52




Yûnes était dans mes bras tandis que sa mère nous préparait du thé. Youssra et moi n'avions plus partagé un moment entre filles depuis très longtemps. On se racontait les derniers ragots quand encore une fois, je suis prise de nausées.

" Ça va, me demande Youssra ?

- Oui, j'ai des nausées depuis quelques jours.

- Des nausées ? Tu as fait un test de grossesse ?

- Non, j'ai rendez-vous demain chez le gynécologue.

- Pourquoi tu n'as pas fait de test de grossesse avant ?

- Je ne sais pas. Je crois que j'ai peur du résultat. Tu imagines si je suis enceinte ?

- Ce sera une bonne nouvelle. Ibrahim va être content.

- Je sais mais je...Je ne sais pas si je vais pourvoir m'occuper d'un bébé, en étant aussi jeune.

- Azhar, tu es mariée à Ibrabim alors, tu vas très bien t'occuper d'un bébé.

- Je ne sais pas Youssra, j'ai vraiment peur. Tu sais, les choses ne sont pas faciles entre nous.

- Tu restes avec Yûnes, je vais aller acheter un test. Apres, on verra ok ?

- Oui, oui je veux bien."


[...]



" Alors ? Dis-je alors qu'elle tient le bâtonnet dans sa main.

- Attend, ça ne fait pas encore cinq minutes."

Je tourne en rond dans la salle de bain en me rongeant les ongles. L'attente est beaucoup trop longue.

"- Azhar ?

- Oui ?

- C'est positif."


Positif. Je suis enceinte, j'attends un bébé. J'attends un bébé d'Ibrahim, je vais être maman. Je vais donner la vie. Je ne peux m'empêcher de pleurer. Je comprends que je ne suis plus seule. Il y a une vie en moi. Je pose une main sur mon ventre et à cet instant, toutes mes craintes s'envolent. Tout ce qui comptait pour moi, c'est ce petit être qui grandit en moi.


"Je vais encore être tata, dit Youssra en me prenant dans ses bras.

- Il faut croire que oui.

- Maintenant, tu dois l'annoncer à monsieur.

- Comment je vais lui dire ?

- Mounir était avec moi quand j'ai fait le test pour Yûnes, donc j'ai pas eu à lui annoncer.

-Je préfère aller chez le gynécologue pour être sure que je suis bien enceinte avant de lui dire.

- Oui, il vaut mieux ne pas faire de faux espoirs."



[...]


La plupart des femmes dans la salle d'attente sont à plusieurs mois de grossesse. Elles sont toutes accompagnées. Je m'imagine ici, dans quelques mois. Le ventre plus arrondit et Ibrahim à mes côtés. Tous deux impatients de devenir parents. Lorsque la consultation commence enfin, elle me pose des questions et fait un bilan complet avant de me demander de m'allonger sur la table pour l'échographie.

" Vous êtes enceinte d'exactement six semaines."

Elle me donne des conseils et me dit qu'on ne se verra pas avant la fin du premier trimestre sauf s'il y a des complications ou que je suis inquiète. Elle me tend une échographie. Je la remercie et quitte le cabinet. Je marche le sourire aux lèvres. Lorsque je passe devant une boutique de vêtements pour bébés, je ne peux m'empêcher d'entrer à l'intérieur et de regarder. J'ai acheté des petits chaussons blanc et un bonnet. Ce soir là, Ibrabim est rentré très tard. Je dormais déjà. Je n'ai pas pu lui annoncer la bonne nouvelle.


[...]


En me réveillant ce jour-là, j'étais loin d'imaginer la tournure que cette journée allait prendre. Je me suis levée comme chaque matin à côté de mon mari. Il dormait encore pendant je me préparais à aller au travail. J'avais hâte de rentrer et d'enfin lui annoncer. J'ai pris sa main et je l'ai doucement posée sur mon ventre. Il a caressé mon ventre. De manière instinctive, alors qu'il dormait encore. Le premier contact avec notre bébé. J'étais tellement pressée de sentir le bébé bouger. Je l'ai embrassé sur le front puis j'ai préparé son petit déjeuner avant de partir.

AYA

Le plan était parfait. Les plans de Nadir sont toujours parfaits. C'est aujourd'hui que tout va se jouer. Je n'éprouve pas de peine pour cette femme. Ibrahim est le seul responsable du sors de sa femme. S'il n'avait pas trahit Rabah, rien de tout cela ne serait arrivé. Ce matin là, je me suis rendue chez eux. J'ai toqué à la porte et elle m'a ouvert. Elle avait l'air surprise de me voir. Elle ne m'a pas reconnue tout de suite. Je ne portais pas mes robes courtes et mes longs talons. J'étais vêtue d'un jean et d'un sweat.

