S1 E13 "Remise en question"
Marinette
Pourquoi faut-il toujours perdre son temps dans des histoires qui n'en valent pas la peine ? J'ai tellement de choses à faire et je trouve le moyen de ruiner mon énergie et de me tuer pour des histoires dont on rigolera dans dix ans. C'est fascinant la faculté que nous avons à toujours consacrer le plus cher de nous-même pour du vide.
Je remarque que, la douleur qu'on peut ressentir n'est jamais vraiment la même, pourtant elle sait tout détruire autour d'elle. Néanmoins, on part la chercher, on la reprend. Alors qu'on connaît déjà ses dégâts.
Pourquoi faut-il se faire du mal comme ça ? Est-ce si important que ça d'être aimer et entourée ? La solitude n'est-elle pas une bonne chose en fin de compte ? Je crois que de toute façon, on ne sera jamais content.
Quand on veut vraiment éviter quelque chose, on fait tout pour, alors je me dis que si je n'ai trouvé aucune alternative pour esquiver Adrien, c'est soit que j'ai inconsciemment envie de le voir, soit que je dois le revoir. Dans les deux cas, je ne suis pas vraiment consentante de ce qu'il va advenir par la suite. Un peu comme si, quoiqu'il puisse arriver, le choix n'est jamais vraiment mien.
Cette journée s'est déroulée très vite, j'ai été toute la journée dans la bibliothèque pour faire des recherches. La plupart de nos profs n'étaient pas là à cause d'un vilain rhume qui circule en ce moment.
Nous avons un exposé à rendre lundi, mon thème : l'amour. J'y travaille, ça fait déjà un bon moment, la dernière fois que je m'y suis penchée j'étais chez Adrien. Depuis, j'ai fait des recherches, mais je crois que pour savoir quoi dire il faut connaître plus personnellement le sujet. Sans ça, je n'aurai pas une bonne note. Mais l'amour, c'est tellement vaste, c'est un travail qui demande du temps, de l'expérience... -ce que je n'ai pas. Comment puis-je le réussir ?
Mon téléphone vibre dans ma poche, je le sors et vois un appel entrant d'Emilie, la mère d'Adrien. Sans tarder, bien que surprise, je décroche et porte mon cellulaire à mon oreille.
— Madame Agreste, je suis surprise de vous avoir au téléphone, lâché-je étonnée.
— Oh bonjour, Marinette. Je suis désolée de te déranger, mais j'aurai besoin de ton aide pour garder Félix. J'ai une très grosse réunion ce week-end, je rentre dimanche soir et Adrien est injoignable depuis hier, m'explique-t-elle paniquée (je ramasse mes livres en même temps, l'épaule collée contre mon portable pour le tenir contre mon oreille).
— Écoutez je... Je vais venir. Laissez-moi juste le temps d'arriver. Réponds-je un peu déconcertée.
— Merci beaucoup, je te dédommagerai pour cela. À tout de suite ! S'exclame-t-elle joyeusement, rassurée.
Puis elle raccroche. Je m'empresse de ranger ma trousse et les livres que j'ai emprunté dans mon sac. Par la suite, je m'enfuis immédiatement jusqu'à l'arrêt de bus. Le stress est à son comble, mais quelque part je me dis que j'aurai pu le prévoir. Je n'ai pas répondu au message d'Adrien, car je n'avais aucune réponse à lui donner. Tout ce qui le concerne se perd chez moi aussitôt.
Il est injoignable depuis hier ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Il m'a envoyé un message ce matin ? Ça signifie qu'il n'est pas rentré chez lui depuis hier, mais comment a-t-il su que sa mère aurait besoin de moi ?
Attends... mais je crois savoir comment il a fait pour s'arranger.
Oh, le connard !
***
La porte s'ouvre sur Adrien. Mon cœur loupe un battement lorsque je le vois. Et malgré la colère qui me ronge le cœur, le soulagement de le revoir est plus fort et m'arrête net sur le pas de la porte. J'ai eu peur qu'il lui soit arriver quelque chose, malgré moi, je me suis inquiétée pour cet idiot qui ne le mérite pas.
On dit que notre cœur à ses raisons que la raison ignore, et bien pour être honnête, plus je côtoie Adrien et plus je comprends ce que cette phrase veut dire.
— Ta mère m'a demandé de venir, bafouillé-je faiblement, les mains moites.
— Oui, elle m'a dit. Je sais. Il répond en hochant la tête puis il se pousse pour me laisser entrer, juste après il referme la porte derrière moi.
Mais en passant devant lui, le parfum de sa maison et le sien me frappe au visage et je ressens le choc comme une claque. Un gros coup de poing m'est asséné dans le ventre, la douleur s'amplifie dans le fond de mon âme. J'aimerai tellement que les choses se simplifient, que j'arrête de me tourmenter pour un mec qui s'en fou de moi ou qui me manipule comme si j'étais sa chose.
Bon sang, j'avais dit que je tirais une croix sur lui... J'avais dit que c'était finis.
— Où est ta mère... ? Demandé-je en me tournant mais le reste de ma phrase se meurt dans ma gorge quand je tombe nez à nez avec lui.
