S1 E12 " Au-delà des sentiments "
Marinette
On pense toujours bien connaître les gens, comme si la première impression faisait tout. C'est faux. Complètement, et irrémédiablement faux. Nous appartenons tous à un caractère qui nous est propre et auquel nous resterons fidèle à vie. Il se peut que toute la confiance que j'ai pu placer en Alya soit en train de se retourner contre moi, malgré le nombre d'années que je la connais, ce qu'a dit Adrien m'empêche de relativiser. Comment faire quand notre meilleure amie nous a peut-être mentis ?
— Mari, tu peux me passer le sel, s'il te plaît ? Me demande ma mère doucement.
Je m'exécute, brûlée par la réalité. Elle sourit en récupérant l'objet dans ses mains, et se met à saler son plat de pâtes tandis que je replonge dans les abysses de mes pensées. Je suis obnubilée par le comportement d'Adrien et Alya, j'essaye de ne pas l'espionner, mais c'est plus fort que moi. Je suis assoiffée d'une vérité qui prend tout son temps à sortir. Comme si j'avais l'éternité à lui consacrer !
Mais peut-être que me prendre autant la tête n'est pas une bonne chose, j'ai les idées qui se bousculent et s'emmêlent. En ce moment, je ne suis plus dans mon état normal, la panique fait quotidiennement partis de moi, tout comme la confusion. Ne pas savoir ce qu'il faut faire quand, comment, et où, devient un véritable enfer. Je dois absolument me reprendre en main, moi ainsi que ma vie.
Le dîner se termine sans encombre, puis je finis par monter dans ma chambre. A l'intérieur, je m'y enferme à double tour et m'installe sur mon lit avec mon téléphone. Je démarre la musique, préalablement choisis, pour être sur de ne pas être déçue de la mélodie, puis m'allonge et fixe le plafond. Le cœur en vrac, je ressasse des évènements qui font du mal. Ceux qui semblent déchirer notre âme en deux.
— Comme c'est douloureux de souffrir..., soupiré-je dans le vide à bout de souffle, désemparée.
Pour certains, ma phrase paraît évidente, mais pour moi, dit à haute voix de cette manière, elle prend tout son sens.
***
Alya
Aimer quelqu'un sans retour fait terriblement souffrir, c'est l'une des pires douleurs qu'on puisse ressentir. Je ne souhaite à personne de vivre ça.
La personne qu'on aime a beau être devant nous, nous sourire et rire avec nous, elle paraît pourtant toujours aussi loin. Un monde semble nous séparer, c'est terrible. A chaque fois qu'Adrien me regardait, j'avais l'impression d'être la dernière merveille du monde. Il me donnait le sentiment d'être importante et précieuse.
Noire tromperie...
J'ai souffert de la non réciprocité de mes sentiments, mais avec le temps et le recul je découvre avec stupeur que le plus douloureux est le mensonge que j'ai laissé naître. Marinette pense désormais que le méchant de l'histoire est celui que j'ai tant aimé et ai voulu égoïstement garder pour moi.
La distance que j'ai sans vouloir instaurer pourrait mettre en danger tout ce que j'ai. C'est à cause de mon avarice que je suis sur le point de perdre ma meilleure amie, et que sans le savoir, les deux personnes que j'aime le plus au monde.
Il faut savoir que j'ai essayé de combattre ces sentiments qui m'assaillaient , j'ai fuis du mieux que j'ai pu la vérité. Mais c'était déjà trop tard, et des excuses n'y changeront rien. C'est là, et c'est fait. Au fond, on cherche tous à être aimer, peu importe la façon dont c'est fait. De nos jours, la manière importe moins que le résultat. C'est un monde sans foi ni loi dans lequel nous vivons, alors si j'ai agis de cette façon avec ma meilleure amie... ce n'est pas entièrement de ma faute. Enfin, je crois.
Adrien avait l'air tellement beau, il représentait tout ce dont je pouvais espérer. Il était mon idéal. Mais je n'étais pas le sien... Dur réalité, dur vérité, que j'ai mis du temps à avaler et pour cause : je l'ai vraiment aimé. De toute façon, c'est toujours quand c'est vrai que l'histoire est la plus compliqué. Soit il ne se passe rien, soit pas assez, soit beaucoup trop que ce qu'on espérait.
