Chapitre 6

Bon sang de bois ! Merde ! Elle est là. Cette putain de barre est enfin là. Je dis « enfin », mais finalement elle ne m'a demandé que trois jours d'attente en fait. On est dimanche matin, et pouf, d'un coup, elle vient d'apparaitre. Ça doit bien faire cinq bonnes minutes que j'observe mon test, assise sur mes toilettes. Non seulement je suis ridicule, mais en plus je commence à avoir froid, uniquement vêtue de ma culotte et mon grand t-shirt de nuit.

Je me relève fébrilement, et essaie d'analyser la situation. Qu'est-ce que je dois faire déjà, en premier ? Ah oui, prévenir Samuel. Espérons que j'arriverai à le joindre un dimanche. Qu'est-ce qu'il peut bien faire un dimanche ? Bonne question : il est dix heures, peut-être dort-il encore ? Et après ? Un déjeuner familial chez ses parents ? En fait, je me rends compte que je ne sais rien de lui. Il a perdu sa grand-mère, mais a-t-il encore ses parents ? Bah, sans doute. Moi je n'ai plus personne, mais à mon âge, c'est quand même une exception. Si je n'ai aucun souvenir de mon père, décédé quand j'avais six ans, j'ai néanmoins un pincement au cœur en repensant à ma mère, qui m'a quittée il y a cinq ans. Qu'est-ce qu'elle penserait de tout ça ? Ai-je même envie de le savoir ?

Je saisis mon portable, et après une courte hésitation, j'opte pour un SMS.

[Bonjour Samuel ! C'est Claire. Comme convenu, je vous rappelle parce que c'est le bon moment, à partir d'aujourd'hui. On peut se voir dans la journée ?]

La réponse ne tarde guère, à mon grand étonnement.

[Bien sûr, c'est ce qui était prévu. Ce soir, ça vous irait ? J'ai un tournoi de golf cet après-midi, qui devrait se terminer vers 18h. On dit 20h00, chez moi ? Je vous envoie l'adresse juste après.]

Chez lui ? Hum, c'est peut-être ce qu'il y a de mieux. J'avais déjà réfléchi à la question, et je n'avais pas vraiment envie qu'il vienne chez moi. Trop intime ? Je ne sais pas : je crois que j'avais surtout envie qu'il ne fasse pas partie de ma vie, qu'il ne connaisse rien de moi. Pour ensuite oublier plus vite cette partie brève et désagréable du projet. Donc bon, parfait.

Je m'empresse de confirmer mon approbation, puis un « pong » m'informe de l'arrivée de son adresse. Rue de Queuleu ? Le vieux Metz donc. Le quartier est sympa, mais pas facile de s'y garer ... Je prendrai le bus. Si j'arrive vers 20h00, je peux largement choper un bus vers 21h00, avant les horaires de soirée. 1h00, c'est largement suffisant, non ? En fait j'en sais rien. C'est pas un rendez-vous amoureux non plus, donc hop, en dix minutes c'est fait non ?

Rien que de penser à ça, je me crispe. C'est quand même la partie super désagréable du plan. Je me suis renseignée sur Internet, y'a sans doute moyen de faire ça autrement. Mais bon, je me vois mal manipuler des pipettes et des seringues. J'ai fait des études de biologie, mais ça m'a l'air bien compliqué. D'ailleurs, il ne m'en a même pas parlé. Sans doute est-il comme moi, à se dire que c'est un mauvais moment à passer. Allez, haut les cœurs, c'est quoi dix minutes dans une vie ?

Au fur et à mesure de la journée, mon stress grimpe. J'avale quelques Euphytose, mais pas sûr que quelques plantes suffisent. Dans l'après-midi, mon sens pratique refait surface et je me décide à faire la totale : bain (qui a l'avantage de me détendre un peu), lavage des cheveux, brushing, épilation soignée. Bah quoi ? Faudrait pas lui faire peur non plus, non ? Vers 18h00, j'attaque un maquillage léger et choisis des vêtements simples, pratiques mais un peu stylés quand même : un jean slim (merci Mylène pour le régime !), une blouse large à fleurettes, une paire de bottines à talons. J'enfile mon manteau en lainage, quand même plus stylé que ma parka à capuche de tous les jours, attrape mon sac à main Kors (une petite folie passagère lors des soldes) et après un bref regard dans le miroir de l'entrée, je dévale les escaliers branlants de mon vieil immeuble. J'attrape un bus quasiment vide (ben oui, c'est dimanche soir), salue le chauffeur, visiblement las de sa journée, et m'assieds au milieu du véhicule. Dehors, il fait nuit depuis bien longtemps, mais, la tête appuyée sur la vitre, je prends le temps d'observer les rues qui défilent. Metz, c'est ma ville. Une bien belle ville, souvent méconnue. Dommage, elle vaut pourtant le détour. Mon trajet prend quand même pas loin d'une demi-heure, même si le chauffeur s'est rarement arrêté, faute de voyageurs aux abribus.

