Chapitre 5 ⎏ La promesse ⎏

Adrien

Dans l'ombre, ma mère évoque une menace voilée, m'enjoint de ne pas m'approcher de Marinette. Sa voix résonne lourdement, et pourtant, je détourne les yeux, lassé de cette conversation.

-Adrien, ne t'approche pas de Marinette, c'est clair ? Elle sera notre baby-sitter fixe, je ne veux pas en changer à cause de toi, surtout que Félix l'aime beaucoup, précise-t-elle.

-Oui, oui, c'est bon, j'en ai rien à faire d'elle de toute façon, ça ne m'intéresse pas, je réponds posément.

-Tu ne disais pas ça tout à l'heure, je t'ai vu la regarder, elle réplique aussitôt.

-Bon, ça suffit, je te l'ai dit, ça n'ira pas plus loin. Arrête de me casser les pieds avec ça, je soupire, irrité.

-Adrien, promets-le-moi. Sa voix devient soudain ferme.

Son exigence me pousse à la regarder droit dans les yeux. Nos regards s'affrontent, deux verts purs se défient, deux esprits forts sur le point de se confronter.

Dans la symphonie de notre lien familial, ma mère a toujours été la partition jouant une note de protection constante. Pourtant, aujourd'hui, cette mélodie se fait pesante, surtout quand elle s'agit de Marinette. Elles ne se sont même pas croisées auparavant, alors pourquoi ce besoin de la surveiller de si près ?

-Quel est ce lien entre toi et Marinette ? Pourquoi me demander de te promettre de ne rien entreprendre avec elle ? Maman, tu ne la connais pas ! Je questionne, abrupt.

-Elle est singulière. J'ai perçu quelque chose dès le premier regard. C'est pourquoi je crains que tu te rapproches d'elle d'une manière inappropriée. Promets-le-moi, Adrien. En écarquillant ses prunelles, elle insiste.

Certains pourraient juger cette conversation comme un affrontement, mais pour nous, c'est un échange sans masque. J'apprécie cette relation sans filtre. Pourtant, cette absence de barrières peut devenir un tumulte à gérer. J'aime ma mère, mais je déteste quand elle tente de contrôler mes interactions.

Avec Marinette, tout est différent. Elle ignore l'histoire, je ne lui ai rien dit sur ce moment dans les toilettes.

Peut-être vaut-il mieux qu'elle ne sache jamais. Elle pourrait me reprocher d'avoir franchi une limite alors que sur l'instant, c'était une attraction partagée.

Elle s'apprêtait elle aussi à sceller nos lèvres... Elle désirait m'embrasser. Je ne fantasme pas !

-Maman, c'est oppressant... Je souffle en passant une main nerveuse dans mes cheveux. Très bien, je ne tenterai rien avec elle. Es-tu satisfaite ? 

Ses doigts effleurent ma joue, déposant un baiser maternel sur mon front. Un soupir s'échappe de mes lèvres, et elle se retire doucement.

-Oui, je suis rassurée maintenant. Je peux partir sereinement ! Son sourire s'étire et un clin d'œil m'est adressé.

Elle contourne la voiture, monte à l'intérieur, puis abaisse la vitre du côté passager, lançant un sac en plastique. Je fronce les sourcils, curieux de découvrir son contenu.

-Des casquettes de quand vous étiez petits. Vous pouvez les regarder ce soir avant d'aller vous coucher, si vous voulez. Elle explique, et je lève les yeux au ciel, un sourire aux lèvres.

-Très amusant, maman. Je ris, quelque peu désabusé.

Sa gaieté inaltérable, elle démarre promptement. Je regarde la voiture s'éloigner et baisse la tête vers le sac contenant les souvenirs. Mon regard glisse le long des étiquettes, s'arrêtant sur une en particulier : E & G.

Ces initiales, celles de mes parents. Est-il possible que ma mère ait confondu nos souvenirs avec ceux de mon père, les mêlant aux siens et à ceux de Félix ?

Curieux... Ce n'est pas son genre de se tromper ainsi. 

D'un pas, je reprends le chemin du retour, laissant ma mère derrière moi. Les souvenirs de mon père et elle restent un sujet tabou, une zone interdite. Il est devenu une ombre, une présence invisible que nous évitons tous de mentionner, surtout en famille.

En remontant, mes pensées dérivent vers Marinette et Félix. Le gamin l'apprécie vraiment, ma mère avait raison. Félix n'accorde pas son affection à n'importe qui. Qu'est-ce qui la rend si différente des autres ? J'ai ma théorie, mais il vaut mieux garder le silence.

J'ai promis à ma mère de ne rien tenter avec elle, et je compte bien respecter cette promesse, même si ça me démange.

Mais bon sang... Si seulement Marinette pouvait lire dans mes pensées, je serais dans de beaux draps.

Depuis ce moment, ce quasi-baiser, je ne cesse d'y penser. C'était comme manquer quelque chose d'extraordinaire pour la première fois. Normalement, elle et moi ne sommes pas si proches. Ce rapprochement me trouble bien plus que je ne le voudrais. Ça me perturbe, et je ne sais pas comment l'appréhender. 

Je me sens presque enivré par ce moment. La vision de Marinette aux côtés de ma mère m'a laissé penser que nous pourrions reprendre là où nous avions laissé. Mais maintenant, c'est totalement mort. Enterré, même.

En quelques pas, j'atteins la porte de la maison. À l'intérieur, un silence complet me frappe.

Mais où sont-ils ? 

Pourquoi un tel silence ?

Je referme la porte derrière moi et commence à fouiller chaque recoin, cuisine, salon, chaque endroit possible pour les retrouver. Rien. Jusqu'à ce que j'arrive dans ma chambre, où je trouve Marinette allongée par terre, Félix à ses côtés. Elle dessine, captivée par la lumière qui l'entoure. Son visage arbore une expression d'une beauté saisissante. Mon cœur manque un battement, comme hypnotisé par sa présence.

Les traits doux de son visage racontent une histoire captivante, une douceur révoltante qui touche mon âme. Félix, allongé près d'elle, l'observe avec une admiration infinie.

Curieux de savoir ce qui les captive autant, je me penche et découvre un croquis, une robe.

C'est simplement magnifique !

Mes yeux s'ouvrent grands, surpris par la façon dont elle crée avec ses crayons des lignes délicates, des ourlets harmonieux.

-Tu dessines incroyablement bien. Félix brise le silence, émerveillé. 

Dans l'éclatant calme d'une scène presque surnaturelle, Marinette et Félix s'adonnent à une danse artistique sur la feuille blanche. Leurs gestes habiles transforment chaque trait en une symphonie visuelle. Penché dans l'embrasure de la porte, je deviens le spectateur silencieux de ce moment étrange et envoûtant.

Puis, dans un échange de regards, tout bascule. Les yeux océans de Marinette semblent percer mon âme, dévoilant des secrets indicibles. Soudain, la compréhension m'étreint.

Ma mère avait raison, après tout.

Il y a quelque chose de différent chez elle, quelque chose d'étrange et de captivant.

Une aura mystérieuse qui se dévoile un peu plus, me laissant perplexe, au cœur de cette scène étrange et fascinante. 

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