Imaginez voir l'homme que vous aimez regarder votre meilleure amie de la même façon que vous le regardez lui ! Il n'a jamais eu que d'yeux pour elle, mais elle s'est toujours concentrée sur sa vie, sur elle, et jamais sur lui. S'ils ne s'étaient pas rapprochés je ne sais comment, tous les espoirs que j'ai conservé au court des années, ne serraient pas en train de s'effondrer en m'emportant avec eux.
Tout d'un coup, je fonds en larme. Ma mère qui est assise à côté de moi se redresse du canapé et s'empresse de me prendre dans ses bras complètement paniquée.
— Oh ma chérie, mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? Me demande-t-elle doucement.
— J-J'en peux plus, maman. C'est beaucoup trop dur d'aimer, je ne veux plus avoir de cœur, j'aimerai devenir amnésique pour avoir à me soustraire de toute cette douleur. Aide-moi à l'oublier... parce que je ne supporte plus le poids de son absence. Il aime Marinette mais moi, c'est lui que j'aime. Et c'est ma meilleure amie qui l'intéresse... Expliqué-je la voix tremblante, le corps parcouru de plusieurs vagues de frissons à la suite.
Les larmes montent et fuis de mes yeux en profitant de ma peine pour me brûler le cœur. Sur le moment, c'est tellement merveilleux de vivre tous ces instants magiques qui nous font décoller du sol et rencontrer les cieux. Un bonheur incommensurable, vite addictif, nous saisit par les tripes. On souhaite alors y retourner très vite, sans savoir que la chute est toujours plus dur à chaque fois.
Jusqu'au jour où il faut se réveiller et affronter la réalité et les dégâts que chaque chute nous a causer. On doit cesser de se brûler les ailes et l'âme, pour une autre personne que nous-mêmes. Si l'être en question, n'est même pas capable de faire autant que ce qu'on a fait pour lui, cela veut dire qu'il ne vaut pas la peine.
Eh oui, malheureusement... c'est la vérité. C'est ça l'amour, ça fait autant de bien que de mal.
L'illusion que l'amour apporte, est bien que même quand on pense ne plus pouvoir aimer, il arrive à nous montrer qu'on a tord et même à travers la désillusion on continue d'apporter autant de sentiments qu'au départ. Envers et contre tout, nous dépassons des limites, autrefois jamais doutés.
***
Marinette
Alya a peut-être une vie secrète. Elle doit me cacher des choses dont Adrien est au courant et non moi. C'est certain, j'en suis sûr. Sinon pourquoi m'aurait-il dit ce qu'il m'a dit ? Il a beau être méchant et égoïste, en général, il n'ouvre pas la bouche pour rien. Contrairement à moi, il sait parler pour une bonne raison. Lui au moins, à un but bien précis. Alors que moi... j'hère comme une âme en peine depuis que nous nous sommes rapprochés. C'est presque, si je ne suis pas en train de remettre en cause la promesse que j'ai fait, il y a de ça des années.
S'il avait été là, il aurait su quoi faire. Pour chaque situation, il trouvait toujours les mots. Oh seigneur, comme il me manque...
Des larmes se réveillent, provenant du fond de mon cœur et je pose mon bras sur mes yeux alors que mon cœur se resserre et ma gorge se noue. Mes nerfs lâchent d'un seul coup. Toute ma peine se déverse dans les flots d'une angoisse trop forte à supporter.
Je ne suis pas la fille forte qu'il décrivait. J'ai l'impression de le décevoir dans chaque chose que je fais. En ce moment, je suis complètement perdu. J'ai besoin d'aide, mais je ne sais pas comment la réclamer. Un peu comme si ma crainte se refermait sur moi.
Entre Adrien, qui manipule mes sentiments comme bon lui semble. Et mon amitié à la délivre avec Alya, plus l'argent, tout s'emmêle trop vite pour que je puisse y mettre un terme. Pour parvenir à tout remettre dans l'ordre, je dois m'occuper de chaque chose les unes après à les autres. Mais impossible de trouver le créneau pour. Tout va beaucoup trop vite. Le temps me file entre les doigts comme de l'eau.
Et je me noie... encore, je bois la tasse, une première fois, puis une deuxième, tout en continuant de me débattre pour vivre. Rien qu'une bouffée d'air et me voilà repartie à la dérive, en train de combattre corps et âme, des vagues déchaînées d'eau salée couleur sang.
