S1 E22 "Esquive"

Marinette

On mange un peu, puisque la faim revient avec le beau temps et la soirée s'achève de bonne humeur. Adrien installe la play à la demande forcée et renforcée de Félix qui n'hésite pas à le menacer pour qu'il s'exécute. Les deux garçons jouent toute la soirée.

— Marinette, tu veux jouer ? Me propose Félix. J'ai besoin de battre Adrien, si t'es forte, t'es la bienvenue dans mon équipe !

— Je ne te garantie rien, mais je vais tout faire pour ne pas te décevoir. Lui réponds-je en souriant, Adrien me lance un regard alors que je m'installe sur le sol la manette en main.

— Que la partie commence... Déclare Félix d'une voix faussement grave en se frottant les mains.

Nous rions tous ensemble. Quand la partie se termine suivit d'une autre, et d'encore une, Adrien soupire et grommelle mécontent.

— Putain, mais c'est pas possible... Il ronchonne tandis que Félix sautille partout excité comme une puce.

— Ouiiiii !!!! On a gagné !!!! Il crie.

Je souris.

— Bah alors Adrien, ça râle ? Je lui lance d'un ton fière et au même moment Félix cours aux toilettes.

Adrien profite de son absence pour me renverser et se mettre au-dessus de moi, il me chatouille et je me mets à crier à gorge déployée en me débattant de toutes mes forces.

— Hahaha arrête !!! Ahahaha arrête !!! J'arrive plus à AHHhahaha... respirer. Je rigole à bout de souffle.

Soudain par surprise, Adrien qui sourit plonge son visage et plaque ses lèvres contre les miennes. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, mais je ferme aussitôt les yeux, ses mains sont posées de chaque côté de ma tête. Mon cœur loupe un battement et soudain, je n'ai pas envie de le repousser comme toutes les autres fois. Je veux profiter de ce contact, parce qu'il me fait me sentir bien et très étrangère à la fois.

Ce baiser n'est pas voulu, mais je ne cherche pas à le détruire non plus. Adrien a les lèvres douces et chaudes, sa bouche s'emboîte à la perfection avec la mienne, et je pourrais aller plus loin mais cela me rapprocherait davantage du précipice qui m'attend au loin.

Toutefois, je ne désire pas nager en plein délire non plus, et me force à poser mes mains sur son torse, je le repousse doucement et il ne montre aucun signe de résistance. Ses yeux croisent immédiatement les miens et nous nous fixons, tous les deux déboussolés. Je suis encore plus perdus qu'avant. Mais la discussion avec Félix jaillit dans mon esprit et je me redresse aussitôt. Brûlée à vif, je me lève et laisse à peine à Adrien le temps de dire quoique ce soit, je reprends:

— Il est l'heure d'aller se coucher. Annoncé-je et Félix entre dans la pièce.

Je m'approche de lui, et le fais monter dans sa chambre pour échapper à Adrien. Dans les escaliers, après avoir expliquée à Félix qu'il est l'heure de dormir, je repense à toutes ces autres filles qui ont partagé le lit d'Adrien. Nous passons devant la chambre d'Adrien et sans étonnement, la porte est fermée.

Mon cœur se serre, mais je trace ma route. J'adresse un regard triste et éprouvé à la moquette marrons du sol. Nous nous sommes embrassés il y a quelques minutes et je reste bloquée sur l'idée qu'il a déjà embrassé beaucoup d'autres filles avant moi. Que ses lèvres ont rencontré beaucoup d'autres bouches. Mon ventre se noue, une boule dans ma gorge apparaît et une forte envie de pleurer me saisit par la gorge. J'en perds le souffle rien qu'en l'imaginant faire toutes ces choses avec d'autres filles. J'ai envie de vomir.

Une fois Félix au lit, je reste dans sa chambre une bonne heure pour m'assurer qu'Adrien ne soit plus en bas quand je redescends. Et lorsque j'arrive dans le salon, il est bien partis. Je m'assois sur le canapé en soupirant, je prends ma tête dans mes mains, désespérée.

Quelle soirée...

Sans pouvoir m'arrêter, je me répète que sans ce baiser cette soirée aurait pu bien se terminer et trouver un bon déroulement. Mais désormais se dire cela c'est littéralement se voiler la face. Je n'aurais pas pu prévoir qu'Adrien m'embrasse. Comment l'aurais-je pu? C'est impossible. Et je ne l'ai pas repoussé alors que j'en ai eu l'opportunité. Maintenant, j'ai envie de me frapper. Si fort que j'en oublierais ce qu'il s'était passé.

Je m'allonge sur le canapé.

Oui, ce que j'aimerais, c'est oublié ce qu'il s'est passé et faire comme si ça n'était jamais arrivé. Jamais...


