Chapitre 3 ⎏ Le Bus ⎏
Marinette
Je croise Alya au bout du couloir de l'école et lui offre deux baisers sur les joues en salutation. Son sourire rayonnant accompagne le geste tandis que ma main repose délicatement sur la lanière de mon sac, porté sur mon épaule.
-Ça va ? Demande-t-elle, et je la vois plongée sa tête dans son casier.
-Bien et toi ?
-Bien, et toi, ta journée s'est bien passée ?
Je revis le moment où Adrien était aux toilettes, et mes joues s'empourprent vivement, une chaleur intense envahit mon corps. Honnêteté envers ma meilleure amie oblige, je prends soin de choisir mes mots avec précaution pour lui expliquer la situation.
-J'ai reçu une réponse du numéro que tu m'avais donné, et je commence ce soir... Réponds-je, et Alya tourne la tête dans ma direction avec de gros yeux effarouchés.
-Sérieusement ?! Je suis tellement contente pour toi, viens ici ! dit-elle en m'attrapant et me serrant dans ses bras.
J'esquisse un sourire en lui tapotant gentiment le dos. Qu'est-ce que j'aime avoir une meilleure amie... Elle m'apporte tellement de bonnes choses, je serais perdue sans elle.
-Quoi ?! Mais tu dois partir, maintenant ! s'exclame-t-elle, posant ses mains sur mes épaules avant de se reculer brusquement.
-Je... oui, je crois. bafouillé-je en haussant les sourcils.
-Qu'est-ce que tu fiches encore ici ? Reste pas plantée là, on dirait une plante verte ! File, vite !
-D-D'accord, j'y vais ! On se voit demain !
Sans réfléchir davantage, je me suis précipitée, légèrement désorientée. Dans ma hâte, je heurte quelqu'un, à peine le temps de relever la tête pour souffler un rapide "désolée" avant de reprendre ma course.
Alya a raison, ce travail est crucial pour moi ; je ne peux me permettre d'être en retard le premier jour et compromettre mes chances, risquant ainsi une mauvaise impression, une situation que je connais trop bien, et risquant ainsi un renvoi immédiat.
Après tout, il compte sur moi, je ne peux pas le décevoir.
Merci Alya.
Après quelques minutes, je parviens à la station de bus, essoufflée. Le tableau indique un délai de 3 minutes, je me penche en posant mes mains sur mes genoux pour reprendre mon souffle. Je veille à penser à mettre du déodorant pour ne pas sentir mauvais puis le bus arrive et je monte dedans pour aller m'asseoir près du fond à côté de la vitre. Par la suite, j'enfile mes écouteurs filaires et pianote un message que j'envoie à la dame sur lequel j'écris : Bonsoir, je suis en route, il y des embouteillages, veuillez m'excusez j'aurais quelques minutes de retard.
En espérant qu'elle croit à ce mensonge vieux comme hérode.
En cette première journée, mon retard est inopportun. Révéler cela à mes parents serait source de mécontentement. Préférant éviter toute réaction, ni louange ni désillusion, je choisis le silence. L'observation m'a enseigné que mentir n'est d'aucun bénéfice que celui de s'enfoncer davantage.
Ainsi, le mutisme s'avère une alternative sage, épargnant tout souci superflu. Aujourd'hui, l'atmosphère est clémente, l'environnement serein. La quiétude règne, une véritable bouffée de bien-être. Les véhicules passent devant la station de bus à un rythme lent, se conformant aux limitations de vitesse près de l'établissement. Les passants déambulent, certains affichent un sourire, tandis que d'autres se concentrent intensément sur l'écran de leur téléphone.
Les regarder vivre paisiblement me fait sourire, comme une idiote. Les petits plaisirs de la vie sont définitivement les meilleurs.
Il m'arrive parfois de ressentir un profond dégoût pour ma vie, d'en éprouver même de la répulsion. Pourtant, j'oublie trop souvent que le processus de croissance est souvent teinté de souffrance.
La douleur est le reflet de nos émotions, une preuve de notre existence. Cela peut sembler simpliste exprimé ainsi, mais dans l'éventualité d'un malheur, je souhaite ardemment que ceux qui me sont chers soient épargnés. Car pour moi, leur douleur infligée par ma faute serait infiniment plus pénible que la mienne.
Durant le trajet, je me distrais en échangeant des messages avec Alya. Installée, elle m'envoie un message vocal que je ne peux écouter, alors elle le résume par texto. On rit, je me sens à l'aise et je lui dévoile ce qu'il s'est passé avec Adrien. Elle me répond qu'il n'est pas fait pour moi, qu'il est un charlatan, et sachant que je le déteste, elle conclut en disant : "Je doute que ce genre de gars t'intéresse. Alors, où est le problème ?"
Où est le problème ?
En effet, elle a raison. Mais, imaginons un instant si elle se trompait...
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