S1 E23 "De chair et de sang"
Marinette
Ça ne sert à rien de tourner autour du pot quand on connaît déjà la réponse, malgré tout je reste sur mes positions et continue de remuer tout ce que je peux dans tous les sens. J'ai peur d'avoir raison. J'ai peur de la vérité. Et si je gagne du temps en l'ignorant volontairement, je suis garante de ma perfidie et de ses conséquences. Je sais que c'est égoïste, que j'ai un comportement de gamine. Si quelqu'un pouvait lire dans mes pensées, il m'incendierait sans hésitation.
J'essaye de faire comme si, tout allait bien, comme si l'impact de chaque mot ne parvenait pas à me toucher. Mais je ne suis pas indestructible. Et à chaque fois qu'Adrien prononce une syllabe qui va à mon encontre, mon ventre se retourne, j'ai les tripes en feu, et les parois de mon cœur se ficellent durement. Ces derniers temps, les souvenirs me plongent dans un mélancolie amère dont je déteste le goût.
— Je déteste perdre le contrôle... Je murmure, Adrien lève la tête mais je garde mon regard fixé sur le sol. Il s'approche.
— De quoi tu parles? J'inspire, expire, mais je ne peux pas lever la tête.
Mes yeux dans son regard...? Non.
On est tous obligé de passer par un moment ou on est forcé de faire face à ce qu'on redoute le plus. Et bien, maintenant, voici mon tour. J'y suis arrivée. Et comme une âme en peine, je gratte encore du temps. Mais je n'en ai plus, tout est épuisé car, il est temps de passer à l'acte. La fuite m'abandonne à son tour désormais et se relie à la fin des illusions.
Traîtresse.
Une de plus.
Un de moins dans mon équipe.
L'étau imaginaire autour de mon cou se resserre, mon souffle devient plus court.
Quant Adrien capture mon menton entre ses doigts, un courant électrique me traverse l'échine, et à l'instant où mes yeux croisent les siens, j'ai l'impression que tout mon monde s'écroule avec lui.
La vue troublée et dérangée par des larmes que je n'avais pas remarqué, cette prise de conscience pèse lourd et les pensées hasardeuses qui l'accompagnent encore plus. Si le temps pouvait être de mon côté. Si seulement, je n'avais pas à lui parler... Si, par tous les Dieux qui demeurent toujours invisibles, l'un d'eux pouvaient prendre forme humaine et venir me sortir de là.
Il faut vraiment que je me calme, je suis déboussolée. C'est à cause du manque de sommeil. Oui, c'est à cause de ça.
— Marinette, qu'est-ce qui t'arrive? Pourquoi tu pleures? Il demande inquiet, et c'en est trop, j'explose de rage.
Je secoue la tête, il baisse sa main.
— Je ne pleure pas! Je crie furieuse. Tu ne comprends vraiment rien, c'est toi qui m'énerve! J'en ai marre de te voir, de te parler, je ne veux plus que tu m'approches! Depuis que tu me parles, j'ai que des mauvaises surprises! Tu détruis tout sur ton passage, Adrien. T'es une vraie tornade et je refuse de subir les pots cassés plus longtemps.
— Si tu dis ça à cause de ce qu'il s'est passé avec Alya, je n'y suis pour rien si elle t'a mentis. Tu... Il commence mais je l'interromps les poumons gonflés et les poings serrés.
— Elle m'a mentis parce qu'elle t'aimait! Tu comprends au moins ce que ça veut dire aimer quelqu'un?
Mes yeux brûlent, je continue de pleurer alors que je ne suis pas triste. Du revers de la main j'essuie rapidement mes yeux.
Je suis en colère.
Oui, vraiment furieuse contre lui.
Parce que maintenant plus rien ne va. Depuis qu'il me parle, tout ce que j'ai autour de moi se fragilise ou se détruit. Il me fait me sentir si merdique, je n'ai pas besoin de lui pour me le rappeler. Mais juste qu'il y arrive, me bouleverse.
— Oui. Il répond.
