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La vie reprenait son cours, Ibrahim n'avait plus eu de nouvelle sa mère biologique. Il cogitait beaucoup je le voyais souvent mal, parfois ailleurs. Mais je le connais, lui et sa fierté. Jamais il ne me l'avouera alors, je le laisse tranquille. Je ne veux pas le brusquer.
[...]
Je me prépare pour notre après-midi. D'abord, on a rendez-vous chez la gynécologue. Avec un peu de chance, on pourra connaître le sexe du bébé. Ensuite, on va faire quelques achats pour préparer l'accouchement. Ibrahim me dit que c'est trop tôt mais je suis tellement impatiente.
« - Il y a un podium pour les futures mamans chez la gynécologue ? Vous défilez avant les examens ?
- Je n'ai pas le droit de me préparer ?!
- Si, dit-il en riant. Je te taquine chérie.
- Ne m'énerve pas. »
Il rit avant de s'approcher de moi et de m'enlacer. Ses grandes mains parcourent mon ventre tandis que j'applique du gloss sur mes lèvres.
« - Je n'aime pas quand tu te maquilles comme ça. Tu ne faisais pas ça avant.
- Et bien, moi j'aime bien.
- C'est ta façon de me dire de m'occuper de mes affaires ?
- Oui.
- C'est mes affaires. Tu va attirer les regards.
- Ibrahim, c'est juste du gloss.
- Je n'aime pas. Les hommes te regardent dehors.
- Oui c'est ça. Avec mon ventre et mes pieds énormes !
- Tu penses que ça arrête ? Moi ça ne m'arrête pas, dit-il en faisant glisser sa main sous mon abaya.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je te détends.
- Arrête, on a pas le temps ! »
Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant d'attraper mon sac. Ibrahim était déjà chaussé. Je décide de mettre des baskets. Avec ma abaya, on ne verra rien de toute façon.
« - Comment tu me trouves ?
- Tu sais bien que tu es toujours belle, mais tu vas enlever ça, dit-il en essuyant ma bouche avec un mouchoir en papier.
- Mais pourquoi tu fais ça ?!
- Je te l'ai dit Azhar, tu ne m'as pas pris au sérieux. Je ne veux pas de ça sur ta bouche. Pas dehors.
- C'est ridicule !
- Avance, on va être en retard. »
[..]
Ibrahim n'a même pas encore terminé sa manœuvre que ma ceinture est déjà débouclée.
« - Fais vite Ibrahim !
- Calme toi, de toute façon on est en avance. Gare toi à ma place si tu veux.
- Tu es lent. Je me gare plus vite moi. »
Il me regarde mais ne dit rien, je commence à rire. Il coupe enfin le moteur et me tire les joues.
« - Tu veux vraiment te foutre de ma gueule ?
- Arrête, tu vas froisser mon voile !
- Tu vas te garer tout a l'heure. On verra qui est lent. »
Nous marchons jusqu'au cabinet de l'obstétricienne. Il a fallu qu'Ibrahim croise quelqu'un. Cet homme croise quelqu'un à chaque fois que nous sortons. Au début ça me faisait rire. Depuis que je suis enceinte, c'est insupportable. De rester à côté de lui pendant qu'il discute.
Il perçoit mon agacement. Il dit au revoir à son ami et me prend par la main.
« - Tu es vraiment trop impatiente aujourd'hui. Regarde, on est pile à l'heure.
[...]
« - Vous avez un bébé en parfaite santé, il grandit bien, rien à dire, dit le gynécologue. »
J'était vraiment soulagée et Ibrahim aussi.
« - Elle vomit encore le matin, c'est normal ? demande Ibrahim.
- Oui, en général ça s'arrête au deuxième trimestre. Donc ça ne devrait pas tarder. Malheureusement, il n'y a rien d'efficace contre les nausées matinales. Il se porte tellement bien qu'on peut voir son sexe, vous voulez le connaitre ?
- Oui ! »
Elle rit puis passe la sonde sur mon ventre, zoom sur l'écran et se tourne vers nous.
« - Félicitations vous attendez un petit garçon. »
Un magnifique sourire se dessine sur le visage de mon mari. Je sais qu'il n'a pas de préférence. Fille ou garçon c'est pareil pour lui. Mais je suis tellement heureuse. J'imagine une mini version de lui et ça me fait fondre. Je ne peux pas m'empêcher de pleurer.
[...]
