Ils couraient à en perdre haleine. Leurs pieds nus foulaient le sol, laissant des traces visibles, et les écorchant au passage. Le contact avec le sol froid les faisait trembler sous leurs simples guenilles. La neige dégringolait toujours, et ils étaient loin d'être rentrés. Le soir tombait et l'astre des nuits se révélait, et ils étaient seuls.

𝕊𝔼𝕌𝕃𝕊. 𝕊𝔼𝕌𝕃𝕊. Ce seul mot semblait se répercuter avec force à travers la sombre forêt, trop profonde à leur goût. Ils semblaient perdus mais c'était tout l'inverse...

La nuit s'était installée depuis un moment maintenant, et la neige s'était arrêtée depuis peu. Seuls restaient le son de leurs pas résonnant dans cette sombre forêt. Ils étaient poursuivis et ils devaient fuir. Leurs vies et celles de milliers d'autres innocents étaient menacées.

Ils étaient détenteurs de cristal de Los Muertos, le seul capable de ramener des gens à la vie, de les tuer ou d'éradiquer une population entière...

Et tout ça, au moyen d'une simple pression. 

Tap. Et tout serait terminé car tout reviendrait à l'an zéro mais cette fois-ci, tout existerait. Sauf les humains. Aucune civilisation ne pourra être ramenée à la vie. 

Mais ces jeunes enfants, certains de tout juste quatorze ans, douze pour les plus petits, avaient une idée en tête. Et ils étaient bien décidés à la réaliser coûte que coûte. L'avenir de la Terre était en jeu et c'était bien trop important.

Ils devaient à tout prix reprendre le contrôle de la situation. 

Leurs ennemis étaient tous proches maintenant, ils le sentaient. Ils couraient plus vite qu'eux aussi. Ou peut-être roulaient-ils en fourgon ?

Pas le temps d'y penser, il fallait courir. Plus vite que le temps, plus vite que la Lumière même....

Courir jusqu'à là fin des temps s'il le fallait, atteindre la mer, où le cristal se désintégrerai au contact de l'eau. 

Il fallait l'atteindre avant eux, sinon s'ensuivrait un combat sans fin. Ils ne leur restait plus que quelques heures voir quelques jours avant de l'atteindre. D'ici là ils auraient le temps de mourir de faim, de soif, ou de fatigue. Comment allaient-ils survivre autant de temps ?

De même que dormir n'était pas une option envisageable, ils pourraient être attaqués par surprise...

De jour comme de nuit d'ailleurs...

Il fallait rester sur ses gardes en permanence. Se nourrir de quelconque baie sauvage ne l'était pas non plus, elles auraient pu être empoisonnées au préalable, ce n'était donc pas forcément bien vu.

- Avance, ordonna l'ainé à la benjamine, qui peinait à avancer.

- Je veux...faire...une pause, la supplia la benjamine.

- Hors de question, refusa l'ainé, mettant un terme à la discussion. On avance .

Ils couraient toujours, essoufflés. La plus petite, à bout de force; éreintée, trébucha. 

Son pied droit avait heurté une ravine, et elle s'était étalée de tout son long sur le chemin boisé, dans un vacarme assourdissant. Blessée au genou, elle boitait, et sa tête était ouverte. 

Peu importe si elle était blessée ou laissée pour morte au fond.

Après tout, l'avenir du monde reposait sur leurs épaules.