XLIII: Lauren ?

    Je tourne et retourne dans le lit sans arriver à trouver le sommeil. Camila me tourne le dos et un espace gigantesque sépare nos deux corps. J'ai froid dans ce grand lit sans elle et je n'arrive pas à m'endormir. J'essaie de me mettre dans une bonne position en vain. Je me lève du lit pour aller devant la fenêtre, la ville est particulièrement lumineuse et bruyante ce soir. Je m'habille puis enfile mes chaussures avant de quitter l'hôtel. Je cours pendant plusieurs heures en pleine nuit. Je me vide la tête et profite de ce moment loin de Camila pour faire le point sur notre relation.

    Nous nous aimons c'est indéniable mais j'ai bien peur que la crise de ce soir a été la goutte qui fait déborder le vase. En temps normal elle me pardonne et comprend automatiquement que ce n'était pas volontaire. Pourtant cette fois ça n'a pas été le cas, j'ai peur de la perdre mais en même temps j'ai l'impression de m'être perdue moi-même il y a bien longtemps. Je finis ma course et m'arrête devant un bar à bout de souffle. Je pousse la porte de cet endroit qui me paraît familier. Une fois à l'intérieur je me souviens de tout.

Flashback de Lauren

«Allô ?

- Bonsoir monsieur euh... C'est Lauren, la fille du bar. On s'est rencontrés il y a 2 mois, je sais pas si vous vous rappelez de moi. Vous m'avez donner votre numéro en me disant de vous appeler le jour où je serais prête à me battre.

-Bien sûr je me rappelle parfaitement de toi. Tu es sûre de ta décision ?

-Oui je le suis...

-Très bien rejoins moi dans le bar de la dernière fois dans 10 minutes. Je t'expliquerai tout.

-Ok à toute à l'heure.»

    J'arrive au bar où l'homme m'attend déjà un verre de Whisky à la main. Comme d'habitude je ne vois pas son visage mais quelque chose attire mon attention au moment où il me serre la main.  Il porte un tatouage d'araignée sur le poignet. Je bloque un moment mon regard sur son tatouage ce qu'il remarque avant de le cacher rapidement en descendant un peu plus sa manche. Nous nous installons sur deux tabourets puis il commence à m'expliquer:

«Le boulot que je te propose c'est soldat. Quand je parlais de se battre c'était au sens propre du terme. Tu seras nourrie et logée le temps de ton service. Tu auras une série d'entraînements et de visites médicales pour voir si tu es apte. Normalement ça ne devrait pas poser de problème. Tu te battras sur le terrain après avoir été validée par un de tes supérieurs que tu rencontreras bientôt. Tu seras affectée au régiment 8 et tu pourras faire tes preuves. Ça te va ?

-J'ai une question, est-ce que je pourrai revoir ma famille ?

-Il y a peu de chance mais une fois que tu seras là-bas tu ne voudras plus jamais partir. Ce sera comme une deuxième famille, comme un nouveau départ, une version améliorée de toi. Alors qu'en dis-tu ?

-Très bien, je veux me battre. Que dois-je faire ?

-Tu rentres chez toi et tu préviens tes parents que tu t'engages à l'armée. Ils essayeront de te retenir mais tu dois leur tenir tête. Je t'attendrai devant chez toi et dès que tu seras prête nous partirons.

-D'accord.»

Fin du flashback de Lauren

    En me rappelant de cette soirée je prends peur et quitte immédiatement ce bar. Je cours pour m'éloigner au plus vite de cet endroit, je cours jusqu'à n'en plus pouvoir respirer. Je rejoins l'hôtel, Camila dort toujours. Je me déshabille et file à la salle de bain pour prendre une douche glacée. Je sors plusieurs minutes après, et me glisse sous les draps à l'opposé de Camila. Je cogite puis tombe de fatigue peu à peu.

Rêve de Lauren

«Maman, papa, je pars ce soir.

-Comment ça tu pars ce soir ? Tu ne vas nul part !

-Mike laisse là nous expliquer.