"- Bonjour, je suis la collègue d'Ibrahim, Aya. J'ai un problème avec ma voiture et je me suis souvenue qu'Ibrahim habitait pas très loin. Est-ce que je peux utiliser votre téléphone ?

- Oui bien-sûr, dit-elle en me laissant entrer."

Naïve, tellement naïve. Elle ne s'est pas du tout méfiée de moi. Je ne veux pas avoir l'air trop intrusive. Je reste dans le vestibule pendant qu'elle va chercher le téléphone. J'en profite pour sortir le chloroforme de ma poche et en verse sur un chiffon. Lorsqu'elle revient, elle me tend le téléphone et me propose à boire. J'accepte et fait mine d'appeler un dépanneur. Je profite qu'elle soit dos à moi, face au lavabo, pour lui plaquer le chiffon contre la bouche.

Elle bouge et essaye de se dégager de mon emprise. Je la maintiens fermement contre moi. Quelques secondes plus tard, elle ne bouge plus. J'appelle les deux hommes de Nadir qui attendaient dans la voiture. Ils arrivent rapidement et l'enroule dans une bâche en plastique. Après avoir vérifié qu'il n'y avait personne dans le couloir, ils descendent avec elle pendant que je me charge de tout remettre en place.

Je sors vite de l'appartement et je marche jusqu'à la voiture. L'homme au volant démarre et conduit jusqu'à l'entrepôt. Lorsque nous arrivons à l'entrepôt, ils sortent le corps d'Azhar et la dépose sur le vieux canapé. Ils ouvrent la bâche et ils attachent ses pieds et ses mains.

" Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

- T'as remplis ta part du contrat, le reste n'est pas ton affaire, répond Nadir."

En la voyant ainsi, aussi vulnérable, je commence à me poser des questions. Ne suis-je pas aller trop loin ? Après tout, elle ne m'a rien fait. Dans quoi est-ce que je me suis embarquée ? Hier je voulais qu'elle meurt mais, c'est la cocaïne qui me faisait dire n'importe quoi.

Je n'ai plus le temps pour les regrets. Nadir compte sur moi et sans lui, je ne suis rien.


IBRAHIM

La journée a été longue mais j'ai été très productif. Les choses avancent bien. Dans moins de six mois, la nouvelle agence ouvrira ses portes. Je serai mon propre patron. Je pourrai innover autant que je le souhaite. Je suis à la fois anxieux et impatient. J'ai hâte de rentrer à la maison pour présenter les plans des locaux à Azhar. Lorsque j'entre, l'appartement semble vide. Je suis surpris qu'elle ne soit pas encore là. Elle doit être chez ma mère ou chez Youssra. Je pars prendre une douche et décide de préparer le repas. Ma femme est très fatiguée. Je veux la décharger le plus possible.


À 20h30, le repas était prêt. J'ai mis nos assiettes dans le four en attendant qu'elle rentre.

Il est presque 21h00 Azhar n'est toujours pas là. Je l'appelle mais son téléphone tombe directement sur la messagerie. Je commencer à m'inquiéter. Le mercredi, Sania n'a pas école donc normalement Azhar rentre plus tôt puisque le père de la petite prend le relais. Je décide d'appeler Youssra. Elle me dit qu'elle n'a pas de nouvelle d'Azhar depuis la veille. J'appelle son patron, il me dit qu'elle n'a pas travaillé aujourd'hui et qu'il est très inquiet car, elle ne s'est jamais absentée sans prévenir. Il est passé à la maison dans l'après-midi mais, il n'y avait personne. Il voulait me contacter mais n'avait pas mon numéro.

J'allais devenir fou. L'inquiétude grandissait en moi. J'ai appelé chez mes parents. Ils n'ont pas vu Azhar depuis le repas organisé chez nous. Ma femme a disparu et personne ne sait où elle se trouve. J'avais une boule au ventre. Je n'ai jamais eu autant peur de ma vie. Je l'imaginais blessée quelque part. Entrain de m'attendre. Je l'imaginais morte. Non, je ne peux pas imaginer cela.

La sonnette se fait retentir. Je me précipite pour aller ouvrir pensant qu'il s'agit d'Azhar. Nassim Moussa et Mounir était là. Nous avons sillonné tout le quartier en espérant la trouver rapidement. Alors que je fais demi-tour pour rentrer chez nous au cas où elle serait revenue, mon téléphone sonne. Le numéro d'Azhar.

" Azhar tu es où ? dis je en colère. Qu'est-ce que tu fous dehors ? Tu ne peux pas sortir comme ça, sans me prévenir.

- C'est pas ta pute !

- Nadir ?!"


Aimer et Commenter 😘😍❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top