Chapitre 4 ⎏ Surprise ⎏

Marinette

Dans un trajet qui semblait interminable, l'ennui m'avait gagné. Heureusement, l'arrivée précise du bus devant la maison met fin à cette monotonie. Pressé, je descends, perturbé, et manque de peu la dernière marche. Par un réflexe, je me rattrape à la dernière seconde, évitant ainsi une chute certaine.

Maintenant debout, une main posée sur ma poitrine, je prends une profonde inspiration. Les yeux clos, arborant un air désespéré, j'ai l'impression de jouer ma vie. Ou du moins, une partie de celle-ci.

-Mon Dieu... Faites que tout ceci n'ait pas été en vain et qu'elle m'accepte, murmurai-je, bousculé par un passant.

Les sourcils froncés, je me tourne vers lui, mais mes pieds s'emmêlent et je bascule en avant. Cette fois-ci, je ferme les yeux, dissimulant mon visage de mes mains pour amortir ma chute lorsque je finis par tomber au sol. 

Dans l'exaspération, je maugrée en soufflant sur une mèche rebelle qui refuse de rester en place.

Franchement, j'ai l'impression d'attirer tous les malheurs du monde sans raison valable. Pourquoi est-ce que ça me tombe dessus ? Je n'ai pourtant rien fait pour mériter ça. Bon, peu importe, je dois me dépêcher. Tant pis pour cette altercation.

Pas question de perdre du temps à régler des comptes avec quelqu'un de malpoli qui m'a envoyé valser, surtout quand mon avenir dépend de ce travail, je ne veux prendre aucun risque.

Malgré mes articulations douloureuses, je me relève promptement. Une dernière fois, je lisse mes vêtements pour les débarrasser de la poussière, puis je lève les yeux vers la façade immaculée de la grande maison en face de moi.

De l'extérieur, elle respire le chic.

C'est donc ici que je vais travailler... ? Impressionnant.

Oh là là, pas de précipitation ! Rien n'est gagné. Si je continue à m'éterniser au début de cette allée, c'est certain que je n'aurai jamais cette opportunité. 

En conséquence, je reprends ma marche, sentant un doux souffle de vent frais caresser mon visage à mon arrivée devant la porte. Ce moment délicat me touche profondément, une sensation rare de paix et de tranquillité, si peu appréciée de nos jours. Parfois, j'ai l'impression d'être la seule à savourer ces instants.

Mes doigts tremblants, mille questions me traversent alors que je m'approche du bouton de sonnette. J'appuie deux fois puis recule instinctivement, comme si j'avais été brûlée ou si j'avais peur de la personne qui va m'accueillir. Puis, je vérifie l'heure sur mon téléphone.

Oh non... sept minutes de retard.

S'il vous plaît, qu'elle m'ouvre quand même...

Soudain, j'entends le bruit de la clé dans la serrure, puis la porte s'ouvre. Mon cœur rate un battement au moment où l'atmosphère devient plus stressante, serrant aussitôt mon téléphone contre moi si fort que j'entends la coque en plastique se craquer.

-Oh bonjour, vous êtes Marinette ? me demande une dame blonde aux grands yeux verts, d'une beauté saisissante. 

D'un ton tremblant mais autant rassurant que possible, je réponds : « Oui, bonjour, c'est bien moi ! ». Elle esquisse un doux sourire et se recule pour me laisser entrer, une politesse qui me gêne un peu. Timidement, je lui rends son sourire avant qu'elle ne referme la porte derrière moi. Nous nous dirigeons vers la cuisine où elle contourne le plan de travail en marbre pour attraper ses clés, me glissant au passage une feuille indiquant tout ce que je dois faire.

-C'est la liste des aliments que mon petit neveu, Félix, ne peut pas manger, m'explique-t-elle debout en face de moi.

Je scrute la feuille et découvre en rouge : "sucre". Le petit ne peut pas manger de sucre ? Est-il diabétique ?

-J'ai un rendez-vous très important ce soir, mais normalement sa mère ne l'avait confié pour que je m'en occupe. Malheureusement, je ne peux vraiment pas décaler ce rendez-vous. Merci à vous d'être là, m'indique-t-elle chaleureusement, et je lui offre un sourire.

-Ne vous inquiétez pas, tout se passera bien, la rassuré-je. 

La conversation touche à sa fin alors qu'elle s'apprête à prendre congé, récupérant ses clés posées préalablement sur le plan de travail. Son expression bienveillante se nuance d'une détermination certaine, signe que son départ imminent approche.

Elle se dirige vers la porte, et instinctivement, je pivote pour lui faire face, l'accompagnant silencieusement vers la sortie. Juste avant de franchir le seuil, elle appelle soudainement le petit Félix.

