Marinette

Nous sommes transformés en pantin par les émotions qui nous détruisent. Adrien me détruit, pourtant, je pensais l'être déjà complètement, il parvient à me surprendre dans les choses où je n'avais aucun doute.

Adrien me fixe intensément en restant silencieux, et je me retrouve vulnérable à son regard avisé et aussi précis qu'un snipper ce qui est très... déstabilisant.

Le regarder ainsi me force à replonger dans des souvenirs que je déteste, et que je fuis depuis quelques années, désormais.Mais c'est un devoir surhumain de l'ignorer.

Adrien a le droit de connaître mon avis par rapport à la situation, mais il ne pose pas la question, et je n'ose pas ouvrir la bouche mes lèvres étant scellées par la peur et la confusion.

Quand je me lève du sol mon cœur se serre durement à l'intérieur de ma poitrine, et du coin de l'œil je vois Félix tourner la tête pour me regarder.

-Où tu vas? Demande-t-il, et sa petite voix d'enfant fait du bien à mon corps crispé par le regard vert d'Adrien.

Le petit blond, où mini Adrien, bondit pour se jetter sur Adrien.

-Adriieen! T'es revenu ! Il crie joyeusement.

Nous nous regardons et échangeons un regard silencieux mais emplit de sous-entendus avant qu'il baisse les yeux sur le petit bonhomme cramponné à ses jambes.

Malgré moi, impossible de détacher mon regard de ses cheveux ébouriffés, et de son visage parfait.

Pourquoi Dieu l'a-t-il choisis parmi l'un de ses préférés?

Mon cœur s'emballe mais je fais volte face, et l'ignore en m'éclaircissant la gorge et détournant les yeux.

-Ça va, champion, elle t'a pas trop maltraité? Demande Adrien une main sur l'épaule de Félix en souriant, fier du pique qu'il m'a lancé.

Je lève les yeux au ciel en croisant les bras sous ma poitrine.

-Ahah, non pas du tout elle a été très gentille! Rit Félix amusé. On a dessiné et elle dessine trop bien! T'as pas vue?Félix tourne la tête dans ma direction.

Face à leurs regards intenses et verts le goût de l'embarra est moins meilleur que d'habitude, et mes joues deviennent brûlantes quand je découvre sur le sol mon crayon et ma feuille avec une patte de chat dessinée.

Au départ, je ne voulais que parler à Adrien de ce qui s'était passé, et non devenir la cible des deux cousins.

Mais, je crois que, c'est fichu.

-N-Non, je ne dessine pas très bien. Ma mère m'a juste appris quelques trucs car qu'elle dessine sur les patisseries à la boulangerie. Bafouillé-je en passant une main sur ma nuque.

Un reflexe nerveux que possède également Adrien, mais je ne veux pas me rappeler ce détail, encore moins maintenant.

-Félix est dix fois meilleur! Mais merci... Félix. Je lui souris en posant mes mains sur mes cuisses penchée dans sa direction.

J'ai fait exprès de prononcer son prénom pour bien indiquer à l'autre chouette que je ne veux pas lui parler.

Félix sourit et rougit, mais du coin de l'œil en me redressant j'aperçois Adrien esquisser un sourire en coin.

-Bon, il faut aller prendre ta douche, petit bonhomme.

-Oh non, pas la douche! Ronchonne-t-il les bras croisés.

-Ta tante compte sur moi pour prendre soin de toi.

-Sa plus grande erreur... soupire Adrien, encore une fois, pour attirer mon attention mais je l'ignore, encore une fois et lève les yeux au ciel.

Félix ricane en mettant sa main devant sa bouche.

-Je lui ai promis de bien m'occuper de toi, alors... file à la douche où je t'y mets tout habiller moi-même! Je le menace faussement en faisant les gros yeux, et il écarquille les yeux en s'enfuyant.

-Non merci! Crie-t-il dans les escaliers.

-Félix ne court pas dans les escaliers, fait attention à pas tomber! Réponds-je, inquiète qu'il se blesse.

