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C'est à peine si j'ose faire le moindre mouvement. Je reste figée un instant. Ibrahim s'assoit à mes côtés. Une main sur mon ventre.
Un magnifique sourire sur le visage. Quoique teinté d'une certaine appréhension. Comme s'il craignait ma réaction. J'ai bien entendu ce qu'il m'a dit. Mais, l'information a du mal à remonter jusqu'à mon cerveau. Je suis enceinte. De nouveau enceinte. Il ne s'agit pas de la première grossesse. Mais je n'ai pas pu sentir mon premier bébé bouger.

Que va-t-il se passer cette fois ? Est-ce que je vais mener ma grossesse jusqu'à son terme ? Est-ce que je vais réussir à vivre pleinement cette grossesse sans angoisser ?

« - Mais...euh...comment ?

- Quand nous serons à la maison, je te montre comment.

- Tu es sûr ? Dis-je en ignorant sa remarque.

- Oui, ils ont fait un test sanguin. Tu es enceinte mon amour. »

Le médecin entre dans le boxe et me confirme ma grossesse. Je suis enceinte de sept semaines. Je n'arrive toujours pas à y croire. Je n'entends plus le médecin, ni Ibrahim. Je suis comme dans une bulle. Je pose une main sur mon ventre encore plat. Sept semaines. Sept semaines déjà qu'il est en moi. Une vie. Une vie nouvelle. C'est impressionnant. Ibrahim et le médecin discutent lorsque mon mari me tire de mes pensées.

« - Tu m'entends, dit-il inquiet.

- Oui.

- Madame, vous semblez confuse. Peut-être devriez vous rester cette nuit.

- Non, je suis juste...je suis surprise et un peu anxieuse. Nous avons perdu notre premier enfant. Est-ce qu'on peut vérifier s'il va bien ?

- Je n'ai pas le matériel nécessaire pour une échographie. Mais chaque grossesse est différente. La précédente ne s'est malheureusement pas bien passée. Cela ne veut pas dire, qu'il en sera de même pour celle-ci. Ayez confiance, reposez vous bien, mangez correctement et ne faites pas trop d'effort. Je vous conseille de voir rapidement votre obstétricien pour des examens plus approfondis.

- Il faut qu'elle arrête de travailler ?

- Non, pas dans l'immédiat. Mais si il y a des complications oui. Tout ira bien. Vous avez un bébé en parfaite santé. »

[...]

Le trajet en voiture est silencieux. Je sens qu'Ibrahim est très heureux, il essaye de lancer la discussion mais semble marcher sur des œufs à cause de mon mutisme. Je devrai être heureuse d'être enceinte. Mais je n'arrive pas à me réjouir totalement. Je sais que je ne serai pas tranquille tant que je n'aurai pas mon bébé dans mes bras.

« - Je sais que tu as peur Azhar, mais on doit placer notre confiance en Allah.

- [...]

- Notre bébé n'est pas décédé à cause d'une maladie ou d'une malformation. Il mort parce qu'on l'a arraché de ton ventre par ma faute.

- Ne dit pas ça.

- C'est la vérité. Et c'est la raison pour laquelle tu m'as quitté.

- On a dit qu'on en parlerait plus.

- Mais tu es stressée et tu angoisses à l'idée de le perdre. Je vais prendre soin de vous Azhar. Cette fois-ci, tu ne seras pas seule. Je suis là pour vous.

- Je n'en doute pas mon chéri.

- Nous avons une chance de fonder notre famille. Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureux. »

Son bonheur transparaît dans sa voix et dans son regard. Je ne peux pas lui résister quand il est comme ça. Alors je prends sa main et je l'embrasse tendrement avant de la poser sur mon ventre.

« - Bientôt il sera énorme.

- Et moi aussi, dis-je.

- Oui, tout ça grâce à moi.

- Ça va les chevilles ?

- Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis fière. J'ai envie de me taper le torse comme un gorille et d'hurler que tu es enceinte. Enceinte de moi !

- Tu es très étrange parfois.

- Je suis surtout très fière de savoir que pendant qu'on...

- Ne dit pas un mot de plus, dis-je la main sur sa bouche. Je ne veux pas entendre la suite Ibrahim.

- D'accord, d'accord, dit-il en riant. Mais, tu ne peux pas m'empêcher d'être sacrément fière. »

De retour à la maison, nous passons tous les deux sous la douche. Pendant qu'Ibrahim prend la sienne, j'en profite pour nous faire des sandwichs. J'ai soudainement très faim. Il sort de la salle de bain torse-nu avec un short. Il est rarement aussi décontracté à la maison.

« - Tu peux t'habiller tu sais.

- Il est 4h00 du matin, j'allais me coucher.

- Je prépare des sandwichs, tu vas voir c'est trop bon.

- Je n'en doute pas. Mais j'ai vraiment sommeil.

- Et moi, très très faim.

- Pousse toi, je vais continuer.

- Je peux préparer des sandwichs Ibrahim.

- Tu as entendu ce qu'a dit le médecin ? Pas d'effort. Laisse-moi faire.

- Il a aussi dit que je devais continuer à vivre normalement, en étant raisonnable. Et puis, tu ne sais pas faire les sandwichs comme moi.

- Laisse faire le pro. Un bébé pousse là-dedans, je gère maintenant. Même si c'était pas trop compliqué.

- Je vais te laisser Ibrabim. Il est trop tôt ou trop tard pour avoir cette conversation avec toi. Tu es irrécupérable. »

Je quitte la cuisine le laissant seul à contrecœur. Il me rejoint dix minutes plus tard avec les sandwichs et un thé glacé.

« - Ils sont pas mal tes sandwichs. Tu en feras plus souvent.

- Vous les femmes, ont vous donne la main et vous voulez le bras.

- C'est toi qui t'es proposé pour le faire.

- Pas faux. Tu appelles ta gynécologue. Je veux voir mon fils et m'assurer que vous allez bien.

- Comment tu sais que c'est un garçon ?

- Instinct paternel, dit-il fière de lui.

- Si c'est une fille tu ne seras pas déçu ?

- Non, je serais pas déçu. Je vais avoir deux femmes à la maison. Tu as finis ? Je vais nettoyer.

- Je peux le faire moi-même.

- Non va te reposer.

- Ibrabim, je suis enceinte pas malade.

- Laisse moi gérer. »

Je n'ai pas batailler plus longtemps. Je suis allée rattraper mes prieres puis je suis allée m'allonger. Déjà 5h30 du matin. Je sens que la journée va être difficile.

Ibrahim est arrivé quelques minutes plus tard. Il a rattrapé ses prieres puis, il s'est allongé à mes côtés. Personne ne parlait. Je sais qu'il ne dormait pas. Alors je me suis retournée pour lui faire face. Il est tellement beau. Personne ne devrait être aussi parfait. Il l'est à mes yeux en tout cas.

« - Ibrahim ?

- Huumm ?

- [...]

- Qu'est-ce qu'il a Azhar ?

- Je voulais te dire.... Merci.

- Merci pourquoi ?

- Pour tout, d'être avec moi...

- C'est moi qui devrait te remercier Azhar. Tu es la seule personne qui croit toujours en moi. Même quand je doute de tout. Même quand tout le monde est contre moi. Tu n'as pas à me remercier. »

Je me suis contentée de l'embrasser. Il me regarde longuement avant de s'allonger sur le dos.

[...]

Je regarde mon ventre encore plat. J'ai hâte de sentir le bébé bouger, voir mon ventre grossir.

Ibrahim est allé au travail. Après mille recommandations et des tonnes de bisous sur mon ventre.

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