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« - Je suis désolé Azhar, on ne sait pas où il est. Ce n'est pas Ibrabim. Il doit être en salle d'opération ou alors il n'est pas encore arrivé à l'hôpital. »


La seule chose que je retiens, c'est qu'Ibrahim n'est pas mort. Je suis soulagée, tellement soulagée. La pression redescend et je m'effondre au sol. Mes jambes sont toutes molles, comme si le sang n'y circule plus. Mounir s'accroupit à mes côtés et me tend une bouteille d'eau. Il y a encore de l'espoir. L'espoir de retrouver mon mari en vie. Je suis triste pour cet homme qui est décédé mais surtout pour sa famille.

« - Tu es sûr hein ? Mounir, ce n'est pas lui ?

- Je sais reconnaître mon frère Azhar, ce n'est pas lui. Arrête de pleurer, lève toi et va t'asseoir. Tu es toute blanche Azhar.

-Je ne me sens pas bien. »



Mounir se relève puis me porte jusqu'au siège. Mon corps est pris de tremblement. J'essaye d'ouvrir la bouteille d'eau mais, mes doigts tremblent tellement qu'elle glisse entre mes mains et s'écrase au sol. Je sens que Mounir n'est plus à mes côtés, j'essaye de reprendre ma respiration et de me calmer. Quelques minutes plus tard, il revient avec une boisson sucrée et des gâteaux.

« - Bois et mange, ça va te faire du bien. »

Je ne pouvais rien avaler, j'avais l'impression de ne plus avoir aucun muscle fonctionnel. Je veux voir mon mari. Mais je sais que si je ne reprends pas des forces, je ne pourrais pas tenir et je ne veux pas être un poids pour Mounir. Ibrahim est mon mari, mais c'est aussi son frère et lui aussi est très inquiet.



[...]



Cela fait deux heures que nous sommes à l'hôpital et nous n'avons toujours aucunes nouvelles d'Ibrahim. Je ne perds pas espoir, je continue d'invoquer Allah. Le médecin arrive enfin.

« - Madame, j'ai des informations concernant votre mari.

- Il va bien ?

- Nous avons retrouvé votre mari. Il est entrain de se faire soigner. Quelques points de sutures, rien de grave.

-Je peux le voir ?

- Oui je vous emmène. »


Nous suivons le médecin, nous marchons pendant des minutes qui me semblent interminables. Finalement, nous arrivons dans une salle pleine de monde. Les patients étaient dans des petits box. Le médecin s'arrête devant l'un d'entre eux. Je n'attends pas qu'il m'invite à entrer. Ibrahim est assis sur le lit d'hôpital et lorsque je le vois, j'ai enfin la sensation de pouvoir respirer à nouveau. Je le sert tellement fort dans mes bras. Je ne pouvais pas m'empêcher de pleurer. Il était là depuis le début mais, avec la précipitation, il ne s'est pas enregistré en arrivant.

Comme annoncé par le médecin, il avait plusieurs points de sutures à l'arcade gauche.

« - J'ai cru que tu étais mort. Ils ont trouvé ton portefeuille et tes papiers sur un homme. On pensait que c'était toi.

- J'ai donné mon manteau à un homme, il était blessé et il avait froid. Mes papiers étaient dedans. Je ne savais pas qu'il était mort. »

Il a l'air si bouleversé. J'évite de lui poser trop de questions. Il doit se reposer. Mounir est entré à son tour dans le boxe. Je l'avais totalement oublié. Il a pris son frère dans ses bras puis nous a laissé seul.

Mes larmes coules, je n'arrive plus à les arrêter. J'ai failli le perdre aujourd'hui. Ça aurait pu être lui. Ce corps sous ce drap blanc. Je remercie Allah de nous permettre de passer ce moment ensemble. La mort peut nous séparer à tout moment. La vie est trop courte pour continuer à se faire la guerre. Je ne supporterais pas de perdre Ibrahim, c'est quelque chose que je ne veux même pas concevoir.



[...]

Mounir vient de nous déposer à la maison. Après quelques mots échangés avec Ibrahim, nous sommes rentrés chez nous. Il était déjà 5h00 du matin et on devait travailler tout les deux. Heureusement, j'avais prévenu Hizya de la situation et elle m'a accordé ma journée. Ibrahim avait un arrêt maladie d'une semaine. Ce que j'avais préparé était encore sur la table.



« - Tu veux manger quelques chose ?

- Non je veux juste qu'on aille se coucher, dit-il en se dirigeant vers la chambre.

- Je te rejoins, je vais juste mettre la nourriture au frais. »


Lorsque je le rejoins dans la chambre, Ibrahim est sous la douche. Je le rejoins et entre dans la cabine de douche. Je l'enlace et le serre fort contre moi. Il se retourne et me sert à son tour. Pas d'envie d'aller plus loin, nous voulons juste savourer ce moment d'intimité. De retour dans notre chambre, nous nous endormons rapidement.



[...]


Le lendemain matin, Ibrabim dors encore à mon réveil. Je regarde l'heure sur ma montre, il est 17h30. Je ne pensais pas que l'on pouvait dormir autant. Je suis allée faire mes ablutions et j'ai rattrapé mes prières. J'en profite pour faire le ménage. J'entends l'eau de salle de bain couler. Il doit prendre sa douche. Quelques minutes plus tard, il me rejoint dans le salon avec son ordinateur.

« - Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Travailler, j'ai trop de retard.

- Tu es en arrêt de travail, repose toi.

- Je ne peux pas Azhar, je dirige une agence. Je ne peux pas tous déléguer. Et tu sais que je n'aime pas rien faire. »

Je m'allonge sur le canapé, pas très loin de lui et je l'observe travailler. Il est si séduisant avec cet air sérieux. Est-ce que ses collègues féminines l'observent de cette façon quand il travail ? Ne pense pas à cela Azhar. Je chasse les mauvaises pensées de mon esprit et me rapproche de lui. Je m'installe à ses côtés, la tête reposant sur son épaule. Au début, il reste concentré sur son travail, mais très vite il se distrait et nous prévoyons nos prochaines vacances.

« - Tu peux prendre des vacances ?

- Je ne sais pas. Je viens de commencer, je dois attendre encore.

- Ok dès que tu sais, on organise tout ça. J'ai une idée pour la destination.

- Où tu veux qu'on aille ?

- C'est une surprise. »

Il m'embrasse et nous nous allongeons sur le canapé. Ses mains se baladent sur mon corps et s'arrête sur mon ventre qu'il caresse.


« - Tu voudrais qu'on réessaye ?

- Essayer quoi ?

- Un bébé. »

Je ne réponds pas immédiatement. La perte de notre premier bébé a été si traumatisante. Je ressens encore cette lame l'arracher de mon ventre, de ma vie, de notre vie.

« - Je suis désolé. C'est trop tôt.

- Non...Ce n'est rien.

- Oublie ce que je viens de dire d'accord ?

- On aura un bébé quand Allah nous en donnera un.

- Tu prends toujours la pilule ?

- Non, on était séparé donc j'ai arrêté.

- Donc, il se peut que tu sois bientôt enceinte.

- Je n'en sait rien, peut-être.

- Je veux un tas de bébé avec toi.

- Pas plus de trois.

- Trois garçons et deux filles. Ou alors six, trois filles et trois garçons InshAllah.

- Six ? C'est beaucoup trop Ibrabim ! Tu es fou ?

- Laisse faire le pro, dit-il en riant »

Je n'ai pas pris la pilule après notre premier rapport qui remonte à plusieurs semaines. Pour l'instant, je laisse les choses se faire naturellement.



[...]


J'étais assise dans la chambre entrain de lire le coran quand Ibrahim me rejoint.


« - Je vais courir, tu viens avec moi ?

- Maintenant ?

- Ouais, il fait pas très chaud. Le temps est parfait.

- Ok, je me prépare. »

J'ai enfilé un jogging ainsi qu'un tee-shirt et une veste. j'ai mis un foulard puis je l'ai suivi. Nous avons couru pendant plusieurs minutes. C'est une autre manière de partager de l'intimité. Nous avons fait la course, on s'est poursuivi comme des enfants. Les gens devaient nous prendre pour des fous dans la rue.



« - Ont fait une pause, dis-je à bout de souffle.

- Azhar, on a déjà fait quatre pause en deux heures.

-Je suis fatiguée. Je vais tomber, dis-je de façon théâtrale. »


Nous nous installons sur un banc dans un petit parc à quinze minutes de la maison. Les températures se sont refroidies. Le parc est vide, rien que nous deux. Une magnifique soirée avec lui. Je me suis allongée sur le banc, la tête posée sur ses genoux.


« - Ibrahim ?

- Humm ?

- Parle moi.

- Parler de quoi ?

- Je ne sais pas. Tout ce qui te passe par la tête. Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ? »



Ibrahim ne s'ouvre pas assez. Il a fait des efforts depuis notre réconciliation. J'ai compris pourquoi il avait peur de trop en dire. C'est à cause de ses insécurités concernant sa capacité à être à la hauteur. Il a peur de trop se confier et que ces informations soient utilisées contre lui. Il a peur de se livrer et que je m'en serve pour lui faire du mal.


« - Je voulais être un bandit.

- Pourquoi ?

- J'ai toujours pensé que je ne m'en sortirais pas.

- Je trouve que tu t'en sors très bien.

- Ma mère m'a abandonné et mon père, je ne sais même pas à quoi il ressemble. J'avais tellement de colère en moi et de honte aussi. Je n'étais pas confiant quant à mon avenir.

- Tu es devenu l'homme formidable que tu es aujourd'hui. Tu te dévalorises trop. Tu ne te rends pas compte Ibrahim, mais tout le monde t'aime. Tes frères, tes sœurs, tes parents, tes neveux. Ils t'aiment tous. Moi je t'aime, c'est toi qui met des barrières sans arrêt avec les autres. »

Je me relève puis je m'assois à ses côtés.

« - Il faut que tu arrêtes de tout remettre en question à chaque fois. Pour moi, tu es absolument tout sauf quelqu'un qui a raté sa vie. Tu as un travail formidable, ton équipe t'admire et te respecte.

- Avant de te rencontrer je voyais les gens autour de moi être heureux, je me demandais pourquoi le bonheur m'évitait. Et maintenant, tu es là.

- Je suis là et je ne partirai pas. »

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Je vous avoue qu'au début je voulais faire mourir Ibrahim, mais j'ai réfléchis et je préfère le laisser en vie pour le moment

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