-C'est juste que je ne me sens pas à ma place ici... J'ai envie de faire des choses biens et le seul moyen pour moi c'est de partir. Je suis majeure maintenant, je peux me débrouiller toute seule.

-Et qu'est-ce que tu comptes faire ?

-Je m'engage dans l'armée...

-Oh mon Dieu non... Mon bébé va à l'armée. Je t'en pris Lauren reste, on t'aime et je supporterais pas de te voir mourir. Mike fais quelque chose !

-Tu ne vas nul part je te l'ai déjà dit. Tu ne vas pas ruiner ta vie sur un coup de tête écoute nous.

-Ma décision est déjà prise... Je prends mes affaires et je pars.

-Oh mon Dieu non ... Lauren ... Je t'en supplie...

-Désolé maman.»

    Je monte à l'étage pour prendre ma valise et redescends, mes parents me dévisagent mais peu importe. Je claque la porte et monte dans la voiture de l'homme.

«Tu peux encore changer d'avis mais dès que j'aurais démarré il n'y aura plus de retour en arrière.

-Allons-y.»

    Je mets ma ceinture après avoir séché une larme qui avait perlé au creux de mon œil. Je jette un dernier regard sur ma maison puis tourne la tête en direction de la route.

Fin du rêve de Lauren

    Je sursaute en me réveillant, Camila me regarde mais elle ne vient pas me réconforter comme elle le fait d'habitude. Elle me fixe pendant plusieurs secondes puis se recouche. Elle compte m'ignorer pendant longtemps ? Je sais que ce que je lui ai fait est impardonnable mais je préférerais qu'elle me tape ou qu'elle m'insulte plutôt qu'elle m'ignore. J'espère juste ne pas avoir franchi le point de non retour.

    La nuit passe, je reste éveillée. Le jour se lève et Camila se réveille enfin. Elle ne me jette aucun regard et ça commence sérieusement à m'énerver. Je l'attrape délicatement par le bras et je la sens frissonner sous mes doigts. Elle me regarde enfin dans les yeux et je commence avant qu'elle ne me fuie de nouveau:

«Camila je sais que tu m'en veux mais je t'en supplie arrête de m'ignorer et parle moi. Ça me fait tellement mal au cœur de savoir que tu n'oses même plus me regarder dans les yeux, j'ai conscience que ce que j'ai fait est impardonnable mais tu sais très bien que c'est pas volontaire. Je te jure que je n'aurais jamais fait ça de mon plein gré, je n'aurais jamais voulu te blesser en aucune façon. Je sais qu'à chaque fois que je te dis que ça ne se reproduira plus, ça recommence. Mais tu sais aussi bien que moi que ça me tue de l'intérieur et tu es entrain de me tuer encore plus en m'ignorant. Alors je t'en supplie pardonne moi.

-Lauren je t'en veux pas c'est juste que tu m'as tellement surprise que j'ai pas su quoi faire. C'était la première fois que tu me faisais saigner et je t'assure que t'étais encore plus effrayante que les autres fois. Je n'ai pas peur de toi j'ai seulement peur qu'un jour je ne puisse pas t'arrêter et te contrôler à temps comme je le fais d'habitude. Tu es toute pardonnée viens là.»

    Elle me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement. Elle me regarde dans les yeux plusieurs minutes puis se recule. Je caresse son cou de mes doigts puis retire délicatement le pansement qu'elle a à cet endroit. Les traces de mes dents sont encore visibles et la morsure a viré au violet. Je m'excuse encore mille fois mais elle m'enlève ma main puis remet son pansement avant de me rassurer en me jurant qu'elle va bien. Nous nous décollons puis elle déverrouille son téléphone. Elle fronce les sourcils avant de laisser son portable sur le lit et de partir à la douche. Je sais que c'est mal mais je ne peux m'empêcher d'aller fouiller dans son téléphone. Je regarde ses messages rapidement et tombe sur un venant de son manager.

