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Les semaines suivantes sont passées à une vitesse incroyable. Tellement vite que j'ai parfois eu l'impression que le temps s'était arrêté. Je me lève le matin, prie, prends une douche et pars au travail. Lorsque je rentre le soir, Ibrahim n'est pas encore là. Lorsqu'il rentre à son tour, je fais semblant de dormir. J'ai l'impression que ma vie n'a plus aucun sens. Ce n'est pas comme ça que je l'imaginais. Lorsque je suis arrivée en France, portée par l'espoir d'une vie meilleure je rêvai de faire des études de littérature ou alors du droit. Je voulais donner un sens à ma vie.

Mais la réalité de la vie en tant qu'immigrée a tout chamboulé. Puis, j'ai découvert Ibrahim. Mes sentiments pour lui ont pris une telle ampleur je ne voulais plus qu'une chose, devenir sa femme. Fonder ma propre famille avec lui. Je ressens cette connexion entre nous. Lorsque nous sommes dans la même pièce, près l'un de l'autre, ce que je ressens est indescriptible et lorsqu'il s'éloigne, j'ai peur qu'il ne revienne pas.

Parfois, j'imagine qu'il quitte notre appartement et que le soir il décide de ne plus revenir. Je vis avec cette crainte. Cette boule au ventre qui m'empêche de me concentrer sur autre chose. J'ai l'impression de passer à côté de ma vie. Comme si mon existence ne tournait plus qu'autour de lui. J'ai le sentiment d'être incomplète lorsqu'il n'est pas à mes côtés. Je ne pensais pas être ce genre de femme un jour. Je me suis toujours considérée comme une femme indépendante mais ma rencontre avec Ibrahim, me rend totalement dépendante de son affection, de son attention, de son amour. Il m'arrive de me demander ce que je deviendrai s'il ne m'aime plus et immédiatement, l'angoisse s'empare de moi.

Ce matin-là contrairement à d'habitue, Ibrahim ne s'est pas enfui au travail. Il s'est réveillé avant moi alors, je ne pensais pas le trouver dans la cuisine. Le petit déjeuner était prêt mais je n'avais pas faim. Mon estomac était noué et l'odeur de son café me donne presque envie de vomir. J'ai le teint très pâle et je me sens très fatiguée.

« Tu veux que je prenne rendez-vous chez le médecin ?

- Pourquoi faire ?

- Tu as l'air malade. Reste ici aujourd'hui, repose-toi.

- Je ne peux pas. Ryan doit aller travailler, je ne peux pas m'absenter comme ça du jour au lendemain.

- Ça arrive à tout le monde d'être malade.

- Ça ira. »

Je ne veux pas rester seule à la maison à ruminer. Je veux m'occuper l'esprit pour ne pas penser à nous, à notre mariage, à toutes ces questions qui me rendent malade. Il n'insiste pas et me prépare un thé que j'arrive à peine à avaler. Au moment de partir, je cours dans les toilettes pour vomir le peu d'aliment avalé. Je sens sa présence derrière moi, il me tend un mouchoir lorsque ça s'arrête enfin.

« Tu vas donner tes microbes si tu pars au travail.

- Je ne suis pas malade.

- Je vais te chercher un verre d'eau. »

Je rabats l'abattant des toilettes avant de m'installer dessus. J'ouvre la porte du meuble de la salle de bain et prend la boite ou je range les médicaments. Je prends un comprimé que je dépose sur le meuble en attendant qu'il revienne avec le verre d'eau. En rangeant la boite, je tombe sur mes protections hygiéniques. Mes règles, j'ai du retard. Rapidement, je fais un calcul mental. J'aurais dû avoir mes règles il y a dix jours. Affolée, je range le tout et ferme la porte de l'armoire. Ibrahim revient avec un verre d'eau. J'avale mon comprimé et quitte la salle de bain. Alors que j'arrange ma tenue devant le miroir, il se positionne derrière moi et me caresse le dos.

« Ma mère veut qu'on vienne dîner ce soir.

- Dit leur de venir, ils ne sont jamais venus depuis qu'on est ici.

- Tu es malade, tu ne vas pas courir dans la cuisine en rentrant du travail.

- Je ne suis pas malade. »

Je suis peut-être enceinte ai-je envie d'ajouter. Je préfère garder cette information pour moi. Je veux être sûre des résultats avant de le lui annoncer. La joie que je pensais ressentir est bien absente. Je suis nerveuse et stressée. Accueillir un enfant alors que nous sommes mariés depuis moins d'un an et que notre avenir est encore incertain me terrifie.
Ibrahim me dépose à mon travail. Je n'attends pas qu'il m'embrasse comme il a l'habitude de le faire. Je lui souhaite une bonne journée et quitte l'habitacle sous son regard qui m'a l'air inquiet.

