S1 E14 "Flash Back douloureux"
Marinette
— Bon, je pense que je devrais monter voir ta mère, lâché-je enfin en me détachant de lui.
Adrien me regarde toujours et se reprend subitement, un peu paniqué. Tout aussi déstabilisée, je me détourne les joues brûlantes. Je dois être rouge de honte. C'est tellement inattendu comme événement, j'aurai jamais pensé qu'il me prenne dans ses bras alors qu'on est sensé ne pas pouvoir se supporter.
Enfin, on, plutôt, je.
Plus j'y pense et plus je m'aperçois, qu'Adrien n'a jamais agis comme s'il me détestait. C'est moi, qui l'ai repoussé, insulté, détesté. Et en me rassurant, je me dis que c'était au nom de mon amitié avec Alya. Mais quelque part, c'est évident que je mens. On ne peut pas faire du mal en prétextant que ça soit pour quelqu'un, ou à cause de quelqu'un. J'ai moi-même commis tous ces actes. C'est à moi de les assumer, peu importe ce qui traversait ma tête lorsque je les faisais.
Au bout d'un moment, il faut prendre ses responsabilités.
Un jour, j'ai appris de lui, qu'avoir confiance en soi faisait partie d'une des forces les plus puissantes. Je m'en rappelle, car cette fois, j'ai appris qu'avant de pouvoir aimer les autres, on devait le faire pour soi-même.
Assit en tailleur en face de moi, nous pique-niquons lui et moi. Dans ses mains, une théière en porcelaine, il me sert un peu de thé à la menthe. Silencieusement, du haut de mes dix ans, je le regarde faire, d'une œillade innocente.
— Dis-moi Mari, pourquoi as-tu autant tenu à m'accompagner ? Tu n'aimes pas les pique-nique en pleine nature d'habitude.
Il relève ses yeux pour me regarder, je m'immobilise, touchée en plein cœur par son regard acéré et pourtant empli d'une sagesse qui lui est propre. Malgré tout, j'essaye de reprendre le contrôle sur mes émotions.
— La dernière fois, j'ai mal agis. Je voulais me racheter. Vous adorez tant ces balades, j'ai voulu faire un bon geste...
— Alors, c'est pour racheter ta mauvaise conduite ? Conclut-il d'une évidence singulière.
Pour lui répondre, je hoche vivement la tête en serrant mes poings sur mes cuisses. Assise sur mes chevilles, mon cœur bat vite tandis qu'une douce braise m'effleure délicatement le visage. La sensation est divine, elle ressemble à une caresse de printemps.
Il me regarde en silence, puis finit par tourner la tête et se retourner vers moi avec une boîte dans les mains. Il me tend l'étui que je récupère, plongée dans la confusion.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Un bijou tres précieux. J'attendais que tu sois prête pour te le donner, mais le temps presse, désormais... N'est-ce pas ? Dit-il et il incline un peu sa tête en avant, faisant allusion à la maladie qui se propage à grande vitesse dans mon corps.
Bientôt, je ne serai plus de ce monde. Alors pourquoi me donne-t-il ça ? Si je dois mourir, tout lui reviendra de toute façon.
— Je ne comprend, où vous voulez en venir... Bafouillé-je.
— Ouvre-la, indique-t-il d'un mouvement de la tête.
Tout doucement, je m'exécute. J'ai tellement de questions dans la tête, de plus, il ne fait jamais rien sans rien. Justement, c'est pour cette raison que je suis inquiète.
Me laisser submerger par mes émotions n'est pas une bonne idée, seulement le virus se saisit à vitesse grand V de ma santé. J'aimerai profiter des derniers instants qu'il me reste comme j'en ai envie.
Mes yeux s'écarquillent lorsque la beauté de l'objet se reflète dans mes yeux. Sans le faire exprès, ma bouche s'ouvre de stupeur toute seule.
Aussitôt, je l'interroge du regard.
— P-Pourquoi me donnez ça ? Je suis tellement maladroite, je risque de la casser...
Légèrement désolée, je baisse la tête, les lèvres rétrécies. Mais il me rassure en posant sa main sur mon épaule, son geste me force à le regarder de nouveau.
Le sourire qu'il affiche me rassure, un peu.
— Ne te laisse pas anéantir par la raison que tu penses la plus raisonnable. Et apprend à te faire confiance.
— Comment puis-je faire cela ? Vous ne me l'avez jamais apprise... Rétorqué-je tout bas.
— L'orgueil et la haine séparent les gens. Il ne faut pas te laisser saisir par leur venin. Apprend à t'aimer tout en ayant connaissance de tes faiblesses et n'essaye jamais de rabaisser les autres. Et, c'est à travers la colère, le chagrin et l'amour que tu grandiras malgré toi.
Malgré moi, dit-il...
— J'ai peur de ne pas réussir à faire ce que vous me dites... Vous savez, je ne suis pas aussi forte que vous le pensez.
Je lui confie honteusement. À côté, je triture mes doigts. Il retire sa main pour prendre sa tasse, en même temps il continue.
— Arrête, de te sous-estimer en permanence. Tu es encore jeune, il te reste encore tant de choses à découvrir. Le monde est grand, et tu l'apprendras seulement en grandissant.
