Chapitre 9 ⎏ Pardon ⎏
Précédemment...
Baiser consentis entre Adrien et Marinette, mais prise de peur Marinette s'est enfuis.
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𝓜𝓪𝓻𝓲𝓷𝓮𝓽𝓽𝓮
"S'il vous plaît, ne partez pas..." je sanglote, les larmes inondant mes yeux alors que je serre fermement ses mains glaciales.
Sa peau, d'une froideur qui me glace le sang, porte déjà la marque de la mort, et cette vision me terrifie. Assise à sa droite, je ne peux que fixer son teint pâle, accablée par la fin imminente qui semble se rapprocher inexorablement.
Les chances de survie s'amenuisent, disparaissant dans l'air comme de la fumée, tandis que son cœur faiblit. Peut-être est-il temps d'accepter qu'il parte ?
Non, je ne peux pas... C'est au-dessus de mes forces, bon sang... non !
"Marinette..." souffle-t-il, épuisé. "Quoiqu'il arrive, n'oublie jamais que je serai toujours là, dans ton cœur..." murmure-t-il en pointant un doigt tremblant vers ma poitrine.
Je vois sa main trembler, et une larme chaude roule sur ma joue. La douleur crispe mes muscles. Je ne veux pas pleurer, mais je ne peux pas m'en empêcher. La tristesse m'envahit et me submerge, affligeant mon âme de milliers de coups de poignard.
Si seulement je pouvais le sauver, si seulement il existait un remède...
Des sanglots incontrôlables éclatent en moi, face à mon impuissance, tandis que mon amour dépasse les limites du supportable. Je repense à la mort qui m'avait choisie en premier, et il s'est sacrifié. Pour moi. Il m'a sauvé la vie.
"Il est hors de question que vous mouriez ! Vous devez vivre, sur cette terre, en chair et en os. Je suis incapable de vivre sans vous, Fu. Je ne peux pas..." dis-je en baissant la tête, m'effondrant en larmes.
Avec le peu de force qu'il lui reste, il me serre dans ses bras. La chambre d'hôpital dégage un parfum nauséabond, mélange de chlore et de désinfectant. En inspirant, cette odeur me monte au nez et emplit mes poumons. J'essaie de me donner du courage, mais c'est difficile parce que je ne suis ni courageuse ni forte. Le bruit des machines respiratoires est oppressant, cet endroit transpire la mort.
On ressent en permanence un poids sur la poitrine, si intense qu'il peut parfois couper le souffle. Le danger est omniprésent et la guérison si lointaine... Au bout du compte, plus on reste à l'hôpital, moins on voit la fin.
C'est comme si la vie nous échappait.
- Retour au présent -
Je ressasse tout, encore et encore. Mon téléphone en main, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, une musique mélodramatique berce mon âme. Plongée dans une nostalgie intense, je revis chaque moment douloureux du passé. Ce jour-là, j'ai fait une promesse, et l'argent de mon baby-sitting n'a qu'un but : la réaliser.
À l'époque, j'étais trop jeune pour distinguer le bien du mal. J'étais naïve, la tête pleine de rêves, le cœur gonflé d'amour à donner. Je ne pouvais pas imaginer l'avenir qui m'attendait. J'y ai cru jusqu'à la dernière seconde, je n'ai rien lâché malgré tout. Je lui ai tenu la main, je suis restée à son chevet jusqu'à ce que je ne le puisse plus.
On perd tous quelqu'un au cours de notre vie, que la mort intervienne ou non. Lors de cette disparition fracassante, notre cœur reçoit un coup dont il se rappellera éternellement, comme s'il était important de se souvenir d'un moment qui nous a fait du mal.
Mais ce qui ne tue pas rend plus fort.
Ce n'est pas si faux, la preuve : je suis toujours vivante.
Trois coups frappés à ma porte me tirent brusquement de mes pensées. Je détourne aussitôt la tête de mon ordinateur et fixe la porte.
— Oui ? demandai-je.
La porte s'ouvre, et la petite tête de ma mère apparaît dans l'embrasure, son visage marqué par l'inquiétude.
— Tout va bien, ma chérie ? Je ne t'entendais plus, je me suis inquiétée.
