S1 E16 "Un dîner tourmenté"

Marinette

J'ai beau tourner et retourner le problème dans tous les sens, je n'arrive pas à comprendre pourquoi est-ce qu'Alya m'a mentis durant toutes ses années. J'ai envie de lui crier au visage parce que je lui en veux terriblement. Mais c'est plus une forte déception qui m'habite en ce moment. J'ai le sentiments de ne pas avoir été assez à la hauteur, peut-être que c'est de ma faute ? J'aurais dû lui montrer plus d'attention et lui faire comprendre que je serai toujours là pour elle, quoiqu'il arrive. Elle a du avoir peur. Ou pas.

Mais qu'est-ce qui s'est passé pour qu'elle me mente ?

— Hey... me salue doucement Adrien en s'asseyant à côté de moi sur les marches en bois.

Sa présence me rassure un peu. Mais le coup est dur et la nouvelle un peu plus compliqué à avaler.

— Salut...

— C'est qu'un mensonge, tu sais. Faut pas paniquer pour ça.

— Elle ne m'avait jamais mentis avant. On s'est toujours juré de se dire la vérité.

— Dans une vraie amitié, il y a toujours des hauts et des bas. S'il y en a jamais, tu dois commencer à te poser des questions. Personne n'est parfait. Tu vas vraiment lui en vouloir pour ça ?

Adrien ne peut pas comprendre toute la situation, il n'a pas toutes les cartes en mains pour. Mais je ne peux pas non plus tout lui dire. Cette histoire me concerne, moi et Alya. Adrien n'a rien à avoir avec ça. Ce qu'il ignore c'est que si Alya a mentis et c'est à cause de son mensonge que je l'ai repoussé malgré moi. J'ai tenté de dompter des sentiments qui auraient pu être laisser en pleine nature. J'ai souffert pendant une nuit entière ainsi qu'une journée pour du vent. Même si je lui disais toute la vérité, rien ne m'assure qu'il pourrait comprendre ce que je traverse.

Alya n'aurait fait que de me mentir, encore, j'aurais rien dit. Mais je lui ai raconté ce que j'avais sur le cœur et lui est expliqué à quel point je m'en était voulus d'avoir embraser Adrien. Elle m'a regardé droit dans les yeux, elle m'a mentis droit dans les yeux sans une once de honte. Ouvertement.

N'a-t-elle donc eu aucune pitié ?

— Elle m'a mentis, Adrien...

— Et alors ? Tu ne l'as jamais fait toi ? Tout le monde ment, tous les jours, tout le temps. Et qu'est-ce que ça change ? Rien ! La vie continue, si tu veux prendre le risque de la perdre pour un mensonge comme celui-ci, alors c'est que tu es bête.

Il déclare et il tourne sa tête vers moi. Je tourne mon visage et plonge mon regard encore humide dans le sien. J'ai eu du mal à sécher mes larmes, mais avec lui devant moi, je ne vais avoir de mal à les voir revenir.

— Marinette... Sérieux, qu'est-ce que ça fait qu'elle est mentis ? Je me porte à merveille ! Regarde-moi, je ne lui en veux pas alors qu'elle a dit de la merde sur mon dos. De nous deux, c'est à toi ou à moi de lui en vouloir ? Sur qui elle a mentis ? M'interroge-t-il sérieusement, et il prend mes mains dans les siennes.

Mon cœur loupe un battement, la chaleur de ses paumes m'envoient des éclairs électriques dans les miennes. Une vague de frissons me traversent l'échine. J'ai le cœur qui se serre dans ma poitrine.

Adrien n'a pas tord.

— Quand j'ai été absente pendant une journée, elle est venue à la maison et je lui ai avoué toute la vérité. Droit dans les yeux, elle m'a mentis, elle m'a pardonné tout en me trahissant. Une amitié se base sur la confiance, quand elle se brise, c'est finis...

— Ta confiance en Alya est vraiment brisée pour ce mensonge aussi futile ? Et on parle bien d'une amitié de plus de dix ans. Fait-il remarqué en haussant les sourcils.

— Je n'en sais rien... Je suis perdue. Soufflé-je en baissant la tête.

Adrien capture entre ses doigts mon menton et force ma tête à se redresser. Ses yeux capturent mon regard et je tombe inévitablement dans ce monde dans lequel je plonge à chaque fois qu'il me regarde avec ces yeux ci. Sans le savoir, il possède un fort pouvoir sur moi. Il est plus puissant qu'il le pense. C'est bien ça le pire. Toutefois, je suis rassurée qu'il ignore tout de l'emprise say il exerce sur moi, ou je serai bonne pour l'abattoir.

— De toute façon rien ne presse, t'es pas obligée de prendre ta décision ce soir. Prend ton temps.

— Merci.

— Pour ?

— D'être là, avec moi, à me consoler alors que tu as d'autres choses à faire.

