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8.
Kaïna ferme doucement la porte derrière elle, doucement, nous avançons jusqu'à la porte du salon, heureusement pour nous celle-ci est vide. Lorsque Amine et moi sommes arrivés sur le parking, la voiture de Housni avait déjà disparu. Amine nous a accompagner jusqu'au pied de l'immeuble avant de retourner avec ses amis. À présent, nous cheminons jusqu'à la chambre en espérant ne pas se faire remarquer.
Mais alors qu'on s'apprêtait à entrer dans notre chambre, celle d'Ibrahim s'ouvre brusquement. Mounir referme la porte derrière lui, puis reste immobile durant une dizaine de seconde nous fixant longuement.
« Vous étiez où ?
- Je suis sortie un peu avez Azhar, elle ne sort jamais.
-[...]
- On est resté avec des filles en bas, puis on est remonté.
- Pourquoi vous avancez doucement comme ça ?
- Parce que tout le monde dort.
- Humm, bref je rentre.
- Ok, salue Youssra pour nous. »
Une fois dans notre lit, je ne peux m'empêcher de me poser des questions sur la relation que Kaïna entretien avec cet homme.
« - Ça fait longtemps que vous vous voyez en cachette ?
- Deux ans.
- Pourquoi il ne vient pas te demander en mariage.
- Je ne sais pas, c'est compliqué. Il n'a pas une vie facile, il ne m'en parle pas trop parce qu'il est fier mais il est très préoccupé, mais il à toujours été là pour moi, à chaque fois que j'ai besoin de lui, il est là. J'ai confiance en lui, je patiente. »
Si l'amour ressemble à cela je ne suis pas pressée de le découvrir. Mais moi aussi j'aimerai pouvoir parler d'un homme comme Kaïna parle du sien, avec beaucoup d'amour et de respect.
[...]
« Amine arrête !
- Attend, un dernier rot, répond-il.
- Rote et tu vas voir, crasseux.
- Oh détendez-vous, aussi nerveux qu'Ibrahim ».
Cela ne fit rire que Sofia qu'Ibrahim ignora totalement, il était de très mauvaise humeur, pour ne pas changer. Nous n'avons pas échangé le moindre mot depuis ce qu'il s'est passé dans la salle de bain et je n'étais pas prête à lui pardonner, bien que mon pardon soit le cadet de ses soucis.
« Sinon, tu te sens bien Azhar ? Me demande Youssra.
- Oui, merci, gênée d'être devenue le centre de l'attention.
- Tu comptes retourner à l'école ou suivre une formation ? Demande Mounir.
- Je ne sais pas, pour l'instant j'aide à la maison.
- Tu n'es pas ici pour faire le ménage, d'autres peuvent le faire, dit-il en dévisageant Kaïna et Sofia.
- Je l'aide ! Dit lui Azhar que je t'aide, dit Kaïna en m'implorant presque du regard.
- Azhar va rester ici avec moi, elle fait bien à manger, elle range bien ma chambre. Tout est parfait depuis qu'elle est là, ma vie est parfaite.
- Tu la prends pour ton chien ?
- Mais non, dit Amine blasé.
- Je ne vais pas retourner à l'école. Je voudrai trouver un travail. Même du ménage, ça ne me dérange pas.
- On dirait que tu ne sais faire que ça, le ménage, se moque Sofia.
- Et toi qu'est-ce que tu sais faire de plus ? Dix huit ans sur les bancs de l'école et t'es incapable de raisonner logiquement.
- Ibrahim, ne soit pas méchant, gronde ma tante.
- Ta fille est impolie et irrespectueuse en plus d'être bête.
- Ibrahim arrête !
- Il a raison, dit Amine.
- Ce qui compte c'est ce que Azhar veut faire. Le reste on s'en fiche, dit Youssra ».
Le reste du repas s'est déroulé en silence, je n'avais plus le cœur à faire la conversation. Heureusement, j'ai pu m'installer avec Youssra dans le salon, elle me parlait de sa grossesse, de tout ce qu'il lui restait à préparer avant l'arrivée de son bébé. Se ventre arrondi, j'en rêvais tellement.
[...]
Les jours se ressemblaient, et cette routine bien qu'assez calme commençait à me fatiguer, je voulais faire autre chose que le ménage, les courses et le repassage. Le panier à linge sale dans les mains je parcours les différentes pièces de la maison. Le panier devient plus lourd après chaque pièce, je m'apprêtais à entrer dans la salle de bain, lorsque la porte de celle-ci s'ouvre. L'humidité m'empêche de voir. Je chasse la fumée avec mes mains lorsque je me rends compte que je ne suis pas seule.
Je recule, Ibrahim est devant moi à moitié-nu. Je n'ai jamais vu un homme dénudé. Immédiatement je détourne le regard et fait demi-tour. Lorsque la pièce est libre, j'en profite pour y faire le ménage. Une heure plus tard, Ibrahim entre dans la cuisine pendant que je mets en route la seconde machine.