Je descends avenue de Strasbourg, et en quelques enjambées, je commence à remonter la rue de Queuleu, zieutant avec attention les numéros sur les façades des immeubles. Visiblement, c'est sur la droite. Une cinquantaine de mètres plus loin, je m'arrête devant une maison de maître cossue, avec une grille en fer forgé assez monumentale et je lève les yeux ? Tout ça pour lui ? Ben pourquoi attend-il la maison de sa grand –mère alors ? Sur le mur, six étiquettes m'indiquent que la maison est visiblement divisée en plusieurs appartements. Bon, apparemment, je me suis trompée, tout n'est pas à lui. C'est presque rassurant. Je sonne. Pas de réponse, mais un « clic » m'indique l'ouverture de la grille, puis, quelques marches plus haut, celle de la porte principale à double battant. Le hall, très haut de plafond, s'illumine automatiquement à mon entrée. Un escalier majestueux à tournant droit, s'envole vers le premier étage. Il grince sous mon poids, malgré mes efforts pour ne pas faire de bruit. Pour la discrétion, on repassera. Arrivée au premier, un coup d'œil à ma gauche me conforte sur mon idée : le nom de Samuel est inscrit en lettres dorées, dans une écriture élégante, juste en dessous de la sonnette.

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir, de renoncer ou de me poser d'ultimes questions. La porte s'ouvre à la volée, avant même que je ne fasse le geste de poser mon doigt sur le bouton. Je tourne la tête vers l'embrasure de la porte : il est là, campé droit comme un i.

Bon sang ce qu'il est grand ! Je ne suis pas petite, je dépasse le mètre soixante-dix, mais là, je dois lever la tête pour le regarder. La luminosité n'est pas très bonne, mais je ne peux pas me tromper en me disant qu'il est beau. Très beau : des cheveux courts blond foncé (peut-être châtain clair ?), des pommettes hautes, un visage aux traits ciselés, et deux billes bleues qui me fixent avec intensité. Un éclair furtif et étonné semble passer dans son regard, avant qu'il ne finisse par remonter de mes pieds à mon visage, en une fraction de seconde.

_Claire ? murmure-t-il d'une voix étouffée.

_ Euh oui ?

Mince : attendait-il quelqu'un d'autre ? J'ai un doute d'un coup.

_ On avait bien convenu que je vienne ici à 20h00 non ?

_ Oui, oui, se reprend-il en s'écartant. Entrez, je vous en prie.

Ouf. J'entre en poussant un soupir de soulagement, fais quelques pas puis me retourne vers Samuel, resté la main sur la poignée de la porte, qu'il s'empresse de refermer. A la lumière de la lampe qui pend au centre du plafond, au milieu d'une belle rosace en plâtre (une superbe pâte de verre, soit dit en passant), je peux enfin l'étudier plus facilement. Il porte un jean foncé, et une chemise dont le premier bouton est ouvert en haut, et les manches retroussées jusqu'au milieu des avant-bras. Pas de chaussures, pas de chaussettes. Son regard suit le mien jusqu'à ses pieds nus :

_ Désolé, je sors de la douche, je suis rentré plus tard que prévu.

_ Pas de souci, vous êtes chez vous. Moi aussi, j'aime bien marcher pieds nus chez moi, j'ajoute, un peu mal à l'aise.

_ Je peux prendre votre manteau ? me propose –t-il soudain.

Je m'empresse de lui donner mon écharpe et mon caban, qu'il range sur cintre dans le placard de l'entrée, avec précaution. Humm, maniaque le gars ? Il se retourne, puis me fixe.

_ Blonde donc ? finit-il par lâcher.