— Oui, ça va. Je fais un devoir pour lundi, la rassurai-je d'une voix douce.
Elle entre et referme la porte derrière elle, puis s'avance et s'assied sur mon lit. Je ferme mon ordinateur, soucieuse.
— Tu veux me parler de quelque chose ? je la questionne.
— C'est au sujet d'Alya. Sa mère a appelé tout à l'heure. Alya n'arrive pas à te joindre, elle demande comment tu vas, m'affirme-t-elle.
À ces mots, je comprends immédiatement que ce qui va suivre ne va pas me plaire. Je n'ai pas été en cours aujourd'hui, et Alya a essayé de me joindre toute la journée. Je n'avais pas le cœur à lui répondre après ce que j'ai osé lui faire. La nuit m'a laissé tout le temps de réfléchir à mes actes, à tel point que je n'ai pas eu le courage d'aller en cours aujourd'hui. En plus d'avoir fait une insomnie, je me suis marquée la peau. Certains trouveront que je m'emporte pour rien, d'autres diront que je n'en fais pas assez. Moi, je me trouve ridicule et bonne pour la corbeille.
— Qu'est-ce qui se passe, ma puce ? Tu t'es disputée avec Alya ? s'inquiète ma mère en posant sa main sur la mienne. Je relève les yeux et la regarde.
— J'ai fait quelque chose d'impardonnable, maman, avouai-je honteusement, d'une voix faible.
— Qu'est-ce que tu as fait ? Dis-moi, mon ange, m'encourage-t-elle tout en soutenant mon regard.
Un instant, je suis prise d'une très forte hésitation. Certes, c'est une histoire qui ne concerne qu'Alya et moi, mais j'ai besoin d'aide. Je suis complètement perdue, et mis à part ma mère, je ne vois personne à qui me confier.
Un soupir m'échappe.
— J'ai embrassé un garçon qui lui avait fait du mal, confiai-je d'un seul coup.
Ma mère reste bouche bée et me regarde, les yeux écarquillés. Si elle n'était pas ma mère et que je ne la connaissais pas si bien, j'aurais l'impression qu'elle me juge et qu'elle est à deux doigts de me faire la morale. Mais c'est tout le contraire : elle me prend dans ses bras et tente de me rassurer du mieux qu'elle peut.
— Si tu veux que tout s'arrange, tu dois lui en parler. Elle te pardonnera si tu lui dis la vérité. Vous êtes amies depuis longtemps.
— J'espère... Mais je ne sais pas comment lui dire. Je m'en veux tellement, si tu savais, déclarai-je en la serrant contre moi.
— Dans une amitié, il y a toujours des hauts et des bas. Mais tant que tu ne lui mens pas, rien n'est perdu. Alya déteste les mensonges. Si tu lui avoues la vérité, elle te pardonnera sans hésiter. Vous vous adorez trop toutes les deux pour vivre l'une sans l'autre, affirme ma mère avec assurance. Elle me paraît sûre d'elle.
Je lui souris faiblement en regardant dans le vide.
— Ouais... t'as raison, je vais l'appeler. Merci, soupirai-je, le cœur battant la chamade.
Dans ma tête, ma discussion avec Alya est encore floue. Je ne sais pas ce que je vais lui dire ni comment, mais je ne peux plus faire demi-tour, c'est trop tard. Ma mère finit par se lever et m'embrasser sur le front. Quand elle sort et ferme la porte derrière elle, je lâche un lourd soupir et me laisse tomber en arrière sur mon lit. Allongée, les yeux fixés au plafond, je plonge dans mes pensées.
Mon téléphone repose sur la table de chevet, à portée de main. Il me suffit de me redresser et de tendre le bras pour l'attraper, mais j'ai besoin de quelques minutes pour réfléchir avant d'agir. Si je résume la situation : j'ai manqué l'école et ignoré tous les appels. Hier soir, j'ai embrassé Adrien sans dire à Alya que j'étais chez lui, et maintenant elle doit se douter que je l'évite. Et c'est un euphémisme de dire que je ne suis pas en forme à cause de toutes mes heures de sommeil perdues.