Ses yeux se plantent dans les miens, je reste figée par l'intensité si amer de son regard. Adrien a les bras croisés contre sa poitrine, il m'observe comme un félin le fait avec sa proie. Et moi, déstabilisée par son attitude, je succombe et plonge la tête la première dans son piège.
Erreur de débutant.
Malgré ce qu'on pense, l'amour ne nous fait pas perdre la tête, il embrouille simplement nos pensées. Et juste avec ça, on arrive à se perdre tout seul. Si on s'arrêtait d'aimer, qu'on avait le déclic pour nous sauver du reste, il n'y aurait plus de problèmes. La tranquillité nous appartiendrait. Malheureusement, ce n'est pas aussi facile.
Et je sais qu'au fond de lui, Adrien sait qu'il mène la danse, il sait qu'il détient le control, alors il en profite. Comme il doit s'amuser, sûrement plus que moi. Avec tout ce qu'il me fait, vraiment, il a l'air de s'éclater.
— Je dois te parler avant, indique-t-il d'une voix grave et je recule d'un pas pour reprendre un peu de contenance, parce que je sais que je serai capable de céder à tout mon poids.
Cette histoire, ces sentiments, ils pourraient me faire m'écrouler.
— D-D'accord, bégayé-je la gorgée nouée.
Un instant, quelques minutes de silence s'écoule. J'ai le regard baissé, le cœur battant la chamade dans ma poitrine, avec mes livres plaqués fermement contre ma poitrine. Adrien finit enfin par se décider, il tente de s'approcher en faisant un pas en avant, mais j'en fais deux en arrière. Son geste m'effraie. J'ai besoin de cette distance.
Je ne peux pas le supporter trop près de moi. Ou je vais me tuer. Il va m'achever.
Très vite après mon geste, je l'entends déglutir. Un malaise pourrait s'installer, mais c'est avec lui que je suis.
— Désolé pour l'autre fois, j'ai vraiment été un connard avec toi. Je voulais juste que tu... réagisses, lâche-t-il mais je ne lève toujours pas les yeux (l'envie y étant pourtant).
Sur le moment, je fais mine de rien mais je ne sais pas cacher mes sentiments, je suis une très mauvaise actrice, alors la meilleure idée que je trouve est simplement d'hausser les épaules pour avoir à ne pas ouvrir la bouche. Ma voix trahirait l'état d'esprit dans lequel je me trouve. Adrien comprendrait alors. Il saurait tout ce que je m'acharne à lui cacher.
Certes, il a raison, il a mal agis, mais je n'ai pas été trop mal non plus. J'ai ma part de responsabilités dans cette histoire.
— Je suis désolée, aussi. Je n'avais pas à nous donner en spectacle devant ta... copine, ajouté-je avec hésitation.
Sans le voir, je le sens pourtant sourire.
— C'était pas ma copine, juste une fille comme ça, mais je l'ai nexté très vite. Elle était molle, révèle-t-il, ses aveux me font sourire très faiblement mais je m'empresse de planquer ma joie en inclinant la tête en avant.
— L'autre fois, tu m'as parlé d'Alya. Tu disais la vérité, je ne suis pas la seule amie qu'elle a, c'est vrai et je l'oublie souvent. Mais je... je veux juste la protéger. Et j'ai pas supporté que tu essayes de tout gâcher entre nous, expliqué-je.
— J'ai abusé, c'est vrai, admet-il. Mais Alya et moi on est proche depuis longtemps. Quand on était petit, on était très proche. Je m'en rappelle, c'était ma confidente, rit-il amusé.
Surprise par sa révélation, je lève la tête et le fixe fixement.
— Ta confidente ? Répété-je avec étonnement.
— Oui, pourquoi, tu savais pas ? Demande-t-il légèrement gêné en se frottant l'arrière de la tête avec un fin sourire.
— Non... non, je n'en savais rien. Elle ne me l'a jamais dit, réponds-je sous le choc.
Alors, j'avais raison elle me cachait des choses...
Dans mon cœur, une fissure résonne en échos, je prends cette découverte comme une trahison. C'est terrible. Pourquoi Adrien sait des choses que je ne sais pas ? Est-ce qu'Alya m'a caché d'autre chose ? Pourquoi elle ne me l'a pas dit ?
Adrien fronce les sourcils et perd toute trace de son sourire. Dès lors que l'expression de mon visage s'est modifié, le sien en a fait de même. On est tous les deux dans l'incompréhension total, un peu comme si, on avait été mené en bateau depuis le début.
Là maintenant, tous les scénarios possibles circulent dans ma tête. Je ne sais pas si je serai capable de la pardonner si le mensonge est trop gros, et pourtant c'est ma meilleure amie. Mais qu'elle est pu me l'a mettre à l'envers m'arrache le cœur, et une colère plus sourde qu'autre chose me dévore les entrailles. Une partie de mon âme prend feu et succombe à la déception qui me saisit par les tripes.
Alya... pas elle.
