Chapitre 7 ⎏ Déviations ⎏

Marinette

Je m'assois sur le lit, plongée dans la lecture, tandis que Félix attendait son histoire du soir. Après le dîner, il s'est préparé pour la nuit, désirant une histoire pour s'endormir. Ça fait un bail que je n'ai pas lu pour quelqu'un, et ça remue en moi des souvenirs acerbes.

-Non... Est-ce qu'ils vont mourir ? soupire-t-il, emporté par l'histoire.

Je jette un coup d'œil à l'horloge : déjà onze heures! Je n'avais pas vu le temps filer, captivée par les aventures d'un chevalier et d'une princesse. Le livre, destiné aux enfants, raconte une histoire de chevaliers et de princesses, mais c'est l'homme qui est au centre de l'attention. C'est un monde magique, empreint de douceur enfantine, et curieusement, ça me replonge dans mes souvenirs d'enfance.

-Tu dois dormir maintenant, bonhomme. Je murmure en refermant le livre.

-Juste une dernière fois, s'il te plaît ! supplie Félix, attrapant mon bras avec des yeux de chiot.

Il sait y faire pour attendrir, ce gamin. J'ai un peu cédé, j'apprécie sa détermination. Cet enfant sait s'y prendre pour éveiller mes émotions, tout comme son cousin. Leur ressemblance me désarme plus que je ne l'aurais imaginé. Je laisse échapper un soupir avant de déposer le livre sur la petite table.

-Moi aussi, quand j'étais petite, l'heure du coucher était un moment difficile.

-Pourquoi ? demande-t-il curieusement.

-J'avais peur du noir, je lui réponds en esquissant un faible sourire.

C'était à une époque où je croyais que les pires méchants se tapissaient dans l'obscurité. Mais aujourd'hui, je sais qu'ils se cachent dans la lumière et non dans les ténèbres.

-Moi, j'ai pas peur du noir. Je veux juste savoir si le chevalier va mourir ou pas !

Je lui souris en remontant la couverture sur ses épaules, le voyant se réinstaller confortablement.

-Roooohhh... il râle en se cachant la moitié du visage sous la couette.

-Je te lirai la suite une autre fois, petit chou.

-Tu ferais mieux... gronde-t-il en dissimulant son visage sous la couverture. 

Il est incroyable de voir à quel point ce petit garçon a le tempérament d'Adrien. C'est... perturbant, pour être honnête. Et leur ressemblance est bien au-delà du troublant. Chaque fois que je regarde Félix, j'ai cette étrange impression de voir Adrien.

Je relève les yeux vers le petit blond, ses paupières sont closes, il dort profondément. Je souris, éteins la lampe de chevet, puis referme doucement la porte derrière moi.

-Bonne nuit, bonhomme, je murmure, laissant la porte se refermer dans un silence doux.

Je descends les escaliers et m'installe sur le canapé, l'ordinateur sur les genoux. Il faut que je travaille et que je termine mon devoir avant la fin du délai, attendant patiemment le retour de Madame Agreste. 

***

Le thème de la dissertation qu'a donné mon professeur est centré sur l'amour, un sujet que je ne connais ni de près ni de loin, et qui avec ça est celui qui est supposé m'aider à remonter ma moyenne en pleine chute libre. Je ne sais pas comment me sortir de ce mauvais pas, mais, toutefois, je n'ai pas droit à l'erreur, et c'est très angoissant. Le poids sur mes épaules semble peser une tonne... 

Les autres élèves de la classe se sont dépêcher de choisir tous les autres sujets quand ils sont tombés, et par manque de vivacité, j'ai écopé du dernier restant. Un coup de malchance, n'est-ce pas ? Avant ça, j'ignorais que l'amour était un sujet au programme. Après tout, en quoi cela est surprenant? Nous sommes au lycée, et à cet âge l'amour n'est pas ce qu'il y a de plus pertinent. 

De toute ma vie, je ne suis jamais sortie avec un garçon et ne suis jamais tombée amoureuse, non plus. Mes connaissances sont restreintes. Alors tout en ignorant les sensations et les battements que font le coeur quand il le rencontre, je me documente en lisant de nombreux articles à son sujet, puis m'applique à rédiger des dizaines de lignes. 

J'espère que mon professeur comprendra mes phrases car certaines sont complexes et un peu, mélangées. Lorsque je rentrerais j'irais prié pour ma note, car je veux vraiment entrée dans cette université que je vise depuis des années. Pour lui. Pour nous

Mon coeur se comprime dans ma poitrine, je baisse les yeux, les larmes commençant à monter. Les choses sont tellement différentes sans lui, il me manque tous les jours, il me manque comme si une partie de mon âme avait été amputée. Rien n'est plus pareil depuis qu'il est partis, la vie n'est plus belle, et le monde est remplis de noirceur. 

Le hasard est cruel quand il s'abat sur les personnes qui nous sont le plus chers, et il réveil une douleur sans nom quand il nous l'arrache violemment des bras. Je n'ai jamais su pourquoi lui et pas moi, pourquoi lui et pas un autre qui mériterait vraiment de partir. Pourquoi... pourquoi...

Je me ressaisis en ravalant ma salive, je renifle et me souviens que j'ai envoyé un message pour prévenir mes parents que je rentrerais tard ce soir. Minuit est passé désormais, je lis sur l'écran de mon ordinateur en haut à droite. Et la nuit s'annonce semblerait-il d'une longue longueur. 

Soudain, contre ma cuisse, je sens mon téléphone vibrer. 

"Oui, allô?" je demande en répondant, et le colle contre mon oreille. 

"Coucou, ma petite cerise, raconte comment ça se passe ce premier soir?" résonne la voix d'Alya avec enthousiasme. 

"Tout va bien," je souris. "J'attends que sa tante revienne." informé-je.

Les heures dans le silence m'ont apaisé, je reprends doucement l'habitude au bruit, en frissonnant.

"Ta patronne est gentille?"

"Oui, très sympa, j'ai eu de la chance." souris-je. "Et toi, pourquoi t'es toujours debout à cette heure?

"J'étais inquiète. Et j'avais une autre question à te poser.

"Hm?"

"T'es bien chez Adrien, n'est-ce pas...?" demande-t-elle d'une petite voix.

J'ai sourcillé. Comment a-t-elle su... 

Ma bouche qui s'est ouverte s'est aussitôt refermée. Le son de ma voix n'a pas franchis mes lèvres, bloqué dans ma gorge. Et une atmosphère pesante s'est abattue sur ma gorge, m'écrabouillant la respiration. Mon coeur s'emballe, cognant contre mes cottes tandis qu'Alya attend patiemment ma réponse en silence.

Tout à coup, comme une évidence, je songe percutée par ma pensée : 

Et pourquoi mentir, finalement ?



💲💲💲

Bonsoir, c'était mon anniversaire aujourd'hui, et malgré ça ainsi que l'heure, j'ai écris et posté en souvenir de ce jour gravé à jamais dans mon esprit. 

La bise ❤️

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