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J'attends patiemment mon mari dans la salle d'attente. Je l'ai rejoint après une après midi chez Azra. Les séances avec son psychologue lui font beaucoup de bien. Mais je pense que l'arrivée prochaine du bébé y est aussi pour quelque chose. Il veut être un bon père et un bon mari.
« Tu viens ? Me dit-il en quittant le bureau »
Je prends sa main et nous quittons le cabinet. Dehors, il fait doux pour ce début d'automne. Nous marchons en silence jusqu'à la voiture. Une fois assise, mon ventre commence à gargouiller. Il esquisse un sourire et se moque de moi jusqu'à ce que son téléphone sonne. Il conduisait alors, je décide de répondre.
« Allô ?
- Allô , Azhar c'est maman.
- Vous allez bien ?
- El Hamdullilah et toi ?
- Oui, on est en voiture.
- Venez à la maison ce soir, ça fait longtemps que vous n'êtes pas venus. Vous nous manquez.
- D'accord, je préviens Ibrahim.
- Alors à ce soir, dit-elle en raccrochant. »
« - On passe la soirée chez tes parents, dis-je après avoir raccroché à mon tour.
- Ok, mais tu as le ventre qui gargouille. Tu vas pas rester sans manger jusqu'à ce soir.
- Je peux manger un petit truc en attendant.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je veux une tarte avec du citron.
- C'est précis hein ! Ok.»
Ibrahim s'arrête devant une boulangerie dans une allée commerçante. Nous nous installons à l'intérieur pendant que je dévore ma tarte.
« J'en avais vraiment envie.
- Je vois ça. Regarde les boutiques dehors, on pourrait y faire un tour.
- Tu veux acheter quelque chose.
- Pas pour moi, pour toi et le bébé.
- Il est encore tôt, tu ne trouves pas.
- Si c'est juste que...
- [...]
- Laisse tomber.
- Chéri, dis-je en posant ma main sur la sienne, on a dit qu'on se parlerait.
- Je n'ai rien acheté pour notre premier bébé. Je suis un peu pressé c'est trop tôt tu as raison.
- Tu sais quoi, on ne perd rien à aller faire un petit tour.
- D'accord, termine de manger et on ira.
- Le psychologue, comment tu le trouves ?
- Ça va. Au début il ne parlait pas beaucoup et ça ne m'aidait pas. Mais maintenant je comprends qu'il voulait me laisser le temps de raconter.
- Tu te sent à l'aise ?
- Tu sais que je ne parle pas facilement...Mais je ne ressent pas de malaise. Ça m'aide beaucoup. »
Il y a un long moment de silence. Son regard est rivé sur moi. J'espère que je ne me suis pas tachée et qu'il se moque de moi.
« Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- C'est...C'est si réel et en même temps j'ai l'impression de rêver.
- Quoi donc ?
- Toi et moi ici. Assis dans cette pièce entrain de partager ce moment et bientôt nous serons parents. Je n'aurais jamais cru ça. La première fois que je t'ai vue, si j'avais su la place que tu occuperais un jour dans ma vie.
- [...]
- Je suis tellement heureux tu ne peux pas t'imaginer à quel point.
- Je ressens la même chose, je pense que je peux imaginer.
- Est-ce que tu te rends compte que tu m'as sauvé la vie...
- [...]
- Ce qu'étais ma vie avant toi, je ne veux plus jamais connaître ça Azhar. Plus jamais sans toi. »
[...]
Nous parcourons les rayons de la boutique. Il y a tellement de choses, je ne sais pas ou donner de la tête et Ibrahim a déjà rempli le caddie. Il y a pris des bavoirs, des bodys et des petits chaussettes tellement mignonnes. J'ai du l'arrêter, ça ne sert à rien de prendre autant de choses. On sera à peine rentré de la maternité que tout sera trop petit. Rien qu'en y pensant je ne peux m'empêcher de sourire. Quitter la maternité avec mon mari et notre bébé.
« Tu es encore dans la lune, dit-il en m'attrapant par la taille.
- Je suis tellement pressée qu'il soit là. Mais je pense que ça suffit Ibrahim.
- D'accord, allons payer et prenons la route pour aller chez mes parents. »
- Je vais retourner à la boulangerie, ont ne peut pas y aller les mains vides.
- D'accord, je t'attends dans la voiture. J'ai un appel à passer pour le boulot.»
[...]
Lorsqu'on arrive chez ses parents, je rentre dans l'immeuble laissant Ibrahim saluer des hommes assis dehors. Mes beaux-parents vont bientôt déménager pour un quartier plus tranquille avec des logements neufs et je suis contente pour eux. Ma belle-mère m'ouvre la porte et me serre fort contre elle. Je salue mes belles-sœurs et mon beau-père. Je suis dans la cuisine en train de nettoyer la salade lorsqu'Ibrahim me rejoint.
« Azhar ?
- Humm ?
- Tu veux l'annoncer ce soir pour le bébé.
- Ils sont tous là, je pense que c'est le bon moment. Mais je ne veux pas le dire moi c'est quand même gênant.
- Qu'est-ce qu'il y a de gênant ?
- Ibrahim, ils sauront tous.
