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7.
Je range mes nouvelles affaires dans l'armoire, Kaïna m'avait gentiment fait de la place dans sa penderie.
« Tu es allée acheter des vêtements avec Ibrahim ? Me demande Kaïna.
- Oui, nous venons tout juste de rentrer.
- Je peux voir ?
- Bien-sûr, ils sont dans le sac juste là, lui dis-je en désignant un sac dans un coin de la pièce.
- C'est très beau, tu les as achetés où ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas retenu le nom de la boutique.
- Ce n'est pas grave, y'a écrit sur l'étiquette.
- J'ai utilisé le côté gauche, comme ça si tu as besoin du côté droit tu pourras toujours l'utiliser.
- Non, prend toute la place qu'il te faut.
- Je ne veux pas t'encombrer.
- Ne dis pas de bêtise, dit-elle en riant. Toute façon grâce à toi j'ai une excuse pour ne plus acheter de vêtements, je n'ai plus de place. »
Nous rions toutes les deux.
« - Tu sais, c'est la première fois que je rencontre quelqu'un comme toi.
- Quelqu'un comme moi ?
- Oui, tu es timide, mais à la fois sûre de tes idées. Et en plus tu es magnifique.
- Euh, et bien merci. Toi aussi tu es jolie, dis-je gênée par ses remarques.
- Ce n'est pas pareil, toi tu as un charme naturel, tu attires les autres sans efforts. »
On ne m'avait jamais dit des choses pareils. Je ne faisais pas particulièrement attention à mon physique. Je m'habille chaudement en hiver et plus décontractée en été. Je ne me suis jamais préoccupée de mon apparence. Est-ce que je me trouve jolie ? Oui, je m'apprécie telle que je suis. Mais ça ne va pas au-delà. Sur ces mots, Kaïna quitte la chambre, me laissant finir de ranger tranquillement.
[...]
Après avoir étendu mon linge de ce matin, je me suis rendu dans la cuisine afin de commencer la préparation du repas.
« - Azhar ?
- Oui, dis-je en me tournant pour faire face à Sofia.
- Tu peux laver mes vêtements ?
- Je ne sais pas très bien utiliser la machine.
- Tu peux les laver à la main ?
- Oui, laisse-les sur le côté. »
Je n'appréciai pas particulièrement Sofia, elle avait une attitude très antipathique à mon égard, mais j'avais toujours ce sentiment d'être un fardeau pour eux. Alors si rendre service me permettait d'alléger, même pour quelques instants, ma conscience et par la même occasion de me sentir un peut mieux et bien j'allais le faire.
« - Je le ferais demain.
- Tu ne peux pas le faire maintenant ? Je compte les porter demain.
- Je dois faire à manger, je n'aurais pas le temps ce soir.
- Tu sais, ce n'est pas évident pour mes parents que tu sois là.
- [...]
- Ils prennent un risque en t'accueillant et ça fait une bouche à nourrir en plus. Je pensais que tu serais plus reconnaissante, dit-elle en posant la pile de vêtements sur la machine à laver. »
Je n'ai pas réagi, à quoi cela aurait-il servi ? D'un côté elle avait raison, je devais trouver un moyen de m'émanciper je ne pourrais pas prendre un appartement car je suis dans une situation complexe, même avec le statut de réfugié. Mais en travaillant, je pourrai contribuer aux dépenses de la maison.
Alors que je frottais les vêtements de Sofia dans la baignoire, la lumière de la salle de bain s'éteignit avant de se rallumer quelques secondes plus tard. Puis, la porte s'ouvre.
« On a une machine pour ça, me dit Ibrahim.
- Je sais.
- Bien, utilise-la.
- Ce sont ceux de Sofia, elle m'a dit que le tissu aller s'abîmer avec la machine.
- Donc elle te demande de lui laver ses vêtements et tu le fais ?
- [...]
- Tu n'as aucune dignité ou quoi ? »
Même un coup de poing m'aurait fait plus mal que cela. La dignité ? Qu'est-ce qu'il sait de la dignité ? À t-il une idée de tout ce par quoi je suis passée pour arriver ici ? Encore une fois je n'ai rien dit, un malaise s'est installé entre nous, une sorte de gouffre. Je frottais plus énergiquement, la friction de mes doigts contre le tissu était à présent douloureuse.
« Tu ne nous dois rien.
- Tu peux sortir ? Je ne vois plus la lumière. »
Il s'approche de moi et m'attrape par le bras me forçant à me tourner pour lui faire face.
« Tu pleures à cause de ce que je t'ai dit ?