_ Euh oui, réponds-je, à moitié perdue en me touchant nerveusement mes cheveux coupés en carré plongeant. Il me semblait que Mylène vous avait montré une photo de moi ?

_ Oui, mais j'avoue qu'avec la capuche du Kway et les cheveux complètement trempés, c'était un peu difficile à deviner, ricane-t-il soudain.

Hein ? Je rêve ou il est en train de se moquer de moi ??? Merde, Mylène, je te revaudrai ça. J'essaie de reprendre un semblant de dignité.

_ Euh ouais, Mylène n'a pas choisi la photo la plus avantageuse, on va dire, je réplique.

_ C'est le moins qu'on puisse dire, glousse-t-il. Du coup, ajoute-t-il doucement, ça permet d'avoir une bien jolie surprise.

Ohh ! Il vient de dire que je suis jolie ? Bah non, reprends-toi, cocotte, il vient juste de dire que c'est moins pire que ce qu'il pensait. Nous restons bêtement dans l'entrée, à nous dévisager ; je commence à me dandiner, gênée, avant qu'il ne se reprenne et m'invite à passer au salon.

_ Je peux vous offrir un verre, peut-être ? J'ai ouvert une bouteille de Sauternes, tout à l'heure, ça vous dit ?

Ah bah, oui bonne idée. Un petit verre ne peut pas me faire de mal, si ? Ça me permettra même de décompresser un peu, non ? L'alcool désinhibe, et vu mon état actuel, ça ne pourra que m'aider un peu ... J'accepte donc dans un murmure, saisit le verre qu'il me tend et plonge mes lèvres dans le vin. Miam, c'est doux, c'est fruité, c'est sucré. Il sait vivre, le bougre ! J'essaie de pas vider mon verre trop vite : faudrait pas non plus qu'il me croie à moitié pochtronne ... Bon, en fait, ça ne serait pas si grave que ça, si ? Il ne va faire partie de ma vie que pour quoi ? deux jours ? trois ? Hop je vide mon verre, sous son œil amusé.

Pour briser le silence qui s'installe, je me triture les méninges à la recherche d'un sujet bateau, puis me lance d'un coup :

_ Et sinon, ce tournoi de golf ? Ça s'est bien passé ?

_ Euh oui, pas trop mal, hésite-t-il à répondre, semblant assez décontenancé par ma question.

Il me fixe, secoue la tête puis précise en souriant :

_ En fait, non, je suis assez nul en golf. Généralement, je ne fais pas de tournoi, je me contente de faire quelques trous le week-end, juste pour moi. Mais là, on m'a un peu forcé la main, faute de participants... Vous faites du golf aussi ?

_ Moi ? je glousse. Euh non, vraiment pas, non. Je ne pense pas d'ailleurs qu'il y ait beaucoup d'instits qui pratiquent ... Y'en a dans votre club ?

_ Euh.... Non, je ne crois pas ; enfin, peut-être hein, mais je n'en connais aucun... Sinon, vous faites un autre sport ?

_ Bah, badmington au premier trimestre, basket au second, et tennis au dernier ... avec mes élèves, je précise en riant. Sinon, je prends des cours de Pilates avec Mylène.

_ Ah oui, elle m'en a parlé. A la soirée. Quand ... elle m'a parlé de vous.

Hum, retour donc au sujet principal de ma présence ici. Je baisse la tête. Samuel se racle la gorge, en enfonçant ses mains dans ses poches.

_ Vous avez ramené les analyses ? me sort-il soudain.

Hum, voilà qui refroidit l'atmosphère d'un coup ...

_ Euh ouais, attendez, je les ai là, je marmonne en fouillant dans mon sac à main, posé sur la console de l'entrée. Tenez !

_ Euh, super, merci, bafouille-t-il. Les miennes sont là.

Il me tend une feuille A4 à laquelle je prête à moitié attention, et que j'enfonce dans mon sac sans précaution.

Un ange passe. Samuel lit en diagonale les miennes, puis les pose sur une commode près du canapé. Est-il soudain aussi gêné que moi ? C'est néanmoins lui qui rompt le silence, en me faisant à moitié sursauter.

_ Ok, finit-il par dire, me faisant face et plantant ses yeux dans les miens. La situation est super bizarre, j'en conviens. Mais bon, je crois qu'on sait tous les deux ce qu'on veut. Donc bon, voilà, qu'est-ce que vous diriez qu'on mette en route la réalisation de notre contrat ?

