angoisse sont d'une virtuosité sans nom. La folie trainant au loin lance un éclair accompagné de son plus beau malicieux sourire.

— Asseyez-vous, n'ayez pas peur. Sourit-elle après avoir dit bonjour à Adrien.

Nino se penche au-dessus de la table et me fait lui aussi la bise mais il se contente de serrer la main d'Adrien. Les deux garçons s'échangent un regard que je m'empresse d'observer avec intérêt, analysant malgré moi chaque détail.

Il y a quelque chose qui s'amuse à me chiffonner contrairement à ce que j'accepte de montrer et si le manque de mot ne me monte pas à l'esprit alors, je reste persuadée que quelque chose cloche.

C'est frustrant de ne pas savoir lorsqu'une chose nous dérange. Accablant d'être impuissante pour le régler. Délirant d'avoir envie de s'acharner dessus alors qu'on pourrait simplement l'ignorer.

La minute qui suit est celle ou nous nous installons sur nos chaises. Adrien en face de Nino et moi d'Alya.  La petite table de quatre me paraît étroite et rompt mon souffle, le dérobe et enfin l'écrase comme un insecte dans sa main.

Sous la table, Adrien resserre vivement ses doigts aux miens me faisant tourner la tête vers lui et rencontrer le vert étincelant de peur de ses prunelles en feu. Après lui avoir décocher un tendre sourire dans l'espoir de rassurer la moindre de ses craintes, il finit par s'apaiser et relâche ma main.

Sans pouvoir m'en empêcher, je m'agace de le voir dans cet état, complètement impuissante.

Ma main termine sur sa cuisse lorsque je remarque ses tremblements incessants.

Terrifié il me brise le cœur. Il ne se rend même pas compte comme sa douleur me déchire de tous les côtés, comme sa tête bourrée de doutes me crève la mienne.

Dévastés, nous le devenons mais nos visages restent blêmes, calmes et impassibles.

C'est si faux que c'en a l'air vrai.

— La route s'est bien passé ? Demandé-je finalement en tournant la tête vers eux et coupant mon échange visuel avec l'homme de ma vie.

Au risque d'être tourmentée, je suis responsable de mes idées et pour m'empêcher de fondre en sanglot pour des bricoles et ce quelque chose qui ne tourne pas rond, je décide de parler afin de sauver notre dîner pour lequel je me suis battus et ai tant sacrifié.

Alya qui alternait son regard entre Adrien et moi, reprend ses esprits. Elle me répond avec un sourire :

— Oui, très bien et vous ?

— La voiture, rien de compliqué. Soufflé-je d'un faible haussement d'épaule.

Immédiatement, elle émet un petit hochement de tête consciencieux, puis assène un petit coup de coude dans le bras de Nino quand nous échangeons un regard embarrassé.

Le malaise nous guette et menace de s'abattre sur la table d'une minute à l'autre.

Celui-ci se réveille soudain en sursautant sur sa chaise, il commande aussi une bouteille de champagne à un serveur quand il passe à côté de lui. Le garçon hoche la tête en s'exécutant, du coin de l'œil je le surprends me relancer un regard.

Ce geste n'échappe pas à Adrien, il se tend sur sa chaise et pose soudain sa main sur ma cuisse, ses doigts se mettent à resserrer ma peau, fermement . Malgré la douleur qui jaillit sous sa peau ma première réaction est de faire semblant d'aller bien en ignorant la douleur qui commence à assaillir et écorcher mes entrailles.

Honnêtement, s'il faut rester optimiste, tout se passe bien. Ça aurait pu être pire.

Non ?

Tout à coup, la main d'Adrien disparaît de ma cuisse et d'une manière fine et calculée, il s'accoude à la table et pose son menton sur ses poings. Ses yeux visent Nino, tel le viseur d'un sniper.

Un noeud apparaît en travers de ma gorge et je me mets à respirer comme si j'avais dégringolé les escaliers de la Tour Eiffel.

La seconde suivante, il lance :

— Dit la vérité Nino, pourquoi t'es là ? Ton patron t'as envoyé, c'est ça ? T'es venus pour me mettre des bâtons dans les roues ?

Le ton sanglant d'Adrien met un terme à toute sympathie ou renouement possible. D'un côté c'est moi qui est l'air plus déçue que lui et surtout chagrinée par sa réaction. D'un autre, il est maître de sa vie et prend ses décisions par lui-même.