- Non, laisse-moi s'il te plait.
- Alors pourquoi tu pleures ?
- Mes parents me manquent, me justifiais-je.
-Tu veux sortir ? »
Je le fixe, d'abord incrédule. Est-il le même homme qui vient tout juste de m'insulter ? Il semble regretter sa proposition, il est même très gêné.
« Non, je suis occupée.
- Tu peux demander à Kaïna ou Sofia de te remplacer.
- La vérité, c'est que je n'ai aucune envie de passer du temps avec toi Ibrahim. »
Mon rejet ne semble pas le blesser. Mais en le regardant bien dans les yeux, juste quelques secondes cette lueur presque inexistante avant qu'il ne reprenne ses esprits, m'a fait comprendre que mes propos venaient de le toucher. Juste un petit peu. Mais c'était énorme venant de lui et c'est air dur qu'il aborde si fièrement a repris place sur son visage. Il quitte la pièce et je m'assois sur le rebord de la baignoire, avant de fondre en larme.
[...]
Je tourne dans mon lit, incapable de trouver le sommeil. Pourtant il est encore tôt, mais j'ai refusé de manger. Ma tante est venue me voir, elle est restée un long moment à me demander si j'allais bien. Je l'ai rassuré, lui disant que j'avais mes règles et que durant cette période je perds tout appétit. Je n'ai aucune envie de me trouver à la même table que Sofia et Ibrahim. Allongée dans le lit juste à côté, Kaïna est au téléphone depuis un long moment.
« J'ai peut-être une idée pour sortir, dit-elle avant de raccrocher. Azhar, habille-toi on sort !
- Sortir ? Pour aller où ?
- On va aller voir mon copain.
- Ton copain ?
- Mon amoureux si tu préfères.
- Oh ! Tu as un amoureux !
- Ne crie pas ! Tu ne dois jamais le dire à personne. Tu es la seule à le savoir.
- D'accord, je ne dirai rien. Mais, je ne pense pas que ce soit bien de le voir en cachette.
- On va bientôt se marier, donc je ne le verrai plus en cachette. Ne t'inquiète pas. »
Nous avons marché pendant cinq minutes en direction du parking, où était garé une voiture. Kaïna monte devant et moi juste derrière. L'amoureux en question semblait impatient de l'avoir, il s'approche d'elle surement pour l'embrasser mais s'arrête brusquement lorsqu'il me voit.
« Bonsoir, me dit-il encore surpris.
- Bonsoir.
- Azhar voici Housni, Housni je te présente ma cousine Azhar.
- Enchanté, dit-il.
- Oh ça va ! Ne fait pas ton numéro de charme. Elle est insensible.
- Toujours dans l'excès, je n'ai pas le droit d'être enchanté d'être officiellement présenté à quelqu'un de ta famille ? Je veux juste faire bonne impression devant ma future famille.
- Azhar, ne fait pas attention à lui. C'est un beau parleur, dit Kaïna en riant.
- Tu es célibataire Azhar ?
- Pourquoi tu lui demande ça ?
- Pour Ali.
- Tu te prend pour un organisateur de mariage ?
- On ne peut rien faire avec toi ! »
La conversation devenant beaucoup trop intime à mon goût je décide de m'éclipser et de les laisser. Même si ce n'est pas très bien d'un certain point de vue, je fais confiance à Kaïna et puis ils sont dans une voiture. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire dans une voiture ?
J'aperçois une épicerie au loin et décide d'aller dépenser le peu de monnaie que je possède.
Après avoir payé mes articles je quitte la boutique et marche en direction du parking. On devrait rentrer maintenant, avant d'avoir des problèmes. Un groupe de garçon s'approche de moi et je reconnais Amine parmi eux.
« Azhar ? Qu'est-ce que tu fais dehors toute seule ?!
- Je suis venu m'acheter des confiseries.
- Confiserie elle a dit, se moque un des garçons.
- Elle n'a pas le droit de dire confiserie ?!S'énerve Amine.
- Si, mais elle est bizarre ta cousine.
- Elle parle juste français. C'est bizarre de parler français maintenant ? Bref t'es venue avec qui ?
- Kaïna, elle est avec une copine à elle. J'ai vingt ans tu sais, je peux sortir seule.
- Humm, bon on va chercher Kaïna. »
J'espère que son copain est parti car même si Amine est plus jeune qu'elle, s'il la surprend avec un homme, sa vie prendra fin sur le champ. Discrètement, je sors mon téléphone et lui envoie un message afin de la prévenir.
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Thugyh©
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