-Félix ! Adrien ! La baby-sitter est là, venez lui dire bonjour, moi je pars ! s'écrie-t-elle, une déclaration qui fige mon sang.

Adrien ?

L'idée qu'il puisse s'agir du même Adrien me semble invraisemblable. Je réévalue chaque détail, scrutant plus attentivement le visage de la dame pour trouver des réponses. Blonde, aux yeux verts, et un fils prénommé Adrien...

OH MON DIEU ! 

-Ah, voilà, Marinette, je te présente Félix, mon neveu, et Adrien, mon fils. Les garçons, voici Marinette, qui sera ta baby-sitter, Félix. Explique-t-elle d'une voix douce.

Je me retourne vivement, les yeux écarquillés, pour découvrir avec stupeur Adrien.

C'est bel et bien LUI, l'Adrien que je m'efforce d'éviter et qui se tient devant moi. C'est bien LUI, l'Adrien avec qui je suis censée passer ma soirée.

Il esquisse un sourire en coin, croisant ses bras et dissimulant son sourire derrière ses doigts, effleurant sa lèvre inférieure du pouce.

-Marinette, n'est-ce pas ? Beau prénom... murmure-t-il presque pour lui-même.

Je déglutis en le fixant. Mon cœur bat à tout rompre et je suis prise de panique à l'idée de devoir passer une soirée entière dans sa demeure, en sa compagnie. Si j'avais eu connaissance de cela, j'aurais refusé ce travail pour m'en tenir à celui de commis de cuisine dans le restaurant de l'oncle d'Alya.

Que puis-je avoir fait au destin pour mériter ceci...

Je dois garder mon calme, ne pas paniquer et agir comme si tout était normal. Ça va aller, ce n'est qu'une soirée avec Adrien. De plus, je ne suis pas là pour lui, donc je n'ai rien à craindre. Tout ira bien... 

Tout va bien se passer, positive Marinette... Positive !

-Ouiiiiii !!!! Marinette !!!! S'écrie Félix, et il accourt jusqu'à moi. Il serre fermement ma taille et je souris tout en caressant son épaule. Elle est tellement mignonne !

À ses mots, nous éclatons tous de rire, moi la première, extrêmement touchée par sa bouille adorable.

-Bon, je vois que les présentations sont faites. Marinette, n'oublie surtout pas la liste ! Bon, je m'en vais, me rappelle sérieusement la mère d'Adrien, et je hoche la tête tout en maintenant Félix près de moi.

-Oui, ne vous inquiétez pas, tout est sous contrôle. Vous pouvez partir à votre rendez-vous l'esprit tranquille, lui assuré-je fièrement et sereinement.

Cependant, ses yeux dérivent derrière moi, et elle adopte soudain une expression grave. Mon stress remonte, une angoisse sourde monte en moi.

-Mouais... Ce n'est pas vraiment toi qui m'inquiète... Avoue-t-elle d'un ton blasé en dévisageant son fils. 

Un peu surprise, je perds mes mots, mais à l'instant où je vais pour me retourner et regarder Adrien se réveille brusquement et passe devant moi. Son parfum m'envahit soudain, un peu trop vite. Je me reprends vite en me mordant la lèvre.

Je me dis : "Marinette, arrête de rêvasser sur lui maintenant ! Garde le contrôle !"

-Allez maman, tu dois partir, sinon tu vas être en retard ! S'écrie Adrien en poussant sa mère vers la porte.

-Arrête de me bousculer, Adrien ! Se plaint-elle alors qu'ils descendent les escaliers. Ils marchent le long de l'allée avec Adrien derrière sa mère, elle criant son mécontentement.

De notre côté, avec Félix, nous observons. Moi, je suis inquiète, lui, insouciant et joyeux. Quand je les vois se diriger vers la voiture, je me penche vers Félix.

-Alors, as-tu des devoirs, petit bonhomme ? Lui demandé-je, en lui prenant les mains et en levant les yeux vers lui.

Il secoue la tête énergiquement.

-Non, j'ai tout fait avec Adrien ! dit-il en riant. Il a dit que tu es jolie, hihihi, il est amoureux ! Rigole-t-il, tout innocent. 

Je souris légèrement, me sentant un peu mal à l'aise. Félix, un enfant qui ignore la portée de ses paroles. Je l'envie, en un sens.

Je me relève doucement, lui demandant s'il faut fermer la porte. Il acquiesce et saisit aussitôt ma main pour m'entraîner avec lui. Je parviens à pousser la porte avec mon pied juste avant d'être entraînée. Il a une sacrée force pour son âge ! 






Alors, mes chers et chères, qu'en dites-vous de ce chapitre ? Vous l'avez aimé ? 

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