Je savoure ma glace tandis qu'Ibrahim ne décolle pas ses yeux de l'échographie. Il l'a tournée dans tous les sens.
« - Tu es sure qu'elle ne s'est pas trompée ? Je ne le vois pas moi.
- C'est son travail, elle sait mieux que toi ! Tu espères secrètement que ce soit une fille ? Dis-je en riant.
- Peu importe. Tu vas bien et il va bien. C'est tout ce qui compte.
- Ta glace va fondre.
- Mange la.
- Non, je suis déjà assez grosse. »
Ça me fait penser à notre première sortie ensemble. Lorsqu'il avait fait des commentaires sur mon poids. Ça m'avait beaucoup blessée. J'étais si jeune à cette époque. Si insouciante. Tellement amoureuse. Tout ce que je voulais, c'était être à lui. Etre avec lui. Totalement aveuglée par mon amour.
« - Tu es encore dans la lune. À quoi tu penses ?
- Rien. »
Il me regarde sourrit puis prend ma mains et la garde dans la sienne. Je suis tellement heureuse a ses côtés. Il a ses défauts mais moi aussi je suis loin d'être parfaite. Je l'aime comme ça , avec tout ses défauts. C'est ça l'amour aimer et accepter l'autre sans aucune limite.
[...]
Maintenant que nous connaissons le sexe du bébé, on peut commencer quelques achats. Ibrahim voulait absolument une paire de chaussures.
« - Ibrahim, des chaussures sur un petit bébé ça sert à rien.
- J'ai toujours voulu acheter des chaussures. Laisse-moi faire. »
Il reçoit un appel et s'éloigne pour discuter. Quand il revient, il a un magnifique sourire aux lèvres.
« - Qu'est-ce qui se passe ?
- Une surprise. Je vais payer et ensuite on y va.
- Je t'invite.
- Va m'attendre dans la voiture Azhar.
- Je t'invite. Ne refuse pas !
- C'est une glace.
- Justement, c'est pas trop chère !
- Qu'est-ce que ça change que tu paies ou que je paie ? On a le même compte.
- Je veux t'inviter avec mes sous !
- Ok, ok. Je t'attends. »
Ce n'est pas la première fois que j'insiste pour payer mais c'est la première fois qu'il me laisse faire. Je sors de la boutique lorsque je sens quelqu'un m'attraper par le bras, je me retourne et une femme se tien devant moi.
« - Bonjour, me dit-elle d'une voix fluette.
- Bonjour, je peux vous aider ?
- Vous...vous connaissez Ibrahim ?
- C'est mon mari. Il y a un probleme ? »
Elle regarde autour de moi comme si elle s'attendait à ce que quelqu'un vienne nous interrompre. En regardant plus attentivement, j'ai l'impression de l'avoir déjà vue. Elle a un visage familier. Mais je n'ai pas le temps. Ibrahim m'attend sur le parking depuis un moment, il risque de s'inquiéter.
« - Pourriez-vous m'appeler ? Elle met sa main dans sa poche et en sors une carte. Voici mon numéro. Je n'ai pas beaucoup de temps et vous non plus. Appelez-moi svp, c'est vraiment urgent...Vous devez me prendre pour une folle, mais je vous en prie appelez moi. »
Ce visage, le froncement de sourcil. Je le connais. C'est le même que celui de mon mari. C'est elle.
[...]
Lorsque je rejoins Ibrahim dans la voiture. Je décide de ne rien dire. Je ne veux pas gâcher cette journée qui avait si bien commencée. Il roule jusqu'à son travail, je ne comprends pas pourquoi il m'emmène ici.
« - Qu'est-ce qu'on fait ici ?
- Je vais te montrer quelque chose. Viens. »
Je le suis jusqu'à son bureau. On salut les salariés présents et il ferme la porte derrière nous.
« - Ibrahim c'est bizarre. Ils vont penser que...
- Je suis le patron, tu es ma femme tu est chez toi ici. Et puis ils savent pourquoi je t'ai emmené ici. Il s'approche de son bureau et commence à dérouler une énorme affiche. Viens, regarde.
- Des plans ?
- Oui. Ceux de notre maison. Dit moi ce que tu veux modifier.
- L'offre a été acceptée ?
- Oui.
- Pourquoi tu n'as rien dis ?
- C'est ma surprise. »
Je saute dans ses bras et il me sert contre lui. On est un peu empêché par mon ventre mais ça ne nous arrête pas.
« - Donc, c'est notre maison ?