Je soupire quand il claque la porte de la salle de bain et hésite à me rasseoir sur le sol.

-Depuis quand tu menaces des enfants? Riposte Adrien pour la troisième fois toujours dans l'encadrement de la porte, et je le vois croiser ses bras sur son torse.

-Ce n'était pas des vrais mena-

-Ce n'est pas ce que j'ai demandé. Il m'interrompt d'une voix grave avant de se détourner, et s'en aller.

La colère m'envahit de l'intérieur alors que je commence à bouillonner.

Ce mec est insupportable, et je commence vraiment à le détester!

Sérieusement, il se prend pour le roi du monde et me lance ses provocations à tout va sans cesse. J'ignore ce qu'il me veut, pourquoi il me déteste autant et s'amuse à jouer au froid puis au chaud, mais je suis complètement perdue.

De plus, Adrien a le même âge que moi, il serait en mesure de s'occuper de Félix, si je fais abstraction de son immaturité et de son côté irresponsable.

Plus le temps passe à ses côtés, moins je comprends l'origine de ce comportement si désagréable et froid. Où bien, Adrien manque simplement d'intelligence et n'utilise que un seul pourcent de son cerveau pourtant si bien concu par sa mère?

***

-Félix, à table! Je crie en posant une assiette remplit de spaghetti à la bolognaise et d'un steak hachée.

Les pas assourdissant et grave dans les escaliers m'alertent de l'arrivée préimmminante de Félix, suivit de près par ceux de son cousin qui sont plus imposants.

Lorsque Félix se met à table, je vois Adrien enfilé une veste en din noir.

On dirait que monsieur je sais tout, à décider de changer de veste.

-Youpi des spaghettis et du steak, c'est ce que je préfère. S'extase Félix ayant soigneusement enfilé une serviette blanche sur son haut de pyjama bleu à motif de dinosaure, les couverts en main. 

Adrien s'approche de la table, et jette un coup d'œil à l'assiette du petit.

-Je peux te préparer une assiette aussi, si tu en veu-

-Non, je sors.

Je serre les poings agacée d'être coupée une fois de plus, et Félix lève la tête en demandant, la bouche barbouillée de sauce tomace :

-Tu vas aller à cette fête dont parlait ton ami Nino?

Adrien hoche légèrement la tête, puis l'embrasse sur le haut du crâne. Et Félix baisse la tête et me regarde.

-Faut rien dire à tata sinon elle le grondera.

J'esquisse un sourire en silence mais jette un regard furieux en direction de monsieur je sais tout. Monsieur a les yeux braqué sur l'écran de son téléphone.

Félix se remet à manger, l'appétit est au rendez-vous, je souris en le regardant se regaler. Ce soir, il y a assez de nourriture pour deux assiettes au moins mais je n'ai pas très faim, mon estomac est noué.

-Hm... ? soupire Adrien en relevant la tête, et il range son téléphone dans sa poche arrière. Mais à quoi servirait la babysitter si ce n'est faire toutes les corvées à notre place. On la paye pour ça.

Ensuite, il passe sa main dans les cheveux bien coiffés de Félix le faisant couiner de mécontentement comme un petit cochon.

À quoi sert la babysitter? Je me répète en silence, sous l'emprise de ses mots.

Je ne pensais pas jusqu'à maintenant que ses mots pourraient me blesser aussi profondément, pourtant je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine.

Imbécile.

Il ignore ce que c'est de devoir travailler pour gagner de l'argent car on en a pas assez pour vivre, évidemment que non, il ignore cela car il n'a jamais eu besoin de le faire.

-Bon appétit, bonhomme. Dit-il en lui pinçant affectueusement la joue.

Félix sourit puis ricane avant qu'ils continuent de reparler entre eux. Et je ferme les yeux en me retournant et pose mes mains sur le comptoir.

Quelques minutes plus tard, je rouvre les yeux quand j'entends le claquement de la porte.

Comme si, j'étais triste qu'il ne reste pas...