— Non. Tu ne sais pas. Je secoue la tête.
— Pourquoi tu dis ça ? Il demande.
Je garde le silence un instant. Il se passe tellement de choses dans ma tête, ce qu'il me dit, chacun de ses gestes, me pousse à une remise en question sans nom.
Et il suffit d'être ainsi. Aussi désemparée et désespérée.
— Qui? Je l'interroge calmement. Ma colère s'estompe un peu et pourtant je sens encore mes mains tremblées.
Le regard d'Adrien s'assombrit mais s'éclaire très vite, il semble pensif, puis finit par soupirer. Il passe une main fiévreuse dans ses cheveux, signe qu'il est nerveux et dit:
— Toi.
Sa réponse me frappe de plein fouet au visage, je me reçois une claque dans la face.
— M-Moi...? Mais la colère prend à nouveau le dessus, je fronce les sourcils en serrant les poings. Tu mens! Oui, tu mens! Mais pourquoi tu mens?! Qu'est-ce que je t'ai fait, bon sang... t'as vraiment aucune pitié, tu me dégoûtes. Je crache en me retournant et alors que je veux m'en aller, il m'attrape le poignet et me retourne.
— Arrête de me reprocher tout ce que tu peux, merde! Tu m'as posé une question, et je t'ai dit la vérité. Je suis amoureux de toi, comme un malade depuis des années et ça n'a pas changé. Insiste-t-il, le regard sérieux.
Son assurance me fait monter et descendre les montagnes russes violemment. Une part de moi est certaine qu'il ment encore, il est très doué pour, et le croire serait de la folie, mais l'autre, plus innocente et fragile, celle qu'il est parvenu à atteindre malgré son mauvais tempérament et ses blagues nulles, celle-là, veut le croire parce qu'elle lui fait confiance.
Face à mon manque de répondant -ses aveux ayant eu raison de ma voix-, il reprend:
— Uniquement toi, je ne suis amoureux que de toi. On a beau être sept milliard, dans ma tête c'est toi et moi. Petit, tout le monde me regardait, tout le monde sauf une. Sauf toi. A trop chercher comment attirer ton attention, j'ai traversé le mauvais côté. Toutes ces heures à me torturer pour trouver un moyen de te parler. Il lâche mon poignet.
C'est fou.
Complètement fou.
Adrien a l'air si sincère que je suis sidérée par ce qu'il me dit, sans retenue, sans barrière. Il ouvre son cœur et je suis sensée l'accueillir les bras ouverts? Je ne veux pas être la méchante, mais il se positionne en position de faiblesse et me force ainsi à redoubler de cruautés. Au moindre mot de ma part, quel qu'ils soient, si ce n'est pas une réponse à ces sentiments, je serais en porte à faux.
— J'ai pas envie de te mentir, si on a une petite chance, même infime, d'être ensemble, je la prends, je l'arrache s'il faut. Peu importe les conséquences, peu importe la manière.
Pour être sur un même pieds d'égalité, je dois être tout aussi honnête. Il faut qu'il sache ce que j'ai dans le cœur, à mon tour.
— Peut-être qu'il est trop tard, maintenant, peut-être qu'il faut tourner la page et avancer. J'avoue d'une petite voix sans le quitter des yeux, lui détourne le regard.
Il soupire, je replie mes bras contre moi.
— Ouais... tu penses? Il me lance.
— Oui. Je réponds et il tourne la tête à droite pour regarder les horizons de la fenêtre de sa chambre. Il baisse la tête en avançant d'un pas, nous nous retrouvons soudainement très proches. Il lève la tête, plonge son regard.
— Si c'est vraiment trop tard... pourquoi quand je m'approche de cette façon de toi, tu ne me repousses pas. Dit-il contre mes lèvres en les frôlant des siennes. Pourquoi... quand je te touche, ton corps frissonne si c'est déjà trop tard ? Il remonte son doigt le long de mon avant-bras, son souffle chaud s'abat sur mes lèvres et alors que je ferme un peu les yeux, éprise par son emprise, il glisse sa main dans ma nuque et appuie dessus.