***


Adrien

Je rentre et referme la porte d'entrée derrière moi. Après ce qui s'est produit avec Marinette, j'ai compris au bout de quarante-cinq minutes à l'attendre sur le canapé, qu'elle ne voulait pas me voir. Je sais que j'ai merdé mais ça m'a tellement énervé, que je suis sortie pour m'aérer la tête. J'ai bien cru devenir fou tellement ce baiser était magique.

Putain...

Elle n'a pas aimé, c'est pour ça qu'elle m'a repoussé -encore une fois ? Elle s'est forcée ? L'ai-je blessé ? Elle était si près, son visage était rayonnant, je n'ai pas pu me contrôler. Mais j'aurais dû. Je me suis dit: si ce n'est pas maintenant, ça ne sera jamais. J'ai foncé et j'ai arrêté de me poser des questions.

Bah merde, j'aurais jamais dû! Maintenant, elle m'en veut. Je suis dans la merde!

Calmement, je pose mes clés dans un bol sur la commande et avance, je découvre en tournant la tête, le corps de Marinette allongée sur le canapé. Elle s'est endormie. Je m'approche et récupère une couverture pour la couvrir.

Elle est tellement innocente quand elle dort...

Très vite, je secoue la tête et dépose un baiser sur son front. Elle me paraît si fragile brusquement. Mon cœur se serre, je contracte la mâchoire. Je range le bazar sur la table puis éteins les lumières, par la suite je monte dans ma chambre et me déshabille. J'enfile un jogging et un t-shirt blanc. Allongé sur mon lit, les bras croisés derrière ma tête, en train de fixer le plafond, je suis incapable d'oublier toutes les sensations que j'ai éprouvé.

La promesse que j'ai fait à ma mère paraît loin désormais. Elle ne veut pas que je couche avec Marinette, mais elle n'a pas à me dire ce que je dois faire ou non. Je suis encore libre et Marinette aussi. Nous sommes humains on a des envies comme tout le monde, je ne vois pas ce qu'il y a de mal. Surtout, si c'est avec elle que je le fais.

Depuis la primaire, je suis fou amoureux d'elle. Je suis raide dingue de cette belle poupée aux yeux azurs. Si on m'avait dit que j'arriverais à lui voler un baiser un jour, je crois que j'aurais sauté au plafond.

Mais bon, c'est pas comme si, j'étais pas à deux doigts de le faire encore maintenant.

Bisou ou non.

* * *

Marinette

— Félix !!! Je m'exclame quand il casse la cinquième tasse de la journée.

— Désolé... il murmure.

Je soupire puis ramasse les morceaux de porcelaines. Je lui demande d'aller dans le salon pour ne pas qu'il se blesse et nettoie le massacre. C'est rien, c'est qu'une tasse. Enfin, plutôt la cinquième tasse.

Félix est un enfant et à son âge je cassais plus que des tasses. Alors je ne lui en veux pas, en hommage à mes années quand j'étais petite et quand je cassais toute la vaisselle de mes parents.

En chantonnant, je termine et jette tout à la poubelle.

Une fois dans le salon, on regarde un film. Une heure après, une fois le film terminé, Félix veut aller au parc alors je l'y emmène. La journée se passe sans encombre et je ne croise pas une seule fois Adrien, à mon plus grand soulagement.

Nous rentrons à la maison dans les environs de seize heures, pile pour prendre le goûter. Entre temps, j'ai reçu un message d'Emilie qui m'annonce qu'elle sera là pour dix-neuf heures.

Pendant que Félix joue dans sa chambre, je profite pour faire mes devoirs pour demain. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour travailler ces derniers jours à cause de mon boulot, et sans mentir, je suis contente de rentrer ce soir chez moi. Mes parents m'ont manqué et mon foyer aussi. Surtout, que je souhaite prendre mes distances avec Adrien un maximum. Je ne veux pas qu'il pense que je serais une autre fille qu'il pourra mettre dans son lit et avoir comme toutes les anciennes baby-sitter.

J'ai besoin de ce boulot. J'ai besoin de cette argent. Je ne peux pas tout perdre pour des faux semblants, c'est hors de question.

Juste à côté de moi, je sens mon téléphone vibrer, je l'attrape et vois un message de Luka.

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16:48
Luka
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Salut ! Ça va ? Tu m'as pas appelé alors je me fais du soucis. :(

Salut je suis désolée je n'ai pas eu le temps. Tout va bien, merci. Et toi ? :3

Je suis rassuré ! Oui ça va. Toujours ok pour demain ?

Oui toujours ! :)

Super !! Je suis content j'avais peur que tu annules :/

Ah bon? Bah non. Pourquoi?

Je me suis dit que tu étais fatiguée.

T'inquiète j'ai l'habitude ! C'est rien xD

Ah ok, fait attention quand même xD

Oui, merci !