Roger: Je t'ai trouvé un nouveau garde du corps, il t'attendra dans le hall de ton hôtel. Renvoie ton chien, elle ne sera plus d'aucune utilité et n'oublie pas que je ne veux pas vous revoir ensemble. Il ne te reste plus que quelques jours avant la sortie de ton nouvel album et Shawn est toujours disponible pour te faire un peu de pub et redorer ton image d'hétéro. On t'attend cet après-midi au studio ne sois pas en retard.

        Je finis de lire quand Camila sort de la douche les cheveux encore mouillés. Elle se stoppe immédiatement en voyant que j'ai son téléphone dans mes mains. Je lui montre le message en tournant l'écran vers elle puis lui demande énervée:

«Tu comptais m'en parler quand ?!»

    Elle s'avance vers moi et m'arrache son téléphone des mains:

«Tu fouilles dans mon portable maintenant ?!

-Bah apparemment j'ai bien fait ! T'aurais pu me prévenir qu'on m'avait remplacée !

-Tu sais très bien que j'ai pas le choix !

-On a toujours le choix dans la vie Camila ! Mais tu sais quoi tant pis.... T'as même pas besoin de me virer, je démissionne !»

    J'attrape ma veste et fonce vers la porte pour partir alors que Camila me supplie de rester. Je descends dans le hall et aperçois son nouveau garde du corps qui l'attend déjà. Je m'avance vers lui et lui dis:

«Prenez soin d'elle s'il vous plaît.»

    Il n'a pas le temps de me répondre que je pars en courant. Je sais pas si partir comme ça est la meilleure chose mais là je ne peux pas, je ne peux plus. Je lui avais promis de ne plus la laisser seule mais cette fois c'est elle qui m'a abandonnée en ne refusant pas son nouveau garde du corps. Tant pis...





               

    Deux mois, deux putain de mois depuis que je suis partie. Je tourne en rond dans ma chambre d'hôtel piteuse. Je n'ai plus de travail, plus d'argent et je n'ose même pas l'avouer à mes parents. Pourquoi je suis partie déjà ? Ah oui... Son satané manager, si je pouvais je le tuerais de mes propres mains, je suis sûre que ça ne me ferait ni chaud ni froid. Je collectionne les photos de Camila les détaillant pendant des journées entières. Contemplant indéfiniment ces lèvres que j'ai eu la chance d'embrassées, ces yeux qui ont pleuré par ma faute et ce corps qui autrefois m'appartenait. J'embrasse chaque photo tous les soirs avant de m'endormir, je devrais m'estimer heureuse, depuis que je suis partie je ne fais plus de cauchemar. Pourtant chaque secondes passées sans elle me semblent un cauchemar bien réel.

    Son album est sorti et je n'ai même pas eu le courage de l'acheter, à vrai dire je n'ai même pas eu le courage de sortir de cette chambre. Ma tête, mon cœur aïe... J'attrape une bouteille de vodka et la bois cu sec. Je commence à voir trouble, ma tête tourne, je tombe par terre en heurtant des morceaux de verre. Le sol est jonché de bouteilles d'alcool vides, du linge sale, de la nourriture qui date d'il y a des jours. J'ai aucune idée depuis combien de temps je n'ai pas pris de douche. Les volets sont fermés je ne veux voir personne à part elle. Je m'endors à même le sol.

«Réveillez vous !

-Qu'est-ce que vous me voulez ?

-Vous devez partir maintenant, vous ne payez plus depuis des jours et nos chambres ne sont pas gratuites.

-Foutez moi la paix !

-Vous devez vraiment partir ou j'appelle la police.

-Appelez la, la police je l'attends  moi. Tous ceux qui veulent je les attends. Je les tuerai tous un par un le sourire aux lèvres.

-Vous avez bu ?

-J'ai les idées parfaitement claires.»

    Je me lève du sol mais j'ai soudainement le tournis et je vomis aux pieds de l'homme.

«S'en est trop vous avez 5 minutes pour partir avant que j'appelle le police.

-Eh bah tant mieux je me casse ! Je démissionne ... »

    Je retombe par terre en regardant l'homme partir. Je ramasse une bouteille de whisky et bois les quelques gouttes qui se trouvent au fond avant de la lancer contre le mur. Elle s'éclate en mille morceaux et je ris avant de crier:

«Regarde Camila ! Elle est cassée comme mon cœur !»

