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Ibrahim
À mon réveil, je suis surpris par le fait d'avoir dormi une nuit complète. Enfin, presque complète. Nous nous sommes endormis tard. Mais, j'ai l'habitude de me réveiller plusieurs fois dans la nuit. Parfois sans raison ou à cause de mes cauchemars. Mais cette nuit, avec ma femme à mes côtés, mon sommeil n'a été aucunement perturbé. Je me rend compte à quel point sa présence m'est nécessaire, presque vitale. Allongée à mes côtés, elle n'a aucune idée du pouvoir qu'elle détient sur moi. Sa présence rassurante me donne le sentiment d'être en sécurité. Pourtant, c'était à moi de la protéger. Azhar bouge dans son sommeil. La tête sur ma poitrine, je caresse ses cheveux. Le frottement de ses tétons contre mon torse réveil mon excitation. Mais elle dort encore, je doute qu'elle soit encore d'attaque après cette nuit. Ses bras encerclant ma taille se déplacent jusqu'à mon visage.
Elle me touche, me caresse du bout des doigts avant d'ouvrir les yeux. Ses grands yeux bleus rencontrent les miens. Elle rougit légèrement avant de baisser le regard, j'attrape son menton entre mes doigts l'empêchant de se cacher.
« Tu as oublié ce que je t'ai dit hier ? Ne te cache pas de moi.
- Désolée.
- Ne t'excuse pas. »
J'enroule mes bras autour de sa taille et la fait basculer sur le dos. Allongé au-dessus d'elle, je peux admirer les traces de notre nuit. Elle est belle, beaucoup plus que cela même.
« Tu as mal quelque part ?
- Non, dit-elle après m'avoir embrassée sur la joue.
- Je vais aller prendre ma douche.
- Déjà ? Il n'est que 6h30.
- Je dois aller au travail aujourd'hui. »
Je la sens déçue et je le suis moi aussi. J'aurais aimé rester avec elle. Je n'ai pas de rendez-vous aujourd'hui donc pas de costume. Je cherche ma femme dans notre deux pièces et la retrouve dans la cuisine.
« Qu'est-ce que tu fais ? dis-je lorsque je la trouve enfin.
- Je prépare ton repas du midi.
- J'aurai finis pour 13h00. Tu peux me rejoindre à l'agence, on ira manger ensemble ?
- D'accord, il me faut l'adresse.
- Je vais te l'envoyer, dis-je avant de capturer ses lèvres pour un baisé. »
[...]
Les devis et les estimations s'enchaînent. Il est 13h00 lorsque je clos la dernière promesse de vente. La porte de l'agence s'ouvre et ma femme attire totalement mon attention. Elle me salue à travers la vitre un sourire sur les lèvres.
« Tu as terminé ? demande-t-elle.
- Oui, même si je n'ai pas été très productif. Où est-ce que tu veux manger ?
- Je ne sais pas trop. J'ai faim, je pourrais avaler n'importe quoi. »
AZHAR
Nous marchons jusqu'au restaurant. Ibrahim dit que ce n'est pas très loin. C'est un sportif, il peut faire une demi-heure de marche sans problème. Marcher à ses côtés me rend fière. Il a une prestance, un charisme tellement naturel. Il a l'air si fort. Nous marchons côte à côte, il y a une petite distance entre nous mais, nos langages corporels laissent deviner que nous sommes un couple. Il n'est pas adeptes des marques d'affections en public, mais ça ne me dérange pas.
Une fois assis à table, je constate que je ne suis pas la seule a être en admiration devant mon mari. Les femmes le regardent sans aucune gêne et ça m'énerve car, j'ai l'impression qu'il ne fait rien contre cela. Je me découvre jalouse et je déteste ce sentiment. Très vite, je comprends que c'est un habitué des lieux. Il y a beaucoup de banques, de compagnies d'assurances dans le quartier. Ils déjeunent tous ici et doivent se connaître. Il aime séduire. Je l'ai toujours soupçonné mais, le fait qu'il ne fasse rien pour être séduisant est encore plus énervant.
Deux femmes s'approchent de nous. Faisant comme si je n'existais, elles entament une discussion avec Ibrahim. Au fil de la discussion, je comprends qu'elles travaillent dans la même compagnie mais pas dans la même agence. Elles disent se rendre prochainement en Thaïlande et posent des questions sur le voyage. Elles savent qu'il y est allé plusieurs fois. Je suis assise comme une idiote a les écouter parler. Se rendant compte qu'il ne m'a pas présentée, il rectifie son erreur.
« Félicitation, dit l'une d'entre-elle avec un sourire crispé. C'est tout récent alors ? Je ne pensais pas que tu avais quelqu'un. »
Elles partent et je n'ai plus faim. Je suis déçue et en colère. Il y a quelques heures, nous étions un mari et sa femme partageant un moment très intimes. Maintenant, je me rends compte que je ne suis peut-être pas la seule. Ne remarquant pas mon malaise, il continue à discuter comme si de rien n'était mais je n'arrive pas à faire semblant.
« On peut rentrer ? dis-je après avoir terminé mon dessert.
- Tu veux rentrer maintenant ? On pourrait aller faire un tour.
- Je suis fatiguée et ta mère a appelé ce matin, on pourrait aller les voir ? Nous n'y sommes pas allés depuis le mariage.