_ Euh, oui, ok, je bafouille nerveusement.

_ Voilà, la salle de bain est là si vous voulez vous mettre à l'aise. La chambre est juste à côté, je vous attends.

Tout en parlant, Samuel m'encourage à le suivre dans le couloir droit devant, s'arrête devant une porte qui s'ouvre sur un lavabo à deux vasques, puis me présente la porte en face, ouverte quant à elle sur ce qui semble être sa chambre. Je me dépêche d'entrer dans la salle de bains, et m'empresse de fermer la porte, contre laquelle je m'adosse en fermant les yeux. Merde, cette situation est juste irréelle. Je souffle, inspire, expire plusieurs fois et j'ouvre les yeux. Il a une salle de bains magnifique, tout en marbre, avec une douche à l'italienne immense et dans le fond, une baignoire à remous XXL impressionnante. Ou est-ce un jacuzzi ? Bonne question, je n'y connais rien. La mienne est riquiqui et basique, à côté. Bon, je dois reprendre mes esprits : se mettre à l'aise, ça veut dire quoi pour lui ? Il essaie visiblement de nous éviter un déshabillage hyper humiliant dans la chambre, hyper gênant et surtout complètement hors de propos. J'apprécie énormément ce qu'il fait là. J'enlève mes bottes, mes chaussettes, et mon jean. Ma blouse est assez longue, sous les fesses et je me félicite intérieurement de mon choix. Là, j'hésite : dois-je encore enlever quelque chose ? Je décide de retirer mon soutien-gorge, mais uniquement par souci de confort : les balconnets, c'est pas super confortable. Ma culotte, par contre, niet. Je la garde. C'est pas hyper logique, j'en conviens mais là pour l'instant c'est juste pas possible du tout. Du tout. On verra après. Je plie mes affaires et les pose sur le rebord de la baignoire : je doute qu'il apprécierait que je mette du bazar dans sa salle de bain impeccable. Je ferme les yeux, je souffle, me retourne et j'ouvre la porte en prenant soin d'éteindre la lumière.

En face de moi, la chambre est éclairée d'une faible lumière d'appoint. Bon point pour lui : j'avoue que me retrouver en pleine luminosité m'aurait perturbée. J'avance, et entre. Passer d'un endroit éclairé à une pièce sombre nécessite un petit temps d'adaptation. Je n'y vois pas grand-chose, mais finit par repérer un grand corps, debout près du lit, immobile et silencieux. Je stoppe net en me rendant compte qu'il ne porte plus que son jean et qu'il arbore un torse nu plutôt carré, musclé mais pas trop, et un ventre plat que sa chemise ne laissait pas deviner. Merde, il est beau !

_ Désolé, la chemise, c'est pas super pratique, me dit-il, rompant le silence pesant. Si ça t'ennuie, je peux ...

Tiens, il est passé au tutoiement ?

_ Non ! je réponds à moitié en criant. Pas de souci, ça ne me gêne pas, je complète en baissant d'un ton.

Merde, qu'est-ce qui me prend de crier comme ça ! Je crois discerner un léger sourire sur son visage. Crotte, j'ai l'air d'une gourde ! Il me fait signe d'avancer vers lui. J'ai bien du mal à obtempérer, mais finis par faire quelques pas, en prenant soin de m'arrêter à une distance raisonnable, à un bon mètre donc de lui. Je me mets à me dandiner nerveusement, mais il m'attrape soudain la main pour me rapprocher.

_ Aucune raison d'être nerveuse, Claire, me chuchote-t-il. On est adultes, hein. On n'a qu'à faire comme quand on ramène quelqu'un de boite.

Je me fige, sans lui répondre. Comment lui dire .... ?

_ Euh .... Ramener quelqu'un de boite ?

_ Ouais, reprend-il avec un ton soudain inquiet. T'as ... quand même déjà ramené quelqu'un en rentrant de boite non ?

_ Bah, non, en fait. Tu fais ça souvent toi ?

_ Euh, pas à chaque fois, mais euh, ouais, de temps en temps...

Silence à nouveau.

_ J'ai pas énormément d'expérience de drague, désolée.

_Ok, c'est pas grave, on va improviser, reprend-il doucement. T'as l'air tellement stressée ....