- Savoir quoi ?
- [...]
- Tu es sérieuse, dit-il en éclatant de rire.
- Oui, arrête de te moquer.
- Tout le monde sait comment faire les bébés Azhar. »
Il continue à se moquer de moi tandis que je l'ignore. Il se lave les mains et m'aide avec les derniers préparatifs lorsque ma belle-mère entre à son tour dans la cuisine.
« Mon fils en cuisine ?
- Arrête ton cinéma maman.
- Tu aides depuis quand, dit-elle en riant.
- J'aide souvent Azhar. Je prépare même un repas par semaine le soir. Dit lui Azhar.
- C'est vrai, dis-je répondant à l'appel au secours de mon mari.
- Je suis tellement heureuse de vous voir comme ça et bientôt je serrerai votre enfant contre moi.
- Très bientôt, dit-Ibrahim en souriant. »
Le regarde de ma belle-mère se fait plus insistant. Ibrahim se rapproche de moi et pose une main sur mon ventre.
« Tu es enceinte ?
- Oui, dis-je en souriant timidement. »
Je n'ai pas le temps de réagir, je me retrouve pressée contre elle et Ibrahim qui nous sert toutes les deux dans ses bras.
« Vous faites des câlins sans nous ? demande Sofia »
Ibrahim lui fait signe de nous rejoindre et nous nous retrouvons tous les quatre à rire.
[...]
Le repas s'est parfaitement déroulé comme toujours d'ailleurs. Je me rends compte que ça fait très longtemps que nous n'avons pas été tous assis autour d'une table ensemble. Ma belle-mère me gâte, j'ai eu le droit au meilleure morceau de poulet sous l'œil suspicieux de Kaina. Quand vient le moment du dessert, elle décide de me taquiner.
« Azhar a eu le meilleur poulet, la meilleure partie du dessert. Qu'est-ce qui se trame contre moi ?
- Pourquoi toujours tout ramener à toi, demande Mounir.
- C'est toujours moi d'habitude.
- Azhar et Ibrahim ont quelque chose à vous annoncer.
- Qu'est-ce que tu as fait encore ? Dit mon beau père sur le ton de l'humour. Ma belle-mère lui fait signe de se taire.
- Ne fait pas attention à lui, parle mon fils.
- Azhar est enceinte. »
Je regarde autour de moi attendant une réaction. Kaina assise à ma droite me saute dessus et je manque de tomber de ma chaise. Elle est accompagnée de Sofia et d'Azra.
« Encore un bébé ?! Il va y avoir partout maintenant, dit mon oncle.
- Ce n'est pas toi qui voulait pleins de petits-enfants ? demande ma belle-mère.
- Chut laisse moi, dit-il en se levant pour me prendre dans ses bras. »
Ce câlin à une valeur particulière. Je me sens comme dans les bras de mon père et je ne peux m'empêcher de pleurer. Je tente de retenir mes larmes mais je n'y arrive pas. Alors il me sert encore plus fort. Je sens que la joie est redescendu laissant place à une atmosphère plus mélancolique. Lorsque je me détache de mon oncle, je vois Kaina et Sofia entrain de pleurer et je m'en veux d'avoir gâché la soirée.
Il se détache de moi pour féliciter Ibrahim que je sens très ému. Mais comme toujours, mon mari est un maître pour contenir ses émotions. Après ce moment, la soirée à pu reprendre son cours. Alors que les autres débarrassaient, mon oncle a tenu à ce que l'on s'éloigne un moment. Nous nous sommes assis dans le balcon à discuter. Je n'oublierai jamais ce jour.
[...]
Deux jours plus tard, Ibrahim prépare son sac. Il doit de nouveau se rendre à Nice pour gérer l'agence. La dernière fois qu'il est parti, il a fini dans les bras d'une autre.
« Je suis de retour mercredi soir. C'est juste deux jours.
- [...]
- Viens là, dit-il en écartant les bras dans lesquels je me réfugie. Je pars deux jours. Seulement deux jours.
- Je vais t'aider pour ton sac, dis-je en me détachant de ses bras.
- Azhar
- Humm?
- Reste-là, Il tapote ses genoux je m'approche de lui doucement puis je m'assois sur ses genoux. Fais moi confiance, Azhar, je te promets que plus jamais je te ferai de mal. »
Il pose sa main sur mon ventre et le caresse tout doucement
« Tu portes notre enfant Azhar, je prendrai pas le risque de tout perdre encore. Je n'ai pas été là....
- C'est bon Ibrahim. Ne te torture plus comme ça. »
Je pose mes lèvres doucement sur les siennes, il répond à mon baiser puis me soulève et m'allonge sur le lit. Il me retire mon pull.
« Ibrahim arrête !
- Pourquoi ?
- Ont ne peut pas, il y a le bébé.
- J'irai doucement.
- Non, je ne veux pas. C'est peut-être dangereux.
- Mais non t'inquiète. Tu penses que les couple s'abstiennent pendant neuf mois ? C'est impossible.
- Ibrahim, je ne veux pas.
- Ok. »
Je n'ai pas la tête à ça. Il n'a pas insisté, nous avons terminé sa valise puis nous sommes allés au lit.
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