Je me retourne dans mon lit une bonne centaine de fois tout en continuant à pleurer le moins fort possible. Les heures passent. Je ne suis plus rien et suis complètement bercée dans le vide. L'inconscience elle-même consciente de son désespoir. Mais la douleur est si grande qu'elle m'empêche de parler. En revanche, dans mon esprit des millions d'idées et de questions s'emmêlent et se combattent. Ça va dans tous les sens, c'est insupportable et ça donne très mal à la tête. Sur le long terme, quand je ressasse un peu plus mes souvenirs, je me rends compte que le moment où je suis seule est celui que je redoute le plus. Parce qu'il faut toujours qu'une partie de moi aille se faire du mal, elle se jette dans les flammes du mal. Celles du chagrin pur, beau, toxic.
Quand j'entends mon réveil sonner, je fronce les sourcils en me retournant. J'attrape mon téléphone perplexe, et découvre l'heure avec encore plus de surprise qu'il n'en faut pour le dire.
7h30. La nuit est terminée. Et je n'ai pas dormis.
Un soupir m'échappe quand je le repose sur la table de chevet en appuyant mes mains contre mes yeux, en même temps je m'étire de tout mon long en baillant. J'ai pleuré un long moment et maintenant, je suis plus calme. Ou plutôt, complètement vide. Je n'ai plus rien à dire ni à faire. Quand je me redresse et regarde ma chambre encore plongée dans une semi obscurité, j'imagine le visage d'Adrien, la réaction qu'il a eu ainsi que les regards qu'il m'a adressé. Et ça me tue. Une fois de plus.
Pour la énième fois de la nuit. Je me replante toute seule un couteau dans le cœur, et Dieu sait que j'en ai déjà beaucoup à présent. Pourtant, cela n'empêche pas que la place y soit. La preuve, ça rentre toujours. Comme quoi, on a besoin de personne pour se faire du mal.
Bien qu'épuisée et les membres engourdies, je cesse de penser et me lève vite de mon lit. Le froid frappe ma peau chaude, je cours dans la salle de bain et très vite commence à me préparer. Je prends une douche brûlante, en me lavant, je frotte comme une dératée mon gant contre ma peau. Ma peau rougie, elle aussi essoufflée de la douleur que je lui inflige. Mais moi, ça me fait du bien, ça me permet de savoir que je suis toujours vivante. Adrien n'a pas tant réussis a m'achever que ça. Voir à quel point je peux ressentir autant de chose m'aide à tenir le coup. Tant que la douleur est toujours présente, rien n'est perdu, je suis toujours apte à retrouver le bonheur. Encore mieux ! Cela veut dire qu'il n'est pas loin.
Les contraires s'attirent. Ils font parfois, également paires. Exemple : bonheur & malheur.
En sortant de la salle de bain, je retourne dans ma chambre et là-bas je m'habille et me maquille. Un coup de mascara, un peu de crayons au bord des cils et le tour est joué ! Par la suite, j'attrape mon sac déjà prêt et file dans la cuisine. Mes parents dorment encore, tant mieux, je n'avais pas envie de les voir ce matin. Après la nuit que j'ai passé, j'ai vraiment envie d'être seule. Je sais que ce n'est pas bien, mais au final, je ne sais plus ce qui est mal ou non.
Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon jean, assise sur un tabouret haut, je le récupère dans ma main pour vérifier ce que j'ai reçu. Un message d'Adrien s'affiche, mon cœur loupe un battement mais je reste immobile, les yeux rivés sur le sms que je viens de recevoir.
Salut ma mère part ce soir, elle ne sera pas là du week-end. Tu peux garder Félix ?
Comment suis-je sensée répondre à ce message ? Les mots me manquaient déjà avant qu'il ne m'envoie un message et ce n'est certainement pas après ça qu'ils vont me revenir. Bon sang, mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Adrien ne peut pas garder Félix ? Pourquoi suis-je obligée de le faire ? Je risque de le voir en plus, c'est une raison suffisante qui devrait me pousser à refuser. Mais en même temps, tous les deux nous devrions parler de ce qu'il s'est passé. J'ai besoin de savoir ce qu'il voulait dire par "Tu sais, tu n'es pas la seule amie qu'Alya possède autour d'elle." Les réponses manquent. Elles sont primordiales à présent. Seulement pour les avoir, je vais devoir à nouveau tenter le diable et approcher le démon de mes maux.
La question est... est-ce que la vérité en vaut vraiment cette peine ?
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