BONUS : Un verre pour Freydjan

Je me chauffe pour Epic Inked Battle. Voici un petit bonus hors-série pour garder la main pendant que je prépare la suite de l'aventure.

« Je vais te dire, mon ami, balbutie Freyd en levant son verre en plastique. J'ai vu des tas de choses dans des milliers d'Ombres entre ici et Éther. Les pires atrocités qu'on puisse imaginer. »

Il laissa cette remarque en suspens, le temps que Désiré contemple le reflet du feu de camp dans ses yeux humides.

« Nous deux, poursuit le grand pâle, on a traversé des épreuves ensemble, on en a bavé.

— Ouais, c'est clair, renchérit Désiré en résistant à l'envie de vider d'un trait le verre de vodka qu'il tient entre ses doigts tremblants.

— Eh ben le pire que j'aie jamais vu, poursuit son camarade, ça s'est déroulé sur Terre. J'avais douze ans quand ma famille adoptive a été raflée dans notre quartier de Josefov. Un soir, pendant la prière du Sabat, des soldats ont défoncé notre porte et nous ont emmenés, pleurant et hurlant, jusqu'à Parizska, où ils nous ont entassés dans des camions. Direction Terezin. Le camp de concentration.

— Attends, réalise soudain Désiré. Des nazis ? C'est impossible, ça s'est passé y a genre quatre-vingts ans.

— Mille neuf cent trente huit. Je m'en souviens comme si c'était hier. Les murailles de la forteresse pour seul horizon, et le slogan des nazis au-dessus du portail: "Arbeit macht frei". Ce mensonge auquel personne ne croyait. La vie là bas était si intolérable qu'on aurait préféré être en enfer. On séparait les enfants de leur famille, on nous forçait à travailler, qu'il vente ou qu'il neige. Nous vivions entassés les uns sur les autres dans des dortoirs insalubres. Certains jours, nous n'avions rien à manger.

— Et ta famille ?

— Je voyais ma mère adoptive, au début, quand elle passait pour la lessive. Elle m'a fait promettre de veiller sur son fils Josef. Après quelques mois, elle n'est plus venue. Et un jour, les gardes ont rassemblé un groupe d'enfants et les ont emmenés dans un train. Je ne l'ai su que plus tard, mais c'était un aller simple pour le camp de la mort. Cette fois-là, j'ai réussi à cacher Josef. Mais la fois suivante, ils l'ont trouvé.

— Je suis désolé pour toi, mec. Vraiment. Et toi, comment tu… Freyd ? »

Pas de réponse. Profondément enfoncé dans le dossier de sa chaise pliante, le visage levé vers les étoiles, le maigrichon s'est endormi.

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