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AZHAR

Il est 4h00 du matin lorsque mon téléphone sonne. Ibrahim grogne dans son sommeil lorsque je m'échappe de son étreinte pour répondre. Après m'être cognée le genoux sur la chaise et avoir trébuché à cause des vêtements d'Ibrahim longeant le sol, je parviens afin à l'attraper. Mais l'appel s'est arrêté, le numéro de Ryan s'affiche. Je pense directement à Sania et je panique. J'espère qu'ils n'ont rien. Lorsque je le rappel, il décroche au bout de la troisième sonnerie.

« Bonjour Azhar, désolé de vous déranger aussi tôt.

- Tout va bien ? Sania est blessée ?

-Non, elle n'a rien. Mon père a eu une crise cardiaque. Il est au Liban et je dois aller le rejoindre là-bas. Mais, je ne peux pas emmener Sania. Est-ce qu'elle peut rester chez vous quelques jours ? demande-t-il gêné.

- Bien sûr ! Vous l'amenez maintenant ?

-Mon avion décolle dans deux heures, on se met en route.

- D'accord, je vous attends. »

Je raccroche soulagée qu'ils soient tous les deux en bonne santé. Je m'habille rapidement et pars me laver le visage dans la salle de bain. Ibrahim dors encore, je le couvre avant de rejoindre le salon. Ryan a du rouler vite car ils sont déjà là. Sania est dans les bras de son père encore endormie. La pauvre est encore en pyjama. J'ai déroulé le clic-clac afin qu'elle puisse poursuivre sa nuit.

« Je suis désolé, vous avez surement mieux à faire.

- Arrêtez avec ça, ne vous inquiétez pas.

- J'espère que ça ne dérangera pas votre mari.

-Non, il l'aime beaucoup.

- C'est vrai, c'est moi qu'il ne supporte pas. Je devrais partir, merci encore.

- Bon courage, occupez-vous de votre père. »

Je préfère ignorer sa remarque sur Ibrahim. Lorsqu'il embrasse sa fille avant de partir, un voile traverse son regard, mais très vite il disparaît. Je m'allonge à côté de ma princesse et éteint le réveil.

[...]

Lorsque j'ouvre les yeux, je me retrouve nez à nez avec Ibrahim, sa présence m'a réveillée.

« Tu n'était plus dans le lit, dit-il avant de m'embrasser.

- Tu m'as fait peur.

- C'est toi qui m'a fait peur à disparaître comme ça. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Sania est à côté, dis-je en abaissant la couette. Son père a du partir au Liban, problème personnel. Elle va rester avec nous.

- Il est venu à quel heure ?

-Il devait être 4h30.

- Pourquoi tu ne me m'a pas réveillé ?

- Je ne voulais pas te déranger. »

Sania se réveil à cet instant. Encore un peu perdue, elle ne parle pas pendant quelques secondes avant de me faire un grand sourire et de me serrer dans ses bras. Puis, lorsqu'elle remarque la présence d'Ibrahim, elle se sent intimidée.

« Bonjour, dit-elle.

- Bonjour princesse, tu veux déjeuner ? demande-t-il avec un sourire.

- Oui, j'ai faim.

- Tu veux venir préparer le déjeuner avec moi ? Pendant ce temps, Azhar pourra aller se préparer.

- D'accord. »

Je les regarde partir un sourire sur les lèvres et nous imagine dans quelques années avec nos enfants. Il fera un bon père, j'en ai la certitude.


IBRAHIM

La journée est passée vite. Deux visites dont une conclue par une vente. Je me rends au centre commercial où Azhar et Sania ont passé la journée. Déjà deux jours qu'elle est avec nous. Ne plus avoir ma femme à mes côtés la nuit me manque, mais sa présence nous fait du bien. C'est une petite fille bien élevée et très intelligente. Azhar doit surement y être pour quelque chose. J'éprouve une tendresse particulière pour elle, parce que nous avons un point commun. Nous avons tous les deux été abandonnés par nos mères et quand je le regarde, ça me rappelle mon enfance. Même si j'ai toujours été entouré, j'ai ressenti très tôt la différence.

Nous avons pris le dîner dehors avant de rentrer. Sania voulait que je lui lise une histoire, ce que je fais tous les soirs depuis qu'elle est là. Elle me donne envie de vivre cette expérience. Devenir père. J'y réfléchis depuis notre discussion. Lorsqu'elle est endormie, je rejoins Azhar dans la salle de bain. Le visage couvert de mousse, elle me sourit avant de se pencher pour se rincer me faisant profiter de la vue sur ses fesses. Lorsqu'elle se relève et s'essuie le visage avec une serviette, je l'enlace par la taille et fait tomber les bretelles de son débardeur.

« Ibrahim, elle est juste à côté.

- Elle dort.

- On ne peut pas faire ça ici.

- On peut aller dans la chambre.

- Tu as toujours réponse à tout.

- Azhar, tu as des gros seins.

- Eh bien...Je ne trouve pas.

- C'est un compliment, nos enfants seront bien nourris.

- Tu ne peux pas t'en empêcher. »

Je pèse le pour et le contre de l'arrivée d'un bébé dans nos vies et le sexe est un contre. Sachant que j'ai un appétit insatiable pour ma femme, j'ai envie d'elle tous les jours.  Je ne pourrais pas me contenter d'une fois par semaine.

« Pas ce soir, d'accord ?

- D'accord, mais tu ne sais pas ce que tu rates. »

Elle rit avant de m'embrasser sur les lèvres puis quitte la pièce.

Le lendemain puisque je ne travaille pas, je décide de m'occuper de l'histoire de Rabah afin de pouvoir rassurer Yasmine. Ça fait presque deux semaines qu'elle m'a appelé. J'ai déposé Azhar et Sania chez Youssra avant de me rendre à Bobigny. Depuis la mort de Rabah, le Gitan a repris les affaires et contrôle une bonne partie du trafic.

Depuis notre accord, nous évitons d'être vu ensemble lui et moi. C'est pour cela que je rejoins un de ses revendeurs. Je n'aime pas passer par un intermédiaire mais, c'est une sécurité pour moi et ma famille. Je gare ma voiture sur le parking avant de prendre le métro 5 jusqu'à Pablo Picasso. Le revendeur m'attend comme prévu devant le guichet de la gare.

« J'ai cinq minutes.

- Ça sera rapide. Dit au Gitan de vérifier les activités des anciens associé de Rabah. Peut-être qu'il y a des mecs de chez vous qui roulent pour eux.

-Ils sont tous clean chez nous. On t'a parlé de quelque chose ? demande-t-il menaçant.

- Par prudence, on ne sait jamais.

- Ça fait plusieurs mois qu'ont a repris les affaires, pourquoi tu ne viens que maintenant ?

- Ce n'est pas avec toi que je vais discuter de ça. Gitan me connaît, si je lui dis de vérifier c'est qu'il y a une bonne raison. »

Comprenant qu'il n'y a plus rien à ajouter, nous partons chacun de notre côté. Mais en marchant jusqu'au quai, j'ai cette mauvaise sensation collée à la peau. Une fois de retour chez-moi auprès de ma femme, je n'arrive pas à m'en défaire. Je vais devoir être prudent sans avertir Azhar. Je n'ai pas envie de lui faire peur.


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