IBRAHIM

La mort de Yasmine m'a retourné. Tellement retourné que je suis incapable de penser à autre chose. La sécurité de ma famille est le plus important. Je vis en permanence dans la crainte que quelque chose de mal puisse se produire. Tous les jours je me réveille en priant pour qu'il n'arrive rien à personne. Mes préoccupations ont des conséquences sur ma vie de couple. Azhar est malheureuse et je me sens misérable. Je suis incapable de la rendre heureuse. Incapable de tenir mes promesses. Je me sens honteux, je ne suis pas à la hauteur. Je sais qu'elle mérite mille fois mieux que moi mais je ne peux pas me résoudre à vivre sans elle.

Elle est devenue distante et secrète avec moi. Elle ne rit plus comme avant. En réalité je ne la vois pratiquement plus. Lorsque je pars le matin elle est parfois endormie et lorsque je rentre aussi. Je dois faire des efforts pour ne pas risquer de la perdre. Je me gare à mon emplacement habituel. Au même moment, la voiture d'Aya stationne juste à côté de la mienne. Depuis ce qu'il s'est passé à Nice j'ai pris mes distances. Sa présence me rappelle constamment ma faute, ma lâcheté. Mais elle a décidé d'en faire autrement.

« Tu ne dis plus bonjour ?

- Bonjour.

- C'est tout ? Tu étais plus bavard quand j'avais ta queue dans la bouche.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Tu penses que tu peux m'utiliser et faire comme si de rien n'était ? Je vais me venger Ibrahim. Prépare-toi à devoir assumer les conséquences de tes actes. »

J'ignore les menaces et préfère me concentrer sur le travail. Trois rendez-vous dans la matinée et un autre à la banque avec Hassan pour obtenir un prêt. L'ouverture de notre nouvelle agence se concrétise. Hassan me fait confiance pour trouver un local et un architecte. Les travaux commencés, je demanderai à Azhar de m'aider pour la décoration et l'agencement. Je sais que ça lui fera plaisir. Je n'ai pas arrêté de lui parler de ce projet et c'est important pour moi qu'elle y participe pleinement.

En pensant à elle je revois son visage fatigué de ce matin. Je lui envoie un message pour m'assurer que tout va bien. Cinq minutes plus tard, elle me répond que tout va bien. En fin d'après-midi, elle m'envoie une liste de course pour le repas de ce soir. Je me dis qu'il faut que je lui trouve une voiture pour qu'elle puisse se déplacer seule.

AZHAR

Ibrahim coupe les légumes pendant que je prépare la viande. Nous sommes silencieux. J'ai l'impression qu'il veut me dire quelque chose mais qu'il n'ose pas. Je suis toujours préoccupée par mes règles qui ne viennent toujours pas. J'ai contacté une gynécologue dans la matinée, j'ai rendez-vous dans deux jours.

« La banque nous a accordé le prêt pour l'ouverture de l'agence.

- Tu vois, je t'avais dit que vous y arriveriez.

- Azhar...Je sais que les choses ne sont pas simples ces derniers temps. J'ai l'impression que tu t'éloignes de moi.

- Je ne peux pas te laisser dire ça Ibrahim. C'est sacrément culoté de ta part. C'est toi qui passe ton temps à m'ignorer à m'exclure de ta vie. Un soir tu me dis que tu as peur de me perdre le lendemain tu fais comme-ci je n'existais plus. Je ne te comprends plus en fait je suis fatiguée d'essayer de te comprendre. J'abandonne.

- Je veux te protéger. Il y a des choses que tu n'as pas besoin de savoir.

- Comme quoi ?! Je ne suis pas une enfant. Je n'ai pas besoin que tu me protèges. Parfois...Parfois j'ai l'impression que tu t'es marié avec moi pour être tranquille. Tu ne vis plus chez tes parents, tu rentres et sors quand tu veux et quand tu as envie de t'amuser, tu as une femme à disposition.

- Tu penses réellement ça de moi ? dit-il offusqué ?

- Oui. »

Je mets la viande au four et nettoie le plan de travail. Ibrahim rince les légumes puis s'approche de moi.

« Je t'ai épousée parce que je t'aime.»

Nous terminons de préparer le repas. Je décide d'aller étendre le linge avant de prendre une douche. Ibrahim me suit jusqu'à la buanderie. Il ferme la porte derrière nous et m'observe longuement. Face à l'absence de réaction, il me prend dans ses bras et j'ai l'impression de revivre. Comme si j'étais morte et que son amour m'avait ressuscité. Ce n'est pas normal d'aimer autant. Ce n'est pas sain d'aimer autant. Ce n'est pas normal de dépendre autant de l'affection de quelqu'un d'autre.       

[...]

Le repas familial s'est bien déroulé. Apparemment, ma cuisine leur manque beaucoup. Ibrahim était plus joyeux que d'habitude. Mes belles-sœurs m'ont aidé à ranger et à faire le ménage. Nous avons ensuite pris un thé avec le dessert. Avant de partir, ma tante a souligné le fait que j'étais très fatiguée. Elle m'a adressé un sourire complice avant qu'ils ne partent.