Je suis perdue. Adrien disait sur le trajet qu'il ferait des efforts mais voilà qu'on est assis et qu'il balance un pique en tant que première parole. A-t-il décidé de jeter au feu toutes ses paroles ? Parfois, il me perd dans l'incompréhension à l'intérieur de laquelle j'ai toujours beaucoup de peine pour me retrouver.

Les flammes qui flambent dans ses yeux me rappellent le jour où lorsque je regardais Luka droit dans les yeux en lui hurlant qu'il mentait, lui s'acharnait de toutes ses forces à me convaincre de la culpabilité de la personne en qui j'ai le plus confiance au monde.

Pauvres menteurs.

J'ai repensé à ce jour, quelques fois, et depuis cet événement un bout de mon cœur est resté avec lui. Ressasser ces images ne m'aidera jamais à me sentir mieux et à avancer avec Adrien. Mais quelque part, je plonge dans une souffrance qui allége le poids de ma honte.

— J'étais inquiet pour toi.

Sa voix est chaude et me réconfortante quand elle jaillit brusquement dans mon esprit. Mes larmes grimpent à mes yeux et je suis forcée de clore mes paupières pour les empêcher de couler. Un petit éclair électrique pince mon nez, le signe que je suis à deux doigts de m'effondrer devant tout le monde.

Pas maintenant.

S'il vous plaît, pas devant eux. 

Par chance Alya se racle la gorge et se met aussitôt à dissiper l'atmosphère bonne à couper au couteau en rasant les murs qui s'est installée par la faute d'Adrien.

— Ton travail se passe bien pour toi ? Demandé-je.

Des doigts se glissent entre les miens sous la table me faisant légèrement sursauter. Rapidement d'un coup d'œil furtif, je lance un œil.

Sa fidèle bague enroulée autour de son majeur me donne le sourire aux lèvres, je suis aussi excitée qu'une petite fille et me sens si soulagée que sa colère soit absente.

J'avais peur que ce ne soit pas le cas.

Peur qu'il ressente de la rage contre moi.

Qu'il me déteste.

Interloquée par mon changement de réaction, Alya fronce les sourcils et lance un œil interrogateur à Adrien. Du revers de son pouce il se met à caresser tendrement le dos de ma main. Sa délicatesse me bouleverse le ventre et retourne mon âme dans tous les sens. Une minute passe, je monte au paradis et ne suis plus ici, sur terre, dans la brasserie peuplée d'une foule de monde.

Mon retour est violent.

Tragique.

La première chose que je vois est Nino en train de marmonner des mots dans sa barbe. Il fixe le pieds de son verre, pensif.

— Très bien, notre patron détient l'entreprise dans laquelle Nino et moi travaillons. Annonce Alya.

Inquiète, je lance un regard dans la direction des garçons, Alya semble penser à la même chose que moi car elle réagit pareillement.

— Rédactrice en chef, tu te rends compte que c'était mon rêve depuis petite ! S'enthousiaste-elle ensuite et elle se remet à me regarder. De plus, toutes les personnes au boulot sont sympas. L'ambiance est vraiment bonne.

Le serveur revient et ouvre la bouteille devant nous. Pour éviter qu'il y est confusion, je baisse la tête et joue nerveusement avec les doigts d'Adrien en dessinant des cercles du bout des doigts au dos de sa main.

Pendant qu'il remplit nos verres, Adrien en profite et il se penche à mon oreille.

— Le serveur te lâche pas des yeux mais il a compris le message. Bien joué, princesse... Murmure-t-il grave puis il dépose un baiser au coin de mes lèvres.

En sourcillant, il éveille en moi une drôle d'émotion. Je crois qu'il me rappelle qu'il a faillis gâché la soirée.

— Soit plus sympathique avec Nino, chaton. Réponds-je bas à son oreille. Il n'a rien fait pour que tu le traites de cette façon.

— Non, justement tu te trompes. Rétorque-t-il froidement. Nino est devenus un putain de connard et j'avais raison de ne pas vouloir venir. Ajoute-t-il en gardant son calme mais il retire sa main et la glisse sur la table.

Son geste me blesse mais je me contente d'ignorer ma blessure, une fois de plus.