Nos lèvres se rencontrent, s'aimantent l'une contre l'autre et je ferme les yeux, une explosion d'émotion me traverse, je pose mes mains contre son torse quand il se charge d'enrouler son bras autour de moi et m'attire contre lui brusquement.
Quelques secondes s'écoulent, durant lesquels des papillons jaillissent dans mon ventre comme des fourmillements. La chaleur et la douceur du contact humide de ses lèvres contre les miennes, procurent à mon coeur un second souffle. Une paix intérieure me remplis les poumons à bloc. Un profond soulagement se met à flotter dans l'air lorsque je soupire d'aise en resserrant lentement mes doigts autour de son t-shirt. La tendresse si brûlante de notre baiser m'émerveille de toutes les façons possibles. Traversant mon coeur, mon âme et mon corps. Allant de ma tête à mon ventre,
jusqu'à mes pieds. Tout à coup, les démons qui hantent mes pensées depuis des années paraissent si lointains.
En posant une main dans mon dos, il émet une petite pression pour rapprocher mon corps. Ses doigts sur ma nuque glissent aussitôt dans mon cuir chevelus et s'emparent des racines. Cela attise un frisson dans mon corps qui descend longuement dans mon dos. Excitée et avide à cause du brasier qu'il vient d'allumer, je me hisse sur la pointe des pieds. Nos dents s'entrechoquent. Je frémis. Il lâche un grognement qui réveille mon ambition, mon obsession d'être près de lui.
J'enroule les bras autour de son cou en les croisant sur sa nuque.
Je respire.
Enfin.
Cela fait tellement de temps que je ne me suis pas sentis aussi vivante. La dernière fois que j'ai éprouvé cette émotion, il était encore vivant. A sa mort, je me suis sentis en morceaux, en miette. J'ai été effondré de l'avoir perdu et si reconnaissante que je n'ai jamais pris réellement le temps de le pleurer. Il était mort, j'étais vivante, et le plus bel hommage que je pouvais lui rendre c'était de ne jamais arrêter de vivre.
Ce jour-là, je me rappelle très bien: il pleuvait beaucoup, c'était l'orage.
— Arrête de réfléchir, murmure Adrien et il se rejette sur mes lèvres, il s'assoit sur son lit et m'entraine avec lui. Il passe ses mains sur mes hanches et je capture son visage entre mes mains. Le cœur fou, je quitte sa bouche, les yeux fermés et colle mon front contre le sien.
— Et si c'était vraiment trop tard...? Et si la décision ne nous revenait pas ? Je demande en reculant mon visage et il me regarde.
— C'est notre histoire, bien sûr que la décision nous revient. Si tu le veux et que je le veux aussi, alors pourquoi ça ne marcherait pas? Il étire un sourire et lâche un rictus. Dans ma poitrine, mon cœur loupe un battement.
Il est tellement beau.
— Parce que parfois... il y a d'autres choses. Je tente de dire.
— Comme quoi? Il continue et je me recule après quelques secondes, je m'assois à côté de lui.
Pensive, je fixe mes doigts que je triture, nerveuse et inquiète. Puis je dis:
— Je ne suis pas celle que tu crois.
— Quoi? T'as un badground, toi aussi? Il se moque et je le regarde.
— Adrien, je suis sérieuse. Tu ne me connais pas. J'insiste, il paraît se ressaisir.
— Mais toi non plus, tu ne me connais pas. Il avoue.
— Q-Quoi? Je fronce les sourcils, et il hausse les épaules en se retournant avec un fin sourire au coin des lèvres. Il soupire et tombe en arrière sur son lit, les mains sur son ventre.
— La vérité tu veux que je te la dise? Il propose.
— Oui. Je réponds n'ayant plus rien à perdre.
Il fixe le plafond.
— Bah, je suis sur que je te connais mieux que tu me connais.
C'est à mon tour d'être complètement perdue, je le suis et m'allonge sur le lit. Épuisée, je fixe à mon tour le plafond blanc sans intérêt qui m'apporte un certain divertissement -étonnement.