— Je t'avais proposé mon aide en cuisine c'est que j'ai beaucoup de temps à tuer, crois-moi ! Indique-t-il et je souris, on finit par rire, cela détend l'atmosphère.

Finalement, nous discutons encore un peu. Quand Adrien termine par se relever et il me rend sa main pour m'aider à en faire de même. Je le regarde, obnubilé par le charisme qu'il dégage et laisse ma paume de glisser au creux de la sienne. Il me tire et je termine dans ses bras, contre lui. Mais très vite, je me reprends et recule afin d'instaurer une certaine distance. Même si j'ai appris qu'entre lui et Alya il ne s'était jamais rien passé, je garde toujours un certain respect pour cette fausse histoire inventée de toute pièce.

Eh oui. Malheureusement, on ne peut pas changer en seulement quelques heures sous prétexte que la vérité a jaillis de l'obscurité.

— Il est temps d'aller faire à manger, il est tard.

— Oui. Allons-y, affirmé-je en hochant la tête.

Nous filons alors en cuisine sans attendre. Là-bas, je m'attelle immédiatement aux fourneaux. Adrien tente de m'aider, mais suite à de nombreuses gaffes dont une d'elles est de mettre le feu, je lui ai demandé gentiment de rester à l'écart.

— Assit-toi, t'inquiète pas, je peux gérer toute seule. Regarde, tu m'aideras la prochaine fois. Lui assuré-je gentiment.

— Mais non, je t'ai dit que je t'aiderai, alors c'est ce que je vais faire ! Rétorque-t-il le bol à moitié de riz parce que l'autre partie a terminé par terre.

Je baisse la tête, observe l'état et le gâchis qu'il a fait, puis relève la tête et décide de prendre le bol dans les mains plus doucement. Nos doigts s'effleurent a cause de mon geste, mais je fais tout mon possible pour ne pas laisser mon trouble paraître. Adrien se calme aussitôt, je me retourne pour vider le fond de riz dans la casserole.

— Désolé, je suis vraiment trop nul pour cuisiner. Attends, je vais t'aider à nettoyer.

Et soudain, je le vois passer à côté de moi, un passe son bras pour attraper le sopalin, mais celui-ci est juste devant moi. Son souffle s'abat dans mon cou, je me retourne et tombe nez à nez avec lui. Son regard plonge dans le mien puis dérive tout doucement jusqu'à mes lèvres...

Nos visages semblent se rapprocher, je perds le fil du temps et quand mes lèvres effleurent les siennes, j'ai un olé au cœur. Tout est présent pour qu'on s'embrasse, mais est-ce la bonne idée ? On devrait rester sur une relation platonique. J'aimerai pouvoir le faire. Toutefois, après tout ce qui s'est passé, comment faire comme si de rien n'était ? Peut-on reprendre de zéro ? N'est-il pas déjà trop tard.

— Marinette !!! S'écrie Félix de sa chambre. Tu sais si Adrien est déjà partie ?

On se recule immédiatement, piqués par la réalité. Pendant que je fixe la poêle, j'entends Adrien dans mon dos soupirer. Il finit par s'en aller tout en répondant à Félix :

— Je suis là, Félix.

— Ah cool, vient m'aider à réparer ma voiture jaune. Elle roule plus mais je sais pas pourquoi, explique-t-il.

Encore secouée, je continue de les écouter. Je pose mes mains sur les rebords du plan de travail, mes jambes deviennent flageolantes et j'ai le cœur qui s'emballe rien que de penser à Adrien. Nous étions sur le point de nous embrasser, et sans l'intervention de Félix, nous l'aurions fait. N'est-ce pas ?

Au risque de perdre la tête, je m'arrête d'y songer. J'inspire puis soupire fortement. Par la suite, je reprends là où je m'étais arrêtée.

Sans tarder, passe la serpillière, sors les assiettes, lave la vaisselle, passe le balais. Nettoie le lavabo et le plan de travail. Cela dure une bonne heure pour que je termine de tout faire, à côté, la viande et le riz mijotent tranquillement.

Quand tout est enfin prêt, j'appelle Adrien et Félix. Après avoir vidée la casserole dans les assiettes, je la dépose dans le lavabo et les entends arriver dans mon dos. Félix rit, suivit de la voix d'Adrien qui retend. Mon cœur se gèle, un frisson décore la surface de ma peau.

— Dit Marinette, tu veux jouer avec nous au Monopoly après ? Propose Félix au moment où je me retourne.

Il me regarde, je lui souris tendrement. Puis j'avance jusqu'à ma chaise ou je prends place.

— Oui, avec plaisir.

— Génial ! Adrien aussi, tu joues ?

Je lève les yeux de mon assiette pour le regarder et découvre son regard passer de Félix à moi. Nos yeux s'accrochent durant ce court instant l'un à l'autre. D'une telle force, qu'ils refuseraient presque de se détacher. Un pincement au cœur, m'écorche cet organe tant aimé et tant détester. Il me vient de loin, pourtant, je n'ai pas le droit de le détester. Non, je n'ai pas le droit.