Soudain, il s'immobilise et sa respiration se coupe.

_ Euh.... lance-t-il tout à coup, t'es pas vierge au moins ?

_Hein ???? m'écrié-je. Non, bien sûr que non ! Pas à ce point-là !!!!

_ Ouf, tu m'as fait peur. Non parce que là, désolé, c'était sans moi quoi. Ça aurait fait un peu trop à gérer.

Il se met à rire doucement, reprenant peu à peu une respiration normale. J'esquisse un sourire moi-aussi ; il a réussi à me défiger légèrement. Il reprend ma main, et m'invite à m'assoir sur le lit. Plus à l'aise, je me pousse pour lui laisser la place qu'il me demande de lui faire d'un geste de la tête. Il m'observe, et je m'assieds en tailleur pour le dévisager. Il n'a pas l'air stressé, mais il semble hésiter :

_ Tu veux ... te préparer toute seule ou ... ?

_ Me préparer seule ? j' interroge sans comprendre. Oh ...Oh !!!.... finis-je par comprendre. Tu veux que je ....

_ Non, je peux le faire !!! s'écrie-t-il. C'est juste que tu préfères peut-être avoir le minimum de contact physique avec moi !!! Enfin, je croyais ... C'est comme tu veux, moi ça ne me dérange pas, c'était pour toi ...

Bon sang que c'est gênant. Je me lève d'un bond :

_ Je ne sais pas si c'était une bonne idée, tout ça .... Je crois que c'était une erreur ....

Samuel se lève lui aussi et me saisit les mains :

_ Non, ne dis pas ça ! Écoute, je peux te donner ce que tu veux, et toi tu m'aides à finaliser ce qui me manque. On est gagnants tous les deux. La situation est idéale, aucun risque pour aucun d'entre nous. On ne trouvera pas meilleure situation, je le sais et tu le sais. Non ?

Je me tourne vers lui, refoulant la peur qui vient de prendre vie au fond de mon esprit. Il a raison, je ne trouverai pas meilleures conditions pour réaliser mon rêve.

Je me rassois, souffle, recule vers la tête de lit et étends mes jambes, pendant que Samuel s'agenouille sur le lit, à côté de moi.

_ Ok, murmure-t-il. Si je fais quoi que ce soit qui te met trop mal à l'aise, tu m'arrêtes. Enfin, pas trop souvent quand même, reprend-il avec un sourire dans la voix, parce que j'ai besoin d'un minimum pour me mettre en condition aussi, hein ....

_ Désolée, réponds-je tout bas, je n'avais pas vu les choses sous cet angle ... Pas de souci, ok.

Quelle quiche je fais ! Je me suis focalisée sur moi, et j'ai un peu trop occulté sa mise en condition à lui ... J'essaie de me détendre. Je tends les bras vers son torse, et pose les mains sur ses épaules. Bon, ce n'est pas aussi difficile que je le croyais. Il a la peau douce, mais tendue sur ses muscles. Humm, pas désagréable du tout. Apparemment, avoir fait le premier pas semble lui convenir, parce que je le sens se rapprocher. Lorsque je sens sur mains se poser à leur tour sur ma taille, je manque tressaillir. Respire Claire, tu vas pas à l'échafaud non plus. Ses mains progressent lentement vers le bas, puis glissent sous ma chemise qui a visiblement remonté quand je me suis assise. Il a les mains chaudes, et douces. Apparemment, il semble vouloir y aller doucement, et j'avoue que je lui en suis reconnaissante : il garde ses mains sur ma taille, effectue quelques ronds du bout de ses pouces, puis les glisse avec lenteur dans mon dos. Je le sens se rapprocher encore une fois. Il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi, mais étrangement, ça ne me dérange pas. Ses mains repassent sur mon ventre, mais remontent avec douceur jusqu'à ce que ses pouces effleurent ma poitrine. Je manque une respiration, et lui se fige également. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que j'aie enlevé mon soutien-gorge ... Je l'entends déglutir. Je relève la tête et plonge dans ses yeux, qui cherchent apparemment dans mon regard un signe de refus, que je décide de ne pas lui montrer. Avec précaution, il remonte ses mains encore d'un cran, et prend mes deux seins en coupe, pendant que ses pouces caressent mes mamelons, en les effleurant à peine. Merde, il est sacrément doué, parce que je commence à avoir super chaud, moi. Toujours plongé dans mon regard, il m'allonge doucement, et vient s'allonger à son tour sur mon côté droit, un bras pour le soutenir, et l'autre toujours sur mes seins. Puis il redescend sa main avec lenteur, sur mon ventre, puis s'arrête à la limite de ma culotte. Je le sens hésiter, il m'interroge du regard. Pour toute réponse, je passe mes mains dans son dos, qu'il contracte. Puis il se relâche quand j'entreprends une descente jusqu'à sa chute de reins : je me rends compte que je viens de faire ça naturellement, sans réfléchir. C'est ça, ne pas réfléchir.