Il va surement sortir ce soir, je ne peux m'empêcher de le regarder du coin de l'œil, c'est un bel homme, il doit avoir beaucoup de filles autour de lui. Pourquoi est-ce que je pense à cela ? Chassant ses pensés de mon esprit, je me concentre sur mes tâches ménagères.
« Ma mère comptait le faire en rentrant, me dit-il.
- Elle pourra se reposer. »
J'ouvre le frigo afin de voir ce que je pourrais cuisiner ce soir, n'ayant pas envie de me casser la tête je sors de la viande hachée du congélateur, je ferais des spaghettis.
« Je suis désolé, pour ce que je t'ai dit l'autre jour, me dit-il.
- Ce n'est pas grave.
- Si c'est grave. Arrête de faire comme si ça ne te faisait rien. Si Sofia te pose des problèmes, il faut que tu le dises.
- Ibrahim, Sofia est encore une gamine, il y a certaines choses qu'elle ne comprend pas encore. Tu ne devrais pas la rabaisser ainsi, tu es son grand frère.
-[...]
- Tu ne le vois pas mais elle veut attirer ton attention, elle cherche toujours ton approbation. »
Il pose le verre qu'il tenait entre ses mains puis s'apprêtent à quitter la pièce. Puis s'arrête et me regarde, je porte une jupe longue et un vieux tee-shirt appartenant sûrement à Amine.
« C'est mon tee-shirt.
- Oh, désolée je pensais qu'il était à Amine.
- Ce n'est rien, garde-le. Il te va mieux, dit-il avant de partir. »
Le tee-shirt avait une tout autre signification à présent, lorsqu'il ferme la porte d'entré derrière lui, je ne peux m'empêcher d'amener le tissu vers mon nez. Il n'avait plus d'odeur, sûrement remplacé par la mienne, mais maintenant, je sais qu'il l'a porté, je me sens bizarre. Il y a cette sensation dans mon ventre que je n'arrive pas à définir. Il est entrain de me transformer, de faire de moi une personne que je ne connais pas et cela m'effraie tellement. Ce soir-là, pour la première fois, j'ai rêvé d'un homme, j'ai rêvé d'Ibrahim.
[...]
La journée avait mal commencé, je me suis levée très tard, midi était déjà passé lorsque j'ai commencé à préparer le repas du midi. Je venais d'achever la sauce du poulet lorsque Ibrahim entre accompagné de ses amis.
Ils étaient cinq garçons, faisant un bruit pas possible et transformant le couloir en un parcours du combattant à cause des chaussures entassés dans l'entrée. Ils sont partis s'asseoir dans le salon.
« Je vais vous apporter à manger.
- On va commander, me reprend Ibrahim.
- Je viens juste de finir, c'est encore chaud.
- Azhar, tu n'as pas besoin...
- Rejoins tes amis, je vous apporte ça.
- Non, je préfère rester ici, je l'apporterai moi-même.
- D'accord. »
Alors que les garçons mangent, je suis dans la cuisine, je n'en pouvais plus d'être enfermée. Trop occupé, ils ne m'ont pas vu mettre mes chaussures et sortir. J'ai pris le bus jusqu'au centre commercial, après avoir acheté une glace je me suis installée sur des bancs. Lorsque j'ai pris le chemin du retour, des problèmes sur la ligne ont allongé le temps d'attente. Ce n'est qu'une heure et demie plus tard que je suis rentrée.
Je me rends compte que je suis sortie sans téléphone et sans prévenir depuis plus de trois heures. J'accélère le pas et monte les marches jusqu'au sixième étage d'une rapidité qui me surprend.
« Tu étais où ?! Me dit Mounir.
- Je suis allée faire un tour dehors.
- Tu es folle de sortir comme ça sans prévenir personne ! On à cru que tu t'étais perdu ou même pire.
- Ne lui cri pas dessus, dit Ibrahim.
- Je cris si je veux, tu allais devenir presque fou et là tu me dis de ne pas lui crier dessus !
- Vien Azhar. »
Ibrahim m'entraîne avec lui jusqu'à la cuisine et ferme la porte derrière nous.
« Pourquoi tu ne ma pas dis que tu sortais ?
- Tu étais avec tes amis.
- Il faut que tu nous préviennes avant de sortir.
- Oui...Pardon.
- Ce n'est rien, Mounir a eu peur c'est pour ça qu'il est énervé ».
Sûrement pour me réconforter, il pose sa main sur mon dos et à nouveau cette sensation dans mon ventre. La chaleur de sa main me procure beaucoup de bien, mais très vite je reviens à la raison. Sentant mon malaise, Ibrahim retire sa main, avant de quitter la pièce.
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Thugyh©
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