Je n'arrive pas à m'imaginer l'appeler et lui dire toute la vérité par téléphone. De loin, je ne pourrais pas lui montrer ce que je ressens réellement. Avant qu'elle sache la vérité, j'ai envie qu'elle me pardonne, même si c'est égoïste. J'espère qu'Adrien a gardé le silence. Si jamais il lui a dit quelque chose, je suis encore plus proche de la fin que je ne le pensais.
Deux arrogants ensemble, on formerait un beau couple tous les deux.
La torturée et le richard.
Pourquoi pas...
Je grimace en frottant mes yeux.
Bon sang, mais qu'est-ce que je dis ?
Il est urgent que j'apaise les maux qui me tourmentent avant que ça ne dégénère. Le cœur battant la chamade, je me redresse et reste un instant sans bouger, réunissant tous les arguments possibles dans ma tête. Je compose une phrase plus ou moins correcte, mais en me concentrant sur la manière de la dire, j'entends mon téléphone vibrer. Je tourne la tête et attrape mon portable. Mes yeux repèrent immédiatement la notification qui a allumé l'écran.
C'est un message... d'Adrien ?!
Mon cœur s'emballe, et je clique dessus, rapidement accédant à la page et lisant le message, complètement paniquée.
"Ma mère demande comment tu souhaites être payée et si tu peux revenir demain après-midi pour garder Félix. Elle a un autre dîner professionnel. Elle te remercie aussi pour Félix, il était très heureux ce matin en se réveillant."
En terminant de lire, je suis sans voix, mon esprit envahi par le vide. Je ne m'attendais pas à recevoir un message de sa part, encore moins à ce qu'il me parle de sa mère et de Félix. Ce message soulève trois choses perplexes.
La première, qu'il me demande comment je veux être payée. La deuxième, que sa mère me demande, ce qui signifie qu'il ne lui a pas parlé de notre dernière altercation. Adrien aurait-il un cœur, finalement ? Et enfin, la troisième, qu'il m'envoie un message alors qu'il n'a jamais eu mon numéro.
La mère d'Adrien m'aurait envoyé un message, mais Adrien a tenu à le faire à sa place.
Pourquoi ?
Les questions tourbillonnent dans mon esprit, semant la confusion. Monter, descendre, monter, descendre. C'est épuisant émotionnellement. Tous ces questionnements me poussent à pianoter un début de phrase sur mon téléphone, mais je sens mes doigts se figer au milieu.
Je devrais parler à Madame Agreste, après tout, c'est elle ma patronne. Pas lui.
Soupirant, j'éteins mon téléphone et le range dans mon sac. Je lève les yeux au ciel, préoccupée.
Après cet événement, j'ai pris mes distances et empêché mon esprit de songer à quoi que ce soit en lien avec la famille Agreste. La matinée s'est écoulée, j'ai écouté en classe de sciences pour la première fois depuis longtemps. Mes connaissances se sont améliorées, et je suis fière de moi. L'après-midi a filé rapidement, et la soirée est arrivée.
Lorsque je suis rentrée à la maison, ma mère a voulu qu'on discute, car elle m'a sentie distante et préoccupée ces derniers temps. Elle a essayé de m'apaiser, de m'aider. Je me sens mieux désormais.
Je m'installe confortablement sur mon lit, encore vêtue de mes vêtements de la journée. Par habitude, je prends une douche et change de vêtements, mais j'ai envie de me débarrasser de ce poids avant de me glisser sous l'eau chaude.
— Tu sais, Marinette, l'honnêteté est un trait de caractère essentiel à l'être humain. Et plus tu aimeras, plus il te faudra être sincère. Car la malhonnêteté est la manière la plus cruelle de trahir quelqu'un.
Les mots de ma mère tournent en boucle dans ma tête, fouettant mon cœur. Une ampoule s'allume dans mon cerveau, cramant tous mes neurones, et j'écarquille les yeux en levant la tête.
Certes, mon besoin d'argent est important, mais si ma mère a raison, il ne doit pas me faire oublier qui je suis vraiment. Cela signifie que je dois toujours dire la vérité, quoi qu'il arrive, et ne pas laisser le mensonge entacher mon existence.
Si jamais je ne réunis pas les fonds, je te demande pardon, grand-père...
Mes doigts s'agrippent à mon téléphone, et je suis guidée par les mots dans ma tête.
Je vais répondre à Adrien.
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