— Ouais, pourquoi pas.

— En plus, y a pas de limites ce soir vu que tante Émilie n'est pas là ! S'extasie le petite blond.

Je continue de regarder Adrien qui a détourné les yeux, il étire un fin sourire tout en fixant son assiette, sa fourchette dans la main qui joue avec les grains de riz. Mon silence manque de causer ma perte, durant ce moment, je n'ai plus que d'yeux pour Adrien. Il relève juste les yeux, je détourne immédiatement le mien, prise en flagrant délit.

— Marinette, tu m'écoutes ? M'interpelle Félix perplexe.

— Euh oui, oui, désolée. Qu'est-ce que t'as dit ?

— J'ai envie de me coucher plus tard ce soir. C'est le week-end.

Un moment d'hésitation, je le regarde peu sure de moi. Puis en sachant qu'Adrien qui ne nous regarde pas écoute néanmoins d'une oreille attentive la conversation, je finis par sourire à ce petit innocent en haussant les épaules.

— On verra, d'accord ?

Il hoche consenscieusement la tête et se remet à manger.

Je passe le reste du dîner à cogiter au sujet de ce que je suis prête à prendre et à abandonner. On peut dire que j'ai appris beaucoup de choses en peu de temps, et je ne sais pas si je suis vraiment prête à les digérer. Pour Adrien, ça a l'air tellement facile. Quand je l'écoute parler, je bois ses paroles sans prendre conscience de leur signification. Juste j'écoute, sans entendre le vrai sens.

— Alors, l'école c'est comment ? Demande Adrien.

— Ça va.

— Tu t'es fait des amis ?

— ... ouais, répond-il plus timidement.

Adrien va chercher à creuser. Félix, tu n'aurais jamais dû lui répondre avec ce ton. Un peu inquiète, je lève furtivement mon regard et jette un coup d'œil aux deux garçons. Sans étonnement, Adrien le regarde et lui donne un petit coup de coude avec son emblème fétiche : son sourire narquois.

Misère. Mais laisse-le, c'est un enfant.

— Qu'est-ce que tu caches...

— Rien... Rien du tout. Je t'ai répondu, tout va bien.

— Une fille te plaît, c'est ça ? Tu peux tout avouer à ton cousin préféré tu le sais bien...

Felix relève la tête et tourne son visage pour fixer droit dans les yeux Adrien.

— T'es pas mon cousin préféré. Balance-t-il froidement et je m'empresse d'étouffer un rictus.

Félix 1. Adrien 0.

— Mais-... Comment ça c'est pas moi ? T'en a d'autre peut-être ?!

— Non.

— Bah alors ?!

— Mais c'est quand même pas toi, rétorque-t-il en haussant les épaules, puis il retourne terminer de manger.

Du coin de l'œil, je vois le visage d'Adrien outré et faussement effondré par la nouvelle. C'est amusant. Il est drôle quand il veut. Mais je ne sais ce qui est le plus drôle : que ça soit Félix qui n'est pas peur de lui balancer un tel affront, ou alors qu'il réussisse à faire autant semblant d'être outré ?

Au fond, il rigole, je le sais.

— Bon... bah moi je voulais qu'on puisse parler de ça pour annoncer une grande nouvelle, mais si je suis pas ton cousin préféré, alors je vais le garder pour moi... Lâche-t-il en reprenant son assiette.

Évidemment, Félix est interloqué et le regarde à nouveau.

— Quoi ? Mais non, raconte-moi !! Adrien !! Gémit-il.

— Non ! Je suis pas ton cousin préféré, donc c'est pas possible ! Rechigne le grand blond à l'attitude de bébé.

Franchement, j'adore être complètement à l'extérieur de cette conversation. En tant que spectatrice, je prends mon pieds !

— Ok, ok, j'aime bien une fille ! C'est bon, dis-moi maintenant !

Adrien sourit. Il laisse quelques secondes s'écouler la tête toujours baissée. Quand il l'a relève, ce n'est pas Félix qu'il regarde, mais moi. Il plante ses yeux dans les miens et cette fois, contrairement à tout ce que je pouvais imaginer, son opine se voit décorer d'une armée d'étincelle. Je reste interdite par son comportement, avide de connaître la suite, désespérée de ne pas la savoir.

— Eh bien moi, je suis amoureux, lâche-t-il avec un léger sourire au bord des lèvres.

Toute la chaleur de mon corps monte à mes joues, et s'évapore dans tout mon visage. Une explosion jaillit dans ma poitrine. Le tremblement de dirige jusqu'à mes jambes, et je perds ainsi le contrôle non seulement de mon corps mais également de mes esprits. Plus rien ne répond. Ni à rien. Ni à personne.

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