Par la suite, il pose ses lèvres et boit plusieurs gorges de son thé dépourvue de sucre et de lait. En attendant, je le regarde sans bouger. Beaucoup trop tourmentée. Il continue de boire encore quelques minutes, quand il s'arrête il reprend là où il s'était arrêté. Et je continue de l'écouter toujours avec le même engouement qu'au départ, parce que tout ce qui sort de sa bouche est pour moi la seule et la vérité maîtresse.
— Oh Marinette, je suis ravie que de te voir.
J'esquisse un sourire forcé.
— Vous pouvez partir l'esprit tranquille, je m'occupe de lui.
D'un geste de la tête, je désigne Félix qui est assis sur le tapis bleu de sa chambre en train de jouer avec ses petites voitures. Sa tante s'approche de moi et m'étreigne quelques secondes tout en me remerciant à l'oreille. En quelques secondes, elle s'est déjà envolée et je l'entends descendre les escaliers à vivre allure.
Elle doit être sûrement en retard. Mais j'ai essayé de faire le plus vite possible. Sans parler de tous ces problèmes que j'ai dans le fond de la tête. Je ne sais plus comment gérer ma vie qui est en train de me filer entre les doigts comme de l'eau de pluie. Si ce n'est plus. Parfois, c'est tellement dur de faire semblant.
J'inspire puis expire calmement. Il est temps à présent que j'execute ce que j'ai dit. Ce soir, je ne dois penser à rien d'autre qu'au bien être de ce petit garçon que j'ai réussis à décevoir l'autre fois. D'ailleurs, je me demande si, il m'en veut toujours ?
— Félix... L'appelé-je en commençant à avancer d'un pas gêné, les mains devant moi.
— Adrien n'a pas voulu me garder. C'est pour ça que tu es là, je crois qu'au fond, il l'a fait exprès. Lâche-t-il sans me regarder en continuant de jouer, mais cette fois, plus doucement.
Ses yeux sont rivés sur les deux jouets qu'il tient précieusement dans le creux de ses paumes. Il ne les lâche pas. Un peu comme moi, avec Adrien et Alya. Je refuse de les lâcher tous les deux, je m'accroche cœur, corps et âme, à ces deux personnes qui m'ont peut-être trahis. Et en regardant plus attentivement Félix, je me rends compte que beaucoup de choses dans la vie ont peut-être l'apparence d'avoir changé, mais c'est du vent. Il suffit juste d'ouvrir vraiment et simplement les yeux pour voir la vraie vérité. Qui elle, existe depuis le tout début...
— Eum... Ce n'est pas de ça dont je veux te parler. Je voulais te présenter mes excuses pour l'autre jour, tu voulais connaître la suite de l'histoire et j'ai eu peur des représailles. Je n'ai pensé qu'à moi, j'ai été égoïste, et j'en suis désolée. Lui avoué-je en le regardant.
Il relève la tête et tourne son regard vers moi. Il laisse quelques secondes s'écouler avant de se lever et de se précipiter sur moi, il enlace mes jambes désespérément. Et sans hâte, je pose immédiatement mes mains sur ses épaules, touchée et surprise par son geste.
— Adrien est une très mauvaise nounou, je suis content que tu sois revenus. Je suis désolé d'avoir été méchant avec toi... Rétorque-t-il d'une petite voix d'enfant épleuré.
— C'est rien... Ne t'inquiète pas.
— Ça veut dire que tu me pardonnes ? Me demande-t-il soudain, en levant sa petite tête vers moi.
— Bien sûr, assuré-je doucement en souriant tendrement.
Ses yeux brillent alors et un énorme et magnifique sourire enjolive son visage. Mon cœur loupe un battement ou reçoit un très gros choc. C'est un enfant, il ne connaît rien à la vie et aux murs qui l'attendent. J'aimerai que pardonner et recommencer à vivre soit aussi évident. Hélas, ce n'est plus cela lorsqu'on grandit. L'enfance est une phase de beauté, de tendresse, et d'innocence pure.
Félix se recule et retourne s'asseoir auprès de ses voitures. Il se remet à jouer tout seul, et il le fait très bien. Je note à moi-même qu'il n'a pas besoin de moi et croise les bras sous ma poitrine en le regardant faire, un sourire fin au bord des lèvres.
Un soupir intérieur se pousse de lui-même dans mon esprit, un soulagement inconnu et vraiment étrange me compresse le cœur. Apprendre à cesser d'être aussi sensible est là, la clef de tous mes maux. Cependant, si je cessais d'être aussi émotive alors je perdrais cette innocence qui me relie à Félix et à tous les enfants du monde. Dans mon enfance à moi, j'ai quelqu'un de très cher que je ne souhaite pas perdre. Parce qu'il n'est plus présent en chair et en os aujourd'hui, pourtant en gardant mon âme d'enfant, j'ai le sentiment de toujours l'avoir avec moi. Qu'il pourra continuer à subsister à travers elle en moi...
Personne n'a jamais prétendu qu'aimer était facile. Mais on n'a jamais prévenu du contraire non plus.
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