- J'ai besoin de ta signature sur des documents et ensuite, ce sera notre maison.
- Ibrahim, je t'aime !
- Je sais chérie, dit-il en riant. Approche et regarde. Il y a trois étages. Je veux faire des travaux surtout au dernier étage. Ce sera le notre. Je veux une suite gigantesque pour qu'on ait notre intimité. On pourra y faire faire tout ce qu'on veut.
- Ne dit pas ce genre de choses ici ! Dis-je en rougissant.
- Personne ne peut nous entendre. On va donner lui donner des petits frères et des petites sœurs. Il faut de l'espace pour tout ça.
- Parle moi des plans. Concentre-toi !
- D'accord cheffe. Donc, je veux refaire tout le dernier étage, la cuisine, le sol du rez-de-chaussée. Au deuxième étage, un coup de peinture dans les chambres et remettre à neuf les salles de bain.
- D'accord.
- Pour l'extérieur, on peut prendre notre temps.
- D'accord.
- Je t'emmènerai visiter tout ça bientôt. C'est le projet de notre vie Azhar. Ce projet, c'est pour nous. »
[...]
De retour, à la maison je m'attelle aux tâches ménagères. Ibrahim fait presque tout ces derniers temps. Épuisée par les nausées, je suis restée clouée au lit une bonne semaine.
Je termine mon repassage lorsqu'il commence a me retirer le fer des mains.
« - Qu'est-ce que tu fais ?
- Repose toi. Tu en a assez fait. Je suis en télétravail demain. Je m'occuperai du reste. »
Je lui fait un bisous, mais il en veut toujours plus.
« - Non, dis-je en le repoussent.
- Pourquoi ? Ça fait longtemps.
- Deux jours !
- Justement, c'est long. On est même pas allés jusqu'au bout.
- Pas ce soir, je suis trop fatiguée. »
Il ne dit rien et me porte jusqu'au lit.
Il s'allonge à mes côtés. Une main soutenant sa tête, l'autre sur mon ventre.
« - Ta mère veut me rendre fou.
- Tu n'es jamais rassasié. Tu n'es jamais fatigué ? »
Il explose de rire.
« - Je suis sérieuse. Tu as toujours envie.
- C'est de ta faute. C'est toi qui me rend comme ça.
- Ben voyons !
- C'est la vérité. Chaque fois que je te vois, je ne peux pas me retenir.
- Je suis énorme et j'ai mal partout.
- J'ai compris. Je te laisse tranquille. Mais tu n'es pas énorme. Et même si tu l'étais...
- Oui, oui je sais.
- Est-ce qu'il bouge ?
- Toujours pas.
- Il prend son temps.
- Tu seras là à mon accouchement ?
- Bien sûr ! Pourquoi tu me demandes ça ?
- Là d'où je viens les hommes n'y assistent pas.
- Et bien moi je serai là.
- Tu va pas pas faire de malaise ? dis-je en riant.
- T'inquiète, j'ai vu pire
- Comme quoi ?
- Ta tête au réveil. »
Je me détache de lui tandis qu'il rit. Je suis énervée mais aussi fatiguée. Et sans m'en rendre compte, je commence à pleurer.
« - Azhar ? Tu pleures ?
- Laisse moi !
- Je plaisante Azhar. Tu es la plus femme du monde. Ne pleure pas.
- Laisse moi !
- D'accord mais ne pleure plus.
- [...]
- Je te demande pardon mon amour.
- [...]
- Tu sais bien que je ne le pense pas.
- [...]
- Il a dix minutes je voulais t'allonger sur le lit et...
- Arrête ! Tu aggraves ton cas !
- Regarde ce que tu me fais faire « pardonne moi mon amour » c'est bien parce que je t'aime. On dirait un p*
- Tu ne peux pas être gay parce je suis une fille.
- Tu me reparles ?
- Non.
- T'es une gamine. Je vais avoir deux bébés en faite.
- Je suis pas un bébé ! Tu es pire que moi.
- Viens dans mes bras. »
Je décide de l'ignorer, alors il allume la télé. Mais au bout de quelques minutes son contact me manque. Alors je me rapproche de lui. Il a le tact de ne pas rire et me sert contre lui. Il me sourrit puis m'embrasse le front, j'aime tellement quand il me fait ça.
« - On va être parents
- Tu as peur ?
- Un peu. Mais ça va bien se passer. Je serai toujours là. Je prendrai toujours soins de vous. »
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