Ibrahim était au salon entrain de débarrasser lorsque mon téléphone vibre. Un message de Ryan me disant de me reposer et qu'il trouvera une solution pour Sania. Je lis le message précédent qui annonçait mon absence au travail demain.

« Tu as dit à Ryan que je n'allais pas venir travailler ?

- Oui. Je préfère que tu restes à la maison.

- Je peux aller travailler ! Tu n'as pas a contacter mon patron dans mon dos pour faire ça.»

Je fais quelques pas pour l'aider a ranger quand je suis prise d'un vertige.

« Qu'est-ce que tu disais au sujet du travail ? Tu n'es pas allée voir le médecin ?!

- Dans deux jours !

- Tu aurais dû aller à la clinique !

- Tu t'intéresses à moi maintenant ?!

- J'ai toujours fait attention à toi !

-  Ne me crie pas dessus. Je suis fatiguée de toi, de notre vie de tout ! Je veux partir !

- Partir où ?

- Peut-être qu'on devrait se séparer quelques jours.

- Azhar....

- Quelques jours le temps de réfléchir à ce que l'on veut.

- Ce que je veux? c'est toi Azhar. Je n'ai jamais douté de cela. »


[...]

Ibrahim est déjà allongé sous les draps. J'éteins la lumière et m'allonge à mon tour. Il tire la couverture puis s'allonge doucement sur moi.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- T'es sexy quand tu t'énerves. 

- Tu veux me faire rire ?

- Je ne veux pas que tu partes. En fait tu ne partiras pas. Jamais.

- [...]

- Pour répondre à ta question, je n'essaye pas de te faire rire. Mais j'aime quand tu t'énerves, ça te donne un côté sauvage. J'aime bien.

- Bonne nuit Ibrahim.

- Tu devrais te montrer plus sauvage quand ont fait l'amour.

- Mais...mais tu es fou de me dire ça ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?

- Tu as dit l'autre jour qu'il fallait qu'on se parle. Je suis entrain de te parler. J'aime tout chez toi. J'aime tes doigts délicats et fin. J'aime tes cheveux, ils sentent bon et sont toujours tout doux. J'aime ta voix et encore plus ton rire. J'aime bien glisser ma tête dans ton cou et t'embrasser juste-là, dit-il en déposant un baiser sur ma poitrine. J'aime t'es fesses. Elles sont parfaites.

- D'accord. J'ai compris. Mais il faut arrêter, on dirait un obsédé.

- C'est toi, tu m'obsèdes. »

J'ai épousé un malade c'est clair.

« Je veux dormir Ibrahim. Décale-toi. »

Ibrahim a prévu tout autre chose. Il relève mon débardeur et me dépose des baisers sur le ventre. Il descend plus bas mais immédiatement, je l'arrête.

« Ce n'est pas le moment chéri.

-  Tu n'as pas envie ?

- [...]

- Si tu n'as pas envie j'arrête.

- [...] »

Prenant mon silence comme une invitation à poursuivre, il me retire le débardeur puis mon soutien gorge. Durant les minutes qui suivent, je ne contrôle plus rien. Ses lèvres et sa langue passent d'un sein à l'autre.

« - Azhar ?

- Oui ?

- Je veux qu'on test quelque chose.

- Quoi ? Dis-je avec appréhension.

- Ne bouge pas. J'arrive. »

Il quitte la chambre puis revient quelques secondes plus tard avec de la chantilly.

« - Qu'est ce que tu fait avec ça ?!

- Tu me fais confiance ? Alors laisse moi faire. »

Il prend le tube de chantilly, le secoue et en dépose sur mon sein droit. Je me cambre légèrement. Il prend mon sein droit en bouche et mange toute la chantilly.

Il me regarde avec un sourire béat sur les lèvres et me murmure à l'oreille: « Tu as très bon goût. »

Il met un peu de chantilly sur mon sein gauche et répète les même gestes. Puis il descend vers mon ventre et me mordille légèrement la peau.

Je sens une boule énorme au fond de mon bas ventre, j'ondule des hanches et n'arrive plus à retenir mes gémissements.

Il me retire ma culotte. Je me fige et me redresse. Ce que je lis dans son regard me détend. Nous avons expérimenté beaucoup de chose mais jamais ça...Cette fois, c'est beaucoup trop.

« Bouge plus, me dit-il. Tu vas me rendre complètement fou. »

Non, c'est lui qui va me rendre folle. Il s'éloigne quelque secondes et je me sens comme abandonnée. Lorsqu'il revient s'allonger à mes côtés, il me prend les deux mains avant de les attacher avec un des rubans rouge que j'utilise parfois comme accessoire. Je suis totalement offerte à lui.

« Ibrahim, ce qu'on fait est mal.

- Mal ? Qu'est-ce qu'il y a de mal ?

- [...]

- Nous sommes un couple mariés. Il n'y a rien de mal dans ce qu'on fait Azhar au contraire. Tu es trop prude, c'est mignon. Je vais aimer te dévergonder.

- Ne dit pas des choses comme ça.

- Je te ferais pas de mal, au contraire. Fais moi confiance. »

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