— Adrien ! Pesté-je en lui jetant un regard sévère, les dents serrées. Tu m'as promis de faire un effort.

Et c'est bel et bien le cas.

Dans la voiture, il me l'a dit et juste avant d'arriver me la répéter. Les promesses sont chères à mon cœur et je ne supporte pas qu'on ne les tiennent pas, c'est une attitude que je suis capable de détester. En plus, si Adrien ne se gêne pas pour me balancer en pleine figure une promesse, il doit la respecter et l'honorer.

En fait, je crains que la motivation qui l'est poussé à agir ainsi soit de me faire sourire. Mais maintenant, il est l'heure d'assumer.

On dirait qu'Alya a pensé à la même chose que moi puisque Nino prend enfin la parole à notre instar. Il s'adresse en premier à moi puis se tourne sur Adrien avec un peu plus d'appréhension.

— La vie à Paris vous plaît à tous les deux ?

— Oui. Répond froidement Adrien sans pour autant s'en prendre à lui. Le ton de sa voix est brulant comme un poison et menace d'attaquer le visage de Nino comme de l'acide.

— Super ! Cette ville est très grande et agréable, les gens pressés et la mode est une merveille il y a plein de magasins partout. Alya si tu veux faire du shopping, tu as du choix ! Expliqué-je en souriant à la métisse qui lâche un vif hochement de tête.

— J'ai cru remarqué en effet. Elle acquiesce.

— Et toi, ça te plaît ? Lance Nino en regardant Adrien et à l'intérieur de ses yeux cela une colère bourdonne, fulminante, prête à éclater.

C'est étrange que ces deux anciens meilleurs amis ne soient pas en mesure de tenir une conversation. Une amitié aussi soudée que la leur est de plus en plus rare de nos jours, et avec le temps elles finissent par céder, celles qui restent deviennent légendaires.

Fusionnel.

Quelque part, je suis consciente que plus rien ne sera jamais comme avant, qu'on ne peut pas retourner dans le passé ni faire comme si tout allait bien et que rien n'avait jamais existé. La vérité sur les choses, aucun humain ne la connaît, et j'ai dû attendre que mes yeux n'en puissent plus, que je sois démunie de toutes mes forces pour le comprendre, l'apprendre, et le retenir.

Adrien est peut-être quelqu'un de dur désormais, froid, méchant...

Mais j'ai aimé chaque partie de lui. De la miette au morceaux et j'ai finis par devenir ce que j'aimais le plus...

Le dîner reprend son cours et au bout d'une heure, l'ambiance tendue devient enfin soutenable et agréable, ou du moins plus vivable qu'avant. Alya s'amuse à jouer avec sa fourchette tandis que Nino nous raconte une anecdote de son patron et lui. Étrangement, Adrien semble emporté ailleurs, dans un monde auquel personne n'a droit à la place.

Même pas moi.

Et je me sens rejetée à cette pensée. J'en ai la bile au ventre et le cœur serré, mais encore une fois je me reprends en main et poursuis le travail sur moi pour parvenir à devenir une meilleure personne.

A changer pour lui.

Afin qu'il ne soit plus malheureux à cause de moi. J'aimerai juste être la femme parfaite qu'il lui faut tout le temps, tous les jours.

— Il a finis par m'offrir ce voyage à Paris ! Sa chimio l'affaiblie de jour en jour, mais cet homme est fort, il survivra le plus longtemps possible ! Sourit Nino bien que ses yeux sont accaparés par la tristesse.

C'est impossible de cacher son chagrin quand il est aussi grand et on ne peut pas le conserver au fond de soi lorsqu'il s'agit d'une personne qui nous est chère. De toute évidence, Nino aime beaucoup son patron, d'après ce qu'il nous a dit il le considère comme la figure paternel qu'il aurait aimé avoir.

Tous les deux, nous n'avons jamais été proches, mais je suis heureuse et ravie qu'il puisse être un tant soit peu épanouis dans sa nouvelle vie.

Dommage qu'Adrien ne le voit pas.

Dommage, qu'ils ne soient plus aussi amis.

— Désirez-vous un dessert ? Demande le serveur. Il me lance un regard mais je tourne en même temps ma tête vers Adrien en me penchant sur lui.

— Une mousse au chocolat pour moi. Répond Nino.