- D'accord, je vais payer. »
Je suis silencieuse dans la voiture et une fois chez ses parents, je m'isole dans la cuisine avec mon oncle. Lorsqu'elles rentrent, Kaïna et Sofia m'entraînent avec elles dans la chambre. J'essaye de me changer les idées mais je n'arrête pas de penser à ce qui s'est passé cette après-midi. Peut être que j'en fais trop. Il n'est pas normal d'avoir un tel comportement lorsqu'on est dans une relation sérieuse.
« Azhar ! Tu es tellement amoureuse que tu es dans la lune, me dit Kaïna.
- Désolée, qu'est-ce que tu disais ?
- Je t'expliquais pourquoi Youssra m'énerve ! »
J'ai mis du temps à comprendre qu'elles avaient une relation étrange. Kaïna est très proche de Mounir et Azra d'Ibrahim. Youssra a mis un peu de distance dans leur relation. Ce n'était pas intentionnel, je pense qu'elle voulait protéger son couple de cette belle-sœur intrusive. Depuis, il y a une forme de petite guerre silencieuse entre elles.
« Vous devriez parler toutes les deux.
- Pourquoi ? Elle a voulu m'éloigner de mon frère.
- Non, elle a voulu protéger son couple. Tu débarquais chez-eux n'importe quand, fouinait partout.
- J'ai le droit de m'intéresser à la vie de mon frère !
- Personne ne dit le contraire Kaïna mais, tu dois reconnaître qu'elle s'est sentie menacée.
- C'est mon frère.
- Oui, mais la belle-famille c'est compliqué à gérer. »
Maintenant que je suis mariée, je comprends mieux la position de Youssra. Je ne veux pas prendre partie dans cette histoire car j'aime énormément les deux. Je suis persuadée que Youssra a été maladroite dans sa façon de faire.
« Je n'irai pas parler, tant qu'elle ne me dit rien.
- Si tu veux. Mais votre histoire est stupide. »
[...]
De retour chez nous, je me suis allongée avec un livre et me plonge dans l'histoire de Rose et Antoine dans La mélancolie du Kangourou. Il est 22h00 lorsqu'Ibrahim me rejoint après son match de foot.
« Qu'est-ce que tu as ?
- Rien, je suis fatiguée.
- Ne me ment pas, tu m'évites depuis cette après-midi. Je n'ai plus vingt ans pour jouer à ce jeu Azhar.
- C'est vrai, tu es un homme de presque trente ans incapable de reconnaître ses torts !
- Mes torts ? De quels torts tu me parles ?
- Je n'ai pas aimé ce que tu as fait aujourd'hui.
- Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Tu ne le sais vraiment pas ?
- Si je te le demande, c'est parce ce que je ne comprends pourquoi tu te comportes comme une gamine !
- Pourquoi tu t'énerves ?!
- Parce que j'ai envie de t'éclater ta tête quand tu fais des trucs comme ça !
- Tu viens de menacer de me frapper ?
- Ne tourne pas autour du pot.
- Ne me menace plus jamais ! Espèce de... »
Je prends une inspiration avant d'éteindre la lumière et de me retourner.
« Azhar, si on commence comme ça on ne va pas s'en sortir. Tu as quelque chose à me reprocher, alors parle !
- Je n'ai pas aimé la manière dont tu t'es comporté avec ces femmes. Je n'aime pas comment tu te comportes en public !
- C'est-à-dire ?
- Tu attires les regards et fait comme si je n'étais pas là.
- Donc c'est juste de la jalousie mal placée.
- Non, c'est une question de respect, je rallume la lumière et me positionne face à lui. Tu as parlé avec elle, puis tu t'es souvenu de ma présence et elles s'en moquaient totalement. Tu m'as manqué de respect. »
Ibrahim ne s'excuse pas, je ne l'ai vu que très rarement demander pardon. Il peut reconnaître ses torts mais demander pardon reste une épreuve pour lui.
« Tu as couché avec l'une d'entre-elle ? surprit par la question, il ne me répond pas tout de suite.
- Quel est le rapport ?
- Répond à la question.
- J'ai eu une vie avant de te connaître Azhar, on ne peut rien y faire.
- Donc tu l'as fait. Ma mère m'a appris à être indépendante, mais elle m'a aussi élevée pour que je sois une bonne épouse et pour elle ça voulait dire être vierge jusqu'à mon mariage.
- Tu me reproche de ne pas être vierge ?
- Non. Dans l'éducation que j'ai reçu, toutes les décisions que je devais prendre dans ma vie ne devaient être motivées que par une seule chose : être une bonne épouse et une bonne mère. Mais toi, tu n'as pas été élevé comme ça.
- Donc après deux semaines de mariage, je suis un mauvais mari parce que j'ai eu des rapports sexuels avant de te connaître ?!
- Je n'ai pas dit que tu étais un mauvais mari. Je dis simplement, que nous les femmes, nous apprenons très tôt que le mariage est sacré. Tu m'as manqué de respect Ibrahim et tu ne t'en est pas rendu compte parce que c'est totalement normal pour toi. Je me suis sentie comme inexistante et après la nuit dernière, je croyais que tu m'aimais.»
L'absence de réponse me fait mal au cœur. Pourquoi est-ce qu'il ne me rassure pas ? Pourquoi ne me dit-il pas qu'il m'aime et que je n'ai rien à craindre ?
"- Mets toi à ma place, on sort et on croise tous les hommes avec qui j'ai eu des relations.
- Ça n'arrivera jamais.
- C'est ce que j'essaye de te faire comprendre. Je suis fatiguée, bonne nuit. »
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