    Je continue de rire puis quitte la chambre en traînant des pieds et en me tenant aux murs pour ne pas tomber. J'ai mal au ventre mon bandage à disparu et mes plaies sont découvertes. Je crois qu'elles se sont infectées mais qu'est-ce que ça peut bien faire ? La femme que j'aime s'en fiche... Je ris en pensant à elle, je ris jaune, je ris sombre. C'est donc ça que ça fait d'être amoureux ? Ça fait mal ... Aïe mon cœur....

    Je sors dans la rue en continuant de traîner les pieds et en marchant de travers. Les gens changent de trottoir en m'apercevant, les mères attrapent les mains de leurs enfants pour éviter qu'ils ne s'approchent de trop près. Un homme passe et me dévisage. Je crache devant lui en criant:

«Qu'est-ce que tu veux ? TU VEUX MA PHOTO PEUT ÊTRE ?»

    Il prend peur et se presse de partir. Je rigole diaboliquement. Je m'assois finalement par terre après avoir marché pendant des heures. Je recroqueville mes jambes contre ma poitrine pour lutter contre le froid. Je suis à la rue... Ah ! Je ris de nouveau. Alors c'est ça de ne plus rien avoir ? Ça fait mal...

    Je baisse la tête et reste figée telle une statue de marbre. Les gens passent devant moi sans s'arrêter, certains ne me prêtent même pas attention, d'autres me dévisagent et se méfient mais je m'en fous. Seule une vieille dame s'arrête pour me donner un pièce. Elle me sourit, j'essaie de toutes mes forces de lui rendre son sourire mais mes lèvres sont figées, c'est comme si  ma bouche avait tétanisé. Je la remercie dans un faible souffle et elle continue son chemin. On me prend pour une mendiante ? Alors soit ! Je tends la main en espérant récolter assez pour pouvoir m'acheter une bouteille ce soir.

    La nuit tombe plus personne ne s'aventure dans les rues à cette heure exceptés les dealers et les psychopathes. Je compte les quelques pièces que j'ai obtenu et je fais vite le tour des 1.10$. Je ris sans pouvoir me contrôler. Je secoue ma tête puis finie par m'endormir. Je veux que personne ne me réveille à part elle.

PDV CAMILA

«Shawn attends moi !

-Allez Camila on va être en retard dépêche toi.

-Oui bah ça se voit que c'est pas toi qui porte des talons hauts comme des échasses !»

    Nous traversons la route pour atterrir sur le trottoir d'en face, Shawn se trouve à quelques mètres devant moi et je continue de me démener pour suivre sa cadence. J'observe les gens autour de moi, ils sont tous beaux, bien habillés. Ce sont des hommes et des femmes d'affaire pressés. Tout est chic, propre et beau. Je continue mon chemin mais mon regard dévie sur une personne recroquevillée sur le trottoir. Il tend sa main qui est complètement vide... Il me fait peine. Il porte un casquette et je ne peux pas voir son visage. Plusieurs bouteilles d'alcool recouvrent le sol autour de lui. Je pourrais très bien continuer ma route sans lui prêter attention mais quelque chose m'attire chez cette personne. Je m'avance doucement du sans abris en fouillant dans ma poche afin de lui donner un peu d'argent. J'attrape enfin un billet de 20$ et m'approche de lui. Il semble endormi, je pose le billet dans sa main, il lève de suite la tête et je reconnais instantanément de qui il s'agit.

«Lauren ?»

-._.-._.-._.-._.-._.-._.-._.-._.-.

Et là c'est le drame ... 😶

Comme vous le savez sans doute j'ai commencé à écrire 3 nouvelles histoires et on m'a demandé si je comptais continuer celle là et la réponse est oui bien entendu ! Je compte meme la finir avant de continuer les autres... J'espère que ça vous rassure ! ☺️

Sinon dites moi si l'histoire vous plaît toujours autant, ça m'intéresse ! 😘

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