Mon geste a dû lui sembler le feu vert qu'il attendait. Il passe sous mon élastique, et d'un geste prudent, faufile un doigt entre mes jambes, ce qui a pour effet de remonter de quelques degrés la température ambiante. Ou bien est-ce plutôt moi qui m'enflamme d'un coup ? Je sais faire ça moi ? Apparemment oui ... Il ne s'attarde pas outre mesure, retire sa main, et descends ma culotte avant de la jeter à côté du lit.

_ Je crois que ça devrait aller, me murmure-t-il.

J'entends un bruit de fermeture éclair, puis celui de vêtements balancés par terre. Je déglutis à mon tour : merde, il est nu ?

Pas le temps de m'appesantir sur le sujet : il écarte mes jambes avec une des siennes, s'installe au-dessus de moi à bout de bras, marque une pause le temps de me regarder attentivement, puis s'enfonce en moi avec une extrême lenteur. Waouh, bon sang ! Voilà un bon moment que je n'avais plus ressenti cette sensation. J'avais peur d'avoir mal, mais rien de tout cela. Il glisse parfaitement, avec beaucoup de précaution. Sentant l'indécision dans ses yeux, je me cambre pour l'aider. C'était sans doute ce qu'il attendait, puisqu'il s'enfonce totalement. Je le vois fermer les yeux et s'arrêter.

_ Un problème ? je murmure d'une voix à peine audible.

_Non, me répond-il d'une voix rauque, semblant sur le fil du rasoir. Je n'avais jamais pratiqué sans ... protection. C'est ... euh. Perturbant.

_ Perturbant comme désagréable ?

_ Ah... non, tout le contraire, poursuit-il en reprenant le mouvement. Putain, c'est ... merde, je ne sais si je vais tenir longtemps comme ça.

Jamais sans capote ? Merde, il a quoi ? 34 ans ? Ça veut dire qu'il n'a jamais eu de longue relation avec quelqu'un ?

Il accélère soudainement, et je laisse là mes cogitations personnelles. J'ai l'impression que mon cerveau est en train de déconnecter brusquement. Ses mouvements de va-et-vient échauffent mes sens, électrisent ma peau, font monter la tension dans mon sang. C'était pas du tout prévu ça !! Je m'embrase comme une torche, et je me rends compte que j'accompagne chacun de ses mouvements. Une boule de chaleur se forme au creux de mon ventre. Elle monte, crescendo, gonfle, puis déferle soudainement. Black out brutal, je ferme les yeux et me contracte. Impossible de retenir le gémissement qui sort de mes lèvres, même si j'essaie par tous les moyens de me contenir. Samuel accélère une dernière fois, se crispe à son tour, puis s'effondre dans mon cou, sans un bruit. Visiblement, il a plus de maitrise sonore que moi. Ou alors il a trouvé ça plutôt nul... Au bout de quelques secondes, il roule sur mon côté gauche, un bras sur les yeux et s'immobilise. Nos respirations sont haletantes. Je reprends mon souffle. Au moment où je décide de bouger, son corps reprend vie et sa main se pose sur mon bras gauche :

_ Attends, ne bouge pas. Je crois que c'est mieux si tu restes allongée pendant une demi-heure.

Arf, il n'a pas tort, je l'ai lu aussi. Avec tout ça, j'avais presque oublié le but de tout cela. Heureusement que Samuel a un peu plus les pieds sur terre que moi ... A ma décharge, j'ai décollé littéralement, alors que je n'y étais pas du tout préparée moi ....

Je ferme donc les yeux, en rajustant ma blouse vers le bas. Une demi-heure, pas de souci, ça va passer vite. Après ça, promis, je déguerpis, avant que ça ne devienne hyper gênant ...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top