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Nous continuons à parler pendant des heures. C'est très agréable de discuter avec Luka, il est sans prise de tête, attentionné et à l'écoute. C'est une vraie bouffée d'oxygène. J'ai hâte d'être demain soir, je sens qu'on va bien s'amuser et que ça va être bien! Il a dit qu'il avait prévu de me montrer un endroit qu'il appelle "la destination mystère". Un nom qui attise la curiosité et qui pique la mienne à vif.

Après, je range mes affaires et pars faire le dîner pour Félix. Je n'ai pas terminé mes devoirs mais je les finirais une fois chez moi. Pour l'instant, je dois me concentrer sur mon boulot et Félix. Ils sont tous les deux mes priorités. En plus, je me dis qu'à son retour de son voyage, Émilie risque d'être fatiguée, et puis ça me fait plaisir de rendre service.

Plus tard, alors je suis en train de couper des carottes, j'entends des pas dans les escaliers. Je me retourne et tombe sur Adrien en pensant trouver Félix. Il me lance un regard, mais en vu de sa tête encore ensommeillé, je note qu'il vient de se réveiller. Ses cheveux sont ébouriffés et lui confèrent un charme sauvage qui me désarme sans appel. Nous nous ignorons, il prend une bouteille d'eau dans le frigo et boit une gorgée si c'est plus puis repart. Je ne dis rien et continue de faire le repas.

Mais par accident, beaucoup trop pensive, je me coupe.

— Aïe, je siffle.

Et je prends aussitôt un sopalin pour le poser sur mon pouce. Mais la blessure saigne abondamment, alors je suis obligée de trouver une autre solution. Seulement, quand je m'aperçois que la seule trousse de secours se trouve dans la chambre d'Adrien, la bile me monte à la gorge. Pourtant, contrainte et forcée, je monte les escaliers, un à un, le plus lentement possible. Arrivée devant la porte, j'inspecte l'heure sur mon téléphone: 18h20.

Il reste quarante minutes avant l'arrivée d'Emilie. Le repas est presque prêt et... après ça, je pourrais rentrer chez moi, très loin d'Adrien. Je serai en sécurité loin de lui, loin de l'effet qu'il me fait et des problèmes qu'il me cause.

Ainsi, je toque à la porte, j'assène deux coups et quand la porte s'ouvre sur lui tout propre, je hausse un sourcil.

Il a fait vite pour se préparer, je remarque pour moi-même.

Néanmoins, je fais comme si je n'avais rien vue.

— Je me suis coupée, j'aurais besoin de ta trousse de secours. Je n'ai pas trouvé de pansement dans la cuisine. J'explique et il se pousse pour me laisser entrer, pendant une minute je reste à l'entrée.

Ce n'est que quand il lève les yeux et me regarde pour dire:

— Reste pas plantée là, je vais pas te manger. Tu peux entrer.

Que je daigne reprendre le contrôle de mon corps et trace mon chemin jusqu'à son lit.

— Oui, je sais que tu ne vas pas me manger. Je réponds et je l'entends soupirer, je fronce les sourcils.

— Bah, on dirait bien. Tu me fuis comme la peste depuis hier, il rétorque.

— Quoi?

— Je ne suis pas aveugle, j'ai vu que tu faisais tout pour m'éviter. S'empresse-t-il de répondre en plantant son regard dans le mien. Et si c'est parce qu'on s'est embrassé, tu ne devrais pas...

— Chuutt ! Je peste brusquement en allant fermer la porte. Mais ça va pas de parler aussi fort !

— Mais, je ne crie pas. Il répond étonné.

— Non, mais presque ! Imagine que Felix t'entende ! Je renchéris et il se tait.

— De toute façon, qu'est-ce que ça change ? T'as honte, c'est ça ? Mais c'est qu'un bisou de rien du tout, ça ne voulait rien dire.

Il hausse les épaules et fait mine de chercher quelque chose dans la trousse, je me mords fortement l'intérieur de la joue.

Bah oui, c'est rien.

Évidemment.

Il a embrassé tellement de personnes avant moi. Ça paraît logique que pour lui, ça ne veule rien dire. Tous les deux, on vit vraiment pas dans le même monde. Je le sais depuis le début. Pourquoi suis-je étonnée ?

Il n'a rien ressentis ? Est-ce qu'il l'a fait par pitié ? Ai-je eu tord de ne pas le repousser ?

Je me sens à bout de force. Et je vais vraiment perdre mon travail si Émilie apprend que nous nous sommes embrassés ? Adrien n'a rien ressentis si ce n'est les sensations standard de lèvres contre lèvres. Bouche contre bouche. Moi, j'ai donné une partie de moi en l'embrassant et découvrir que depuis le début j'avais raison de penser que le laisser faire était une mauvaise idée, me taraude sérieusement.

Je baisse la tête.







* * *

Alors... ?

ALORS ?????

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