Sur la fin, alors que j'approche aussi près de la vérité, j'ai envie de faire machine arrière. Pour éviter la douleur, qu'est-ce qu'on serait prêt à faire. Parfois, l'ignorance n'est-elle pas un meilleur choix ? Je sais que la sincérité et la réalité sont deux choses très importantes. Seulement, je supporte le poids trop difficilement. Je tangue entre des milliers de bords, tous plus dangereux les uns des autres.
Alors qu'on a terminé de traverser le plus dur, je découvre une nouvelle facette de la personne que je pensais connaître le mieux. Elle se révèle beaucoup plus sombre que je l'espérais et défonce mes dernières barrières d'un éclat.
— Marinette, est-ce que ça va ? Tu es toute pâle, s'inquiète Adrien.
Il avance et cette fois, mes forces ne sont pas disposées à me faire à nouveau reculer. Je relève simplement mon regard brillant vers lui et sans savoir pourquoi, je lui mens ouvertement.
— Oui... ça va, réponds-je en souriant légèrement, la voix tremblante.
Mais lorsqu'une larme m'échappe, je m'effondre comme un château de cartes. C'est finis de moi, de la fille courageuse qui a gardé beaucoup de choses pour elle. Cette fillette courageuse qu'il a laissé il y a des années, elle n'est plus qu'un lointain souvenir. Peut-être même, qu'elle n'existe plus du tout. Est-elle morte, également ?
Il y a tellement de larmes qui m'assaillent que je sens à peine les bras d'Adrien qui me récupèrent et me resserrent. Il tente en vain de consoler ma peine, mais il essaye dans le vide. Parfois, on doit accepter la réalité. Il faut avoir le courage de quitter les rêves et le bonheur pour affronter la vérité qui n'est jamais agréable à entendre. J'aurai pu fuir, et m'épargner des larmes et de nombreux chagrins. Mais j'ai déjà perdu quelqu'un à cause des mensonges et des secrets, je ne veux plus jamais avoir à le revivre.
Alors, j'ai l'air bête de pleurer...
— Quand t'es avec moi, t'es pas obligé de mentir. Même si tu m'aimes pas, je suis une oreille attentive... Confie-t-il et il caresse mon dos tendrement, une chaleur s'installe dans le creux de mes reins.
Son geste me fait redresser la tête pour le regarder. Il est tellement beau, que j'ai le cœur qui se serre dans ma poitrine, sous mes cottes il tambourine pourtant. Hélas, il y a trop de choses qui nous sépare. Les larmes coulent encore, elles s'écoulent toujours mais plus lentement. Cette fois, dans le fond de ses prunelles qui brillent étrangement alors qu'elles sont sombres, j'y décèle une part de tendresse défaillante.
Elle est toute petite et si fragile. Malgré ça, elle résiste à l'obscurité et scintille de milles feux dans ses yeux.
Il y a des mots qui jaillissent dans ma tête, lui étant destinés. Et alors que je le regarde, je sens son visage se rapprocher du mien. Inconsciemment, j'approche une main timide de son visage et la pose sur sa joue tandis que mon autre main est posée sur son torse. Le temps s'arrête doucement, les secondes s'effilent lentement.
— Adrien... je... Commencé-je le souffle court.
Nos lèvres sont à quelques centimètres l'une de l'autre.
Son souffle saccadé se fracasse contre ma bouche.
Une vague de frissons me traverse.
— Dans la vie, des gens te feront du mal, mais ce n'est pas pour autant que tu ne les aimeras pas, indique-t-il calmement, d'un ton qui me désarme.
Il a raison. Et il me fait réaliser à quel point, dans ce monde, on a toujours tendance à juger les autres. Que ça soit sur leur physique ou leurs actes. J'ai fait des choses mal, je continue d'en faire. Alya peut elle aussi avoir le droit d'avoir commis des erreurs. La perfection n'existe pas. Et si personne n'est parfait, alors il est normal que je sois capable de pardonner.
Un jour, les gens partent, parce que rien n'est éternel, et ils ne reviennent jamais. Lorsqu'on a le choix, on n'est pas content, mais quand on ne l'a plus, on pleure. Le chagrin se résume à un caprice qui ne nous appartient plus. Dit comme ça... tout devient plus évident pour moi. Le brouillard s'estompe et tout d'un coup, je me sens revivre d'une joie que l'espoir sait émerveillée.
Un sourire étire mes yeux alors que je l'observe encore.
— Merci, souris-je d'une petite voix.
Nous nous regardons, et je crois apercevoir des rougeurs colorées ses joues, ses yeux s'arrondissent, stupéfaits. Quelque part dans mon cœur, une flamme s'embrasse et naît des cendres poussiéreuses qui datent d'antan. Une émotion très forte que je n'avais plus ressentis depuis des années anime de nouveau tout mon être.
Pour grandir, il faut apprendre à balayer devant sa porte d'abord avant d'aller le faire chez les autres. Et j'ai réussis à le comprendre grâce à Adrien.
Tout compte fait, il n'est pas aussi égoïste que je le pensais. Au contraire... il semble avoir un cœur plus gros qu'il n'y paraît. Ce mec n'est pas aussi intouchable qu'on le prétend.
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