D'un côté ce qu'il se passe me fait rire alors je souris et rigole légèrement. Ma réaction attire l'attention d'Adrien et du coin de l'œil, je le vois tourner la tête.
— Qu'est-ce qui te fait rire? Il me questionne.
— Nous deux. On est trop ridicule. Si je n'étais pas moi et que tu n'étais pas toi, on pourrait trouver ça gênant. Je réponds et je tourne la tête vers lui. Tu ne trouves pas?
Il sourit.
— Oui... c'est vrai . Il souffle. Mais je suis moi et tu es toi.
— Oui... tu as raison. Je souffle d'une voix douce.
Nous nous regardons et saisis d'une envie folle de l'embrasser, je me redresse et plonge sur ses lèvres en posant sur main sur sa joue. Il répond aussitôt à mon baiser, et il coince les mèches de mes cheveux derrière mon oreille.
— Demain soir, t'es libre? Il me demande quand je quitte ses lèvres lentement.
— Oui, pourquoi?
— Je te donne rencard! Lâche-t-il, il se redresse et part à son bureau. Je me relève et le voit revenir.
Il me tends une boîte rouge, j'hésite à la perdre.
— C'est pas une bague. Il déclare. Je ne suis pas en train de te demander en mariage, pas encore. Mais un jour... je dis pas non pour que tu sois à moi pour la vie. Il sourit d'un ton charmeur en me fait un clin d'œil. J'esquisse un sourire contre mon grès, il est lourd mais c'est devenue amusant à force.
Je suis embarrassée et pour ne pas qu'il voit mes joues chauffer, je m'empare immédiatement de la petite boire carrée et l'ouvre. Un beau collier apparaît.
Mes yeux s'écarquillent.
— Mais Adrien, pourquoi me donnes-tu ça?! Je m'exclame surprise.
— J'ai envie que mardi soir tu le portes, au cas où quelqu'un te demande, hésites pas à dire que c'est ton petit ami qui tu l'as donné. Il lâche un clin d'œil, fière de lui, et je secoue lentement la tête en souriant.
— Toi vraiment... je soupire. Qui te dit que je veux sortir avec toi?
— Ta bouche, bébé. Il réplique.
— M'appelle plus jamais bébé. Je fais la remarque et il renchérit sans attendre.
— Okay, princesse. J'ai pas le droit à un petit remerciement pour ce beau collier? Et il fait une moue.
— Bah non, je te l'ai pas demandé. Je réponds faisant semblant d'être insensible à ce présent qu'il vient de m'offrir si gentiment. Et mon plan ne foire pas, Adrien ouvre en grand la bouche, sidéré.
— Mais quoi... mais je.. tu... Bafouille-t-il.
— Fait attention chaton, tu vas gober des mouches. Je souris en lui lançant un clin d'œil, je lui assène une petite pichnette sur le nez et me détourne.
Des petits pleurnicheries de la part d'Adrien s'ébruitent dans mon dos. Et quand il me suit, ses pas sont lourds et font grincer les marches des escaliers en bois recouvert d'une moquette couleur chocolat. Étouffant un ricanement en plaquant ma main contre ma bouche, mon amusement semble se nourrir de son désespoir. Un instant, j'ai honte et suis saisis de remords. Mais cela disparaît presque aussitôt. Le nombre de fois où c'est lui qui s'est moqué de moi. Les rôles s'inversent enfin. Et je dois avouer que parfois la naïveté d'Adrien est terriblement mignonne.
Encore ouverte dans mes mains, je referme la boîte qu'Adrien vient de m'offrir et la serre contre moi. Ce cadeau compte beaucoup pour moi, il est synonyme de bonheur à mes oreilles. Au fin fond de mes pensées, j'entends mon subconscient me murmurer des félicitations. L'émerveillement est grand, il intensifie m'a volonté à porter le collier. Tellement que l'idée d'attendre me paraît similaire à des siècles pendant quelques secondes.
🐾
NDA:
De chair pour les baisers.
De sang pour la dispute.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top