— Votre cookie Chamallow ! S'empresse Alya.

Ils gloussent et le couple entame une discussion avec le garçon qui se réjouit de pouvoir rester un peu plus à notre table. Pour ma part, Adrien reste la priorité alors je pose une main sur sa cuisse et lui demande tout doucement pour ne pas être entendue par les autres :

— Ça va ?

— Oui... Tu veux prendre quoi comme dessert ? Il me demande en laissant ses yeux parcourir la carte. Il paraît concentré mais il n'est pas là.

— Rien.

Il hoche la tête puis la lève et ordonne au serveur :

— Juste un café pour moi. Et une coupe reine, pensez à apporter deux cuillères, pour mademoiselle ici présente.

Il enroule son bras autour de ma taille et me colle soudain à lui en souriant au garçon. Morte de honte et le visage sûrement rouge vif, je détourne le regard.

Si j'avais pu m'enterrer dans un trou de souris... Je l'aurais fait sans hésiter, plongeant ma tête en premier et enterrant chaque centimètre de ma peau sous la terre sombre.

— Je n'aime pas les coupes reines... Murmuré-je tout bas à Adrien en regardant le dos du serveur en train de se rapprocher des cuisines.

Une partie de moi est plus légère depuis qu'il est partis, je le sentais me fixer longuement et tenter de comprendre les émotions qui me traversent. Je déteste être analyser cela me met mal à l'aise et me donne envie de disparaître trop fort, avec une insistance qui, trop souvent, me rend triste.

Quelle horreur...

— Je sais, c'est fait exprès. Il me répond tout aussi bas et en fronçant les sourcils, interloquée par sa réponse, je tourne et lève le visage vers le sien.

Il n'attend pas pour incliner son visage et poser ses lèvres sur les miennes, sa bouche s'emboite avec précision et perfection à la mienne qui soupire de bonheur dans ma poitrine. Le cœur a des préférences qu'il est incapable de cacher ou oublier.

Parfois, je me retiens lorsque nous sommes en public mais je sens qu'il en a autant besoin de moi, ce baiser est tout ce qu'il nous faut.

A lui comme à moi.

C'est cette libération sans nom, sans complication, qui nous rend addict à ces moments, à ces baisers et à cette chaleur qu'un jour on nous arrache du jour au lendemain.

Tout au fond de mon cœur, je souffre d'aimer, je jouis d'être aussi amoureuse de cette étreinte la plus simple.

Adrien bouge lentement ses lèvres contre les miennes et je pose ma main sur sa joue. D'un geste tendre, je caresse mon pouce contre sa pommette et recule délicatement mon visage du sien. Adrien halète et colle aussitôt son front contre le mien dans un élan empli d'amour, d'attention et de douceur.

La tendresse dans un couple est toujours ce qui m'a le plus intrigué et impressionné. Cette affection qu'on donne et qu'on reçoit, toutes ces petites attentions qui dans la vie de tous les jours nous pourrirais la vie, au contraire nous l'embellie de toutes les couleurs.

Quel bonheur de sentir son parfum près du mien et ses mains raffermir leur position sur ma peau. Il me réchauffe de sa présence, m'accable de sa grandeur. Sous sa force je croule, je fonds comme neige au soleil et j'apprécie chaque seconde de cette douce torture qui m'inflige, me frictionne violemment.

Quand la douleur est apaisante et le plaisir abrupte. Que reste-t-il ?

Nos visages se décollent d'eux-mêmes dans une synchronisation parfaite. Nous reprenons nos places correctement mais cette fois beaucoup plus détendue. Alya nous regarde alternant son regard de lui à moi et Nino sourit dans son coin en fixant son verre.

Les pensées voltigent et flottent en apesanteur et quelques années plutôt je me serais sentis si gênée et tellement embarrassée... Mais maintenant, la preuve est telle que je leur souris, alaise dans ma peau, bien dans mes baskets. Je ne ressens pas de gêne et si elle n'arrive pas à m'atteindre alors elle ne pourra plus jamais polluer ma vie.

J'ai suffisamment pleuré.

Suffisamment souffert.

Il est temps que tout s'arrête, que toute cette violence prenne fin et meurt dans le calme dans lequel elle est née. Mais je l'avais déjà dit au tout début de la soirée.

Qui doit se retrouver...

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