Le couvre-feu ne dur jamais très longtemps. Pendant un court instant, les bombardements, les cris et le chaos que tout cela déchaîne laisse place à un silence, pesant, inquiétant, mais ô combien rassurant. Puis tout recommence, les murs trembles, le silence laisse place aux bruits assourdissants des bâtiments qui s'effondrent, et dans cette anarchie, il n'y a de place que pour la survie.

Maman dormait encore juste avant que ça ne recommence, moi je ne dors plus depuis longtemps, elle se repose, car malgré tout le temps ne s'arrête pas, il continue et maman vieillit.

« - Azhar, nous devons partir maintenant, me dit-elle d'une voix peu assuré. »

Comme un robot, je ramasse le sac contenant le peu de chose qu'il nous reste, enfile mes chaussures usés et nous quittons la maison en ruine, en sortant, je recouvre mon visage de ma burqa. Maman fait de même, dehors, le désordre provoqué par la peur nous empêche d'avancer, les premiers blessés sont secourus par les plus courageux.

C'est la première fois, que je quitte ce village depuis le début de la guerre. Nous sommes restées, car nous sommes chez nous. Mais aujourd'hui je suis forcée de partir, car ma vie en dépend. Nous avançons, avec cette boule au ventre qui en a paralysée plus d'un. Mais, nous n'avons pas le temps de ralentir. Mon père disait, qu'il est normal d'avoir peur. Ceux qui n'ont pas peur sont dangereux, mais papa n'est plus là. J'ai perdu toute ma famille, il ne reste plus que maman et moi.

Mon nom est Azhar, Azhar Salem. J'ai vingt ans et je suis syrienne. Mon père est porté disparu, il nous a quitté. Il a pris un jour un bateau pour l'Europe et nous ne l'avons plus jamais revu. Ma mère et moi, tentons de survivre, mais la fatalité de la situation nous pousse nous aussi, à aller de l'autre-côté. Là où la vie n'est pas qu'un champ de ruines.

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Thugyh